Certains jeux sont là pour vous amuser, certains pour vous faire réfléchir, et d'autres encore sont une expérience unique qui restera avec vous longtemps après avoir éteint la console. Accrochez-vous bien, The Pathless pourrait bien vous emmener très, très loin !
Seul dans la nature
Le monde se meurt. L'obscurité recouvre les terres, et les dieux d'antan ne répondent plus aux prières. Vous êtes la dernière chasseuse, et le dernier espoir de votre peuple, envoyée sur l'île des dieux pour découvrir ce qui s'y passe, ou mourir en essayant. Et quelle n'est pas votre surprise en débarquant sur cette terre sauvage : une île inquiétante flotte dans le ciel, et les dieux habitant l'endroit sont corrompus, transformant le monde autour d'eux en un véritable cauchemar. Votre seul espoir est de les purifier, par la ruse, et par la force.
Franchement, l'introduction de The Pathless devrait être étudiée dans les écoles de game design. Avec peu de texte, et seulement l'environnement autour de vous, le jeu vous apprend son maniement en quelques minutes, et vous communique ses mécaniques principales, son histoire et ses enjeux. Un véritable petit exploit pour un jeu qui est pourtant loin d'être simple à expliquer : il pourrait être décrit comme un croisement entre Zelda Breath of the Wild, Journey et Shadow of the Colossus, mais ce n'est pas très clair, dit comme ça. Votre but est de purifier les grandes bêtes, les dieux parcourant l'île. Pour faire cela, armée de votre arc, vous devrez trouver des emblèmes et les placer dans des grandes tours afin de les rendre vulnérables, puis de les affronter en combat singulier, à l'issue duquel vous pourrez les purifier pour de bon. Des étapes claires qui définissent un « gameplay loop » bien pensé, et efficace.
Mononoke of the Wild ?
Au début du jeu, vous aurez accès à une zone restreinte dans laquelle vous verrez que des emblèmes à récupérer sont cachés ci et là dans l'environnement, ou servent de récompense à des énigmes. En récompense de votre premier effort, vous obtiendrez un familier aigle vous ouvrira l'accès vers la véritable première zone du jeu, ainsi qu'à tous vos mouvements. En effet, après cette petite introduction, une immense zone s'ouvre, ne demandant qu'à être explorée. Elle comporte trois tours dans lesquelles placer des emblèmes, ainsi qu'une dizaine d'énigmes et d'endroits cachés, tous espacés par une grande distance. Dans ces lieux, vous pourrez trouver des emblèmes ou des points d'amélioration qui vous permettront de voler plus haut avec votre aigle. Vous pourrez repérer les points d'intérêt avec à un masque gagné au début du jeu, grâce à leur éclat rouge. Ensuite, il vous suffira de les rallier. Mais comment couvrir ces grands espaces sans passer des années à courir, me demandez-vous ? Vous disposez pour cela d'un sprint très rapide, mais qui consomme de l'énergie. Heureusement, vous pouvez regagner cette énergie en tirant sur les nombreuses cibles qui parsèment les plaines, des talismans flottant en l'air. Il vous suffit de maintenir la touche de tir, et la chasseuse visera automatiquement une cible proche. Gardez la touche enfoncée pour toucher les cibles plus éloignées facilement, et tout cela sans vous arrêter une seule seconde. En plus, toucher une cible vous donnera un boost de vitesse instantané. Résultat, les voyages sont grisants : vous allez courir à toute vitesse à travers les grands paysages, tirant flèche sur flèche sur les cibles afin de garder votre élan, sur terre, en planant, sans toucher terre pendant des dizaines de secondes, parfois, et tout ça sans avoir à vous soucier d'ennemis... enfin... presque...
Un immense nuage rouge fait tache dans l'environnement, se déplaçant lentement mais sûrement, et vous prenant en chasse si vous avez le malheur de passer à côté. Si vous vous faites engloutir par le nuage, le rythme change du tout au tout : dans une atmosphère stressante, vous devrez réussir à rejoindre votre familier sans vous faire repérer par les bêtes corrompues parcourant la zone. Il vous faudra ne pas bouger quand leur regard est tourné vers vous, sinon vous serez éjecté de la zone en perdant quelques-uns de vos points d'amélioration. Sachant que le nuage peut se téléporter de manière aléatoire sur votre terrain de jeu, vous devrez toujours garder à l’œil cette menace omniprésente. La différence profonde entre la vitesse de votre exploration, son sentiment de liberté, et cette « punition » lente et menaçante est un aspect très parlant du game design, mais vous savez quoi ? Ce n'est pas tout !
