Si le premier Luigi’s Mansion est sorti en 2003 sur GameCube, c’est véritablement grâce à l’épisode 3 que la série a définitivement conquis le grand public et gagné ses galons de série incontournable. D’ailleurs, pas besoin d‘être un pseudo insider ou un voyant pour deviner qu’il y aura un Luigi’s Mansion 4 sur la prochaine Switch (surtout après le segment très Luigismansionesque du film Mario). En attendant, si vous avez découvert la série avec l’épisode 3, Nintendo vous propose une petite séance de rattrapage avec Luigi’s Mansion 2HD qui comme son nom l’indique est une version HD du jeu sorti initialement en 2013 sur 3DS.
Who you gonna (re)call ?
Pour les fans de Nintendo qui suivent la marque depuis des années, ces derniers mois ont un petit goût de déjà joué. Super Mario RPG, Another Code: Recollection, Mario vs. Donkey Kong ou encore Paper Mario : La Porte Millénaire Nintendo multiplie les portages de ses propres jeux probablement pour mieux proposer de « vraies » nouveautés pour sa prochaine console qui se profile à l’horizon 2025. Une façon comme une autre de patienter en attendant la suite tout en (re)découvrant de grands jeux que Nintendo peut adapter facilement à moindre frais.
En même temps, le temps passe vite et les joueurs d’hier ne sont pas forcément ceux d’aujourd’hui. Alors, que vous ayez fait ou non Luigi’s Mansion 2, il y a dix ans, sur 3DS, que vaut cette nouvelle version Switch ?
Il était un froid
Tout commence dans la vallée des ombres, alors que le professeur K.Tastrof vit tranquillement avec les fantômes qu’il a réussi à apprivoiser. Tout d’un coup, un évènement étrange se produit, et les fantômes redeviennent effrayants.
Pour comprendre ce qui se passe, il n’y a pas le choix : Luigi doit reprendre son aspirateur à fantôme et visiter un à un les différents manoirs de la vallée…
Pour réussir à résoudre ce mystère, Luigi va devoir arpenter des couloirs remplis de pièges, farfouiller dans toutes les pièces, résoudre des énigmes pour progresser et se protéger des attaques de fantômes en les aspirants comme dans le film Ghostbusters. La routine habituelle, pour notre chasseur de fantômes poltron préféré.
Un classique de la 3DS
Sorti sur 3DS prés de dix ans après le jeu GameCube initial, Luigi’s Mansion 2 est considéré par beaucoup comme l’un des meilleurs titres de la console portable. Réalisation percutante, effet 3D bien utilisé et gameplay repensé intelligemment, le jeu est en effet un hit incontestable qui dix ans plus tard reste une valeur sûre sur 3DS… Et, trêve de suspens, sans surprise, c’est le cas aussi sur Switch même si cette version HD trahit les origines du jeu.
Développé initialement par le studio canadien Next Level Games (désormais filiale de Nintendo) Luigi’s Mansion 2 a en effet été développé pour tirer parti des spécificités de la console portable de Nintendo avec le double écran, l’écran tactile, l’effet 3D, et le gyroscope sans parler de ses sticks (pour ne pas dire de son stick et demi) et du fait qu'il s'agit d'un jeu portable. Il est évident que le jeu aurait été bien différent s’il avait été développé pour une console de salon, la Wii U par exemple.
Un classique de la Switch ?
Et c'est peut-être là que le bas blesse avec cette nouvelle version car si évidemment, les développeurs du jeu ont adapté le titre à la console hybride, il n'en reste pas moins que sa construction ont été pensée pour une toute autre console. En (re)découvrant aujourd’hui Luigi’s Mansion 2 HD sur Switch, on ne peut s’empêcher de faire la comparaison avec l’épisode 3, spécifiquement créé pour la Switch, et de ce point de vue, le jeu apparait beaucoup plus simple aussi bien dans la forme que dans le fond. Alors attention, cela n’empêche pas des énigmes surprenantes et bien pensées, et des moments spectaculaires et épiques.
