Minimaliste, c’est bien le premier terme qui est venu à la bouche de la presse spécialisée lorsque Worldless a été annoncé l’année dernière par le développeur espagnol Noname Studio. Pourtant, outre l’aspect visuel, et notamment le protagoniste qui a de quoi rappeler un stickman, le gameplay a de quoi proposer de solides mécaniques, ainsi qu’un système de combat au tour par tour exigeant. Un paradoxe qui ne manquera pas de titiller la curiosité des joueurs.

Minimaliste

Plongé dans le coma depuis que Konami et Nintendo ont remodelé les séries qui ont donné leur nom au genre il y a 20 ans, le metroidvania a connu une renaissance grâce à la scène indépendante. Sous des formes distinctes, diverses interprétations ont émergé, dont certaines demeurent des exemples marquants des années après leur sortie. Porté par un scénario aussi cryptique que possible, Worldless vient contribuer à cet héritage avec un gameplay particulièrement technique lors des combats. On incarne un être bleu, à la silhouette épurée, au cœur d'un conflit entre deux entités représentées par le bleu et l'orange. La question persistante est : pourquoi se battent-elles? C'est une interrogation que le joueur explorera tout au long du jeu. Le postulat du jeu repose sur cette dialectique, qui inexorablement conduit à une synthèse, elle-même empreinte de contradictions. En réalité, ce n'est pas tant le jeu qui explique sa narration, mais plutôt au joueur de tout comprendre à travers quelques dialogues énigmatiques et les environnements traversés. Ici, pas de noms alambiqués pour les lieux parcourus, pas de tirades épiques avec les boss, pas de scènes larmoyantes face à l'héroïsme exacerbé du protagoniste ; le jeu se caractérise par un minimalisme sans compromis. Que ce soit dans les décors, la musique, ou la narration, il faut être réceptif à ce minimalisme pour ne pas abandonner le jeu en raison du manque d'explications.

Un metroidvania à l'exploration limitée

Cela s'applique également à une composante importante du gameplay : l'exploration. La carte du monde à explorer est relativement simple, avec peu de ramifications sur le chemin. La plateforme est plutôt basique, mais on acquiert rapidement une capacité permettant d'effectuer un dash dans quatre directions, y compris en plein vol. Cette capacité élargit quelque peu le gameplay, bien que celui-ci reste relativement constant jusqu'à la fin du jeu. Les environnements offrent toutefois une variété appréciable, incluant divers puzzles. En fin de compte, l'aspect metroidvania est en retrait par rapport aux autres éléments. Bien qu'il soit possible de débloquer des compétences via un arbre, celles-ci ne fournissent quasiment pas de nouvelles capacités pour découvrir de nouvelles zones. Le backtracking est ainsi considérablement limité, et l'objectif principal du jeu consiste à se rendre aux emplacements indiqués sur la carte. Cette carte prend la forme d'une constellation, semblant parfois confuse et peu détaillée, affichant les ennemis présents mais ne dessinant que les grands contours du chemin.

Absorbez-les tous!

Les ennemis suscitent l'engagement dans le système de combat, structuré en phases au tour par tour avec deux types d'actions : physiques et magiques. Pendant la phase défensive du combat, il est nécessaire de bloquer les attaques ennemies avec le type de défense approprié. Si une attaque ennemie est signalée par une lumière horizontale, elle est physique et doit être bloquée avec une action physique. Si la lumière est verticale, l'attaque est magique et doit être contrée avec une action magique. La mémorisation des schémas d'attaques annoncées est donc cruciale, permettant d'effectuer les bonnes actions au moment opportun pour contrer efficacement l'offensive ennemie. Appuyer sur le bouton adéquat au moment précis permet d'effectuer une parade, évitant ainsi tout dégât. Dans le cas contraire, votre bouclier, qu'il soit physique ou magique, subira des dégâts et se brisera, vous laissant vulnérable.

Durant la phase offensive, vous devez alterner entre les attaques offensives et les phases défensives pour maximiser les dégâts infligés à l'adversaire. Inévitablement, la complexité s'accroît avec des ennemis développant des résistances à certains types d'attaques ou ripostant pendant que vous déployez des assauts lourds. Chaque fois que vous causez des dégâts, vous remplissez une jauge. Une fois pleine, cette jauge vous permet d'absorber l'ennemi pour renforcer votre arbre de compétences, offrant ainsi une autre façon de conclure un combat. Chaque ennemi absorbé débloque une sphère qui peut être placée dans l’arbre de compétence, offrant une nouvelle capacité à utiliser en combat. Cette mécanique d’absorption est particulièrement intéressante, car il n'est souvent pas possible d'absorber un ennemi dès le premier affrontement et la stratégie diffère de celle visant simplement à infliger des dégâts maximaux. Les ennemis éliminés ne bloquent plus l'accès aux zones suivantes, mais vous avez toujours la possibilité de les affronter à nouveau pour les absorber, et au vu du challenge qui vous attend vers la fin du jeu, il faudra forcément repasser dans les zones précédemment visitées afin d’absorber tous les ennemis rencontrés. 

C'est ici que se trouve l'élément qui donne toute sa saveur au jeu. Les combats sont fréquemment très techniques, et l'on ressent véritablement le rapport de force entre notre personnage, dont les attaques ne causent qu'une poignée de dégâts, et l'immense bestiole qui vous siffle la moitié de votre barre de vie à chacun de ses coups. L'intensité qu’on éprouve lorsqu'on doit parer un enchaînement de cinq coups, alors que son bouclier est sur le point de se briser, constitue probablement le point fort majeur du jeu.