Cette fois-ci, c’est sûr (ou presque !) : la Nintendo Switch vit son dernier Noël. Bon, on disait ça déjà l’année dernière (et l‘année d’avant) mais la console hybride de Nintendo a beau avoir de la ressource, elle arrive manifestement en bout de course. Cependant, si 2024 restera une année light pour la console avec la sortie de « petits jeux » et de nombreux remakes, les possesseurs de la console ont malgré tout de quoi avoir le sourire car l’année se termine en beauté avec un nouveau jeu Zelda !
Zeldacadabra !
Alors certes, The Legend of Zelda : Echoes of Wisdom n’a manifestement pas l’ampleur de Breath of The Wild ou de Tears of The Kingdom mais un nouveau Zelda reste toujours un événement (et, s’il vous plaît, enlevez cette moue de blasé de votre visage).
Souvenez-vous, il y a trois ans, Nintendo nous offrait un remake de The Legend of Zelda : Link’s Awakening, l’épisode Game Boy tant aimé se déroulant sur l’île de Cocolint avec Marine et le poisson-rêve ; le remake avait cependant divisé à cause de son parti pris graphique faisant ressembler Link a une figurine amiibo et les décors du jeu a une sorte de diorama en plastoc.
Cela n’avait pas empêché le jeu de remporter un joli succès- le jeu étant génial à la base et certains fans s’étaient même mis à espérer que Nintendo continue sur cette voie en s’attaquant aux remakes des deux autres jeux Game Boy (développés par Capcom) Oracle of Seasons et Oracle of Ages. En même temps, cela semblait logique puisque, à la base, sur Game Boy, les deux jeux reprenaient le moteur de Link’s Awakening.
Quoi de plus simple (et rentable) pour Nintendo que d’utiliser les ressources du remake de Link’s Awakening pour refaire les deux Oracle en version Chibi ? Et si cela semble toujours une bonne affaire pour Nintendo (c’est quand ils veulent), c’était oublier que la firme japonaise aime surprendre et ne fait jamais, ou rarement, ce que les spécialistes en rumeurs annoncent.
The Legend of Zelda : Link’s Awakening 2
Résultat, on se retrouve aujourd’hui avec un nouveau jeu reprenant le style graphique « chibi » de la version Switch de Link’s Awakening mais cette fois, il ne s’agit pas d’un remake mais bel et bien d’un nouveau jeu. Logiquement, vous devriez donc être en joie.
Alors oui, il semble clair qu’avec The Legend of Zelda : Echoes of Wisdom, les développeurs ne sont pas partis de zéro. Le jeu ressemble comme deux gouttes d’eau au Link’s Awakening de 2021. Il s’agit toujours d’un jeu d’aventure mariant la 2D et la 3D avec une vue de dessus en trois-quarts comme dans le tout premier Zelda ou encore comme dans A Link to The Past ; et graphiquement, on se retrouve projeté dans un Hyrule sorti tout droit d’une boîte de Playmobil avec des arbres et des éléments comme fabriqués en plastique et des personnages ressemblant à des jouets. Par ailleurs, on retrouve aussi l’effet de flou qui entoure l’image comme pour… A dire vrai, je me suis toujours demandé pourquoi, ils avaient fait ça... C’est peut-être censé faire beau ?
Magnifique diorama
Alors oui, si vous n’avez pas accroché à l’esthétique du remake de Link’s Awakening, vous ne serez probablement pas séduit par le rendu de ce nouveau jeu qui reste dans le même esprit. Pour autant, est-ce que la forme, à priori, enfantine du jeu annonce forcément un jeu plus facile à destination du jeune public (féminin) ?
Pour être honnête, on serait tenté de répondre oui. Le fait que le jeu inclut de base un mode difficile indique que certains trouveront même probablement le jeu trop facile- même si personnellement, je n’ai jamais compris ce délire de vouloir à tout prix un jeu hyper difficile surtout dans un titre dont la difficulté tient avant tout dans ses énigmes à résoudre... Mais pas de panique, The Legend of Zelda : Echoes of Wisdom a tout pour plaire aux fans de Zelda. Nintendo a fait en sorte que son jeu puisse plaire a différents types de joueurs même si le titre vise sans doute plus large que les épisodes habituels de la saga.
