Voice of cards : The Isle of Dragon Roars s’est dévoilé à nous en septembre avec de surcroît une annonce pour une sortie rapide au 28 octobre 2021. Surprenant visuellement, il n’a pu qu’attiser la curiosité concernant son système de jeu. Comme son nom l’indique, le soft met en avant des cartes. De plus, le fait que ce soit Yoko Taro qui soit aux commandes (NieR, Drakengard) en a émoustillé plus d’un (il est connu pour ses talents d’écriture). Que vaut ce nouveau titre ? Nous allons le découvrir ensemble.

À la poursuite du Dragon

Le royaume serait en proie à un terrible dragon. La reine de ce royaume dépêche bon nombre d’aventuriers afin d'offrir une généreuse récompense à qui occira ce terrible monstre. Vous, le héros de cette aventure, ayant les yeux brillants rien qu’à imaginer la montagne d’or que vous pourriez glaner, avez décidé de prendre part à cette traque. Vous êtes d’ailleurs accompagné d’une étrange créature répondant au nom de Lazuli. Après avoir écouté la reine, vous comprenez qu’il sera plus sage de trouver des compagnons dans cette aventure périlleuse. Vous remarquez au milieu de la salle du trône, trois valeureux combattants qui pourraient être de sérieux atouts. Ainsi, vous essayez de convaincre, à qui veut l’entendre, de se joindre à vous. Autant dire que les trois aventuriers ayant l’air bien plus forts que vous feront route de leur côté, vous ignorent totalement. 

Il est temps de ne pas perdre sa motivation, vous vous mettez en route et qui sait, vous aurez peut-être l’occasion de trouver de nouveaux compagnons sur votre chemin. Toutefois, avant de partir, vous allez visiter la ville dans laquelle se trouve le château de la reine afin d’en découvrir les services (services que vous retrouverez dans chaque bourgade d’ailleurs). Ainsi, tout un panel d’établissements s’offre à vous : l’apothicaire afin de glaner quelques potions, l'armurier pour vous procurer le meilleur équipement, l’auberge pour vous reposer sans oublier la salle de jeu afin de jouer aux cartes bien évidemment (un jeu avec des règles bien spéciales à ce royaume). Il y a même un cocher qui, en échange de quelques pièces d’or, vous fera gagner un temps précieux en vous emmenant dans les villes déjà visitées. Des services certes classiques, mais ô combien utiles.

Lord of Cards

Avant toute chose, il est important de comprendre le concept et surtout éviter toute confusion. Voice of Cards n’est pas un jeu de cartes. Ici, pas de deck ou de pioche, rien de tout ceci. Les cartes ne sont en fait qu’un habillage esthétique afin de donner une âme très particulière au titre. Et pour ainsi dire, c’est réussi sur ce point. Pour aller plus loin, même en termes de doublage, un choix particulier a été fait. Vous n’aurez, tout au long de l’aventure, que la voix du narrateur pour vous décrire tout ce qu’il se passe ou ce que ressentent les personnages. On pourrait comparer cette narration à un conte. Concernant l’animation, c’est identique, les cartes ont des images uniques et fixes. Le tour de force a été de faire se mouvoir les cartes pour représenter des gestes. C’est tout bête, mais on reconnaît sans mal un personnage qui fait une révérence puisque le mouvement de la carte associé à la description du narrateur vous immerge tout de suite dans ce que vous devriez voir dans un jeu classique. Par exemple, tant que vous n’avez pas parlé à un PNJ, celui-ci apparaît avec une carte représentant une silhouette, et dès lors que vous vous approchez, elle se retourne pour laisser apparaître le personnage en question. Concrètement, dans les environnements, vous vous déplacez à l’aide d’un pion. Il faudra un léger temps d’adaptation pour les déplacements horizontaux puisque les cartes sont placées en quinconce. Le terrain n’étant pas dévoilé, ce sont les dos de cartes que vous voyez et celles-ci se retourneront à chaque fois que vous avancerez, dévoilant ainsi toute la structure du monde (forêt, plage, montagne…). Une fois la carte découverte, vous pourrez vous déplacer d’autant de cases que vous le souhaitez grâce au stick droit. Vous gagnerez un temps plus que précieux quand vous aurez envie d’explorer la carte.

