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SaGa Frontier Remastered

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SaGa Frontier Remastered

Par ggvanrom - Le 03/05/2021 à 09:00

Autre grand nom de J-RPG signée Square Enix et démarrée en 1989, la licence SaGa n’a officiellement fait ses premiers pas en Europe qu’en 2020 avec la sortie de COLLECTION of SaGa sur l’eShop de la Nintendo Switch. Cette année, c’est au tour de SaGa Frontier, le 7 ème épisode de la licence, de s’offrir une sortie sur Nintendo Switch dans une version remasterisée.

8 destinées emmêlées on ne sait trop comment.

Licence conçue par Akitoshi Kawazu en 1989, SaGa a initialement été pensé comme un anti-Final Fantasy, demandant aux joueurs d’évoluer dans des mondes fantaisistes, mais avec une difficulté beaucoup plus élevée que les standards de l’époque (et connaissant la difficulté des jeux à cette période…). Initialement sorti en 1997 sur Playstation, SaGa Frontier vous propose de suivre les aventures de 7 personnages dont les motifs de départ à l’aventure semblent totalement opposés. On retrouvera Red en quête de vengeance contre l’organisation BlackX responsable de la mort de son père, Blue à la recherche de son frère Rouge pour commettre un fratricide pour augmenter son pouvoir magique, ou encore Emilia, une mannequin jugée à tort du meurtre de son conjoint et qui se lance dans une quête de vengeance.

En plus de ces 7 personnages, Square Enix a également implémenté dans ce remaster un 8ème scénario centré autour de Fuse, un détective atypique qui faisait déjà son apparition dans les scénarios des autres protagonistes dans le jeu original. Si l’on pouvait penser qu’avec autant de compagnons l’aventure serait proportionnellement équitable pour chaque histoire, il n’en est rien. Si certains scénarios pourront vous prendre entre 5 à 10h, d’autres dépasseront à peine les 2-3 heures de jeu avant leur conclusion. Sans compter les gros problèmes scénaristiques liés au choix de « scénario libre » mis en avant par Square Enix, mais nous reviendrons plus tard.



L’anti-J-RPG par excellence.

À la différence d’un Final Fantasy, Dragon Quest ou tout autre J-RPG dit classique, la licence SaGa a toujours fait le choix d’être à contre-courant en proposant des idées de gameplay à la fois originales et déroutantes. La première venant en tête est forcément l’absence totale de niveaux pour nos personnages. Ces derniers augmentent leurs capacités de manière aléatoire en combattant des monstres dont la force semble elle aussi aléatoire à deux mètres près sur la carte de jeu. En fonction de la race de votre personnage (humain, robot, monstre, mystique) ce dernier a des capacités qui évoluent différemment. Un humain augmentera ses stats en combattant, alors qu’un monstre le fera en mangeant la chair des adversaires. Sauf que pour ce dernier cas, manger la chair d’un monstre faible diminue nos performances. N’ayant pas de moyen de reconnaître un monstre fort d’un monstre faible, la roulette russe est souvent de mise. Dans le cas de Red, je n’ai compris que deux heures de jeu après qu’il ne pouvait gagner de caractéristiques que lorsqu’il est en forme normale, et pas transformé.

Les combattants disposent de plusieurs palettes de coup en fonction de l’attirail équipé. En utilisant des attaques standards, ils pourront débloquer des compétences, et en utilisant lesdites compétences, ils pourront débloquer des compétences avancées, et déclencher des attaques combinées de manière aléatoire là aussi. Pour l’équipement et les magies plusieurs solutions également, vous pouvez les dropper sur certains ennemis, l’acheter dans les boutiques dédiées, ou encore les trouver aux détours d’une quête annexes. Et c’est là que rentre en ligne de mire le gros problème de SaGa Frontier Remastered, son absence totale de soutien dans l’aventure.

Prendre un joueur par la main… ou pas.

