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Inscryption

Test Switch

Inscryption

Par babidu - Le 20/12/2022 à 08:00

 

Inscryption est le dernier jeu de Daniel Mullins, un créateur spécialisé dans les jeux à thématique psychologiques remplis de mystères et de twists. Sorti fin 2021 puis porté sur Nintendo Switch le 1er décembre dernier, le titre vient tenter de nous effrayer au fil d'un récit se voulant aussi terrifiant que méta. Le pari est-il réussi ? C'est ce que nous allons voir dans ce test en deux parties.

Tout d'abord, Inscryption est un jeu plein de twists, de surprises et la découverte de ce jeu sans en connaître les tenants et les aboutissants fait partie de mes plus grands moments vidéoludique de tous les temps (et je pèse mes mots), c'est pourquoi nous pouvons dès à présent vous conseiller de vous jeter sur Inscryption sans en savoir plus dès maintenant. Cependant, il est évident vous n'êtes pas en train de lire ce test pour n'avoir qu'un "lancez-vous, faites moi confiance", nous allons vous proposer une première partie sans spoilers majeurs afin de mieux vous convaincre. Puis nous entrerons plus en détails de l'intrigue et dans les systèmes du jeu dans une seconde partie en nous accordant quelques spoilers. À vos risques et périls.

Une petite partie ?

Inscryption se présente tout d'abord comme un jeu de cartes sur table se jouant à la manière d'Heartstone et commence in medias res en ne vous proposant que l'option de "continuer la partie" et non d'en commencer une autre, quelqu'un a déjà joué au jeu avant vous. Vous êtes enfermé dans une cabane glauque à souhait avec un adversaire menaçant dont vous ne devinez que les yeux et qui vous force à jouer aux cartes. Vous disposerez donc de votre propre deck de cartes à jouer et votre adversaire disposera lui aussi de son deck. Votre deck contient diverses créatures, principalement des animaux, qui sont en nombre limités (il faut posséder une carte pour la jouer et vous ne pourrez pas jouer deux fois la même carte, pour jouer le même animal deux fois il faudra le posséder en double) et d'écureuils qui quant à eux sont piochables à l'infini. Vos écureuils vous serviront à effectuer des sacrifices, en effet dans le terrible et cruel monde d'Inscryption les cartes s'invoquent en échange de gouttes de sang. Chaque sacrifice d'animaux vous accordera une goutte. Pour utiliser une carte nécessitant trois gouttes, il vous faudra 3 sacrifices. Chaque carte dispose de ses propres stats, des points de vie, des points d'attaque et parfois un symbole qui lui accordera divers bonus, tel par exemple le fait de gagner en statistiques après un tour. Vous pourrez placer jusqu'à 4 cartes sur le plateau et votre adversaire pourra en faire de même. Pour remporter la partie il vous faudra infliger des dégâts à votre adversaire en attaquant une case vide face à vous, pour se faire il faudra placer vos créatures face à une case vide ou bien tuer la créature qui vous fait face. Chaque tour vous pourrez piocher une créature ou un écureuil à sacrifier et effectuer diverses actions (nous y reviendrons). Entre chaque combat vous pourrez vous déplacer sur une carte dessinée à la manière d'un jeu de rôle papier et rencontrer divers événements qui vous donneront de nouvelles cartes ou amélioreront votre deck. 

Vous pourrez de plus vous déplacer librement dans la cabane pour y découvrir divers objets et réaliser quelques actions pour résoudre l'énigme qui mènera à votre libération. Inscryption est un jeu difficile à définir tant il oscille entre jeu de cartes, jeu de rôle sur table et un escape game. Tous ces éléments le rendent terriblement addictif et le jeu se renouvelle constamment, notamment en ajoutant de nouvelles choses à chaque partie. Si vous perdez une manche, votre adversaire soufflera une des deux bougies qui symbolisent votre vie, si vous perdez deux manches alors il vous tuera et ce ne sera PAS la fin de la partie. En vous tuant il réalisera une carte à votre effigie que vous pourrez personnaliser en utilisant vos propres cartes accumulées lors de votre partie pour définir ses statistiques. À vous de casser le jeu et de créer la carte ultime pour vaincre votre adversaire ! En début de partie, le jeu rajoutera de nouveaux éléments de jeu à chacune de vos morts en ajoutant notamment divers objets à utiliser en partie pour infliger des dégâts à votre adversaire ou bien en vous octroyant gratuitement un écureuil. Il ajoute aussi diverses cartes qui se jouent non pas avec du sang mais avec des os que vous obtiendrez à chaque mort de vos créatures, sacrifiées ou tuées sous les coups. En plus d'être un jeu de carte/de rôle/escape game, Inscryption ajoute des éléments de roguelite à son carquois et nous offre par ce fait un cocktail incroyable. Vous ne vous ennuierez jamais au cours de votre partie et le jeu se paie même le luxe d'être aussi somptueux dans sa forme que dans son fond. Ses systèmes sont bien huilées, ses mécaniques addictives à souhait et son ambiance visuelle et sonore est incroyable. Je n'avais que rarement été autant happé dans un jeu tout en craignant la suite des événements. Les duels avec mon ravisseur resteront gravés dans ma mémoire et l'ambiance de cette cabane et de cette aventure me hante encore. Inscryption fait partie des jeux que j'aimerais que l'on efface de ma mémoire pour pouvoir le refaire.

