Sortant des codes habituels des jeux de la saga Dragon Ball, Bandai-Namco nous propose un jeu de cache-cache fort en adrénaline. Mais que vaut cet épisode en multijoueur asymétrique? Est-ce un Evolve ou un Dead by Daylight? Pourra t-il tirer son épingle du jeu dans un genre bien difficile à maîtriser? Et surtout, combien de temps la planète mettra a exploser? Pour cette dernière question, cela ne dépend que de vous.
Cell, y es-tu ?
Ah, Dragon Ball, sans conteste un des mangas les plus connus au monde, et encore un des plus populaires aujourd'hui. Et pourtant, les nombreux jeux de la licence qui nous arrivent sont pour la plupart des jeux de combat relatant inlassablement les mêmes arcs connus, les mêmes affrontements et les mêmes répliques. Quel plaisir alors de voir que The Breakers nous propose quelque chose de complètement différent.
En effet, hors de question d'incarner Son Goku ou Vegeta ! Dans The Breakers, vous incarnez un avatar, ou encore un personnage secondaire de la série, comme Bulma ou Ooloong, et le plus important est que vous ne savez pas, et ne pouvez presque pas vous battre. Vous n'êtes qu'un civil alors qu'un des méchants emblématiques de la série (Cell, Buu, ou Freezer) ratisse la zone à votre recherche, le tout dans une partie de cache-cache terrifiante, et vous n'avez aucune chance de vous en sortir en affrontement direct.
Tu peux courir, mais pas te cacher ! Enfin... pas beaucoup.
Dragon Ball : The Breakers est un jeu multijoueur asymétrique, où 8 personnes jouent en même temps. Un des joueurs aura le rôle du vilain devant tuer tout le monde, et 7 survivants devront trouver sur la carte des éléments leur permettant de s'échapper, notamment en activant une machine à remonter dans le temps envoyée par Trunks.
Le méchant peut voler, envoyer des lasers, et domine la carte, cherchant ces petits insectes que sont ses adversaires, et tentant de leur pourrir la vie, mais pas seulement... Car il commencera la partie en étant assez faible (Cell commence en forme larvaire par exemple), et devra d'abord ruser pour gagner en puissance, trouver des joueurs isolés et s'en nourrir, créer des situations où il a l'avantage avant de devenir tout puissant et de détruire des pans entiers du terrain de jeu ! Si les joueurs arrivent à invoquer une machine à remonter dans le temps, il pourra aussi tenter de la détruire. Un rôle de « loup » très complet et ô combien jouissif.
Côté survivants, vous êtes très faibles, mais disposez d'outils amenés avec vous, comme un grappin ou un super trampoline en capsule, mais pourrez aussi trouver sur le terrain moult ressources pour vous aider, comme des lance-roquette, des outils de protection ou des haricots Senzu. Si vous trouvez des cubes de puissance, pourrez aussi, pendant un très court moment, faire appel à l'esprit d'un super guerrier afin de rudoyer le méchant et de faire diversion pendant que vos alliés allument la machine temporelle.
Les survivants ont plusieurs objectifs possibles : activer la machine temporelle au centre de la carte, chose risquée car le méchant vous y verra et vous devrez vous défendre avec les moyens du bord. Ils peuvent aussi, si la machine est détruite, prendre une machine d'évacuation d'urgence individuelle, bien plus discrète. Finalement, le méchant peut-être battu à la régulière, si assez d'alliés ont les ressources pour baisser sa barre de vie. Mais ce qui est certain, c'est seul, vous n'irez nulle part. La coopération est la clef, alors courrez aider vos alliés à terre. Ils vous le rendront... sûrement.
En jeu, l'ambiance est au rendez-vous, avec des pics de stress: irez-vous secourir un ami malgré la menace de Freezer qui rôde non loin, ou les remercierez-vous pour leur noble sacrifice tandis que vous vous échappez? Vous devrez choisir vite. C'est sûrement un des côtés les plus réussis du soft, qui devient presque un jeu d'horreur par moment.
Mais est-ce bien sa forme finale ?
Vous l'aurez compris, The Breakers est un jeu plutôt innovant dans son concept. Mais un concept ne fait pas tout. Tout d'abord, la jouabilité est parfois très confuse, notamment au niveau du combat qui, s'il reste rare, est trop brouillon pour valoir le coup. Le reste est assez peu remarquable et pas toujours des plus instinctifs, avec des placements de boutons hasardeux pour les premières parties. Jouer le méchant est presque impossible si vous n'êtes pas patient, car c'est le rôle minoritaire, mais celui que tout le monde voudrait avoir. Et en parlant de perte de temps, les gains, de partie en partie, sont minables. Vous gagnerez, même en cas de victoire, très peu de monnaie du jeu, vous permettant à peine de personnaliser votre avatar au delà des outils de création basiques si vous ne passez pas par la case carte de crédit. Un modèle économique pour le moins discutable, même si tout ce côté esthétique est bien sûr facultatif. L'amélioration de vos compétences et outils est heureusement bien plus accessible, malgré un côté « gatcha » afin d'obtenir de nouveaux coups spéciaux.
Si le jeu se targue déjà de proposer des « saisons, » il n'y a pas grand chose à faire à part relancer match après match pour faire avancer laborieusement un Battle Pass (heureusement) inclus. Vous pouvez facilement trouver vos amis et jouer avec, ou vous contenter d'étrangers et d'une communication succincte par émotes, mais rien d'autre. Pas de mode solo, pas d'histoire à part un prologue tout juste sympathique, même pas de joli hub à la Xenoverse. Vous êtes là pour jouer à cache-cache, c'est tout, et votre seule alternative est un entraînement disponible en ligne.
Finalement, parlons présentation. Graphiquement, le jeu est moche, même pour de la Switch. Textures brouillonnes, clipping, pop-in, aliasing, on échappe à rien. C'est le prix pour une expérience fluide, mais chaque début de match vous fera vous demander si le jeu ne tourne pas sur le même moteur que Pokémon Sword and Shield. On se réjouira quand même que l'univers de Dragon Ball soit superbement respecté, et ce dans tous les détails graphiques, lieux, attitudes des personnages et designs. Et au milieu d'un match, alors qu'on court pour sa vie, on oublie vite les graphismes, finalement. L'ambiance sonore est bonne, passant d'un silence menaçant à une mélodie effrénée avec le temps, avec tout ce qui faut de battements de cœur, appels à l'aide, et bruits d'attaques spéciales afin de nous plonger dans l'ambiance. Encore une fois, les détails sont très réussis et servent le gameplay. Les voix japonaises ou anglaises sont également disponibles.