Un gameplay amélioré
Globalement, cet épisode 2 améliore aussi le gameplay du titre qui initialement améliorait déjà la formule du premier jeu.
Sur GameCube, il fallait réussir à éclairer un fantôme pour mettre en évidence son cœur avant de commencer à l’aspirer (justement pour mettre en valeur le second stick qu’on devait utiliser indépendamment). Pour ce deuxième jeu, conscient que sur 3DS, ce serait délicat de réussir à diriger le faisceau de la lampe avec l’abominable stick-c de la console (attention, je vais devenir méchant), les développeurs avaient donc modifié ce point avec une nouvelle technique, le flash (repris depuis dans l’épisode 3). Désormais, il faut donc flasher le fantôme ce qui permet de couvrir une large zone sans se prendre la tête en dirigeant le faisceau de la lampe. Il suffit juste que le fantôme soit devant nous. A ce moment là, le flash immobilise quelques secondes le fantôme, le temps de dégainer son aspirateur et de commencer à l’aspirer.
Pour autant sur Switch, le jeu peut se jouer avec les deux sticks. Le stick gauche permet de déplacer Luigi et le stick droit sert à diriger le faisceau de la lampe ou le tuyau de l’aspirateur comme sur GameCube- mais en beaucoup plus souple.
Cependant, si on veut pleinement utiliser les deux sticks, il faut alors utiliser les gâchettes pour aspirer ou souffler et utiliser les lampes, et laisser tomber les boutons X et A, sinon c’est l’embrouille. A l’arrivée, c’est un coup à prendre sachant que de toute façon, on peut se passer aisément du stick droit- normal, le gameplay a justement été pensé pour ça. Au pire, comme sur 3DS, on peut utiliser la détection de mouvement pour aviser et déplacer légèrement la caméra de gauche à droite. Ah oui car, comme sur 3DS, les cameras sont automatiques.
Une fois que l'on a commencé à aspirer le fantôme, vous connaissez sans doute le refrain : on se retrouve alors comme un pécheur qui tenterait de ferrer un poisson, le fantôme essayant de s’échapper et Luigi de le retenir (en poussant le stick dans le sens inverse). C’est toujours un peu sportif mais globalement bien mieux goupiller que dans le premier. Il n’y a d’ailleurs plus d‘histoires de perles à ramasser. Chaque fantôme a un nombre de point de vie qu’il faut vider sachant qu’une fois à zéro, le fantôme est aspiré. La plupart sont de toute façon assez simples et à moins d’être dérangé durant l’aspiration, en moins de deux l’affaire est dans le sac (de l'aspirateur, forcément).
Les développeurs ont en outre ajouté une jauge qui permet de donner un coup de boost a l’aspiration en appuyant sur A, écourtant encore plus le combat. Cette jauge peut être agrandie grâce à l’or récolté en farfouillant dans tous les coins et en participant à des mini-jeux cachés..
Il n’y a pas à discuter le gameplay est bien plus fluide et agréable dans ce second épisode, et plus encore dans cette version Switch (lorsqu'on trouve la configuration qui nous convient le mieux). Cependant, il faut reconnaître que ce n'est pas parfait et ce n'est pas toujours facile de diriger Luigi comme on le voudrait. De plus, Next Level Games a encore amélioré la formule avec l’épisode 3 (notamment avec l’idée du claquage au sol permettant d’assommer les autres fantômes) et il est dommage que le studio en charge du portage (Tantalus) n'ait pas jugé bon de s'en inspirer... De toute façon, il faut s'y faire : il n'y a aucune vraie nouveauté dans ce portage qui se contente de quelques petites améliorations ici ou là. Sinon, dans le fond, c'est le même jeu sans aucun ajout fondamental.