Au moins, on peut dire que dans son genre « kawaï », le jeu est assez joli (surtout lors de certains passages, moins dans d'autres...) et même parfois vraiment mignon surtout que les développeurs ont traité les personnages du jeu comme les personnages d’un dessin animé japonais avec d’irrésistibles mimiques et des dialogues pas piqués des hannetons (faudrait que je demande à mémé ce que ça veut dire ce truc). Ce n'est cependant clairement pas le plus beau jeu de la Switch surtout que techniquement, ça scintille un peu partout. C'est vraiment Noël avant l'heure et il ne serait pas étonnant qu'une mise à jour soit déjà dans les tuyaux. Le monde du Néant est aussi un peu pauvre (c'est presque le monde du fainéant). c'est un monde "cassé" qui met tout sens dessus dessous, ce qui est plutôt sympa (et littéralement renversant) mais on aurait tout de même aimé un peu plus de style et de folies visuelles surtout que du côté de la réalisation, le jeu fait le minimum. Pas de cinématiques ou de dialogues parlés, tout est fait avec le moteur du jeu comme réalisé avec un Zelda (Link's Awakening) Maker. Heureusement, l'ambiance sonore est très réussie avec des mélodies discrètes, des reprises de morceaux connus et comme toujours de super bruitages. Cela reste en outre un vrai plaisir de découvrir les différents lieux iconiques d’Hyrule et surtout les différents personnages (dont certains que l'on connait bien) en version chibi.
Au Nord, c'était les Gorons
C’est d‘ailleurs la première grosse différence avec le remake de 2021 qui était à la base un épisode à part avec un ton décalé et une histoire qui pouvait s’apparenter à un rêve avec son lot de situations et de personnages nonsensiques. Cette fois-ci, on est à Hyrule avec son château, ses plaines, ses Zoras ou encore ses Gorons (pour ne citer que ce que Nintendo a montré dans ses trailers). L’opus est à ce titre, beaucoup plus classique, en tout cas de prime abord ; car comme vous le savez sûrement The Legend of Zelda : Echoes of Wisdom est en réalité très original.
D’abord, cette fois-ci on ne dirige pas Link (ou presque pas). Dès le début, notre héros se fait capturer et disparaît dans une des mystérieuses failles qui défigurent et avalent une partie d’Hyrule et de ses habitants. C’est donc à Zelda que revient la lourde tâche de sauver le monde et, accessoirement aussi de sauver Link.
Un juste retour des choses qui est dans l’air du temps puisqu’aujourd’hui la tendance veut que les princesses ne se fassent plus kidnapper et n’attendent plus leur prince charmant- qui peut aller se rhabiller voire aller se faire cuire un œuf lorsqu’il ne se prend pas une beigne par la princesse.
Bon, The Legend of Zelda : Echoes of Wisdom ne va pas jusque-là. Il s'agit juste d'une inversion des rôles le temps d’une aventure, histoire de donner pour une fois le beau rôle à la princesse. Ce n’est évidemment pas la première fois que Zelda est jouable mais par contre c’est bien la première fois qu’elle est l’héroïne centrale d’un jeu de la licence qui porte son nom.
Cependant, attention, en passant de Link à Zelda, le jeu change aussi totalement de gameplay- un peu à la manière de Princess Peach: Showtime, comme si dès que Nintendo mettait en avant un personnage féminin, il se devait d'être original. Ainsi, si The Legend of Zelda : Echoes of Wisdom reprend la construction des Zelda « classiques » avec un grand monde ouvert composé de plaines, de villages, de grottes et même de donjons et que l’on se retrouve à mener une quête principale et de nombreuses sous-quêtes, le jeu s’inspire aussi des derniers changements opérés avec les deux derniers Zelda (BOTW et TOTK).
Zelda et le tri sélectif
En fait, le gros changement vient du fait que Zelda n’a pas d’arme pour se battre et ne dispose que de sa sagesse pour progresser. Au début du jeu, elle rencontre une étrange créature nommée Tri qui lui donne un bâton magique avec lequel, si elle ne peut frapper, elle peut utiliser deux sortilèges : celui des « échos » et celui de la synchronisation.