Une fois assez d'emblèmes récupérés, et posés sur les tours, la grande bête dans le nuage rouge sera vulnérable, et la dynamique du jeu changera encore. L'ennemi sera en fuite, et vous devrez le courser, à vitesse, inversant les rôles de la proie et du chasseur, et le forcer à se replier. Les séquences de poursuite testeront vraiment votre habilité à garder votre vitesse au maximum, et à réagir vite aux dangers, et sont très satisfaisantes. Une fois l'ennemi entamé, une véritable bataille contre le boss se déclenchera. Ces batailles sont en plusieurs phases, et sont plutôt classiques, vous demandant d'analyser les mouvements de l'adversaire pour le frapper quand il est vulnérable par exemple. Mais elles recèlent également quelques bonnes surprises dans leur déroulement, et font que le jeu reste frais, même quand vous affrontez votre quatrième adversaire. Car oui, une fois une bête battue, vous passerez à une zone suivante, encore plus grande que l'ancienne, avec en prime une petite récompense de la part du dieu secouru. Et ne vous inquiétez pas de votre barre de vie, ou d'un Game Over inopiné : The Pathless n'a ni l'un l'autre. Vous êtes libre de recommencer autant de fois qu'il le faut. Une option d'accessibilité appréciable par tous.
Une nature belle mais imparfaite
The Pathless est un jeu superbe, avec des graphismes stylisés, des couleurs tout en contraste, et des inspirations évidentes, mais efficaces, dans ses thèmes comme dans ses graphismes. Le gameplay est prenant, le principe efficace, et le tout est une véritable réussite. Mais alors, ce jeu n'aurait donc aucun défaut ? Bien sûr que si. Tout d'abord, le framerate du jeu souffre très régulièrement, les ralentissements ne sont pas discrets, et il suffit que trop de choses soient affichées pour sentir le rythme ralentir. C'est bien un souci propre à la version Switch, mais un souci qui existe bel et bien.
Ensuite, le jeu est court, très court. En ligne droite, il ne vous faudra pas plus de 6 heures pour en voir le bout, voire moins. On sent que l'accent a été mis sur le fait de bien réussir un concept plutôt que d'en faire trop, un choix respectable mais qui pourrait déplaire à certains. Toutefois, il reste possible de chercher tous les emblèmes et améliorations afin de terminer le jeu à 100%. Car oui, terminer l'aventure en ligne droite ne représente que 30% du contenu environ. A vous de voir si vous en aurez l'envie, car si vous êtes bien guidés vers les points d'intérêt, il faut bien avouer que rapidement, les temples vides et autres autels délabrés vont vite se mélanger dans votre tête pour ne devenir qu'un long grind pas hyper passionnant. Il y a bien d'autres types de défis, comme des courses d'obstacles chronométrées, à la façon des mini-énigmes des Korogus dans le dernier Zelda, mais là encore, tout se mélange au bout d'un moment.
Une autre point possiblement négatif est l'aspect très « laissez-faire » du jeu. C'est vous qui dictez le rythme, la narration est minime, et si vous êtes du genre à aimer être poussé vers votre objectif, vous allez vite vous ennuyer. The Pathless ressemble à Journey sur cet aspect : c'est une expérience autant qu'un jeu, et si vous ne vous prenez pas au jeu, il sera difficile d'y rester accroché. Se balader à toute berzingue dans la nature, c'est bien beau, mais autant se sentir impliqué, non ? Ce sera votre sensibilité qui déterminera si cet aspect est pour vous une gêne ou un véritable plus. Il y aurait plus détails à donner sur le type d'énigmes rencontrées, toute la subtilité avec laquelle les mouvements s'enchaînent, nombre de détails sur l'environnement et la narration, mais The Pathless est une expérience unique qu'il vaut mieux vivre soi-même, alors restons-en là.
