Après un premier épisode sorti en avril 2017 et un second en février 2021 tous deux développés par Tarsier Studios, Little Nightmares change de mains et laisse la chance à Supermassive Games pour son troisième opus. Sorti le 10 octobre sur l’ensemble des supports actuels, et édité par Bandai Namco Entertainment, nous allons incarner deux enfants dans un monde mystérieux et horrifique. Licence révélation du jeu indépendant, reconnu pour son ambiance macabre, ce jeu du genre aventure et plateformes revient pour une nouveau histoire que nous allons découvrir.
Test réalisé à partir d'une version fournie par l'éditeur.
Un monde cauchemardesque
Nous retrouvons nos deux amis, seuls au milieu du Nulle-Part, un monde hostile et inhospitalier où nous ne sommes pas en sécurité. Meilleurs amis depuis leur rencontre, Low et Alone sont contraints de s’enfuir de ces lieux cauchemardesques sans se faire attraper. En quête de trouver une échappatoire, nos deux amis traversent les terres sombres de la spirale à travers des miroirs, qui débouchent sur des endroits toujours plus glauques et dangereux. Low est un garçon doté d’une cape et d’un masque de corbeau, et Alone est une fille à la combinaison de mécanicienne dont les deux couettes rousses dépassent de son chapeau. Nous nous retrouvons ainsi dans les terres désolées qu'il nous faut traverser pour survivre. Le scénario et la narration sont à l'image de la série, très mystérieuses et sujettes aux interrogations dès les premiers pas, où seul le fait de continuer son chemin est important. Au fil de l’aventure, on ressent entre nos deux protagonistes une relation forte et empreinte de confiance, en contraste total avec les lieux macabres où ils se baladent depuis le début. Chacun se rassure de la présence de l'autre, et leur binôme est une force dans la traversée des lieux en collaboration, dont les capacités sont complémentaires. En effet, chacun possède des capacités uniques, pour entrer en interaction avec certains éléments de l'environnement et avancer. Low, grâce à son arc, est capable d’activer des interrupteurs hors de portée ou de rompre les cordes pour libérer un objet en hauteur. Il ne peut viser que quand il y a des interactions spécifiques, autrement, il tirera sans effet vers l’avant.
Alone, équipée d’une clé à molette est capable de détruire des murs fragiles, d'actionner des gros interrupteurs ou encore de taper dans certains objets massifs. Chaque situation se nourrit de la peur et des traumatismes de ces enfants pour les chasser et leur faire du mal. Il en sort un sentiment de vulnérabilité de ces petites personnes frêles dans ce monde glauque et gigantesque, nous faisant zigzaguer entre torture, cadavres et ennemis difformes. Chaque lieu qu’il nous sera donné de voir est gardé par une entité malveillante qui vous traque jusqu'au bout de la zone, ne laissant à nos protagonistes que la possibilité de fuir ou de mourir. Les quelques ennemis visibles en chemin ne seront pas en reste puisqu’ils nous feront aussi la peau s’ils nous attrapent. Pour avancer, nos deux amis vont devoir coopérer ensemble afin d’ouvrir des trappes, actionner des interrupteurs, pousser des portes ou atteindre des lieux en hauteur. Il sera parfois nécessaire d'appeler le personnage secondaire pour lui indiquer ce genre d’interactions s'il ne prend pas l’initiative de lui-même. L’histoire quant à elle est indépendante des deux précédents opus, avec l’introduction de deux nouveaux personnages, et ne nécessite en rien de connaître l’univers du jeu. Les éléments du scénario restent tout de même sujet aux interprétations du joueur. On ne comprend pas forcément tous les tenants et aboutissants, et le mystère reste entier autour de plusieurs situations du jeu.
Une parade monstrueuse
Tout au long du jeu, nous allons alterner successivement plusieurs phases de gameplay. Nous passons de l’exploration des lieux, à des phases d’énigme accompagné de plateforme. Enfin nous finissons avec quelques moments d’infiltration où il faudra passer discrètement ou se cacher, avant d’entamer un peu plus tard des courses poursuite avec le gardien monstrueux de la zone. Axé davantage sur l’exploration et les énigmes, les éléments nécessaires pour avancer se trouvent principalement dans les décors proches. Il faudra déplacer des plateformes pour grimper dessus, actionner des leviers, trouver la clé pour ouvrir une porte fermée, ou aller chercher une batterie pour alimenter un générateur débloquant une porte ou l’éclairage. Tout ce qui semble vivant dans les différents mondes cherchera à vous massacrer, en passant de marionnettes agressives à l’esthétique inquiétante, à des essaims de blattes carnivores jusqu’à des silhouettes humanoïdes difformes, tantôt énormes et imposantes, parfois plus fines et sans visage. Chaque zone est gardée par une horreur qui vous traquera tout au long des environnements du chapitre. Nous serons tout d’abord nez à nez avec une poupée géante de bébé monstrueux, qui joue à cache-cache avec nous au milieu du champ de ruines d’une nécropole ensablée. En pensant s’en sortir, nous serons alors confrontés à une femmes arachnoïde dans une usine désaffectée de bonbons, puis nous nous retrouverons en proie à un ventriloque monstrueux aux abords d’une fête foraine. Chacune de nos pérégrinations donne lieu à une parade de monstres toujours plus repoussants et dangereux.
