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Chrono Cross : The Radical Dreamers Edition

Test Switch

Chrono Cross : The Radical Dreamers Edition

Par Thatgunman - Le 06/04/2022 à 20:00

La Switch est décidément bien gâtée, en termes de portages et de remasters pour le moins inattendus, avec la ressortie de classiques du jeu de rôle. Effectivement, les jeux de rôles japonais ont acquis une certaine réputation au cours du temps, dépassant de loin les frontières de leur pays d’origine. Pour autant, cela n’a pas toujours été le cas, et ce revirement de situation est probablement dû à Squaresoft. Mais si dans nos contrées, des jeux comme Final Fantasy 7 ou Secret of Mana ont pu trouver leur place sur les étals et fait découvrir au public européen le jeu de rôle à la japonaise, une autre licence, pourtant souvent considérée comme incontournable, n'a pas eu droit à ces égards: La série des Chrono, et notamment Chrono Cross, plus particulièrement de son remaster Chrono Cross : The Radical Dreamers Edition, sorti sur Nintendo Switch, sur lequel nous allons nous attarder.

Je rêvais d'un autre monde

Chrono Cross est la suite de Chrono Trigger, jeu de rôle qui nous mettait dans la peau de Chrono, voyageant à travers les âges pour sauver son amie Marle, et accessoirement sauver un monde en proie à un cataclysme. Si les deux opus partagent une partie de leur nom, ainsi que quelques références subtiles, il s’agit pourtant de deux jeux distincts, avec leurs propres mécaniques. Chrono Cross est un jeu de rôle au tour par tour prenant place aux alentours du continent Zenan, nous mettant dans la peau de Serge, habitant du petit archipel El Nido, qui se voit aspiré par une faille dimensionnelle alors qu’il discutait avec son amie Leena. Lorsqu’il se réveille, plus personne à son village ne le reconnaît, et pour la simple et bonne raison que le Serge de cette dimension est décédé 10 ans auparavant. En quête de réponses sur la présence de réalités alternatives, il arpentera un univers riche, avec son lot personnages attachants et ses décors somptueux.

Si les premières heures se veulent dirigistes, on se rend rapidement compte que l’on ne sera pas tenu par la main tout du long, et que certains choix mèneront à des chemins différents. Les choix réellement importants ne sont pas tant nombreux, mais l’accumulation d’éléments rendant la progression non-linéaire est telle qu’on ne peut qu’avoir un sentiment d’immensité devant ce qui nous attend. La moindre quête secondaire peut se révéler lourde de sens pour l’intrigue du jeu et le niveau de détail pousse à garder un niveau d’attention élevé jusqu'au bout de la partie, et à explorer les recoins du monde, dans chacune des dimensions. Comme Chrono Trigger, on peut voyager à travers diverses itérations du même monde, seulement, il n’est pas question ici de périodes différentes, mais comme écrit plus haut, de réalités alternatives, avec lesquelles il faudra jongler pour avancer. 

Le maître des éléments

Si Chrono Trigger avait su intriguer avec son système de combat atypique, Chrono Cross semblerait plutôt miser sur la formule classique du tour par tour… En apparence. Chaque personnage dispose d’une jauge d’endurance, qui se videra après chaque attaque. Il est possible d’attaquer avec trois niveaux de puissance qui influent sur l’endurance consommée, la précision et les dégâts infligés. Chaque attaque réussie offre une précision accrue pour l’attaque suivante, ainsi que des points pour la jauge de magie. Après en avoir acquis suffisamment, on peut utiliser un élément, que l’on aura préalablement équipé. Les personnages et les éléments ont une couleur qui leur est attribuée, avec un système d’affinité qui influera sur les dégâts infligés si jamais on utilise la bonne couleur, au bon moment, sur l’ennemi de la couleur opposée. Le système de combat de Chrono Cross est particulièrement riche: la difficulté bien dosée permettra d'appréhender chaque combat sous un angle stratégique.

