C’est en 1957, alors que l’union soviétique est en pleine course à l’espace avec les Etats-Unis, que Spoutnik 2 embarque à son bord la chienne Laïka, devenue le premier être vivant jamais envoyé dans l’espace. Développé conjointement par deux studios polonais, Space Tail nous propose de revivre une part de ce tournant de l’Histoire et de revêtir notre plus belle combinaison de cosmonaute dans la peau d’un chien envoyé dans l’espace et qui se retrouve perdue dans l’immensité de la galaxie. Survivrez-vous aux défis qui vous attendent ?
Le chien de l’espace
Lorsqu’ils sont venus la chercher, la petite Béa pensait avoir enfin trouvé le foyer chaleureux qu’elle espérait, elle qui vivait dans la rue, abandonnée et ignorée par les regards fuyants des passants. Pourtant, un autre destin l’attend. Elle a été choisie et entrainée pour faire partie d’un grand projet spatial, dont la réussite lui incombe. Envoyée dans l’espace et après un accident qui la projette loin des radars de la Terre, la voilà de nouveau seule et perdue sur une planète inconnue, peuplée d’étranges créatures et gouvernée par une technologie bien étrange.
Dans le but de retourner sur la planète bleue et retrouver son petit maître qu’elle affectionne tant, Béa devra survivre aux environnements hostiles qui l’entoure et aux pièges qui les hantent. Ennemis collants, autochtones revêches, piratage et énigmes sont au menu de ce jeu de plateforme/action en pseudo 3D qui n’a pas fini de jouer avec vos nerfs. En effet, le jeu est loin d’être un long fleuve tranquille et les premières heures au sein du jeu ne vous font pas de cadeaux. Un coup-voire deux- et c’est fini pour vous. Il faut donc veiller à bien observer là où vous mettez les pattes, au risque de passer à côté d’un piège qu’on aurait tendance à voir à la dernière minute car se fondant dans le décor. Chaque planète fonctionnant d’une manière bien différente et possédant ses propres moyens de défense, il faudra faire preuve d'une certaine patience lors des phases de plateformes, et user d'un certain sens de la déduction pour venir à bout de leurs énigmes pas toujours évidentes. Heureusement, vous pourrez compter sur les sens très développés de Béa pour vous y aider.
Enquête de sens
Poussant le jeu de rôle jusqu’au bout, les développeurs proposent un gameplay qui permet bel et bien aux joueurs de se mettre dans la peau d’un canidé. Et parce que les chiens explorent leur environnement avec leur sens, le jeu propose d’évoluer grâce à trois d’entre eux : l’ouïe, la vue et l’odorat. Grâce à eux, Béa pourra détecter les zones dangereuses, déterminer son itinéraire, ou encore échapper aux zones de vigilance de ses ennemis. De plus, il sera possible d’user d’autres pouvoirs plus surprenants à l’image de la télékinésie ou l’invisibilité, grâce aux compagnons rencontrés en chemin. Une belle palette d’action qui a le mérite de conserver l’intérêt sur la durée, les énigmes comme les phases de plateforme étant suffisamment variées et complexes pour cela. En outre, il sera possible pour Béa d’interagir avec les habitants qu’elle croisera. Il faudra alors choisir la bonne « approche » pour vous attirer les faveurs et/ou la haine de votre interlocuteur selon les exigences de la situation.
Des idées très intéressantes et prometteuses qui s’avèrent finalement largement sous-exploitées par les développeurs. La faute à un usage trop restrictif de ces capacités sensorielles, qui serviront presque toujours à la même chose, à savoir trouver son chemin et repérer les pièges, quand elles ne sont pas tout bonnement inutiles. C’est le cas de nombreuses phases de plateformes ou de résolution d’énigmes, où seule la logique pure du joueur est mise à contribution, au détriment des sens de Béa. D’ailleurs, le simple fait que l’on « oublie » régulièrement d’activer lesdits sens en chemin démontre bien le peu d’intérêt qu’on leur trouve, alors qu’il s’agit d’un élément central du gameplay initial. Le regret est également présent s’agissant des contacts que l’on peut avoir avec les extraterrestres rencontrés. Peu nombreux et n’ayant un réel impact sur l’avancée de Béa qu’à de trop rares occasions, ces rencontres se révèlent malheureusement bien trop anecdotiques pour constituer une véritable plu-value.
Béa d’admiration
A l’instar d’autres jeux tels que Ori, Space Tail offre un dépaysement total à ses visiteurs terriens, tout du moins pour les phases se déroulant en extérieur. Oscillant entre beauté sauvage enivrante et paysages désolés, les différentes planètes visitées ont chacune une identité bien différente, de la luxuriante forêt au désert venteux, en passant par un cimetière d’engrenages rouillés. C’est un réel plaisir que de se balader dans ces vastes étendues qui semblent sans limites si l’on se plonge un instant dans ses arrière-plans grandioses. L’ajout de certains éléments de décors au premier plan ainsi qu’un joli jeu de lumière apportent encore un peu plus de poésie et de vivacité à cet espace déjà bien peuplé.
Bien moins élégantes de prime abord, les phases en intérieur proposent une autre approche de la planète visitée tantôt, où les fleurs et autres végétaux font soudainement place à des murs désespérément grisâtres et aux technologies de pointe. Dans ce dédale de couloirs et de plateformes métalliques rodent d’étranges et terrifiantes créatures peu amicales, qui auraient gagnées à être plus nombreuses car visuellement très réussies. Le sentiment de petitesse de notre personnage est toujours aussi présent, grâce à de jolis plans éloignés qui permettent de témoigner de la grandeur de ces structures extraterrestres. Un très beau travail qui accompagnera le joueur jusqu’à la fin du voyage, porté par une émouvante musique de clôture.
