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OXENFREE II: Lost Signals

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OXENFREE II: Lost Signals

Par rifraff - Le 24/07/2023 à 12:16

A la base, Oxenfree est un « petit » jeu indépendant américain qui s’est imposé dans le paysage vidéoludique mondial en bouleversant les codes des jeux narratifs grâce à sa réalisation maîtrisée, son histoire et son ambiance hérités des teenages movies des années 80 mais aussi et surtout grâce à sa façon nouvelle d’imbriquer intelligemment tous les éléments inhérents au genre. Sept ans plus tard, la suite débarque enfin sur PC, mobiles et consoles. Alors, l’attente en valait-elle la peine ?

Ondes de choix

Bien que le jeu ressemble énormément au titre précédent et se déroule toujours dans les mêmes environnements, Oxenfree II: Lost Signals se présente comme un « stand alone ». Il est donc, en théorie, pas nécessaire d’avoir joué à Oxenfree, premier du nom pour jouer à Oxenfree II même si les fans auront évidemment un petit train d‘avance sur les autres.

L’action du jeu se passe cinq ans après les événements du premier titre et nous met dans la peau de Riley, une jeune adulte qui revient dans sa ville natale plusieurs années après l’avoir quittée, afin d‘y mener une enquête sur les étranges phénomènes qui s’y passent. En effet, de mystérieux signaux radio parasitent et perturbent la vie en apparence tranquille de l’île avec des apparitions surnaturelles, des boucles temporelles et autres distorsions dimensionnelles qui font qu’on ne sait jamais si ce que l’on voit est vrai ou l’a été…

L'aventure extérieure

Afin de comprendre ce qui arrive et de régler le problème, Riley et Jacob, un ancien camarade d’école, perdu de vue depuis longtemps, vont devoir crapahuter sur toute l’île et démêler les fils d’une intrigue complexe riche en rebondissement et en rencontres.

Le gameplay du jeu est simple et identique au titre précédent, en s’apparentant à celui d’un point and click. On se déplace sur l’île mêlant espace 3D et éléments de décors en 2D comme dans un monde ouvert en avisant les points d’intérêts et d’interaction. On peut utiliser le stick et les boutons ou se servir de l’écran tactile pour se déplacer et interagir avec les éléments du décor et les personnages. Si chaque joueur choisira sa façon de jouer (sachant que l'on peut combiner le gameplay classique avec le tactile), le gameplay classique reste le plus précis et pratique.

A tout moment, on peut discuter avec Evelyn, la chef de Riley, qui pilote les opérations, mais aussi avec diverses personnes, en utilisant un talkie-walkie qui dispose de plusieurs canaux. Riley dispose aussi, comme dans le jeu précédent, d‘une radio dont elle peut changer les fréquences et qui se retrouve toujours au centre de la résolution de plusieurs énigmes. Que l'on ait ou non, joué au jeu précédent, tout est assimilé assez vite et on comprend qu'il va falloir jongler avec ses différents éléments (radio, talkie, exploration) pour progresser.

Une intrigue encadrée

Au départ, le jeu nous demande de poser trois émetteurs sur trois points de l’île en hauteur.  Pour trouver ses points mais aussi tout simplement se retrouver, Riley peut consulter une carte géante sur laquelle s’inscrit au fur et à mesure les informations importantes et les endroits ou se rendre. Bien que le joueur soit assez libre de faire ce qu’il veut, en réalité, l’histoire est plutôt dirigiste, il suffit de suivre les indications et de bien regarder la carte. D’ailleurs, il est impossible d’aller plus vite que le jeu et parfois même, un chemin peut nous être interdit par un personnage ou carrément bloqué par un mur invisible simplement parce qu’on n’a pas pris tel objet ou parlé à tel personnage avant.

Il est impératif d'être attentif pour éviter de fastidieux allers-retours. La carte n’est pas très grande mais il y a pas mal de chemins et de phases de simili plateforme et comme les personnages avancent lentement, lorsqu’on se trompe de chemin et que l’on doit retourner sur nos pas, cela peut assez vite devenir redondant. Heureusement, ces petites frustrations sont rares et de notre expérience, logiquement en faisant bien attention aux dialogues et aux indications sur la carte, tout se déroule de façon naturelle et logique, et l’intrigue comme les personnages avancent inexorablement vers la conclusion. A dire vrai, on rentre vite dans l'histoire qui est bien écrite et bien mieux rythmée que dans le premier opus. Le suspens est présent et les rebondissements fantastiques flirtant avec l’épouvante, nombreux.

Des dialogues à choix multiples

Pour autant, l’intérêt d’Oxenfree 2 ne réside pas tant dans son intrigue mystérieuse et ses climax que dans ses dialogues et les multiples sous intrigues qu’ils contiennent, nous permettant de mieux comprendre les personnages. C’était la grande force d’Oxenfree et c’est pareil ici, et peut-être même encore plus. Le jeu est entièrement doublé par des acteurs, en anglais (sous-titré en français) qui semblent très investis.  Par moment, on se croirait vraiment dans un film ou un animé, tellement les acteurs sont convaincants et les dialogues particulièrement bien écrits.