Il est à savoir que le jeu ne fonctionne pas sur un système de gain de niveau. On peut augmenter certains attributs en affrontant des monstres, mais à partir d’un certain seuil, cela n’a plus d’effet. Il faudra affronter un boss et récupérer son étoile pour engranger un gain conséquent de points d'attributs et passer en quelque sorte au niveau supérieur. Cela veut dire que le farming n’est pas possible, mais inversement, qu’il ne faudra pas subir des heures sur les mêmes monstres pour avoir ses chances face au prochain boss. La progression s’en retrouve beaucoup plus homogène, et la quarantaine d’heures nécessaire à la complétion du jeu devient tout de suite plus abordable. Et c’est sans compter la présence de quêtes optionnelles, de tous ces personnages qui pourront rejoindre l’équipe et de ses 12 fins, qui allongeront la durée de vie à une cinquantaine d'heures pour tout bon complétioniste.

Dépoussiérage dans les règles de l'art

Comme on en a désormais l’habitude avec les remasters venant de Square Enix, Chrono Cross a bénéficié de quelques améliorations sur sa partie graphique. Tout d’abord, le jeu s’affiche dans une résolution qui fait disparaître les effets de crénelage très visibles sur le support d’origine. Et c’est à peu près tout… La qualité sonore, les textures, tout est resté dans son état d’origine. L'absence de 16/9 digne de ce nom (et pas un simple étirement de l'image) est compréhensible au vu des dimensions des artworks d'origine, mais le framerate oscillant entre les trente images par seconde et le diaporama du code de la route est probablement l’élément le plus décevant de ce remaster. Fort heureusement, Square Enix a gardé un atout dans sa manche, avec la présence d’une localisation en français de très bonne qualité. On ne peut que saluer l’effort, sachant qu’encore aujourd’hui, bon nombre de jeux de rôle japonais ne bénéficient pas de cette coûteuse attention. Du point de vue du gameplay, à part l’avance rapide et les options de "triche" pour le combat (qui permet d'éviter toutes les attaques ennemies), rien de nouveau à signaler par rapport aux autres remasters de Square Enix. On aurait pourtant apprécié la présence d’un tutoriel, ou à minima du livret au format dématérialisé, sachant que peu de choses sont expliquées en jeu. Les quelques explications disséminées à travers le jeu sont parfois tellement bien cachées qu’il est possible de passer à côté.

Un contenu bonus inespéré

Attendez, ce n’est pas fini! Non content d’avoir proposé une version remasterisée tout à fait correcte d’un jeu d’anthologie, Chrono Cross : The Radical Dreamers Edition comprend aussi Radical Dreamers : Le Trésor Interdit, un jeu d’aventure textuel sorti à l’origine sur Satellaview 3 ans avant Chrono Cross. On retrouve Serge et Kid dans une aventure similaire à celle de Chrono Cross, avec quelques altérations scénaristiques et de nombreux embranchements. Le texte est agrémenté de quelques illustrations et d’une bande-son magistrale composée par Matsunori Mitsuda, à qui l’on doit également les musiques de Chrono Trigger et de Chrono Cross. On pourrait dire de Radical Dreamers : Le Trésor Interdit qu’il est le brouillon de Chrono Cross, mais cela ne rendrait pas hommage au travail et au soin dont il a bénéficié, et c’est une décision fort appréciable que de permettre au grand public de découvrir ce très bon visual novel dans de bonnes conditions, avec une traduction française de qualité.



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9
Il pourrait être facile de recommander Chrono Cross : The Radical Dreamers Edition uniquement aux mordus de jeu de rôle pas trop rebutés par des mécaniques datées. Et pourtant, Chrono Cross n’a quasiment pas pris une ride, et fait partie de ces jeux d’une autre époque dont on aurait tort de se priver. Il était pilier du genre, il s’agit désormais d’un des meilleurs représentant de cette façon de concevoir le jeu de rôle à la japonaise, avec un remaster sublimant certaines de ses qualités.

  • Scénario riche et captivant
  • Graphismes lissés, grâce au rehaussement de la résolution
  • L'ajout de fonctions améliorant le confort de jeu
  • Traduction française intégrale
  • La présence de Radical Dreamers : Le Trésor Interdit
  • Framerate inconsistant
  • Absence quasi-totale d'instructions en cours de jeu