Nintendo Switch

Patapon 1+2 Replay

Test Switch

Patapon 1+2 Replay

Par babidu - Le 29/07 à 17:50

Pata Pata Pata Pon! Qui aurait cru qu’un simple chant tribal issu d’un jeu PSP de 2008 ferait encore vibrer nos tympans près de quinze ans plus tard ? Qui aurait cru que l'on pourrait entendre ce chant exclusif à l'écosystème PlayStation sur consoles Nintendo ? L’arrivée de Patapon 1+ 2 Remaster sur Switch promet de raviver nos souvenirs tambour-battant, gameplay rythmique unique, univers tribal minimaliste et, avouons-le tout de suite, quelques pics de difficulté à faire pleurer un métronome ou votre professeur de musique au collège. Mais cette double compilation tient-elle encore la cadence en 2025 ? C’est ce que nous allons voir dans ce test.

La tactique au bout des percussions

Il suffit de quatre onomatopées "Pata, Pon, Chaka et Don"pour transformer n’importe quel joueur en chef d’armée possédé par le groove. Le principe reste diaboliquement limpide et efficace, on martèle les touches au rythme du métronome divin pour ordonner aux troupes d’avancer, d’attaquer, de défendre ou de déclencher un miracle salvateur. Une série de quatre onomatopées permet de déclencher un ordre que vos Patapons se feront un plaisir d’exécuter. Sans vous, ils ne feront rien, pas même avancer ou se protéger. Il faudra donc utiliser les bonnes commandes au bon moment avec un court délai de réflexion des Patapons à prendre en compte. Un mode "Fièvre" se déverrouille après quelques mesures parfaitement exécutées, entre trois et huit selon la performance, et décuple aussitôt la puissance tout en inondant l’écran d’une frénésie visuelle jouissive. Il faut toujours atteindre le mode "Fièvre" pour espérer triompher des défis assez retors qui vous attendent, vos Patapons et vous. Le principe peut paraître simple et il l'est dans son fonctionnement, mais pas dans son exécution, qui révèle un gameplay plus profond qu'en apparence, plus profond mais aussi plus punitif que les visuels engageants du jeu ne laissent à présager.

Par exemple, l’âge du premier épisode transparaît à travers un didacticiel un brin chiche, le panneau permettant de débloquer les miracles, notamment, peut laisser perplexe avant qu’on comprenne réellement ce qu’il attend. La moindre faute de timing suffit ensuite à ruiner un affrontement de boss, et le retour en Fièvre se montre laborieux; on râle, on recommence… puis on retape la mesure, encore et encore et attention gare à l’oubli, le remaster ne propose aucune sauvegarde automatique. J’ai perdu deux bonnes heures de progression en quittant naïvement la partie sans passer par le menu “Sauvegarder”. En 2025, cette absence de save automatique pique vraiment, qui plus est sur un remaster, faites y donc très attention. Chaque boss peut être un ennemi mortel ou une simple formalité suivant le niveau de votre armée, votre compréhension des systèmes et les envies de l'ordinateur de spammer ou non une attaque dévastatrice. Patapon est un univers impitoyable. En ce sens, cela rappelle un peu la série Pikmin qui est, comme vous le savez sans doute, très chère à mon cœur. Mais, mis à part l'univers un peu étrange, les petits personnages à commander et une difficulté impitoyable pour les amateurs et les débutants, la comparaison s'arrête là. Patapon est un OVNI vidéoludique, on adore ou on déteste et, si on adore, alors on y reviendra toujours.

Un style graphique toujours aussi soigné et impactant

Maintenant que le tempo est solidement ancré dans nos pouces, posons un instant nos baguettes virtuelles pour admirer l’emballage visuel. Après tout, si le gameplay est le cœur de Patapon, son identité graphique en est la peau. Patapon mise sur la force d’une esthétique épurée : silhouettes d’un noir profond, aplats de couleurs vives et arrière-plans stylisés qui évoquent des fresques de papier découpé. Sur l’écran OLED de la Nintendo Switch, chaque contour apparaît d’une netteté irréprochable, la résolution HD sublime le contraste entre les personnages et le décor, donnant à chaque scène une lisibilité parfaite. Sur l'écran de la Nintendo Switch 2, le résultat est presque aussi impeccable. Les teintes saturées, rouges brûlants, verts luxuriants, bleus électriques, composent un tableau intemporel aussi agréable en mode portable qu’affiché sur un grand téléviseur. L’ensemble respire l’élégance, c’est beau, simplement, immédiatement, sans artifice superflu.

Quelques détails rappellent l’origine PSP, notamment des cinématiques d’introduction moins définies ou un framerate limité à 30 images par seconde. Pourtant, rien ne vient réellement altérer la qualité visuelle globale, les animations restent fluides, les effets de lumière soulignent judicieusement les temps forts et un code couleur précis guide le regard. Ce remaster préserve donc le charme singulier de Patapon tout en le magnifiant, prouvant que la beauté naît parfois de la simplicité.

Des percussions qui résonnent encore

Si l’œil se régale, l’oreille aussi, dès les premiers "Pata Pata", on comprend que la musique de Patapon est sa véritable signature. Tambours ronds, chœurs tribaux, petites trompettes aiguës, tout s’entremêle pour former ce que j’appelle une symphonie aux oreilles. Les Joy Con vibrent juste au bon moment, accentuant chaque frappe de tambour et donnant l’impression de tenir un mini djembé entre les mains. Le résultat est immédiat, on se laisse happer par le tempo et l’on avance presque sans réfléchir, porté par le chant des soldats monoculaires.

