Il est des séries qui n’ont pas eu l’opportunité de devenir tant populaires dans nos contrées et ce fut le cas de Project Zero (Fatal Frame au Japon,). Ce qui pourrait expliquer pourquoi le quatrième opus de la franchise n’a jamais franchi nos frontières. Koei Tecmo corrige donc ce manque en nous proposant un Remaster du Masque de l’éclipse. Sorti initialement sur Wii en 2008, ce lifting est-il à la hauteur de nos attentes ? Disponible à partir du 9 mars 2023, avons-nous été pris de terreur face à ces spectres en souffrance ?

Un rituel mystérieux lié à la lune

Au cœur d’un archipel au sud du Japon se trouve l’île Rogetsu. Dix années auparavant, cinq fillettes disparurent dans d’étranges circonstances lors du Kagura de Rogetsu, une danse rituelle propre à l’île. Choshiro Kirishima, l’inspecteur chargé de l’affaire, retrouva les cinq filles saines et sauves sans qu’elles n’aient le moindre souvenir de ce qu’il leur est arrivé. Deux ans plus tard, un autre étrange incident frappa l'île : tous les habitants disparurent sans laisser de traces. Seuls quelques insulaires furent retrouvés par la police, la plupart déjà morts. Quand on découvrit leurs corps, ils se couvraient le visage avec les mains, comme pour se protéger d’une vision épouvantable, leur visage semblant d’ailleurs avoir été déformé par une douleur atroce. L’île devint alors déserte…

Quelques années ont passé. Deux jeunes filles arrivent sur l’île, Misaki Aso et Madoka Tsukimori, deux des jeunes filles concernées par l’affaire ayant eu lieu ici. Elles souhaitent enquêter sur les événements ayant eu lieu sur l’île après que deux de leurs amies, elles aussi faisant partie des cinq filles, aient trouvé la mort et ce, mystérieusement. Elles sont persuadées que leur mort est liée aux événements passés. Elles sont malheureusement séparées. Entre-temps, Ruka Minazuki, dernière des cinq fillettes, arrive aussi sur l’île. Pour sa part, elle est native de l’île et compte bien retrouver la mémoire et comprendre ce qui leur est arrivé. Misaki et Ruka vont trouver la Caméra Obscura, un étrange appareil capable de voir et combattre les spectres et autres fantômes. L’exploration de ce lieu ne se fera donc pas dans la sérénité et c’est bien une ambiance lugubre et pesante qui les attend. Enfin, Choshiro se réveille quant à lui devant la clinique de l’île sans comprendre pourquoi et se décide lui aussi à lever le voile sur les événements passés. En revanche, il pourra compter sur la torche spirituelle pour se défaire des entités belliqueuses…

1,2,3… Soleil ! (ou lune ?)

Le concept de Project Zero est assez particulier. Survival Horror à part entière, il ne joue pas sur le même tableau que ses confrères. Ici vos ennemis ne sont autres que des spectres, fantômes et revenants. Ils sont donc immatériels et aucune arme à feu ne saurait en venir à bout. Ainsi, c’est la Caméra Obscura qui vous sert d’arsenal, et c’est un appareil photo (ceux ayant déjà fait leur pas sur l’opus “La Prêtresse des eaux noires” ne seront pas dépaysés). Concrètement, pour infliger des dégâts à ces vilaines choses glaçantes, il faut les prendre en photo. Lorsqu’une ou plusieurs entités sont là, il faut sortir la caméra afin de passer en vue à la première personne. L’objectif étant de charger son appareil à son maximum avant de prendre un cliché et ainsi maximiser vos dégâts. La distance est aussi un prérequis indispensable, plus vous êtes proches, plus ils auront mal. Sachez aussi que si vous prenez un cliché au moment précis où le fantôme vous attaque, vous faites un “Fatal Frame” permettant alors d'enchaîner sur un cliché au niveau maximum sans avoir à le charger (un combo puissant donc et à ne pas négliger).

