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Apollo Justice: Ace Attorney Trilogy

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Apollo Justice: Ace Attorney Trilogy

Par ggvanrom - Le 22/01 à 18:45

Après plusieurs années à nous resservir inlassablement la première trilogie des Ace Attorney démarrée sur GBA au Japon et sur Nintendo DS en Europe, Capcom vient enfin de proposer aux public sa seconde trilogie en version remasterisée. Il faut dire qu’avec l’arrêt de l’eShop de la 3DS, 2 titres sur 3 étaient voués à finir dans les limbes du Néant. Enfilez votre costume et mettez votre Badge, Phoenix Wright est de retour pour une nouvelle compilation, et cette fois, il n’est plus seul à assurer la défense de ses clients

Une trilogie riche en volte-face !

Pour ceux ne connaissant pas la licence Ace Attorney de Capcom, reposons les bases très rapidement. Il s’agit d’un jeu d’aventure narratif nous mettant dans la peau d’un avocat de la défense chargé de représenter ses clients, généralement accusés de meurtre. Pour se faire, chaque jeu se divise en deux phases distinctes, les enquêtes où l’on se déplace sur le terrain pour récupérer des indices, et enfin le tribunal où l’on confronte les différents témoins, preuves à l’appui, cherchant les failles dans les témoignages jusqu’à pouvoir trouver qui est le vrai coupable, avec généralement d’improbables volte-face à la clé. La licence s’est d’abord fait connaître avec Phoenix Wright, avant d’étendre son univers avec de nouveaux avocats, et de nouvelles régions. Outre des enquêtes riches en rebondissements, la licence a également su se démarquer en résolvant les enquêtes de manière scientifique, mais également ésotérique.

Durant les phases de procès, nous découvrons les témoignages des différents témoins, hachés par segments. Le but est ainsi de trouver une contradiction flagrante en présentant une pièce à conviction en lâchant le désormais culte « objection ». Par exemple, si un témoin nous dit que la victime a profité de ses dernières forces pour se déplacer après le coup fatal, on pourra contrer en présentant le rapport du légiste qui dit que le coup a tué la victime instantanément. Si les premières enquêtes sont relativement faciles, il faudra la plupart du temps demander aux témoins des précisions sur certains passages de leurs témoignages, jusqu’à pouvoir déceler la faille qui renversera la situation.

Après avoir incarné Phoenix Whright à travers 3 opus sur GBA au Japon et sur Nintendo DS en Occident, l’heure était venue pour notre avocat de passer le relais à la nouvelle génération. La licence principale s’est ainsi enrichie de 3 nouveaux opus canon. Apollo Justice : Ace Attorney fut la première étape de cette passation sur Nintendo DS, suivi par Phoenix Wright: Ace Attorney - Dual Destinies et Phoenix Wright: Ace Attorney - Spirit of Justice sortis tous deux sur Nintendo 3DS. Apollo Justice: Ace Attorney Trilogy regroupe pour la première fois ces trois épisodes dans une compilation remasterisée. En tout ce sont 16 enquêtes riches en rebondissements qui attendent les joueurs, avec des volte-face plus surprenantes les unes que les autres, et qui font le charme de la série depuis ses débuts, avec en bonus la traduction des deux opus 3DS qui étaient jusque-là uniquement proposés en anglais en Occident.



La nouvelle génération arrive avec Apollo

Apollo Justice Ace Attorney nous conduit en 2026, soit 7 ans après la fin de carrière de l’illustre avocat Phoenix Wright. Nous incarnons désormais Apollo Justice, jeune avocat de la défense accompagné de son mentor Kristoph Gavin pour défendre son tout premier client dans une affaire de meurtre, Phoenix Wright lui-même. C’est dans ce contexte particulier qu’Apollo fera la rencontre de la légende du barreau, et qu’il découvrira également pourquoi le roi de la volte-face a perdu son badge d’avocat il y a sept ans, et comment les différentes affaires qu’il va traiter semblent liées.