On joue à se faire peur
Contrairement au premier titre, qui jouait sur le décalage entre le côté film d’horreur et l’univers Nintendo, cette aventure est clairement plus « cartoon » avec des personnages de dessin animé irrésistibles (à commencer par Luigi) ce qui n’empêche pas de mettre en scène des situations « creepy » particulièrement réjouissantes. Cependant malgré le thème des fantômes, la « mort » n’est pas au programme. On ne croise plus la route d’âmes égarées ou en colère de personnes décédées au destin tragique (comme un bébé enragé ou un couple maudit); ici les fantômes sont plutôt des esprits farceurs et facétieux, façon Gremlins ou Yo-Kaï. Il y a malgré tout un côté Tim Burton (avec cet Ectochien qui fait penser à Zéro le chien de Monsieur Jack) jusque dans la bande son très soignée, pas loin des compositions de Danny Elfman.
Malgré tout, les fantômes sont toujours fun et même lorsqu’ils font flipper, les gags ne sont jamais loin. Quant aux environnements du jeu, ils renvoient plus à l‘esprit du dessin animé de La Famille Addams qu’au manoir flippant du premier Resident Evil.
Fantômes en fête
A ce propos, Luigi’s Mansion 2 va bien plus loin qu’une simple parodie de Resident Evil- ce qui était en quelque sorte le cas du premier. Si on retrouve le principe des portes fermées qu’il faut ouvrir en trouvant d’abord une clé ou en actionnant un mécanisme, il est désormais simplifié. Plus de portes à motifs particuliers exigeant la bonne clé pour être ouverte et moins d’allers et retours. Si une porte est fermée à clé, c’est qu’une clé n’est pas loin et si on trouve une clé, on sait qu’elle fonctionnera sur la porte fermée. Il faut dire que la construction du jeu est désormais différente.
Dans le premier, on découvrait l’unique manoir au fur et à mesure de sa progression. Plus on jouait plus on pouvait accéder à toutes les pièces.
Luigi et les 999 manoirs (ou presque)
Dans cet épisode 2, on découvre chaque manoir en réalisant des missions qui sont comme une énigme constituée d'énigmes. Les missions sont simples (comme trouver un personnage, une entrée ou des artefacts) mais elles sont diverses et généralement scénarisées avec des tas de rebondissements. Le professeur K. Tastrof fait un petit briefing et indique sur la carte (désormais sur le côté droit de l’écran) l’endroit où il faut se rendre. Evidemment, ce n’est jamais simple. Il faut jongler avec les éléments du décor et les spécificités de ses lampes torches et de son Ectoblast... On apprécie d'ailleurs le nombre d'utilisation différentes de l'Ectoblast qui permet notamment de gonfler des ballons pour s'envoler, de fermer des fenêtres en soufflant dessus, d'enflammer des toiles en aspirant une bûche en feu, etc. La variété est de mise, ce qui fait qu'on ne s'ennuie jamais et qu'on est très souvent surpris. C'est vraiment gratifiant de réussir les missions. Dommage qu'il n'y ait pas la même variété chez les fantômes qui ont tendance à être toujours les mêmes.
Le découpage en mission (clairement pensé pour la console portable) n’est pas vraiment gênant car il permet de varier les plaisirs mais on note quand même quelques missions "remplissages" qui gonflent artificiellement la durée de vie comme par exemple, lorsque tout d’un coup, une porte que l'on vient d'ouvrir est cadenassée par trois fantômes qui partent se cacher, nous obligeant à retourner dans des pièces déjà visités pour les retrouver. De plus, certaines missions sont étonnamment longues et comme on ne peut sauvegarder qu’à la fin de chaque mission, si un petit souci arrive... Il faut tout recommencer !!! Le jeu n'est cependant pas très difficile mais parfois, tout d'un coup, la difficulté se corse. Par exemple, plusieurs fantômes coriaces peuvent apparaître en même temps et attaquer de tous les côtés- et c'est généralement là qu'on s'embrouille les sticks. Si on n'a pas trouvé l'os du petit chien fantôme (qui permet de recommencer à l'endroit de son "trépas"), on est bon pour refaire la mission. Bon, ça n'arrive pas souvent mais quand ça arrive, c'est clairement agaçant.