Par ailleurs, ce portage Nintendo Switch est une pépite d'optimisation et permet aux joueurs de découvrir sans concession ce chef d'œuvre qu'est Inscryption. D'un point de vue technique, le jeu est quasiment irréprochable et je ne peux que pester contre l'absence de la prise en charge de l'écran tactile qui aurait sublimé le jeu en mode portable. J'ai fait l'intégralité du jeu en mode portable sur Nintendo Switch OLED tant le jeu se prête à ce format et je vous conseille de faire de même (avec ou sans OLED évidemment). 

Si vous aimez les jeux de cartes, les jeux à ambiance ou bien que vous voulez vivre une claque vidéoludique, arrêtez ici votre lecture et foncer tester Inscryption. Si vous désirez connaître les menus défauts du jeu qui réalise jusqu'ici un sans-faute, prenez garde aux spoilers qui tapissent cette deuxième moitié de test (n'ayez crainte je resterais vague). 

ATTENTION SPOILERS

Ce n'est que le début

Toute la partie dans la cabane n'est que la première moitié du jeu et gagner contre votre ravisseur ne constitue que la première partie du jeu. Inscryption va totalement changer de visage une fois la partie gagnée. Votre ravisseur n'était qu'une entité parmi d'autres et Inscryption se renouvele totalement dans sa seconde moitié. Quand je dis totalement c'est...totalement. Visuellement le jeu passe en vue du dessus, vous changez complètement de cartes et de systèmes de jeu pour aller affronter d'autres joueurs dans un hommage aux jeux 8 bits vu du dessus. La surprise est totale (rassurez-vous le jeu garde encore des surprises au chaud si vous n'avez pas pu vous empêcher de lire) et l'histoire prend une tournure aussi étonnante que méta. Vous comprendrez mieux le monde qui vous entoure tout en vous posant un milliard de questions de plus. Le jeu gagne ici en narration ce qu'il perd en ambiance et en gameplay. Cette seconde partie perd un peu de sa superbe et nous fait vite regretter la cabane tant l'on a parfois l'impression de s'infliger celle-ci. Entendons-nous bien, le jeu demeure très bon dans sa seconde moitié mais le sans-faute du premier acte cède ici sa place à une seconde moitié plus molle, moins engageante et qui ne plaira pas à tout le monde. Les visuels et la mise en scène incroyable du début du jeu se voient ici ternis par un hommage aux jeux Gameboy un peu plus fade et moins fou. Encore une fois, Inscryption reste une expérience agréable et ne donne jamais envie de lâcher la manette, mais il faut tout de même admettre que le jeu perd de sa superbe dans sa seconde moitié. 

Néanmoins ! Ce que cache le jeu dans sa seconde moitié vaut toute la peine qu'il nous cause en nous sortant de la cabane et du premier acte. En effet, la fin du jeu (atteignable en une petite quinzaine d'heures) est l'une des plus folles du média vidéoludique et toute la dernière heure du jeu reste encore aujourd'hui au Panthéon des fins de jeux (digne de celle de Nier Automata). Le jeu est une œuvre, complète, complexe et qui traduit une véritable réflexion de son auteur Daniel Mullins, habitué aux jeux à twists. L'histoire du jeu est très méta (vous jouer quelqu'un qui joue à Inscryption) mais à le mérite de fonctionner parfaitement malgré ce postulat très casse-figure. Rien n'est laissé au hasard et les différentes saynète qui vous dévoilent la véritable histoire du jeu sont aussi agréables à regarder qu'intéressante. Nombreuses seront les théories qui fuseront dans vos esprits et légion seront les larmes de joueurs ayant pris la même claque que j'ai prise en terminant Inscryption. De plus, le jeu a le bon goût de proposer directement son DLC kaycee's mod lorsque vous aurez fini le jeu (pour de vrai) une première fois. Ce DLC permet de rejouer au premier acte dans la cabane avec divers défis et contrainte et constitue le mode ultime pour ce jeu si extraordinaire. 

 

Retrouvez le barème des notes des tests de Nintendo-Master 

9
Inscryption est MA claque de l'année sur Nintendo Switch et rentre directement au panthéon des jeux indépendants à faire absolument sur Nintendo Switch. Inégal mais généreux, cryptique mais bien ficelé, aussi magnifique que bien mise en scène, Inscryption a tout pour plaire dans sa première moitié mais propose néanmoins une seconde moitié qui fait retomber le soufflet rapidement avant de le faire totalement exploser avec sa fin qui restera dans les mémoires. Inscryption est un jeu imparfait mais cette imperfection est nécessaire pour en faire une oeuvre parfaitement réalisée.

  • Incroyablement addictif
  • Très bien pensé
  • Visuellement à tomber
  • Intrigant, mystérieux et bien fait
  • Quelle ambiance !
  • Durée de vie solide
  • Un mod infini directement intégré au jeu
  • N'est pas "juste" un jeu de cartes
  • Inégal
  • Une seconde partie qui ne plaira pas à tout le monde
  • Il faut accrocher à l'histoire méta
  • N'est pas "juste" un jeu de cartes