Tous ces univers sont interconnectés par de mystérieux miroirs qui permettent de voyager d’un endroit à l’autre de manière un peu brutale. Pour se défendre, Low et Alone peuvent à l’occasion utiliser leur équipement contre les ennemis. Ces moments restent limités à quelques situations, et la plupart du temps nos personnages sont amenés à attaquer de manière coordonnée pour en venir à bout. On note quand même que les possibilités de coopération sont restreintes à quelque actions, que cela soit dans les interactions avec l’environnement ou dans les phases d’actions contre les ennemis. Nous trouverons quelques mécaniques de gameplay très légères qui viennent s’ajouter au contenu, à travers des items que l’on récupère tel que le parapluie pour planer au vent, ou la lampe torche pour éclairer les lieux sombres. Le jeu est plutôt facile dans l'ensemble avec des énigmes basiques, dont la mécanique se reconnaît tout au long des différents niveaux. Certaines interactions avec l'environnement sont parfois imprécises, en essayant d’attraper ou de déplacer certains objets, qui peuvent avoir du mal à être détectés, ou se bloquer à certains moments. Enfin durant les parties en solo, on relève également quelques points à améliorer au niveau de l’IA qui nous accompagne dans cette aventure. En effet, celui-ci prend de nombreuses initiatives, ce qui de prime-abord peut sembler être un avantage face à des IA plus statiques et passives. Néanmoins, les actions du coéquipier peuvent gâcher l'effet de découverte des environnements, en montrant l'issue avant même d'avoir pu y réfléchir nous-même. Le personnage est amené à se cacher avec un timing un peu en avance sur les événements, ou prend les devant pour nous montrer le chemin à prendre durant les courses poursuites.
L’essence d'un jeu culte
La nouveauté de cet opus est la possibilité de jouer nos deux personnages seul ou en multijoueur, mais on note cependant de nombreuses limites. Le mode en coopération se restreint aux amis en ligne, sans multijoueur local sur une seule console. Ce choix reste discutable car l'innovation et l’expérience promises ne vont pas au bout de ce qui aurait pu être proposé. Cela gâche ainsi ce potentiel de pouvoir se retrouver à deux sur un même écran afin de partager nos aventures en direct. De plus, le pass ami permet d’inviter quelqu’un pour jouer avec nous, mais il n'y a, à ce jour, pas la possibilité de jouer en cross-play entre les supports des différents constructeurs. L’histoire du jeu s'enchaîne sur quatre chapitres pour une durée de vie plutôt courte mais habituelle d'environ 6h. Le jeu propose en DLC plusieurs costumes et deux autres chapitres, annexes à l’histoire principale, pour étayer davantage l’expérience et le lore du jeu. La sortie du premier chapitre additionnel est prévue pour juin 2026, tandis que le second sortira en octobre 2026. Il faudra cependant débourser environ 60€ dans l’édition deluxe au lieu des 40€ de la version standard pour pouvoir bénéficier de l’intégralité de ces épisodes. Avant le lancement de l'aventure, nous aurons la possibilité de sélectionner son personnage jouable, mais il ne sera modifiable qu’en lançant une nouvelle partie ou en utilisant un nouveau slot de sauvegarde pour lancer un chapitre.
Chaque chapitre donne sur un nouvel univers avec des décors et une thématique précises, dans une colorimétrie bien définie et une luminosité qui sera variable mais contributive à l’ambiance. En effet, sur certains passages, le jeu peut être très sombre et nécessitera de jouer avec les paramètres de luminosité pour garder un confort visuel en fonction de votre environnement personnel. Sinon il ne sera pas évident de s'orienter et de cerner certains détails environnementaux pour pouvoir continuer à parcourir les différents lieux. En terme de proposition annexe, il est possible de collecter un certain nombre de petites poupées dans les différents chapitres du jeu. Il faudra ouvrir l'œil et explorer chaque recoin des endroits visités afin de mettre la main dessus. On remarque tout de même que les déplacements dans les environnements peuvent être fastidieux vis-à-vis des perspectives. En effet, l’effet de profondeur des environnements prête parfois à confusion, surtout quand il faut traverser une plateforme étroite. Cela peut mener à poser les pieds dans le vide même si nous pensions être au bon endroit pour traverser. Enfin, en terme d’ambiance générale, nous remarquons que le bestiaire n’est pas énorme, mais les monstres aux apparences difformes et dérangeantes restent marquants. Les environnements sont détaillés, avec une bande son très discrète mais une ambiance et des effets sonores qui contribuent à l’atmosphère oppressante du jeu.
Chaque bruit résonne et donne l’impression que la menace va nous retrouver pour nous attaquer, même s’il ne se passe pas grand chose sur les nombreuses phases d’énigmes. C’est d'ailleurs à partir de là que l’on sent qu’il manque cette tension constante, l'impression d'un danger imminent. Il n'y a pas forcément cette surprise des ennemis qui débarquent à l’improviste, et la traversée des lieux se fait paisiblement. Le rythme est ralenti par les énigmes environnementales et l’exploration en 2,5D des lieux aux décors vastes, au détriment du jeu du chat et de la souris qui tenait la pression dans les autres épisodes. Ce nouvel opus ne sort pas des sentiers battus, il propose une expérience plutôt semblable aux autres jeux de la franchise mais dans un rythme plus frileux et moins viscéral. En dehors de la coopération, on ne ressent pas d'ajout réellement marquant. Il garde l'ambiance et la direction artistique horrifique et caractéristique de la licence, avec un style contemplatif et de collaboration qui est davantage mis en avant. Le poids des évènements se retrouve ainsi moins prenant que pour les deux premiers opus, qui nous tiennent en haleine jusqu'au dénouement de l'histoire avant de nous surprendre fortement. La subtilité sur la tension, l'horreur et la peur se ressentent moins, et cette impression se renforce avec la difficulté très accessible du jeu.