Nintendo Switch

Kamiwaza: Way of the Thief

Test Switch

Kamiwaza: Way of the Thief

Par Thatgunman - Le 22/10/2022 à 08:00

Avec la pléthore de remasters sortant chaque année, on est en droit de se demander si cette tendance n’est pas en train de monopoliser le calendrier de sortie. Cela dit, on peut être plus indulgent quand il s’agit de faire découvrir quelques pépites qui n’avaient pas eu le droit à une sortie occidentale lors de leur première sortie. 16 ans après sa sortie initiale sur PlayStation 2, voici donc sortir sur Nintendo Switch Kamiwaza: Way of the Thief, et pour la première fois en occident.

Gentleman cambrioleur

Le nom Acquire est souvent associé à la fameuse série d’infiltration Tenchu, mais ce studio de développement japonais est aussi responsable de quelques autres incursions dans le genre, comme Kamiwaza: Way of The Thief. L’histoire se situe pendant l’ère Edo, au Japon. On suit les aventures d’Ebizo, membre d’un groupe de voleurs au grand cœur qui redistribue le fruit de leurs larcins aux plus démunis. Au cours d’une de leurs missions, notre gentleman cambrioleur est témoin du meurtre des propriétaires de la demeure qu’il est en train de dévaliser. Les responsables ne sont autres que ses propres coéquipiers. Trahi, il décide de s’enfuir avec une enfant rescapée du massacre, Suzuna. Les années passent et Ebizo a une vie rangée dans un petit village, mais le malheur le rattrape quand Suzuna, la jeune fille qu’il avait sauvée quelques années auparavant et qu’il a élevé comme sa propre fille, tombe malade. Ebizo reprend alors du métier pour pouvoir payer le traitement de Suzuna.

Voler, oui, mais avec style!

Kamiwaza: Way of The Thief est atypique, puisqu’il décide de s’orienter vers un contenu très arcade, de quoi trancher avec la majorité des jeux d’infiltration. Le but est bien évidemment de voler un maximum d’objets pour pouvoir les vendre. On a donc sur nos épaules un baluchon qu’il faut remplir en essayant de récupérer un maximum d’objets en surbrillance. Mais tout ne sera pas si simple, car entre les rondes des gardes et la suspicion des villageois, il faudra se montrer le plus discret possible. On retrouve la panoplie de mouvement du parfait jeu d’infiltration pour se cacher, se suspendre entre deux murs, se plaquer, s’accroupir, etc. Le seul défaut d’Ebizo par rapport à Rikimaru de Tenchu, c’est qu’il ne peut pas éliminer ses ennemis. Au mieux, il peut les assommer pour un court instant. Mais le vétéran de la cambriole a plus d’un tour dans son sac. Pile lorsqu’il rentre dans le champ de vision d’un passant, il est capable de devenir invisible pendant un court laps de temps. Cette technique a aussi pour effet de ralentir le temps (mais pas les déplacements d’Ebizo), pour permettre de faire les poches des PNJ ou de subtiliser des objets sans se faire repérer. Ebizo peut aussi se servir de son sac, comme d’un projectile. S’il devient encombrant lorsque l’on transporte trop d’objets, il est un atout lorsque l’on tire à toute berzingue dans un ennemi.

Le jeu s’articule autour de la guilde des voleurs, qui sert à accepter des missions, à découvrir de nouvelles compétences, et le plus important: échanger les objets volés contre de l’argent. Les missions se ressemblent toutes, car elles demanderont systématiquement de voler un objet en particulier, mais les environnements sont variés, et les améliorations que l’on acquiert en avançant dans le jeu débloquent de nouveaux endroits à cambrioler. Si les missions permettent de récupérer de sacrées sommes, elles ne suffiront pas à payer le traitement de Suzuka ainsi que les améliorations et l’équipement d’Ebizo. C’est pourquoi il est indispensable de voler un maximum d’objets dans le hub central, la ville de Mikado.

Même si c’est pour une noble cause, voler, c’est mal, et la discrétion est de rigueur quand vous dévalisez quelque chose. Tout d’abord, il faut savoir que des avis de recherches à votre nom sont disséminés dans toute la ville. La correspondance du dessin représentant votre visage dépend du niveau de suspicion des gardes. Plus vous enfreignez la loi aux yeux de tous, plus le dessin ressemblera à Ebizo, et plus les gardes vous reconnaîtront facilement. Attention, car si les compétences en combat d’Ebizo sont risibles, les gardes, eux, n’y vont pas avec le dos de la cuillère, et pourront même provoquer la fin de la partie s’ils arrivent à vous capturer. À cela, s'ajoute votre baluchon, qui, s’il est un peu trop épais, attirera plus facilement l’attention des PNJ. Une fois le butin constitué, deux choix s’offrent à vous: l’échanger contre de la monnaie, sonnante et trébuchante, ou la donner gracieusement aux villageois, qui finiront, si vous êtes suffisamment généreux, par devenir de moins en moins hostile, allant même jusqu’à couvrir vos infractions.

Un jeu daté, malgré d'indéniables qualités

Malgré le ravalement de façade, Kamiwaza est un jeu qui est resté dans son jus. Les collisions sont hasardeuses, les ennemis oscillent entre l’omniscience et la cécité intégrale et il est souvent difficile de détecter le champ de vision des PNJ. Quand on est face à des gardes dont la position est statique, ça ne pose pas trop de problèmes, mais sitôt qu’ils bougent, on se fait facilement prendre au piège. Cela dit, le gameplay est diablement efficace. Parcourir le jeu en utilisant toutes les techniques d'infiltration sans jamais s’arrêter est juste grisant. Car contrairement à beaucoup de jeux d’infiltration, ce n’est pas votre patience, ou votre capacité à saisir des opportunités qui sera récompensée, mais bien votre rythme et votre capacité à improviser. Une sorte de parkour pour cambrioleur se met alors en place pour tenter de dérober un maximum d’objets.

Le scénario passerait presque au second plan, non pas à cause d’une qualité amoindrie, bien au contraire, mais surtout à cause des cinématiques qui surviennent à des moments improbables. On se retrouve parfois coupé dans l’action, à déclencher une scène de discussion. À ce niveau, c’est du détail, mais c’est le genre de situation qui vient casser le rythme plutôt soutenu du jeu. Le scénario se laisse quand même suivre, et la mise en scène, quoiqu’un peu surannée, est de bonne qualité. La qualité sonore est dans les standards de ce qui se faisait sur PlayStation 2, c'est-à-dire ultra-compressée, mais on profite tout de même du doublage partiel des dialogues. C’est juste dommage qu’on doive, comme très souvent, se contenter d’un sous-titrage en anglais.

7
Kamiwaza: Way of The Thief, comme beaucoup de jeux de son époque, a pris un sacré coup de vieux. L’intelligence artificielle est désuète, la modélisation 3D est sommaire et la mise en scène est datée, mais le jeu brille de par son gameplay qui a tendance à sortir de l’ordinaire. Rien que pour ça, Kamiwaza mérite que l’on ferme les yeux sur ses éléments vieillissants.

  • Un gameplay original
  • Le plaisir ressenti quand on enchaîne esquives et larcins
  • Des environnements variés
  • Une ambiance bien retranscrite
  • La liste de mouvements qui semble ne plus finir
  • Un scénario prenant...
  • ... Mais des scènes cinématiques un peu trop invasives
  • L'intelligence artificielle des ennemis d'un autre âge
  • Uniquement en anglais