De plus, ces phases de dialogues sont continuelles contrairement à d’autres jeux ou elles sont bien séparées des phases de gameplay. Là, même en crapahutant dans la montagne ou en fouillant une maison, on peut se retrouver à parler de tout ou de rien- en tout cas en apparence.

Faire le bon choix

Oxenfree 2 est un jeu basé sur nos choix. Le choix de nos actions mais aussi et surtout le choix de nos réponses, et de nos questions. C’est par nos choix que nous allons façonner notre Riley et notre aventure. Chaque dialogue, même le plus anodin nous donne généralement trois choix, parfois deux. Va-t-on écouter gentiment les lamentations de Jacob ? Ou lui demander de se taire ? Ou encore faire de l’humour ? Allons-nous nouer des relations amicales avec lui ou nous concentrer sur notre mission ? Sommes-nous héroïque ou cynique ?

Généralement dans les jeux d’aventure, on fait ce que l’on pense que le jeu veut qu’on fasse. Ici, c’est vraiment à nous de décider quitte à se « tromper » ou à être maladroit, et à le regretter après. Rares sont les jeux qui nous demande autant d’attention dans nos réponses sachant qu’elles ont toutes des répercussions plus ou moins importantes sur l’aventure mais aussi sur notre destin et celui de certains personnages.  

Et n’espérez pas peser le pour et le contre avant de répondre car bien souvent les choix disparaissent au bout de quelques secondes. On peut ainsi passer à côté (ou avoir l’impression de passer à côté) d’une solution de facilité ou d’une aide. Evidemment, plus, l’intrigue avance et plus les choix deviennent cruciaux et déterminant. Et, évidemment, comme dans Oxenfree, la fin du jeu peut être très différente d’un joueur à l’autre…

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Notre vidéo de gameplay

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Une suite dans la continuité

Oxenfree 2 ne cherche pas à se différencier d’Oxenfree 1. Night School Studio, qui appartient désormais à Netflix, a repris la même formule qu’il a simplement amélioré par bien des aspects. Le jeu est mieux rythmé et moins éclaté (puisque centré avant tout sur Riley et Jacob). Le titre alterne, sans en avoir l'air, de nombreuses séquences de jeu différentes : plateforme, exploration, jeu de cache-cache, poursuite etc. Les rebondissements sont par ailleurs mieux amenés et peut-être aussi plus surprenants avec des ruptures de ton fréquentes. Les dialogues sont aussi plus « matures » (les personnages principaux étant plus vieux) et on note ici ou là quelques petites améliorations comme la possibilité d’agrandir le texte, parfait en mode portable.. Dommage que le jeu multiplie les temps de chargement qui peuvent parfois couper un peu le rythme, même s'il ne coupent pas les dialogues en court (si on change de zone et qu'un personnage est en train de parler, il finit sa phrase durant le temps de chargement et on lui répond, une fois celui-ci terminé).

D’un point de vue technique, il n’y a rien à dire, le jeu est beau avec des environnements très différents bourrés de détails et une réalisation maîtrisée et stylée, comme lorsqu'on rentre dans un bâtiment et que l'on découvre l'intérieur ou que la caméra s'éloigne pour nous faire profiter d'un superbe panorama ou au contraire se rapproche pour être au plus près des personnages. On note une vraie amélioration du côté des graphismes avec des personnages plus lisses et moins pixélisés (même si cela avait aussi son charme dans le premier...) et parfaitement animés. On apprécie d'ailleurs que les personnages qui nous parlent nous suivent du regard ou changent de position par rapport à la nôtre.

Court mais intense

Oxenfree 2 n’est pas très long mais raccord avec les jeux du genre. Comptez 5 heures pour en voir le bout. Peut-être un peu plus, si vous passez du temps à parler au talkie, moins si vous ne traînez pas. Mais l’aventure est intense et surtout prenante. Si vous le pouvez, vous aurez sûrement envie de la faire d’une traite, emporté par l’intrigue et se personnages. Evidemment, vous pourrez refaire l’aventure, afin de tester d’autres choix et voir ou ils vont vous conduire, ou encore pour retrouver toutes les pages perdues...

Notez que même si Oxenfree 2 se suffit à lui-même, on ne saurait trop vous conseiller de jouer avant au premier opus. Actuellement, il est à moins de 2 euros sur l'eShop.

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8
Oxenfree 2 est une réussite qui ne change fondamentalement pas la recette du premier opus mais l'améliore sur de nombreux points en vous plongeant dans une aventure narrative surnaturelle pleine de mystères et de rebondissements, dont la conclusion est toujours déterminée par vos choix

  • Intrigue prenante et bien rythmée
  • Gameplay maîtrisé
  • Système de jeu bien rodé
  • Visuellement très beau
  • Doublage voix parfait
  • Dialogues à choix réussis
  • Des allers-retours parfois redondants
  • Des temps de chargement longuets