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Project Zero: La Prêtresse des Eaux Noires

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Project Zero: La Prêtresse des Eaux Noires

Par Lotario - Le 29/10/2021 à 00:36

Project Zero : La prêtresse des eaux noires, proposé par Koei Tecmo, était initialement sorti sur Nintendo Wii U le 30 octobre 2015 et proposait d’ailleurs une édition limitée. Attendu et apprécié par les fans de la franchise à l’époque, il ne fit pas pour autant l’unanimité auprès de la critique. Proposant une expérience vous mettant face à des esprits malveillants, ce remaster convaincra-t-il davantage cette année en cette période d’Halloween sur Switch ?

L’étrange Mont Hikami

Notre histoire se déroule sur le Mont Hikami, au Japon. Il est fait état de phénomènes étranges et plutôt morbides : ce lieu enregistrerait un nombre anormal de suicides et il y régnerait une atmosphère pesante. D’après les croyances locales, des prêtresses occupaient ce site et étaient dévouées à une religion assez spéciale. Il semblerait qu'un malheureux drame se soit produit sur cette terre. Il est notamment fait mention d’eaux noires, mais il faut avouer que tout reste abstrait et qu'il est difficile de cerner ce qu’il se passe réellement au sein de cette montagne qui, pour autant, a accueilli des établissements touristiques. Les événements ont conduit à un abandon de toute structure et seul le silence pesant est présent en ces lieux.

Trois protagonistes vont être amenés à se croiser lors de différents événements à savoir, Yuri Kazukata, Ren Hojo et Miu Hinasaki. Yuri est une jeune femme ayant perdu ses parents très jeune. Mélancolique et meurtrie dans l’âme, elle a cependant des capacités surnaturelles et peut donc voir les esprits, et ce depuis le triste événement qu’elle a vécu, ce qui, bien évidemment, n'arrangera en aucun cas son état d’esprit. Elle se rendra sur le Mont Hikami afin d‘accompagner Hisoka Kurosawa qui l’a recueillie depuis peu et qui enquête sur d’étranges disparitions. Miu, quant à elle, a aussi perdu sa mère, Miku, il y a fort longtemps. Mère qui n’est autre que l’héroïne du premier opus. Elle pense retrouver sa trace dans ces montagnes. Enfin, Ren est un homme tourmenté par un rêve de son enfance et en lien avec une jeune fille. Depuis lors, il ressent un profond malaise avec les femmes et n’ose les regarder bien longtemps dans les yeux. Ren est accompagné de son assistante plus que dévouée alias Rui. 

Prenez-les sous leur meilleur profil

Dans un premier temps, il convient de qualifier ce qu’est Project Zero. Un Survival Horror ? Eh bien, oui et non. Bien qu’il en reprenne certains codes, il dispose d'un gameplay qui lui est propre et un système qui l’est tout autant. Ici, point de zombies ou d'autres monstres, mais des esprits / fantômes que vous allez devoir “affronter”. Bien que vous puissiez les voir, ce ne sera qu’au travers de votre appareil photo “Obscura” que vous pourrez leur infliger des dégâts. Ainsi, dès lors qu’un esprit tentera de vous faire du mal, vous devrez dégainer votre appareil photo, ce qui vous fera passer en vue à la première personne. Dans cette vue, vous aurez un cadre à l’écran afin de centrer l’esprit dans votre champ. Il est à noter que vous pouvez viser l’esprit soit au stick, soit avec le gyroscope pour ceux qui apprécient cette fonctionnalité. Une fois l’esprit en joug, il faudra prendre un cliché qui aura deux effets : faire des dégâts, plutôt légers, et faire émerger des fragments de son âme qui flotteront autour de lui. Au fur et à mesure, vous ferez apparaître de plus en plus de fragments et dès lors que vous pourrez réunir sur une même photo cinq éléments simultanément, vous infligerez de bien plus gros dégâts. C'est là la principale composante de ce gameplay atypique. Votre mobilité est donc plutôt réduite et il ne sera pas toujours aisé d’éviter certains assauts plutôt rapides. Fort heureusement une esquive sera à votre disposition et un cliché pris au bon moment peut aussi contrer une attaque.

Autre point non négligeable : l’appareil photo en lui-même. Vous pourrez l'améliorer grâce à des points que vous cumulerez au fil des chapitres. Il sera alors possible d’améliorer sa puissance, sa portée, sa vitesse de recharge ainsi que l'absorption des fragments. En effet, lorsque vous prendrez une photo comprenant des fragments, vous pourrez les convertir en une sorte d’énergie représentée par une jauge bleue. Cette jauge pourra permettre de déclencher des capacités que vous débloquerez en trouvant des objectifs pour votre appareil. Ainsi, vous pourrez infliger plus de dégâts, figer vos ennemis, marquer plus de points et même vous soigner. Par ailleurs, vous aurez deux sortes d’Obscura. Les capacités précédemment concernent un appareil, mais Ren possède un autre appareil qui n’aura pas les mêmes capacités et qui pourra prendre des rafales de clichés. Ce qui peut surprendre dans un premier temps avec le gameplay de “combat”, c’est sa lenteur. Il est d’ailleurs vivement conseillé d'augmenter la sensibilité de la caméra en mode visé pour être bien plus réactif.

