Nintendo Switch 2

Wild Hearts S

Test Switch 2

Wild Hearts S

Par Thatgunman - Le 04/08 à 19:00

Deux ans après sa sortie sur d'autres plateformes, Wild Hearts arrive enfin sur Nintendo Switch 2, cette fois-ci dans une version éditée directement par Koei Tecmo. Accueilli plutôt favorablement lors de sa sortie initiale, grâce à sa fraîcheur et son dynamisme, la version Nintendo Switch 2 va-t-elle se montrer à la hauteur?

La chasse au monstre dans le droit fil

Omega Force, ce studio principalement connu pour sa prolifique série Dynasty Warriors, surprend ici en s’aventurant une nouvelle fois dans le genre du jeu de chasse. Mais cette orientation n’est pas aussi inattendue qu’il n’y paraît : le studio est également à l’origine de la série Toukiden, qui partage avec Wild Hearts une certaine parenté esthétique et mécanique. Ce nouveau titre, fruit d’une expérience consolidée sur Toukiden — comme le souligne son directeur Kotaro Hirata — ambitionne néanmoins de renouveler la formule, bien que celle-ci soit déjà bien balisée par ses prédécesseurs.

Il faut dire que si Toukiden avait su tirer parti, à l'époque, de l'absence de Monster Hunter sur les consoles Sony pour séduire un public en quête de paliatifs, la donne a radicalement changé avec la sortie en 2018 de Monster Hunter: World. Ce dernier a bouleversé les codes du genre en introduisant des environnements vastes et ouverts, une approche plus organique de la chasse, ainsi qu’une accessibilité repensée pour séduire un public bien plus large. Dans ce contexte, Wild Hearts se présente comme une tentative audacieuse de se réapproprier un genre dominé par la franchise de Capcom.

Heureusement, Omega Force ne s’est pas contenté de suivre le mouvement. Le studio s’approprie les codes du jeu de chasse avec assurance et propose avec Wild Hearts une alternative crédible, dotée d’une vraie identité, qui ne cherche pas à singer Monster Hunter mais à s’en démarquer intelligemment.

Dans Wild Hearts, vous incarnez un chasseur un peu trop sûr de lui, débarquant dans la région d’Azuma, un territoire ravagé par des créatures colossales nommées Kemonos. Ça tombe bien : traquer des monstres, c’est votre métier. L’occasion idéale de remettre un peu d’ordre dans la nature, tout en récoltant de précieux matériaux pour forger des armures clinquantes à partir des restes de vos ennemis. Et puisque les habitants d’Azuma peinent à faire face, ils seront bien contents de vous prêter main forte.

Le monde de Wild Hearts mélange habilement une ambiance post-apo avec un Japon féodal fantasmé. Résultat : un cadre aussi dépaysant qu’hostile, où la nature a clairement repris le dessus. 

Côté scénario, si la narration a bénéficié d’un certain soin, elle reste discrète et ne vient jamais alourdir l’expérience. À Azuma, le climat est aussi déréglé que dans nos contrées — sauf qu’ici, ce ne sont ni les barbecues géants en Amazonie ni les stades climatisés en plein désert qui sont en cause ni même les jets privés, mais la raréfaction des « fils célestes », qui poussent les Kemonos à s’aventurer en dehors de leur habitat naturel.

Et même si l’histoire reste discrète, la version française intégrale — doublages compris — fait le job, et plutôt bien. C’est propre, fluide, jamais lourd. Ceux qui veulent s’y plonger trouveront un univers cohérent et quelques personnages qui, miracle, ne donnent pas envie de couper le son au bout de deux lignes de dialogue.

Vis ma vie de chasseur

Mais passons aux choses sérieuses : la chasse, véritable cœur du jeu. Et bonne nouvelle, Wild Hearts évite les longueurs habituelles du genre. Oubliez les quêtes d’introduction poussives où l’on passe plus de temps à cueillir des baies ou à écouter des dialogues interminables qu’à affronter des créatures. Ici, pas de fioritures : dès la première heure, le jeu vous propulse dans des affrontements nerveux contre des monstres de plus en plus redoutables. Sinon, la structure du jeu demeure classique : exploration d’une zone, repérage de la cible, affrontement. Rien de révolutionnaire, mais l’ensemble fonctionne.