Exit le duo classique Phoenix / Maya, désormais Apollo fera équipe la plupart du temps avec Vérité, la fille de Phoenix Wright. A l’instar des opus précédents, nous alternons entre les phases d’enquêtes sur les lieux de crime et les alentours pour récupérer des pièces à convictions, pour ensuite pouvoir confronter les différents témoins lors de phases de contre-interrogatoire pour arriver à obtenir un verdict non-coupable pour votre client. Deux nouveautés viennent alors s’ajouter dans ce nouvel opus. Lors des phases d’investigation, nous avons désormais la possibilité d’observer des pièces à conviction en 3D, comme dans la dernière affaire présente dans la version DS du premier Phoenix Wright: Ace Attorney. Cet épisode signe également le retour d’Ema Skye qui nous avait justement fait découvrir les « enquêtes scientifiques » dans ce même épisode, avec notamment l’utilisation du Luminol pour détecter les traces de sang effacées, et le lecteur d’empreintes digitales.

La seconde nouveauté se dévoile quant à elle lors des phases d’interrogatoires. Grâce à son bracelet, Apollo a la capacité d’intensifier son intuition, ce qui lui permet de déceler les tics nerveux des témoins. Grattage discret, tressaillement  sous l’œil, crispation de la main etc.. Faisant partie intégrante du scénario, ces scènes interviennent à certains moments clé des différentes affaires, et renversent une situation qui semblait très mal partie pour Apollo et son client. Bien que le jeu ne comporte que 4 affaires, faisant de lui l’un des jeux les plus courts de la licence, la mise en scène et les nouveaux personnages avait tout de même charmé les fans de la licence, avec notamment les révélations autour des nouveaux personnages principaux de la licence.

Nouvelle dimension et enquête psychologique

Se déroulant 1 an après Apollo Justice : Ace Attorney, Phoenix Wright : Ace Attorney - Dual Destinies commence sur les chapeaux de roues avec une belle cinématique mettant en avant un attentat à la bombe dans une salles d’audience. C’est dans ces conditions que nous retrouvons un Apollo Justice salement amoché, accompagné d’Athena Cykes, une avocate de la défense ayant rejoint comme Apollo le cabinet d’avocat de Phoenix Wright. Alors que le pays traverse un « âge sombre » de la justice, c’est dans cet opus de notre « Nick » bien-aimé va finalement récupérer son badge d’avocat. Seulement, la première enquête va provoquer un petit chamboulement dans le trio, et nous en découvrirons également un peu plus sur le passé tragique d’Athena, l’ayant conduite à devenir avocate.

Le premier élément qui choque lors du lancement de cet opus, c’est la modélisation 3D du jeu. Jusque-là, les décors et les personnages étaient encore modélisés en 2D. Si les gouts et les couleurs sont propres à chacun, j’avoue avoir un peu de mal avec les modèles de cet opus, notamment le personnage d’Athena qui a certaines expressions faciales vraiment affreuses. On notera du côté des nouveautés la possibilité de voir certaines zones d’enquêtes en 3D, nous ouvrant ainsi de nouvelles dimensions pour pouvoir trouver des indices. Athena quant à elle utilisera son accessoire Piplet couplée à son ouïe fine pour détecter les irrégularités dans les émotions des témoins lors de leur témoignage. Pourquoi ressentir de la joie alors que le témoin était à deux doigts de mourrir écrasé par des gravats ?

La version remasterisée de cet opus est accompagnée d’une toute nouvelle traduction en français, jusqu’alors inexistante. Le jeu s’offre également quelques cinématiques en 2D, couplées également à des voix françaises pour accompagner le tout. Capcom a eu le sens des détails pour sa traduction puisque même des éléments de décor ont été traduits pour l’occasion. Une manière de plus d’apprécier comme il se doit ce nouvel opus. La traduction est de très bonne facture, et l’on se plaît à retrouver les traditionnels jeux de mots dans les noms et prénoms des différents personnages. L’équipe de traduction s’est également fait plaisir en plaçant quelques références pop-culture dans ses dialogues, ainsi que différentes expressions de chez nous.