Bien sûr, cette mélodie peut devenir entêtante, et même pénible pour nos voisins si l’on pousse le volume, surtout dans le premier épisode qui recycle trois boucles principales. Patapon 2 apporte un peu plus de variété, de petits contrechants et quelques thèmes supplémentaires, ce qui casse la monotonie sans la faire disparaître complètement. Reste que lorsque l’on joue, on est en transe avec le chant des Patapons; on répète les ordres, on garde le rythme et l’on finit par fredonner "Pon Pon Pata Pon" même en posant la console.

Patapon 2, la partition révisée

À peine un an s’est écoulé entre la sortie de Patapon 1 et celle de Patapon 2, et l’on retrouve ici le même écart qualitatif que celui qui sépare Splatoon 1 de Splatoon 2, un premier épisode qui fait office de démo technique convaincante, puis un second qui polit chaque idée pour en révéler tout le potentiel. Patapon 2 est bâti sur les fondations solides posées par son aîné et transforme l’essai en véritable œuvre d’art ludique. Les miracles disposent enfin d’une jauge de durée claire, leur déclenchement est moins capricieux et leur impact devient capital dans la stratégie. L’arbre d’évolution, autrefois brumeux, affiche désormais statistiques et matériaux requis, si bien que l’on élabore sa formation au lieu de prier la chance. Dans Patapon premier du nom, il fallait tuer une unité pour espérer en créer une meilleure, ici, l’amélioration des troupes est de la partie, ce qui est quand même bien mieux et beaucoup plus logique. Même le butin se fait plus généreux, moins de temps passé à farmer les niveaux, plus de temps à composer l’escouade idéale pour abattre la prochaine forteresse. En somme, Patapon 1 a marché pour que Patapon 2 puisse courir.

Reste que la compilation Switch demeure un remaster "dans son jus". Aucune mission inédite, ni contenu supplémentaire, ni option pour passer certains niveaux trop retors sans farming. Les deux Patapon sont accessibles depuis un menu principal vous proposant de jouer au premier, au second ou bien de modifier certaines choses comme la difficulté; les deux jeux sont totalement séparés au sein de cette compilation. Manette en main, il est fascinant de constater la progression de design entre les deux volets, quelques ajustements précis suffisent à transformer une bonne idée en boucle de jeu irrésistible. Mais le vrai manque se fait sentir ailleurs, pas la moindre trace de Patapon 3. Certes, on dit que c’est l’épisode le moins réussi, mais beaucoup auraient aimé se forger leur propre avis sans devoir dénicher une vieille console. Comme Super Mario Galaxy 2, ce troisième volet semble oublié de l’histoire, et rien ne dit qu’il ressortira un jour. C'est assez étrange pour être noté.

Une aventure plus longue que prévue

Ne vous laissez pas berner par les visuels mignons, Patapon 1 exige une quinzaine d’heures pour dérouler ses crédits, pics de difficulté et sessions de farming incluses. Les mini jeux de forge, les chasses aux matériaux et aux armes prolongent la marche au-delà de la ligne droite, chaque boss pouvant se métamorphoser en mur infranchissable si votre troupe manque de puissance ou si vos doigts manquent de synchronisation. Patapon 2 conserve une durée équivalente, mais la lisse, avec davantage de missions secondaires, des récompenses mieux distribuées et un grind moins haché. Dans l'ensemble, Patapon 2 est bien mieux équilibré et bien moins frustrant que son aîné.

Côté rejouabilité, tout repose sur le défi personnel, terminer les boss dans tous les niveaux, décrocher le sésame, ou optimiser son armée pour progresser plus facilement. Entre deux campagnes, une trentaine de niveaux, plusieurs classes et arbres d’évolution complets, la compilation justifie sans mal son tarif plutôt rikiki pour deux jeux complets, pour peu que votre oreille accepte d’entendre la même pulsation des heures durant.

8
Patapon1 + 2 Remaster rappelle à quel point un concept simple peut devenir addictif lorsqu’il est porté par un univers marquant. Le premier épisode, solide mise en bouche, expose une formule aussi brillante qu’impitoyable ; sa structure vieillie, ses miracles mal expliqués et son farming aléatoire lui valent un honnête 7,5/10. Un an plus tard, Patapon 2 sublime la partition : mécaniques affinées, progression plus fluide, variété musicale relevée ; de quoi décrocher un solide 8,5/10. Ensemble, les deux volets forment un diptyque cohérent, riche et toujours unique sur la scène vidéoludique. Oui, l’absence de Patapon 3 et de vraies options modernes laisse un petit goût d’inachevé, mais quand la Fièvre monte et que les tambours grondent, on oublie vite ces manques.

  • Gameplay rythmico‑stratégique toujours sans équivalent et toujours aussi bon
  • Direction artistique épurée, parfaitement mise en valeur en HD
  • Patapon 2 gomme la plupart des frustrations du premier
  • Vibration Joy‑Con bien calée sur le tempo, immersion garantie
  • Rapport contenu / prix très honnête pour deux campagnes complètes
  • Tutoriels datés : miracles et mécaniques avancées restent flous au départ
  • Pics de difficulté obligeant parfois à un farming rébarbatif
  • Boucle musicale limitée, surtout dans Patapon 1, entêtante pour l’entourage
  • Patapon 3 absent, compilation incomplète pour les puristes
  • Pas de sauvegarde automatique (Attention à votre progression !)