Un visual novel traitant de meurtres où l’on doit mener l’enquête, ce n’est pas vraiment surprenant. En revanche, quand Nippon Ichi Software vient y apporter sa patte en y mêlant du jeu de rôle tactique, il y a de quoi s’enthousiasmer. Sorti il y a quasiment deux ans au Japon, Process of Elimination s’offre une sortie dans nos contrées. L’attente d’une localisation en valait-elle la peine? C’est ce que nous allons découvrir dans ce test.
22, v'là les détectives
Hojo Wato, le protagoniste de l'histoire, est un adolescent qui travaille à temps partiel pour l'agence de détective Gunjoji et admire profondément l'Alliance des Détectives. Alors qu'il poursuit le suspect principal lors d'une de ses enquêtes, Wato rencontre un homme âgé qui se révèle être l'un des célèbres membres de l’alliance des détectives. Malgré la maladresse de Wato et son manque d’expérience, le vieil homme lui propose d'intégrer l'Alliance des Détectives, mais finalement lui dit que sa décision n'a pas d'importance. Après avoir perdu connaissance, Wato se réveille dans un casier sur une île avec une tablette à côté de lui. Le vieux détective le contacte et l'invite à se rendre au manoir sur l'île, où il rencontre les membres de l'Alliance des Détectives. Mais l’heure n’est pas aux réjouissances, car le corps du vieux détective est bientôt découvert et l'un des 14 membres de l'alliance des détectives est probablement le coupable.
Mi-visual novel...
Le jeu est principalement un visual novel avec des choix proposés à certains moments. Les choix, qu'ils soient liés directement aux enquêtes ou semblent plus triviaux, se présentent souvent comme de faux dilemmes. Malheureusement, il n'y a que très peu d'embranchements réels dans le jeu, et choisir la mauvaise option peut mener à une fin de partie prématurée. Parfois, les morts qui en résultent sont incompréhensibles et il aurait été préférable que les embranchements semblent moins factices, quitte à rendre le jeu plus dirigiste. Heureusement, le scénario est plutôt prenant, même si les retournements de situation sont prévisibles, et que certains personnages sont extrêmement agaçants. Bien évidemment, l'appréciation du jeu dépendra de votre maîtrise de l’anglais, car il s'agit de la seule langue disponible.
...Mi-tactical-RPG
La brillante idée de Nippon Ichi Software a été d'intégrer des éléments de tactical RPG dans un jeu qui, la plupart du temps, reste passif. Chaque affaire se joue sur une carte en vue isométrique, où l’on contrôle notre équipe de détectives pour explorer les lieux, collecter des preuves pour résoudre l’affaire dans un temps imparti. Mais contrairement à un tactical RPG classique, il n’y a aucun ennemi. Certains éléments possèdent une espèce de barre de vie, que l’on vide en interagissant avec la bonne compétence. Les compétences de chaque détective dépendent de leur niveau d'attributs tels que l'Inférence, l'Analyse, l'Inspection, l'Assistance et le Mouvement. Par exemple, un détective avec un haut niveau d'attribut de Mouvement pourra se déplacer plus loin, tandis qu'un détective avec un haut niveau d'attribut d'Inspection pourra analyser plus facilement les pièces à conviction et vider plus rapidement la jauge de vie des pièces à conviction concernées. Au joueur de répartir de la manière la plus efficace les détectives pour respecter le nombre de tours impartis. Finalement, la formule change, mais l’essence même du tactical reste intacte. Le gameplay ne propose rien de nouveau, mais il complète très bien la partie visual novel. Comme dans la série des Sakura Wars, les phases textuelles priment sur la partie "action" qui vient rompre le rythme, plutôt que l'inverse.
Les nombreuses illustrations du jeu Process of Elimination sont très agréables à regarder, et le character design est inspiré, mais évite de tomber dans une excentricité trop prononcée. Cependant, le thème sanglant du jeu n'est pas représenté graphiquement de manière convaincante, car tout effet gore a été retiré, ce qui donne une impression d'indifférence face à la découverte des cadavres. Bien que la décision de rendre le jeu plus accessible soit compréhensible, d'autres jeux comme Danganronpa ou Ace Attorney réussissent à trouver un équilibre juste entre la mise en scène macabre et le côté tout public. Le jeu se rattrape cependant sur ses thèmes musicaux et son doublage, deux qualités ont fait la réputation du développeur.