Côté gameplay, les analyses psychologiques peuvent faire peur de prime abord, mais le gameplay est extrêmement simple à comprendre, et évoluera au fil du jeu. On commencera par dénicher des émotions anormalement présentes dans des passages clés de témoignages, puis l’absence d’émotion, et enfin un emballement d’émotions rendant le témoin particulièrement instable. A noter que les 5 affaires principales du jeu s’emboîtent pour suivre une intrigue globale. Comme expliqué plus tôt, l’intrigue va également se concentrer sur la thématique de l’âge sombre de la justice, une période où « la fin justifie les moyens » pour défendre son client, ou au contraire faire condamner l’accusé même par manque de preuve solide, quitte à falsifier des pièces à convictions. Cet aspect demeure extrêmement intéressant, et nous montre encore une fois que tous les personnages principaux sont reliés de près ou de loin à cet âge sombre.

Le mystique retrouve sa place dans les tribunaux

Se déroulant après les événements de Phoenix Wright : Ace Attorney - Dual Destinies, Phoenix Wright : Ace Attorney - Spirit of Justice nous emmène en voyage au Royaume de Khura’in. Phoenix s’est déplacé pour l’occasion afin de retrouver son ancienne partenaire Maya Fey, mystique de profession, qui vient de terminer son entraînement de 2 ans en ascète. Alors qu’il pensait profiter de ses jours d’avance pour profiter du lieu, son jeune guide Sou Ih’vel Guihd est accusé de vol et de meurtre dans le temple où il officie. Croyant fermement en son innocence, et découvrant qu’aucun avocat de la défense ne le représente, Phoenix s’élance sans réfléchir dans le tribunal pour défense son jeune ami. Néanmoins qui dit nouveau pays et mystification dit aussi beaucoup de changement. Les avocats de la défense ne sont absolument pas les bienvenus, et les accusés sont jugés coupables suite aux séances de divination données par la Béatitude Rayfa Padma Khura’in qui permet de visualiser les derniers instants des victimes. Autant dire que Phoenix va devoir redoubler de concentration.

Cet épisode va être ainsi une concentration de tous les éléments de gameplay de la trilogie. Phoenix utilisera son Magatama pour déverrouiller les Verrous-Psychés des témoins, Apollo son bracelet pour détecter les tics nerveux, et Athena utilisera Piplet pour détecter les changements d’émotions. On retrouvera Ema Skye également lors des phases d’investigation pour nous permettre de relever des indiques de manière scientifiques, et petit bonus pour les amoureux de la première trilogie, le channeling fera également son retour, à savoir la capacité de pouvoir demander à ce que l’âme d’un défunt entre dans le corps d’un mystique pour pouvoir témoigner.

Comme pour Dual Destinies, la version remasterisée de cet opus est accompagnée d’une toute nouvelle traduction en français, jusqu’alors inexistante. On retrouve les cinématiques en 2D, des voix françaises dans les cinématiques et dans des dialogues-clé. La 3D semble également avoir été légèrement affinée dans ce nouvel opus. Côté nouveautés, le bassin des âmes est également l’occasion de découvrir une nouvelle mécanique de gameplay, nous permettant de voir les derniers instants des victimes, et surtout de voir les émotions et sensations qui leur ont traversé l’esprit. Plus difficile à appréhender que l’analyse psychologie, les interprétations divines demandent de trouver une contradiction entre l’interprétation textuelle faite par Rayfa Padma Khura’in, et ce qu’a vu et ressenti la victime avant de mourir qui se présente comme une vidéo segmentée qui joue en boucle.