Ainsi, Zelda peut mémoriser différents éléments précis (repérables grâce à un halo lumineux) pour ensuite les reproduire à sa guise. Caillou, tabouret, lit, arbuste… La liste des objets que Zelda peut mémoriser est longue permettant théoriquement à chaque joueur de se sortir des différents pièges d’Hyrule à sa façon, en fonction des éléments à sa disposition.
Au départ, Zelda ne peut invoquer qu’un seul écho à la fois (un tabouret pour pouvoir atteindre une plateforme par exemple ou une pierre de façon à pouvoir la ramasser et la jeter sur un ennemi) mais par la suite, elle peut en invoquer plusieurs sachant que chaque objet à un coût et que certains objets comptent pour deux, d’autres pour trois etc.
Mais il n’y a pas que les objets que Zelda peut invoquer. En tuant ses ennemis, ceux-ci laissent derrière eux des petites figurines d’eux-mêmes (pour ne pas dire des échos) que Zelda peut ensuite mémoriser de façon à pouvoir les invoquer par la suite.
Combats par procuration
Ainsi, le jeu s’apparente à une sorte de casse-tête géant dans le monde de Zelda même durant les combats. Cela peut sembler un peu frustrant- et, honnêtement parfois ça l’est, surtout précisément lors des combats. En effet, comme Zelda ne se bat pas directement (ou presque), elle doit constamment invoquer des ennemis pour qu’ils se battent à sa place et parfois, on préfèrerait foncer dans le tas. Cependant, il faut reconnaître que les développeurs ont su parfaitement développer et équilibrer leur concept de façon à ce qu’on ne se retrouve pas (trop) spectateur.
D’abord, il faut trouver le bon écho qui terrassera le plus facilement l’ennemi en face sachant que bien souvent, il faut jongler avec plusieurs. Par ailleurs, lors de certains casse-têtes ou combats, il faut cibler l’ennemi ou le mécanisme à attaquer. Il faut parfois aussi utiliser la synchronisation qui est le deuxième pouvoir de Tri et qui permet d’attraper avec un rayon des objets ou des personnages pour les déplacer.
Ce pouvoir à en outre une petite subtilité puisqu’en l’utilisant on peut, en appuyant sur R, activer la synchronisation inversée pour suivre les objets ou les personnages en mouvement. Et il y a d’autres petits éléments que l’on peut utiliser comme des objets qui à la manière de badges donnent une faculté spéciale (comme sauter plus haut par exemple) ou encore des automates qui peuvent servir lors des combats.
Finalement, c’est plutôt riche et on se prend assez vite au jeu surtout que le jeu est très simple à prendre en main, le gameplay se complexifiant dans l’action au fur et à mesure sans qu’on s’en rende vraiment compte (même s’il ne sera pas rare de s’embrouiller dans les commandes…) The Legend of Zelda : Echoes of Wisdom est un jeu qui nous incite à faire des expérimentations et des essais totalement improbables pour se sortir de situations pourtant convenues lorsqu’on joue avec Link dans les autres jeux de la série.
Le meilleur des deux mondes
C’est d’ailleurs peut-être bien là que réside le génie du jeu, celui d‘avoir offert aux fans un vrai Zelda classique avec ses énigmes et ses donjons mais en les forçant à changer leurs habitudes. Ainsi, les traditionnelles phases d’infiltration, les différents défis inhérents à la série ou encore les combats avec les boss habituels apparaissent sous un jour nouveau.
Cependant, probablement conscient que le concept avait ses limites, assez vite Zelda récupère des armes de Link comme l’épée, de façon à être un petit peu plus direct dans son approche. Il s’agit néanmoins pratiquement d’un bonus puisque le maniement de ces armes est limitée par une jauge qui se vide à chaque utilisation et qu’il n’est pas toujours facile de remplir… C'est dans tous les cas un autre élément à prendre en compte lors des combats ou des énigmes à résoudre.
D’une certaine façon, The Legend of Zelda : Echoes of Wisdom est un parfait croisement entre les premiers jeux de la licence et les derniers ; The Legend of Zelda : Echoes of Wisdom propose d’ailleurs un vrai monde ouvert que l’on peut parcourir à sa guise quasiment dès le départ. Un vrai petit Hyrule miniature rempli de personnages à aider, de grottes à visiter et de différentes énigmes à résoudre.
