Nintendo Switch

Persona 4 Arena Ultimax

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Persona 4 Arena Ultimax

Par Thatgunman - Le 31/03/2022 à 08:00

Aussi étrange que cela puisse paraître, la courte série des Persona, elle-même spin-off des Megami Tensei, compte plus de spin-offs que d’épisodes principaux. Cette prolifération a donné naissance à des jeux de genres très différents, allant du beat them’up typé musou, jusqu’au jeu de rythme, confirmant l’implantation d'une licence ayant parfois plus de poids que certains de ses aînés. En 2012, Atlus s’essaye au jeu de combat, avec Persona 4 Arena, qui produira des révisions régulièrement jusqu'à récemment avec la sortie de Persona 4 Arena Ultimax sur Nintendo Switch.

Un jeu de combat plutôt verbeux

Persona 4 Arena Ultimax est un jeu de combat édité par Atlus, dont les événements font suite à Persona 4 Arena, qui lui-même fait suite à Persona 4. Vous suivez ? Suite à la mutation du genre pour s’orienter vers les consoles de salon, le jeu de combat a été contraint de proposer des expériences en solo toujours plus conséquentes. Ainsi, Persona 4 Arena Ultimax comporte deux principaux modes solo : le mode P4A Story Mode, qui reprend le scénario de Persona 4 Arena et le mode Episode P4, inédit à cette version. Dans le premier, l’histoire se déroule quelques mois après les événements de Persona 4, quand Yu Narukami, revient à Inaba pour la Golden Week, quand, au même moment, la chaîne de Minuit, qui avait été liés aux meurtres d'une dizaine de personnes qui y étaient enfermées, se remet selon les dernières rumeurs à émettre un programme annonçant un gigantesque tournoi. L’équipe des fins limiers, qui pensait pouvoir célébrer les retrouvailles avec leur camarade, va de nouveau devoir enquêter.

C’est sûr, on est loin du niveau de ce qu’à pu offrir la série, mais on prend plaisir à retrouver ces personnages si charismatiques et cette ambiance de franche camaraderie qui a fait le sel de chacun des Persona. Les phases de dialogues sont remplies de références destinées aux fans, mais que les novices se rassurent, la tendance verbeuse chère aux jeux Atlus ne s’est pas estompée, et chaque terme, personnage, élément scénaristique est expliqué dans des dialogues qui pourront sembler interminables. Les textes sont en français, et vu la quantité on ne peut que saluer l’effort, même si le vocabulaire de certains personnages, un peu en décalage pourra étonner.

Accessible... mais pas trop

Il est vrai qu’Atlus a, pour un temps, été connu pour avoir donné vie à la série Power Instinct, référence du jeu de combat des années 90, mais cette fois-ci, le travail sur la partie bastonnade de Persona 4 Arena a été confié à Arc System Works. On a affaire à un gameplay à quatre boutons: deux pour les attaques classiques, et deux à la Persona de notre personnage. Persona, qui, si elle subit des dégâts, peut disparaître pendant quelque temps, rendant l'offensive adverse bien moins efficace. En alternant les différentes attaques, il est possible d’effectuer des combos, avec un délai suffisamment large pour être facile d’accès. Là où cela devient compliqué, c’est quand on nous demande de combiner la pression de plusieurs boutons pour déclencher des actions, comme une prise ou des cancels (le fait d'annuler la fin de l'animation d'une attaque pour en lancer une autre). La liste est très longue et la configuration des manettes actuelles n’y est pas du tout adaptée. On doit donc jouer les contorsionnistes pour espérer réaliser des actions pourtant indispensables si on souhaite éviter de finir en sac de frappe. Le nombre d'éléments à maîtriser est astronomique, et même en passant par l’excellent tutoriel et par les défis, censés aider à appréhender la plupart des mouvements, cela ne suffira pas à vous extirper du syndrome de la tourette vidéoludique, qui consiste à appuyer sur des boutons au hasard en espérant faire mouche.