Côté histoire, l’intrigue se déroule à la fois au Royaume de Khura’in, et en « France » où se trouve le Cabinet de Phoenix Whright. A noter qu’il s’agit d’un choix assumé depuis le premier opus que l’intrigue se déroule en France par soucis de traduction, bien que certains éléments présentent quelques incohérences / décalage par rapport à la culture française (les mystiques, le rakugo etc.). La thématique abordée dans cet opus sera la révolution de la Justice. Dans le Royaume de Khura’in, les affaires sont depuis plus de 20 ans traitées sur les seuls divinations de la Béatitude Rayfa Padma Khura’in. Privés d’avocats de la défense, la situation a amené les hautes sphères du Royaume a profiter de ce système pour asseoir son autorité, menant ainsi la création d’une rébellion. Et autant dire que voir Phoenix Whright en visite dans le Royaume mettre à mal les séances de divinations au milieu d’un tribunal public a de quoi faire chauffer les flammes de la rébellion, et soulever quelques abus au passage.

Affaires à la carte

Bien que nous ne pouvons que vous conseiller de faire les jeux dans l’ordre de parution pour une compréhension optimale de l’histoire et une découverte des différents liens entre les personnages, Capcom a décider de segmenter ses jeux de sorte que chacun puisse les faire dans l’ordre qu’il souhaite. Le jeux sont ainsi rangés dans 3 menus distincts, et une fois sur le jeu en question, il est même possible de choisir son affaire, voir même un chapitre précis d’une affaire (aller directement au 2ème jour d’un procès par exemple). Un choix au final louable si vous avez déjà fait les jeux originaux, et que certaines affaires ne vous ont pas nécessairement captivées. Le jeu met également en place un système de trophées appelés « distinctions » ou « cocardes » lorsque vous complétez une affaire ou réalisez certaines actions en particulier. Dommage par contre qu’il n’y ait pas de trophées lorsque l’on termine une affaire sans avoir effectué la moindre erreur. A noter que si vous vous retrouvez bloqué dans l’intrigue, le mode Consultation présent dans les 2 derniers opus permets permets de demander des conseils à votre partenaire pour trouver les failles dans les contre-interrogatoires. De même, vous pouvez utiliser le mode Dernier Recours pour vous concentrer uniquement sur l’histoire, mais ce serait de vous priver du principal intérêt de la licence.

Enfin, un musée est également à disposition des joueurs. Ce dernier permet de profiter de l’OST des 3 jeux, de découvrir diverses illustrations et cinématiques de chaque épisode. Le studio d’animation permet de réaliser des dioramas en faisant prendre la pause aux différents protagonistes (complètement gadget, mais apprécié). Vous trouverez également un récapitulatif des distinctions, avec un indices sur certaines bien précises à obtenir (le fait de pouvoir sélectionner des moments précis d’une affaire rend du coup la chasse aux distinctions beaucoup moins longues si vous les avez loupé la première fois). A noter que Phoenix Wright : Ace Attorney - Dual Destinies et Phoenix Wright : Ace Attorney - Spirit of Justice ont également le droit à une affaire bonus chacun, sortis initialement en DLC sur l’eShop de la 3DS. Des costumes sont également proposés pour ces deux épisodes pour nos avocats de la défense, leur donnant ainsi un charme fou.

9
Trois jeux réunis, tous les DLC inclus, une traduction française de qualité, ne mâchons pas nos mots, Apollo Justice: Ace Attorney Trilogy est la manière parfaite de (re)découvrir ces trois épisodes qui n'avaient pas eu le droit à une remastérisation depuis leur sortie sur Nintendo DS et 3DS. Si l'on regrettera encore une fois l'absence de volonté de Capcom de nous offrir une compilation physique en Occident, on est là face à un jeu qui nous garantis de longues sessions d'enquête, des personnages attachants, et un bon lot de volte-faces. A faire et à refaire sans hésiter !

  • La Trilogie Apollo Justice enfin disponible en compilation
  • Le tout traduit en français
  • Chaque opus dispose d'une ambiance bien à lui
  • Le gameplay qui évolue le long de la trilogie
  • Une difficulté judicieusement dosée
  • Les DLC des deux derniers opus inclus directement dans le jeu
  • Plusieurs options proposées pour se concentrer sur l'histoire
  • Toujours pas de version physique prévue en Europe
  • Certaines interprétations divines un peu prise de tête