Quant au système de combat, c’est très classique. Attendez-vous à jouer à l’ancienne et au tour par tour. Il faut aussi noter, qu’hormis les boss, nous serons sur des rencontres aléatoires. Les personnages et ennemis attaquent en priorité suivant leur vitesse et vous choisirez vos attaques lorsque ce sera le tour de votre personnage. D’ailleurs, pas de mana ici, mais une ressource partagée par tout votre groupe. Chaque fois que ce sera à l’un de vos personnages de “jouer”, vous gagnez un cristal. Les attaques de base n’en consomment aucun, mais les techniques ou sorts en consomment entre un et quatre. Bien évidemment, plus le sort consomme de gemmes, plus il est puissant (et peuvent même avoir des animations de cartes bigrement bien fichues). Les techniques s’obtiennent en gagnant des niveaux. En marge de ces techniques, vous pouvez débloquer des talents passifs. Ces talents peuvent vous permettre de constituer une équipe équilibrée et résistante suivant les situations (les personnages peuvent avoir des résistances élémentaires très utiles). Mais il existe d’autres talents qu’il est préférable que vous découvriez. Le système, bien que très classique, reste très intéressant, et on s’amuse assez rapidement à créer des enchaînements de techniques afin de maximiser ses dégâts (geler ou empoisonner vos adversaires et stratégiquement très intéressant par exemple). Certaines techniques nécessitent de lancer un ou plusieurs dés afin de quantifier les dégâts ou de déclencher un état chez l’adversaire (à la manière d’un jeu de rôle papier). Enfin, il sera possible de trouver et d'acheter de l’équipement, ce qui offrira un avantage certain sur le terrain.

Voice of Light

Point de lumière avec ce titre, mais voyons Light comme léger. C’est un peu le sentiment que l’on a en finissant le titre. Outre une narration excellente sur laquelle nous reviendrons dans quelques lignes, ce qui frappera à la fin, c’est le manque de contenu. Le jeu se termine en une douzaine d’heures, ce qui est tout de même très léger pour un RPG sans parler de la difficulté quasi-inexistante sauf le boss de fin qui aura un minimum de résistance. Lorsque l’on est curieux et que l’on parcourt la collection de cartes, on se rend vite compte qu’il y aura peu d’ennemis, d'équipements et de techniques. Ceci dit, au regard de la durée de vie du titre, les ennemis et équipements sont suffisant, mais il y a tout de même comme un goût de trop peu. Alors, une autre mécanique pourrait nous donner un second souffle. Nos choix. Et bien oui, il arrive à plusieurs reprises que nous ayons des choix à faire. Bien que certains aient peu d’incidence, et même vous renvoient sur les autres choix, il sera possible en revanche d’avoir plusieurs fins. Vous pourrez alors refaire l’aventure et tenter de nouvelles options pour découvrir d’autres choses. Intéressant mais pas suffisant pour passer outre cette courte durée de vie.

Enfin, il sera ici difficile de parler de technique. Le choix esthétique induit inévitablement une réalisation particulière. Les illustrations des cartes sont très réussies même si l’on regrette encore le peu de variété chez les PNJ. L’écriture quant à elle est exemplaire. La narration nous porte, et même le doublage anglais nous permet de ressentir les situations grâce aux intonations de la voix (Le Japonais est bien évidemment disponible). Malgré ce choix esthétique et ce parti-pris d’utiliser des cartes, l'immersion est totale. Le soft est truffé d’humour et on ne manquera pas d’esquisser un sourire dès lorsque la situation s’y prête. Malgré sa petite durée de vie, il n’y a eu aucun ennui. D’ailleurs, en marge de l’histoire, bon nombre d’événements viendront ponctuer votre aventure (comme des glands qui tombent en masse d’un arbre à cause du vent, il faudra lancer un dé pour savoir si vous les évitez ou s’ils vous infligent des dégâts). Il existe pas mal d'événements de la sorte, certains offrent des bonus alors que d’autres non, mais au fil des heures, il peut devenir redondant de voir les mêmes événements se répéter. Dernier point, les musiques. Et là, c’est du grand art, certains thèmes sont juste magiques et les fans de NieR se sentiront chez eux (l’une d’entre elle nous renvoie inévitablement à cette licence).