Au-delà de ce gameplay, il y a quelques autres éléments à prendre en compte. Lorsque vous souhaitez ramasser un objet, votre personnage tend doucement la main jusqu’à le saisir. Il se peut qu’un esprit essaie de vous attraper par le bras, occasionnant de ce fait des dégâts si vous ne vous débattez pas rapidement. Il est possible de l'éviter si vous relâchez rapidement le bouton pour ramasser l’objet. Cela peut s'avérer anodin, mais ce sont des points de vie en moins malgré tout (ce qui n’est pas négligeable en mode cauchemar). Puisque nous évoquons les objets, vous en aurez une petite variété à disposition dont les plantes médicinales et les braises par exemple. Il faut savoir que votre personnage peut-être mouillé et cet état, que l’on peut suivre via une jauge, aura pour conséquence d’attirer les esprits sur vous. Ces braises permettent donc de se sécher. On pourra souligner que les développeurs ont pris un soin particulier pour rendre le rendu mouillé sur les vêtements plutôt réussi puisque ceux-ci finissent par coller au corps et devenir transparents suivant leur couleur. Pour en terminer avec le gameplay, sachez qu’il ne sera pas dynamique. Les déplacements sont même plutôt lourds. Mais dans un sens, nous avons des personnages qui ne sont ni agents spéciaux, ni commandos. Cette lourdeur s'avère plutôt pertinente afin de coller à l'ambiance pesante du titre et aussi démontrer une certaine fragilité chez nos personnages.

Une peur bleue ou juste un train fantôme ?

Comme évoqué précédemment, il est difficile de voir ce Project Zero comme un survival horror pur et dur. Disons qu'il s'agit davantage d'un jeu horrifique. Nous insistons sur cet aspect-ci, car il est important de savoir en amont que si ce que vous recherchez ce sont des sensations de survie et d’action, vous ne serez pas au bon endroit. Ici, tout est misé sur l’ambiance, la mélancolie, la tristesse et même le malaise. Il faut donc être sensible aux gémissements des esprits pour s'imprégner pleinement de l’expérience, avoir aussi une forme d’empathie pour les esprits que vous croiserez, qui ne seront pas hostiles et avec lesquels vous pourrez réaliser des clichés spécifiques, mais que vous verrez parfois dans les derniers instants de leur vie. Sans vouloir donner trop de détail pour ne pas gâcher la découverte du jeu et de son univers, sachez que ce qui prédomine tout du long n’est autre qu’une forme de désespoir. Cet aparté apparaissait comme important avant de se lancer dans cette aventure qui reste très prenante par bien des aspects.

Ouija d’or

Qui dit remaster, dit plus joli. Et il faut avouer que l’on peut ressentir des différences sur certains points et bien moins sur d’autres. En effet, les personnages ont bénéficié d’une modélisation exemplaire et les visages sont tout simplement magnifiques. De nouveaux costumes sont d’ailleurs disponibles et offrent un rendu visuel irréprochable. En revanche, on ne peut pas en dire autant des environnements. Bien que les couleurs soient mieux gérées, les textures sont parfois à la limite du passable surtout lorsque l'on ramasse des objets. Mais en dehors de ces “zooms” sur les textures, rien de bien choquant ne saute aux yeux et cela reste un poil meilleur que sur la version originale. En revanche, pour en revenir aux costumes, il faudra oublier ceux de Zelda et de Samus, très certainement parce que ce remaster est multi plateformes. Ceci dit, a priori rien n’empêchait Tecmo de les reprendre pour la version Switch. Dernier détail, vous aurez aussi accès à un mode photo afin de créer un album de vacances inoubliables au sein de ce lieu enchanteur !

Sur le plan sonore, c’est du tout bon. L’ambiance est excellente, les silences sont pesants (et oui, le silence compte aussi quand il est bien “orchestré”). Les musiques venant ponctuer certains moments accentuent la pression que l’on peut ressentir sans oublier les cris de certains esprits relativement malaisants. Le doublage en Japonais est comme toujours d’excellente facture et on peut aussi se féliciter d’un doublage Anglais plutôt raccord avec le Japonais tant sur les tons des voix que les intonations. La durée de vie quant à elle est plutôt correcte puisqu'un chapitre peut se boucler entre 45 minutes et une heure trente et le jeu en compte 14. Quelques chapitres bonus sont de la partie mais il est préférable de les découvrir par soi même. Pour conclure, il est à noter deux petits points spécifiques à notre version Switch. Le jeu tourne très bien, que ce soit en mode docké ou en mode portable (hormis, quelque soit la configuration choisie, quelques saccades qui peuvent survenir ici et là). Le jeu gagne inévitablement en finesse en mode portable et les vilaines textures sont presque gommées. On peut aussi noter que l’écran de la nouvelle Oled offre un rendu très agréable au niveau des noirs puisque nous serons bien évidemment majoritairement en expédition de nuit. Ainsi, la visibilité sur la Oled est un poil supérieure.

7.5
Project Zero est une licence très particulière qui n'a pas l'intention de ménager notre sérénité. Bien que l'aspect survie ne se caractérise pas outre mesure (hormis en mode cauchemar), l'ambiance et les sentiments procurés pourront être très forts si vous y êtes sensibles. Bien qu'en apparence le gameplay apparaît comme lourd, il aurait été fort dommage qu'il soit trop dynamique au risque de gâcher l'expérience et rendre le jeu trop facile. Cependant, quelques ajustements n'auraient pas été de refus afin de gagner en fluidité concernant les déplacements. La durée de vie est très bonne pour un titre du genre et les différentes fins vous pousseront à refaire le jeu plusieurs fois (en tout cas, le dernier chapitre).

  • Une ambiance pesante quasi permanente
  • Des personnages attachants
  • Le système de combat propre à la série
  • Le système d'améliorations
  • La durée de vie
  • Une technique un peu légère sur les environnements
  • Le gameplay pas toujours adapté aux endroits très exigus
  • Quelques saccades ici et là qui peuvent gêner
  • Un des chapitres pas très passionnant