La caméra peut être équipée de différents composants : objectifs et évolutions. Les évolutions sont des bonus pouvant vous faciliter la vie comme voir la barre de vie des fantômes, bénéficier d’une capacité d’esquive ou encore monter plusieurs objectifs sur l'appareil. Les objectifs justement peuvent être de différents types et vous offrent la possibilité de faire des actions spéciales, et ce après avoir rempli une jauge spécifique. Par exemple, il est possible de ralentir une entité (très pratique par moment), lui faire plus de dégâts, le repousser, etc. Il ne faut absolument pas négliger cette mécanique sous peine d’être vraiment en difficulté lors de certains passages et faire trop peu de dégâts. Sachez aussi que vous récoltez des pierres bleues et rouges durant votre aventure. Les bleues permettent d’améliorer les statistiques de la caméra de manière définitive : puissance, recharge des clichés, remplissage de la jauge des objectifs. Les rouges servent à améliorer l'efficacité de chaque objectif.

L’exploration sera de mise afin de trouver un maximum de pierres. Le jeu étant sorti initialement sur Wii, il tirait parti du motion control. Ainsi, la Wiimote servait à éclairer votre environnement et révéler les objets présents dans l’environnement. Désormais c’est avec l’aide du stick droit que cela se fait. Il faut savoir que ce n’est pas toujours pratique et que la caméra a parfois tendance à faire tourner votre personnage. De plus, il se peut parfois que vous ayez de la frustration lors de passages très exigus offrant alors très peu de mobilité. En effet, les personnages étant particulièrement lents, vous serez vite désavantagé dans ce type de lieu (surtout les couloirs) où les entités ont tendance à surgir de derrière des murs (inaccessibles donc quand ils ne sont pas visibles). Heureusement, un radar peut vous aider dans ces situations, mais quand bien même, cela reste une expérience peu réjouissante. Enfin, notons que les déplacements se faisant pourtant au stick se font via les huit directions, entendez par là que le personnage ne tourne pas progressivement et qu’un petit temps d'adaptation peut s’avérer nécessaire surtout lorsqu'il s’agit de synchroniser la caméra avec un besoin de reculer (lorsque vous êtes en vue troisième personne).

Un héritage visuel assez présent

Bien que le titre ait été amélioré, nous sommes forcés de constater que certains éléments font mal aux yeux. Ne pensez pas voir juste un peu de pixellisation en trop, il peut arriver que de gros carrés ayant été laissés en héritage par la Wii soient très visibles lors de zooms et viennent entacher le titre. Outre ce désagrément,  l'environnement reste plutôt bien réalisé et passe plutôt bien (n'oublions pas qu’il ne s'agit là que d’un lifting). Les personnages en revanche sont très bien modélisés et la pléthore de costumes saura ravir les plus persévérants. Côté son, et c’est là le plus important, le “charme” opère. S’il faut éviter de compter sur les jumps scares ou une action intense (mais ce n’est pas la marque de fabrique de la série de toutes façons), c’est sur l’ambiance que l’on s’y retrouve : bruits de fond dérangeants, cris de douleur stridents, musique oppressante, moments malaisants. Bref, si tant est que l’on adhère à ce type d'ambiance morbide, c’est prenant.

Côté scénario, c’est aussi à arpenter avec courage. Ce que nous souhaitons dire c’est que tout n’est pas clair au début du jeu et qu’il se peut que vous soyez peu pris par l’histoire. Or, après quelques chapitres, tout se dessine peu à peu et l’envie de savoir vous pousse inexorablement vers la fin afin d’en découvrir le fondement. De plus, le titre nous revient aussi avec quelques bonus supplémentaires notamment côté costumes. Enfin, Sachez que le post-game vous propose du contenu supplémentaire nous poussant sans mal à revenir sur l’île Rogetsu. sachez aussi qu’il vous faudra être vigilant et rigoureux afin de remplir votre carnet et découvrir ainsi chaque spectre, fantôme, revenant mais aussi poupée Hozuki qui sont dissimulés un peu partout dans l'environnement. Les trouver rendra l’exploration davantage intéressante. Comptez d'ailleurs un peu plus de treize heures de jeu sur une premier run en fouillant déjà pas mal l'environnement.