Après quelques heures, on finit par sortir quelques enchaînements bien sentis sans même y penser, mais la courbe d'apprentissage est formidable. Persona 4 Arena Ultimax est typique de l’âge d’or d’Arc System en reprenant des éléments de la plupart des licences phares (comme les EX Move de Darkstalkers et les Super Cancel de King of Fighters) pour provoquer des enchaînements démesurés, le tout agrémenté d’un système qui encourage les affrontements en infligeant un malus aux joueurs préférant la fuite. La cerise sur le gâteau, ce sont les altérations d’état, déjà présentes dans les Megami Tensei, qui viennent un peu bousculer les codes des jeux de combat, instaurant de nouvelles directives sur la stratégie à tenir. Cependant, à force de rajouter des éléments de gameplay, de surcharger l’écran via l’interface et les attaques échangées pendant le combat, le novice aura de quoi être découragé. Un enchaînement automatique est mis à sa disposition, mais on est rapidement perdu en voyant le nombre de composantes qu’il est nécessaire de maîtriser pour monter en compétences.

Contenu en pagaille

Côté contenu, en plus des deux modes scénarisés, on retrouve un mode pour s’entraîner, d’un mode arcade plus classique, mais aussi d’un mode en ligne. Atlus avait annoncé avoir mis en place un rollback netcode pour tous les supports… Sauf la Switch. Et pourtant, vu ses performances médiocres dans le domaine de la connexion sans-fil, le rollback aurait pu en partie pallier cet état de fait. Sans surprise, on se retrouve régulièrement avec des délais insupportables et des déconnexions qui n’incitent pas à s’investir dans ce domaine. Fort heureusement, le hub en 3D pour les sessions en lignes des versions précédentes a été abandonné au profit d'une interface plus sobre. La ressortie de Persona 4 Arena Ultimax réunit l’intégralité des contenus additionnels qui étaient sortis sur les supports précédents. Le roster voit l’arrivée de Adachi, Marie et Margareth, de nouvelles additions qui complètent une sélection de personnages (aux gameplays différents) déjà conséquente. Cette version s’appuie d’ailleurs sur la version 2.50 sortie dans les salles d’arcade japonaises en 2015, qui procédait à un rééquilibrage du jeu et améliorait la lisibilité de l’action, proposant alors une relecture par rapport aux versions PlayStation 3 et Xbox 360.

Des graphismes qui n'ont (presque) pas vieilli

Si le gameplay convainc, le constat est plus mitigé pour la partie graphique de Persona 4 Arena Ultimax. Malgré le niveau de détail des décors et le charme indéniable des sprites, on peut déplorer les animations, ou plutôt le manque d’animations des personnages qui ne rendent pas hommage aux sublimes portraits que l’on peut voir durant les phases de discussions, ni même aux séquences animées qui ponctuent l'aventure. Seuls les effets mettent un peu de dynamisme, au détriment malheureusement d’une lisibilité optimale. Les musiques sont quant à elles du même niveau que celles de Persona 4 (voire de tout ce qu’ont pu composer Atsushi Kitajoh et Shoji Meguro), c'est-à-dire de très haut niveau. Le contraste entre les thèmes des niveaux et des personnages, et les thèmes que l’on entend lors des phases de discussions dénotent d’une maîtrise du sujet et du soin qui a été apporté à ce qui aurait pu être traité comme un simple spin-off.


 

8
Persona 4 Arena Ultimax est un très bon jeu de combat à qui il ne manque qu’une accessibilité accrue et une patte graphique plus soignée pour flirter avec les cadors du genre. Malgré tout, le jeu transpire d’une volonté de bien faire, en intégrant des mécaniques de jeu qui ont fait le succès de gloires du passé et en fournissant un contenu et une courbe d'apprentissage dantesque.

  • Le respect à l'univers de Persona 4
  • Pas mal de contenu en solo, et en multijoueur
  • La courbe d'apprentissage
  • Bande sonore du même niveau que Persona 4
  • Système de jeu profond...
  • ...Mais manquant d'accessibilité
  • Personnages très bavards dans les modes solo
  • Gameplay totalement inadaptée aux manettes classiques