It's only a mere flesh wound!

[Dossier] La SEGA Saturn Partie 2 - Entre innovations et confusion

Dans la précédente partie, je n’ai fais que dresser un bref historique et une petite présentation du système. Maintenant, on passe aux choses sérieuses avec une présentation plus détaillée.

  • Just a Job to Do:

Ce qui frappe en premier, c’est la manette. Et avec elle, on comprend les intentions de SEGA: Faire un contrôleur à la fois ergonomique et complet. Il reprend l’alignement vertical des boutons à la manière d’un stick arcade, rajoute des gâchettes latérales, comme sur SNES et favorise le D-Pad de la Mega Drive en le rendant un peu plus précis.

La manette Saturn n’avait qu’un job, et au vu des louanges qu’elle a reçue à l’époque et de son design ayant inspiré de nombreuses manettes dans le futur, il en va sans dire que la mission est accomplie.

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Cette manette n’est cependant pas la seule à avoir vu officiellement le jour. Une autre sortie en 1996, coïncidant avec la sortie de Nights into Dreams vient concurrencer le pad analogique de la N64. Cette manette est sortie quelques semaines après le lancement de la N64 au Japon, et s’offre une compatibilité avec quelques jeux (ils sont pas nombreux, mais il y en a :yes: ).

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Si le design vous rappelle quelque chose, c’est sûrement à cause de sa ressemblance avec la manette Dreamcast, qui reprend la forme générale et les gâchettes.

  • Land of Confusion:

Et pour utiliser ces pads, il faut des jeux (c’est un oiseau, c’est un avion, c’est… Captain Obvious). Pour cela, les jeux Saturn doivent être codés en C++ (les jeux Mega Drive devaient être codés en ASSEMBLER), ce qui facilite un peu le boulot. Car la Saturn est surtout connue pour avoir causé des cauchemars aux développeurs à cause de ses spécificités techniques surprenante.

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Rien que le kit de développement donne mal à la tête :malade:

Pour ceux que ça intéresse, la difficulté venait de l’affichage des polygones. En général, les polygones peuvent prendre la forme d’un polygone triangulaire (c’est à dire en forme de triangle :cafe:). Sur Saturn, les polygones peuvent uniquement être rectangulaire (c’est à dire en forme de… *PAN*). Pour faire une forme de triangle, il faut placer deux sommets du polygone au même endroit, ce qui n’est pas du tout optimisé et donne un rendu crénelé pour les polygones (en gros, ça peut piquer les yeux dans certains cas)

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J'ai l'impression de parler chinois :'(

Sinon, la Saturn défonce ses concurrentes avec ses 32 000 nuances de couleurs (contre 256 sur PlayStation) et les capacités de la machine permettait de simuler une apparition progressive du décor (comme sur Sonic R).

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Mais seul une poignée de développeurs réussiront à exploiter ces caractéristiques. On compte dans les rangs Traveller’s Tales, un développeur de génie à l’origine de nombreuses solutions techniques pour venir à bout de problèmes qui l’étaient encore plus.

  • Your Own Special Way:

SEGA, quand il bosse, c’est à sa manière. Quand SEGA fait quelque chose, on sait que ça va envoyer du lourd (même si en général il se plante en beauté). Et quand SEGA dit qu’il va démocratiser le jeu en ligne, malgré les quelques sourires narquois, on comprend qu’il dit pas ça pour déconner.

Le jeu en ligne, ça date pas d’hier. Bien avant l’arrivée des constructeurs de console. Il y avait le périphérique XBAND, sorti en 1994, qui fournissait aux possesseurs de SNES et de Mega Drive un accès au multijoueur en réseau sur quelques jeux comme Super Street Fighter II, Super Mario Kart, Kirby’s Avalanche (entre autres).

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Voilà à quoi ressemblait le XBAND

Mais officiellement, le jeu en ligne sur console a été inventé par SEGA en 1996 avec le SEGA Net Link (je tiens quand même à préciser que XBAND était déjà disponible sur Saturn à la mise en route du service en ligne). Grâce à ce petit périphérique (que vous deviez installer à la place de la carte mémoire), vous pouviez affronter des inconnus à Daytona USA, Duke Nukem 3D, Saturn Bomberman, SEGA Rally, Virtual-on et… C’est tout (même pas Virtua Fighter? :'( ). La liste est maigre, mais le principe est là, la connexion est stable (quand on voit que ça rame à mort sur Battlefield 1, je me dis que c’était pas si mal sur Saturn) et le tout pour la modique somme de 199 DOLLARS?! ET MÊME PAS SORTI EN EUROPE?! :mg:

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En parlant de trucs qui viennent s’insérer à l’arrière de votre… console ( :hap: ), parlons de ces cartouches un peu étranges. Vers la glorieuse année 1994, les constructeurs se sont dit: «Et si on arrêtait de stocker les sauvegardes sur des disques?». Résultat, on s’est retrouvé avec des cartes mémoires sur console. À l’époque, tout était bon pour économiser de la mémoire, et même la N64 n’y a pas échappé. Les cartes mémoires étaient de tailles variables, mais de base, la console pouvait stocker vos données sur quelques jeux grâce à la pile fournie de base dans la console (par contre, si la pile vous lâche, adieu vos sauvegardes).

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C’est par ce même port à l’arrière que vous pouviez insérez vos Action Replay et autres Game Genie. Il était aussi possible d’insérer une cartouche de RAM, qui permettait de soulager le processeur de la Saturn, et donc donner un résultat bluffant à l’écran. Dans certains cas, on pouvait même retrouver une partie de la ROM du jeu dans cette cartouche (comme avec the King of Fighters ‘95).

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  • After the Ordeal:

Après ce succès mitigé, SEGA continuera ses expérimentations étranges sur sa future machine, la Dreamcast. C’est certainement grâce à la Saturn que SEGA s’est coltiné pendant longtemps une réputation d’avant-gardiste. Pourtant, aujourd’hui, la Saturn a l’air d’une console tout à fait banale, mais à restituer dans le contexte, c’est incroyable de se dire que bon nombre de choses présentes sur nos machines actuelles l’étaient déjà il y a 20 ans.

  • Turn It On Again:

Mais la Saturn n’est pas morte! Elle est encore soutenue par une communauté (restreinte) de joueurs et de développeurs. Restée pendant longtemps une machine difficile à émuler, on commence enfin à voir le bout du tunnel avec Yabause. Enfin, un passionné du nom de Johannes Fetz a mis en ligne un moteur pour développer des jeux Saturn (le Jo-Engine). Si le cœur vous en dit, vous pouvez aller visiter le site consacré au projet.

SEGA semble aussi continuer dans la bonne voie avec la gamme SEGA Forever, qui devrait proposer quelques jeux Saturn, accessible via votre mobile (elle est pas belle la vie?).