Le système de combat, bien que reposant sur des bases classiques, s’avère particulièrement efficace. On retrouve les fondamentaux : attaques légères et lourdes, esquive, et une « furie » selon l’arme équipée. À cela s’ajoutent des mécaniques familières mais solides : possibilité de grimper sur les Kemono pour cibler leurs points faibles, découpage stratégique de certaines parties du corps pour les affaiblir ou récolter des matériaux rares ou encore soin à l'aide de collectibles dénichables un peu partout sur la carte.

Là où Wild Hearts innove réellement, c’est dans son système de construction. Dès les premières heures, le joueur obtient le pouvoir d’exploiter des fils katakuri, une ressource que l’on récolte en brisant des rochers ou en abattant des arbres. Ces fils permettent de créer à la volée divers dispositifs tactiques, à utiliser aussi bien en exploration qu’en combat.

La première construction, un simple cube, illustre bien cette polyvalence : posé seul, il sert de tremplin pour atteindre des hauteurs ; empilé, il devient un mur capable de bloquer une charge ennemie ou de servir de couverture. Ce principe s’étend à tout un éventail d’outils : un grappin capable d’infliger de lourds dégâts et d’immobiliser un Kemono en fuite, une roue pour se déplacer rapidement, une tyrolienne pour relier deux points d’une carte, ou encore une tourelle capable de détecter tous les monstres présents dans un rayon donné.

Si cette aide peut sembler facultative à première vue, elle devient rapidement précieuse une fois sur le terrain. Non pas que Wild Hearts soit un jeu impitoyable, mais les Kemonos sont de véritables éponges à dégâts, et certains combats traînent en longueur — au point de franchir sans sourciller la barre du quart d’heure. Quand en plus l’ennemi décide de fuir deux ou trois fois au cours de l’affrontement, l’impression de piétiner s’installe.

Dans ce contexte, il devient évident que le jeu a été pensé avant tout pour le multijoueur. Et ça tombe bien : le système en ligne, sur le papier, est particulièrement bien conçu. Chaque chasse peut être ouverte à d’autres joueurs en un seul bouton, ou en lançant une requête d’assistance d’un autre joueur depuis l’un des nombreux portails présents dans les différentes zones. Mais voilà : encore faut-il trouver des joueurs.

Et c’est là que le bât blesse. Quelques jours à peine après le lancement de cette version Switch 2, les serveurs sont déjà bien calmes. Là où les versions précédentes — sur PlayStation, Xbox et PC — proposaient un mode en ligne cross-plateforme efficace, cette édition Switch 2 fait bande à part. Résultat : la chasse à quatre (nouveauté exclusive à cette version, contre trois sur les autres supports) devient vite une chasse… au coéquipier.

Tout un arsenal !

Sur le reste, Wild Hearts mise sur la fluidité et l’ergonomie. Les Katakuri, ces constructions tactiques au cœur du gameplay, restent en place une fois installées. Tentes, tyroliennes, forge… tout persiste tant que votre capacité en fosse draconique le permet. Cette dernière peut être augmentée en explorant la carte et en renforçant les points d’énergie disséminés un peu partout.

La traque, elle aussi, se veut accessible. Une fois une tourelle de détection installée, il suffit d’activer la vision de chasse — un système proche des navicioles de Monster Hunter: World — pour suivre la trace de votre cible. Ce souci de lisibilité et d’accessibilité permet au jeu de se détacher de l’image parfois trop rigide du genre. Cela dit, le tutoriel aurait mérité un peu plus de pédagogie. Expédié, il laisse pas mal de systèmes dans l’ombre, notamment tout ce qui touche à la nourriture ou à l’optimisation de l’équipement. Autrement dit, il faudra tâtonner, expérimenter, et surtout lire attentivement si vous voulez comprendre toutes les subtilités du jeu.

Côté arsenal, Wild Hearts ne manque pas de variété. Avec huit armes au total — dont quatre disponibles dès les premières heures —, le jeu évite la surcharge tout en offrant suffisamment de diversité pour permettre à chacun de trouver son style. Là où les choses se corsent, c’est dans le système d’amélioration.

