Nintendo Switch

The Knight Witch

Test Switch

The Knight Witch

Par Kosmo56 - Le 05/12/2022 à 13:50

Un mélange osé entre metroidvania et shoot'em up, the Knight Witch nous est offert par la même équipe que le très bon et très beau (mais très difficile) “Rise and Shine.”  Ce successeur est-il fait du même bois, ou est-ce un coup dans l'eau pour l'équipe indé ?

Il était une fois la fin du monde

L'histoire de The Knight Witch commence précisément aux derniers instants du monde, alors que le ciel se brise, et que les Knight Witch, ultimes espoirs de l'humanité, se battent désespérément contre l'industrialiste maison Daïgadaï, responsables de l'état de la planète. Aux commandes de Robyn, cheffe et héroïne rendue surpuissante par le Link, un pouvoir dépendant de la confiance du peuple, vous devrez, lors d'une mission tutoriel aux allures de fin du jeu, sauver ce qu'il reste du monde. Mais ce n'est qu'un début. En effet, le véritable jeu vous fait incarner Rayne, femme au foyer de 35 ans, 14 ans après la guerre, alors que les survivants se sont réfugiés dans les entrailles de la Terre. Ancienne aspirante Knight Witch, Rayne est forcée de se battre le jour où le village souterrain se retrouve menacé par les mêmes machines qui ont détruit la surface auparavant. L'histoire pourrait être aussi simple que ça, mais Rayne ne mettra pas longtemps avant de se rendre compte qu'elle ne sait pas grand-chose de la guerre passée, de ses véritables conséquences et même des Knight Witch, héroïnes adulées.



The Knight Witch est un shoot 'em up, un jeu de tir en 2D, mélangé à de l'exploration légère et à une progression à la Metroïd. C'est un mélange osé et rarement vu, mais qui fonctionne plutôt bien : vous pouvez voler à loisir et tirer sur les cibles en leur tournant autour, enclencher des sorts boostant vos attaques et plus tard dans le jeu, vous débloquerez des pouvoirs vous ouvrant l'accès à des endroits fermés des quatres zones du monde, vous permettant d'aller à la chasse aux secrets et aux améliorations. Et des améliorations, vous aurez besoin, car une fois le premier niveau passé, The Knight Witch enlève les gants et ne rigole plus : la difficulté monte en flèche pour ne plus redescendre et vous aurez besoin de toutes les ressources à votre disposition pour vous tirer vivante non seulement de l'exploration risquée des tunnels souterrains, mais aussi des salles secrètes remplies de dangers. Et en combat, la difficulté monte tel qu'on se croyait dans un « bullet hell » par moments. Serait-ce une astuce pour faire monter la durée de vie du jeu ? Non, car il se termine en une dizaine d'heure, avec quelques unes de plus pour en faire le tour pour de bon, ce qui est honorable. Sauf si vous activez les codes de triche cachés dans les menus. Mais chut... c'est un secret pour tout le monde. (Et c'est amusant!)

Courage ou stupidité ?

La difficulté ne serait pas un souci si vous étiez bien équipée. L'histoire vous donnera quelques outils sympathiques, comme un déphasage, et l'exploration pourra faire grimper vos réserves de vie et de magie, mais le gros de votre puissance, ou manque de puissance, viendra de vos choix. En effet, après chaque boss, Rayne s'adressera au public, et vous devrez faire un choix difficile : dire que tout va bien et mentir pour améliorer votre force grâce au Link et à la confiance des gens, ou dire la vérité et rester faiblarde. Bien entendu, on sent le choix moral venir, mais pourrez-vous vraiment triompher des ennemis et protéger tout le monde en étant faible ? Vos ennemis valent-ils votre considération ? Ou est-ce que la fin justifie les moyens ? Dans un contexte de guerre, et une histoire étrangement réaliste où tous les personnages ont une part d'ombre, jouer au héros au cœur d'or est des fois le choix le plus étrange. C'est un aspect du jeu qui pourra faire grincer des dents à certains, d'autant plus que la punition pour avoir dit la vérité est dure, mais c'est aussi très rafraîchissant en terme de storytelling d'être confronté à autant de nuances là où on se retrouve typiquement avec un choix binaire aux conséquences claires et précises.

Malheureusement, vous serez toujours en position de faiblesse. Le système de mana et de cartes vous améliorant temporairement est très restrictif, ne laisse pas vraiment la place aux combos, et le choix entre une visée auto plus faible et un mode manuel s'efface vite en faveur de la visée automatique, seule option gérable alors que vos ennemis et leurs projectiles remplissent l'écran. Une attaque forte au corps à corps se révèle complètement inutile, et même le système d'upgrades temporaires achetables, et toutes les améliorations à débloquer en explorant la carte (nouveaux sorts, bonus passifs, level-ups) ne vous sauveront pas face à la horde de balles rebondissant sans cesse partout. Face aux boss, vous n'aurez pas d'autre choix que d'apprendre leurs attaques par cœur pour survivre, et même les embuscades ennemies finiront par devenir mortelles, tant les robots de base deviennent tenaces. C'est bien dommage, on aurait aimé se sentir surpuissant vers la fin du jeu, mais rien n'y fait, tout reste dangereux. Si certains apprécieront, la plupart auront tôt fait de laisser tomber. Il ne suffit pas ici d'apprendre les patterns de boss, comme dans un Megaman, mais d'être capable de réagir au quart de tour à tellement d'informations à la fois que le tout en devient confus. Un système de checkpoint sans temps de chargement vous permettra d'essayer encore et encore, mais le tout reste décourageant.

Et c'est quand même bien dommage, car si Knight Witch a une qualité, c'est d'être prenant. L'histoire est originale, les personnages attachants ou détestables, l'univers séduisant, et surtout, tout est si beau ! L'intégralité du jeu est magnifique, avec des décors et des personnages dessinés à la main qui sont plein de personnalité et difficilement oubliables. Quant à la musique, elle est aussi très bonne, marquant les différentes ambiances avec brio. Une telle qualité de présentation dans un jeu d'exploration de sous-terrains n'est pas sans rappeler Hollow Knight. Les seuls bémols sont l'absence de voix lors des dialogues, qui rendent la lecture un peu ennuyeuse malgré la très bonne écriture, et les très longs temps de chargement lors des changements de zone. Oui, il n'y a pas de chargement en zone, mais ceux-ci vous feront réfléchir à deux fois avant d'aller vous balader tant ils sont longs. Finalement, ils résument plutôt bien le jeu : serez-vous assez patients pour l'affronter, et mériter de voir la fin ?

 

7
The Knight Witch est un jeu beau et réussi, mais qui par sa difficulté extrême se ferme à une grande partie de son public. Plus shooter que metroidvania, les fous du joystick, ou ceux qui sont patients, y trouveront leur bonheur et même plus, mais les autres risquent de regretter amèrement leur achat. Ou d'enclencher les cheat codes. Personne ne vous en voudra, The Knight Witch en vaut la peine.

  • De superbes graphismes dessinés à la main
  • Des musiques accompagnant parfaitement l'action
  • Un scénario et des personnages bien plus originaux que la moyenne
  • De l'action frénétique
  • Un mélange de genres très réussi
  • Une difficulté à la limite de l'absurde par moments
  • Pas de sensation de puissance
  • Des temps de chargement bien trop longs