Evidemment, on peut suivre les points d’intérêts de l’intrigue de façon à progresser dans l’histoire mais on peut aussi vraiment se balader partout comme dans Breath of The Wild et faire son propre cheminement, à la différence qu'il y aura malgré tout des points de passage obligatoires. Et si Zelda ne peut pas grimper comme Link, grâce aux échos, elle peut facilement surmonter des barrières naturelles comme des arbres, ou passer par-dessus des murs gigantesques, notamment en s’accrochant à une araignée grimpeuse. Elle peut aussi passer des précipices en planant avec une chauve-souris, par exemple.
Forcément, plus on joue et plus on emmagasine des échos. Et même si on aura tendance à utiliser toujours les mêmes, en fonction des situations, et que certains ne semblent servir à rien, on peut penser que chaque joueur aura ses petites préférences ;
Notez à ce propos que pour choisir un écho, il faut appuyer sur L pour faire apparaitre une barre déroulante ce qui au bout d’un moment n’est pas très pratique et peut même paraître lourdingue (surtout que c’est le seul moyen). Heureusement, il y a plusieurs configurations permettant de retrouver plus facilement ses échos en les classant notamment par ordre d’utilisation ou par genre.
The Legend of Zelda : Echoes of Wisdom est un jeu rempli de sous-quêtes et de défis et on peut finir le jeu en passant à côté de pas mal de choses comme dans les derniers jeux Zelda sortis sur Switch.
L’intrigue principale vous fera cependant voyager aux quatre coins d’Hyrule à la rencontre de personnages souvent amusants et de situations très « Zeldaesques » avec de nombreux passages en 2D et des tas d'énigmes mémorables aux résolutions multiples.
La construction est savante et l'intrigue du jeu réserve des surprises de façon à casser les attendus. Généralement on arrive dans un endroit ou les habitants ont un problème en rapport avec les failles. Zelda doit alors pénétrer à l’intérieur des failles afin de les refermer en accomplissant différents défis. C’est dans ces failles (qui nous font basculer dans le « monde du Néant ») que l’on trouve certains donjons classiques avec leur carte, leurs énigmes, leurs portes fermées à clé, leur clé du boss et leur… Boss.
Un jeu de puzzle-aventure
Arrivé à ce moment du test, je me rends compte qu’il y aurait beaucoup de choses à dire sur ce jeu qui est à a fois très classique dans sa construction et les situations présentées mais aussi carrément « non-conventionnel » par son gameplay et certains rebondissements de l’intrigue. Pour autant, le mieux sera de découvrir tout ceci manette en main.
The Legend of Zelda : Echoes of Wisdom est une valeur sûre et probablement un futur classique. Ce n’est pas forcément le Zelda qu’on attendait mais une fois de plus, Nintendo a réussi à créer un jeu unique, à la fois familier et totalement novateur. Si vous aimez les jeux Zelda et les casse-têtes, vous serez aux anges d'autant plus qu'une fois que vous aurez terminé l'aventure une première fois, il vous restera probablement énormément de choses à faire et que donc, il y a de grandes chances que vous continuiez à jouer (un peu). Alors attention, ce n'est pas TOTK et BOTW mais si vous voulez récupérer tous les échos et finir les défis (comme le Rallye-Tampon) vous aurez de quoi faire sachant que comme pour le derniers jeux, l'ultime sauvegarde se fait forcément avant le combat de fin du boss (ce qui est toujours aussi agaçant).
Par ailleurs, en fonction de votre temps passé à déambuler dans Hyrule, en dehors des points d’intérêts de l’intrigue principale, le spectaculaire combat de fin sera plus ou moins facile (ou difficile selon les points de vue). On vous conseillera néanmoins de sortir un peu des sentiers balisés car le jeu a énormément à offrir et il serait dommage de passer à côté de certaines séquences et d'éléments qui vous aideront grandement...
Evidemment, tout n'est pas parfait. La gestion des échos peut devenir fastidieuse et certains éléments auraient gagné à être mieux intégrés (les chevaux ou les automates par exemple) On regrette aussi une réalisation générique, une technique parfois vacillante et l'absence de l'alternance jour-nuit (et plus globalement de l'aspect contemplatif des jeux 3D) mais bizarrement ce ne sont que des broutilles face à l'intelligence des énigmes, à la construction du titre et aux grandes qualités développées par le jeu.
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