Bug, es-tu là ?
Notez que par trois fois, lors de nos longues parties, le jeu a bugué. Dans la pièce de l'orgue, fermée à clé, le fantôme qui devait apparaître, n'est jamais venu, obligeant à redémarrer. Une autre fois, Luigi est "rentré dans le plancher" et il y serait sûrement encore si on n'avait pas redémarré le jeu. La troisième fois, Luigi s'est mis à clignoter et à devenir incontrôlable... Après de longues minutes passées à appuyer sur tous les boutons et à alterner l'écran de pause et l'écran de jeu (on ne voulait clairement pas redémarrer car la mission était archi-longue et on était juste à la fin), miracle : Luigi est redevenu le bon gars qu'on aime tous et la mission a pu se terminer tranquillement. Un happy end mais tout de même des questions : le jeu est-il hanté ? Est-ce la faute à pas-de-chance ? Et, au cas où, une mise à jour est-elle prévue (ou alors un exorcisme ?) Alors attention, le jeu est par ailleurs irréprochable mais ce genre de bugs est vraiment surprenant et il faudra voir si d'autres joueurs s'en plaignent ou si votre serviteur va se faire traiter de mytho sur les réseaux sociaux (les gens sont méchants).
Sur Nintendo Switch, le jeu est joli et bénéficie de très beaux effets. Forcément, il est plus net permettant d'apprécier les nombreux détails disséminés dans les décor (sans parler des petits gags hilarants des fantômes !) Malheureusement, encore une fois, la comparaison avec l’épisode 3 fait mal. En effet, les graphismes restent bien plus simples que le dernier épisode développé pour la Switch avec son superbe hôtel art déco et ses effets de style... Cela fait le job surtout que la direction artistique reste inspirée mais on a tout de même l’impression de régresser un peu.
HD vs 3D
Personnellement, je suis un fan de la 3D sans lunettes de la 3DS et Luigi’s Mansion 2 a clairement été développé pour mettre en avant cette technologie. Ainsi, de nombreux éléments de gameplay ont été pensés pour être vus en 3D : des effets de vraies-fausses perspectives, des images en 3D à scruter, des petits jeux de tirs ou encore des balades au-dessus du vide et même des boss vertigineux. Evidemment tout cela fonctionne aussi en 2D (surtout que le jeu original pouvait aussi se jouer en 2D) mais c’est tout de même moins immersif et si le jeu avait été développé pour une console 2D, il est clair que certaines séquences auraient été pensées différemment.
C’est toujours le problème avec les portages de jeux (bien) pensés pour une console très différente... Ainsi, si vous possédez le jeu 3DS, difficile de vous conseiller cette nouvelle version qui est quasi identique, en conserve les principales qualités mais aussi certains de ses défauts mais, surtout, perd une bonne partie de ce qui faisait sa singularité.
Bien qu'ayant désormais plusieurs manoirs, le jeu reste assez court en ligne droite (mais plus long que le premier opus). Chaque manoir renferme cependant énormément de choses à y trouver. D'abord, il y a un Boo dans chaque mission mais aussi tout une collection de diamants à trouver (parfois très bien cachés- perso, j'en cherche encore !) Ceux qui aiment continuer à jouer même une fois l'histoire terminée auront de quoi faire. De plus, Nintendo a semble-t-il bien amélioré le mode multijoueur, la Tour Hantée, jouable en local et en ligne jusqu'à quatre et qui renferme des décors, des pièges mais aussi des fantômes inédits. Ce test sera mis à jour, une fois ce mode correctement testé.