Lorsqu’un joueur a un concept de jeu vidéo en tête, il est souvent limité par les outils lui permettant de concrétiser cette idée jusqu’au bout. Il peut toujours envoyer le concept à un développeur, ou bien tenter de créer par lui-même ce contenu via des logiciels dédiés. Dans le cas de RPG Maker WITH, nous sommes devant un des rares logiciels de création permettant aux joueurs de créer un jeu de A à Z sans avoir de notions approfondies de codage. Est-ce pour autant accessible à tous ? La question se trouve ci-dessous.
Test réalisé à partir d'une version fournie par l'éditeur
Savoir créer, ne rien faire qu’apprendre…
Si vous pensiez acheter RPG Maker en vous disant « chouette, un nouveau RPG », fermez ce test et filez de suite chercher un autre jeu. Bien que vendu en tant que jeu vidéo, RPG Maker WITH est avant tout un logiciel de création. Si il est effectivement possible de jouer à ses propres jeux et aux jeux d’autres possesseurs du logiciel, la motivation premier dans l’acquisition d’un exemplaire reste avant tout la création pure est dure.
Ici nous ne prendrons pas le temps de détailler l’ensemble des fonctionnalités du jeu, cela serait trop chronophage pour résumer les différents éléments. Lorsque vous démarrerez le jeu, un résumé vous sera proposé avant de vous apprendre les bases… mais simplement les bases de navigation dans l’interface logiciel. Pour apprendre à manipuler le jeu en lui-même, aucun tutoriel n’est proposé, et c’est très surprenant. Vous devrez compter soit sur vos acquis de la version PC, soit y aller à tâtons et passer de longues heures à tenter de faire des choses. Vous aurez cependant 2 maps que vous pourrez télécharger sur les serveurs de NIS faisant office de tutoriel, cela vous expliquera la base, mais pas comment configurer les différents éléments comme créer un PNJ de A à Z ou comment créer une carte du monde et une carte d’un lieu précis… De ce fait et malgré son PEGI 7, difficile de recommander le titre aux plus jeunes. Heureusement les joueurs peuvent compter sur un wiki complet récemment publié, mais il est hélas exclusivement en anglais (l’interface du jeu quant à elle est bien traduite en français).
RPG Maker, en avant les histoires
Une fois le rapide tutoriel passé, vous vous retrouvez sur une carte vierge, sans aucune autre indication ou information. Tout est à imaginer et tout est à faire : l’univers du jeu, ses protagonistes et antagonistes, le scénario, le système de combat, d’évolution des personnages, l’atmosphère générale… Premier conseil de base avant de vous lancer sur le logiciel, si vous avez déjà une idée de jeu, faites des fiches, des cartes, des scénarios sur le papier, cela ne pourra que vous aider à structurer vos créations afin de pouvoir avancer plus vite sur la création. Côté contenu, RPG Maker With est plutôt orienté sur la fantasy avec quelques éléments d’environnements contemporain. Il est dommage de constater qu’avant même que le jeu ne soit sorti, des DLC sont d’ores et déjà proposés pour proposer de la diversité en plus du contenu de base qui semble à première vue pas vraiment conséquent. Avec des packs entre 4,99€ et 9,99€, certains feront grise mise sachant que le logiciel de base coûte tout de même 49,99€. Rien ne vous empêche de tout faire avec le contenu de base, mais votre œuvre ressemblera beaucoup à celle des autres joueurs.
Quoi qu’il en soit, tout le monde devrait pouvoir y trouver son compte, à moins d’être difficile ou vouloir quelque chose de plus atypique. Reste à leur donner un nom, une personnalité et… de quoi affronter les ennemis que vous mettrez sur leur route. A vous de choisir leurs statistiques, leurs armes, leurs compétences, leurs magies… Le choix est large et, si vous ne trouvez pas votre bonheur, il vous appartient de créer ce qui vous manque, que ce soit pour les héros, pnj et ennemis. A vous ainsi de rendre de rentrer dans la peau du scénariste ou du game designer pour rendre une rencontre fatidique vraiment unique. Comme pour la dernière version du jeu console RPG Maker MV, les joueurs pourront opter lors des combats pour une vue classique face à face comme dans Dragon Quest, ou pour une vue de côté. Les créateurs pourront également partager leurs propres ressources pour aider les créateurs moins à l’aise avec le logiciel.
De la tuile à l’événementiel
Que vous décidiez de commencer une création de zéro ou de télécharger un asset sur a base de données appelée Place des créateurs, vous devrez fatalement apprendre à manier correctement les tuiles. Une fois placées sur le damier vierge de votre carte, ce sont ces dernières qui vous permettront de donner vie à votre création. Vous pourrez également définir un certain nombre de règles en rapport avec cette image, par exemple en autorisant ou non le joueur à marcher dessus, ou bien à passer au travers, ou pourquoi pas si elle doit lui enlever des vies (marais empoisonnés). Le jeu sera d’ailleurs divisé en plusieurs cartes (carte du monde, villages, donjons) que vous devrez apprendre à lier via le système d’événements pour connecter le tout et avoir une expérience cohérente (d’où l’importance d’avoir déjà une idée bien précise déjà couchée sur le papier pour vous aider).
Une fois l’univers créé, reste bien sûr la nécessité de l’animer et de le rendre vivant. Comment relier l’image d’un château à une map d’intérieur ? Comment créer des PNJ qui se déplacent dans un village, comment créer un vendeur d’armes et de potions, ou déclencher l’arrivée d’un boss une fois que vous avez pénétré dans une grande salle ? Tout cela passe par le système des événements. Autant être honnête, c’est la partie la plus pointue du jeu qui vous demandera de la logique et de la concentration pour que les rouages s’imbriquent correctement. Encore une fois, le wiki sera là pour vous aider, et la communauté RPG Maker est suffisamment grande sur internet pour vous permettre de résoudre vos soucis. Et un mode debug est également présent pour vous permettre de voir où vos événements peuvent coincer.
Outre la création qui reste un véritable plaisir pour certains, le but de RPG Maker WITH est bien évidemment la possibilité d’uploader son œuvre sur le réseau du jeu pour permettre de la partager avec les autres joueurs, de leur faire essayer le titre, et pourquoi pas, créer un réel engouement qui vous donnera envie de pousser le projet plus sérieusement comme d’autres développeurs avant vous. Les moins créatifs pourront également simplement télécharger les œuvres mises en lignes pour y jouer tout simplement, mais autant dire qu’à la sortie du jeu les créations ne vont pas se bousculer au portillon.
Un outil de création sur consoles, un réel intérêt ?
Si il est possible de trouver de nombreuses versions de RPG Maker sur PC, quel est l’intérêt d’acquérir le logiciel sur console de salon ? Qui plus est sur une Nintendo Switch qui n’est pas compatible avec les claviers et souris ? Vous imaginez-vous taper des centaines de dialogues lettre par lettre avec un clavier virtuel où vous devez bouger entre les lettres avec le stick et valider avec le bouton A ? Créer un RPG de A à Z comme cela serait de l’hérésie pour plus d’un joueur. Mais d’un autre côté, cela permettrait également de jouer directement à des RPG amateurs potentiellement par centaines depuis sa Nintendo Switch. Avec RPG Maker WITH les joueurs pourront cette fois-ci récupérer des plugins personnalisés qui seront partagés via la Place des créateurs, ce qui permettra d’éviter de trop foncer sur les DLC.