Bien que cette version remasterisée propose aux joueurs un sous-menu pour savoir vaguement quel est l’objectif en cours, le concept de scénario libre permettant de multiples embranchements est contre-intuitif pour les joueurs lambdas de J-RPG. Le scénario et les dialogues se limitent au strict minimum, on vous jette sur une map avec de multiples points accessibles, sans savoir où il faut aller, et pourquoi, et des pans entiers de scénarios peuvent être zappé une fois parlé à un PNJ dont vous vous doutiez pas un seul instant qu’il était important. Pour en apprendre davantage sur le lore, deux solutions : explorer au millimètre chaque recoin du jeu pour en apprendre un maximum sur ce monde, ou faire comme de nombreux joueurs et garder un guide de gamefaqs sous la main pour être sûr de ne rien louper.

Si le jeu ne propose pas de système d’expérience, ne croyez pas que vous échapperez aux séances de grinding ! Non-content de proposer des boss qui peuvent s’avérer être de véritables purges si vous n’avez pas amélioré vos statistiques en combattant sans répit, vous pouvez très bien tomber sans crier gare sur des monstres lambdas qui vont vous détruire en un coup, alors que rien ne le laisser présager dans la zone dans laquelle vous vous trouvez. Heureusement, nous avons la possibilité de sauvegarder à loisir, sans compter la sauvegarde automatique qui se déclenche après chaque combat ou changement de tableau. Il est également dommage au final que des scénarios au demeurant très intriguant ne soient à peine détaillés du début jusqu’à la fin de leur aventure. La rencontre des différents univers est ainsi très peu mise en avant, tout comme la mise en contexte de la rencontre des différents héros dans leurs aventures respectives.

Une réalisation datée, avec quelques touches de modernité.

On a pu s’en rendre compte avec plusieurs remaster maintenant, Square Enix n’est pas du genre à trop se décarcasser avec ses collections ou remasterisation. SaGa Frontier Remastered ne fait pas défaut à cette règle. Bien qu’un lissage de texture ait été fait, et que le jeu proposait quelque chose d’unique à l’époque en proposant un monde dans lequel se mélangent des univers totalement différents, le jeu a relativement mal vieillit, avec des environnements vides, des animations rigides, et des musiques qui ne resteront pas dans les mémoires pour les bonnes raisons. On retiendra en revanche les illustrations entre les chapitres qui ont un côté rétro appréciable.

Si l’on met de côté le fait que le jeu ne soit pas traduit (et vu le nombre de lignes de texte ça n’aurait pas été un énorme trou dans le budget), le jeu propose tout de même quelques petits ajouts pour essayer d’améliorer l’expérience de jeu. Le guide pour la trame principale dont nous avions parlé plus tôt, la possibilité d’accélérer la vitesse des déplacements et des combats, les sauvegardes automatiques ou les options de NG+ sont quelques-uns de ses exemples. Malheureusement étant donné que l’univers et la construction de SaGa sont très peu connus en Europe, et que le jeu ne se donne aucunement l’envie de nous prendre par la main, il risque de laisser plus d’un joueur sur le carreau, frustré de ne pas comprendre ce qu’attend le jeu de leur part.

5.5
Bien qu’un effort ait été fait de la part de Square Enix pour porter en Europe SaGa Frontier Remastered, le fait que la licence ne s’embarrasse pas de fournir d’explications concrètes sur son fonctionnement risque fort de laisser plus d’un joueur sur le bord de la route. Ajoutez à cela l’absence de traduction et une difficulté retorse, le jeu, bien qu’amélioré, est plutôt à réserver à ceux qui savent déjà à quoi s’attendre avec la licence SaGa. Un comble quand cet épisode est censé faire découvrir l’univers SaGa aux Européens.

  • Enfin en Europe
  • Sept scénarios à découvrir + l’ajout de Fuse
  • L’évolution des compétences
  • Les sauvegardes automatiques
  • La sensation de liberté
  • Graphiquement daté malgré le lifting
  • Le rythme du jeu
  • Farming, farming, farming
  • Pas de traduction FR
  • Uniquement en dématérialisé en Europe