Chaque arme possède son propre arbre de progression, et derrière son apparente simplicité se cache un véritable casse-tête stratégique. Les embranchements s’entrecroisent, non pas pour vous simplifier la tâche, mais pour encourager l’expérimentation. Certaines améliorations, peu séduisantes sur le plan des statistiques, s’avèrent pourtant cruciales pour débloquer des compétences utiles en combat. Résultat : il faut parfois sacrifier un peu de puissance brute pour s’offrir une capacité salvatrice au bon moment.

Cela dit, inutile de paniquer devant l'ampleur de la tâche : les évolutions restent largement dictées par les matériaux à votre disposition — eux-mêmes en partie liés aux Kemonos que vous affrontez — et par le nombre limité d’emplacements de compétences disponibles pour chaque arme. Le système demande de la réflexion, mais il reste accessible à ceux qui s’y investissent un minimum.

En revanche, il faudra accepter une vérité : vous ne finirez pas le jeu avec une seule arme. Chacune a ses forces et faiblesses, et le bestiaire du jeu vous forcera régulièrement à adapter votre approche. Tenter de pourchasser un volatile ultra-rapide avec un marteau, par exemple, relève plus de l’acharnement que de la stratégie.

Un brin répétitif

Reste un point plus discutable : la répétitivité. Inhérente au genre, certes, mais ici, elle s’installe un peu trop vite. Le bestiaire, bien que soigné visuellement, tourne autour d’un noyau restreint d’environ dix créatures, déclinées chacune en variante pour un autre biome. 

Conséquence : les affrontements finissent par se ressembler. Les patterns d’attaque, une fois assimilés, se répètent sans grande surprise pour chaque variation de Kemono. La courbe d’apprentissage, plutôt engageante au départ, perd rapidement en intensité lorsqu’on affronte le même ennemi… aux couleurs différentes. Et à cela viennent s’ajouter les quêtes secondaires et les sessions de farming nécessaires pour crafter les équipements les plus avancés, qui vous demanderont de réaffronter certains Kemonos. Un passage obligé, qui peut finir par lasser les moins patients.

Et c’est d’autant plus dommage que les environnements eux-mêmes sont remarquablement travaillés. Chaque biome regorge de détails uniques qui empêchent toute sensation de monotonie ou de confusion — impossible de se perdre quand chaque recoin possède son propre caractère. La direction artistique est à saluer : elle met autant en valeur les Kemonos que les décors, avec des palettes de couleurs éclatantes qui facilitent la lisibilité des combats.

Pour ce qui est du portage sur Switch 2, le bilan est honorable. Malgré des textures souvent grossières et datées qui s’imposent dans certains recoins, le jeu maintient un framerate stable, et les rares baisses de fluidité ne nuisent jamais vraiment à l’expérience globale. C’est exactement ce que l’on pouvait attendre d’une adaptation de Wild Hearts sur cette console. En revanche, si vous comptiez profiter d’un support souris (ne rigolez pas, ils existent certainement), oubliez tout de suite : cette option est aux abonnés absents.

Mais là où ça coince, c’est du côté du contenu. À part les DLC déjà présents sur la version originale, cette édition Switch 2 n’apporte strictement rien de nouveau dans la cartouche (je vous épargne au passage une vanne sur les game key cards). Pour un jeu vendu à plein tarif plus de 2 ans après sa sortie, c’est regrettable.

6
Parmi les alternatives à Monster Hunter, Wild Hearts se démarque sans peine comme l’une des meilleures. Une recette éprouvée, enrichie d’une mécanique de construction originale et d’une direction artistique soignée qui lui confèrent une vraie personnalité. Quant à cette version Switch 2, son format portable joue clairement en sa faveur, mais elle pêche par un mode en ligne tristement désert et l’absence de contenus supplémentaires susceptibles de rallier davantage de joueurs. En l’état, le portage reste correct, mais deux ans après la sortie de ce très bon titre, on ne peut s’empêcher d’attendre un peu plus.

  • La base du système de combat, dynamique et efficace
  • Le système de construction qui fait le sel du jeu
  • Direction artistique à se damner
  • La localisation française intégrale
  • Une énorme richesse dans les mécaniques d'amélioration de l'équipement
  • Un mode en ligne bien pensé…
  • … Mais malheureusement un peu désert
  • Le bestiaire un poil limité
  • Le tutoriel peut sembler expéditif
  • Peu de nouveauté pour un jeu vendu plein pot, deux ans après sa sortie originale