Nintendo Switch

Infinity Strash: DRAGON QUEST The Adventure of Dai

Test Switch

Infinity Strash: DRAGON QUEST The Adventure of Dai

Par Ex-Nihylo - Le 10/10/2023 à 13:55

Dragon Quest : la quête de Daï est un manga de type shonen paru initialement en 37 volumes, dont la réédition en version deluxe est actuellement en cours en France. Marquant toute une génération issue des années 80, au côté de Dragon Ball et autre Saint Seiya - toute proportion gardée - un jeu reprenant la trame du manga s'est longtemps fait désiré auprès des joueurs. Il aura fallut attendre un peu plus de 30 ans depuis le début des aventures de Daï et ses amis pour enfin mettre la main sur une adaptation vidéoludique dénommée Infinity Strash: DRAGON QUEST The Adventure of Dai. Ce jeu concrétise t-il le rêve d'une génération de fans ? La réponse dans ces quelques lignes !

Un enrobage laissant à désirer...

Ce qui frappe d'emblée dans Infinity Strash, c'est que l'histoire du jeu est résumée à l'aide d'une succession d'écrans fixes laissant peu de place aux animations. La musique de l'animé de 2022 est présente, ce qui est un plus indéniable tant elle est qualitative, mais le découpage entre histoire et action est mal proportionné. En guise de tuto, le jeu s'ouvre avec le combat entre Daï et son père, Baran, prétexte - très bien trouvé au demeurant - à un retour en arrière et aux débuts de l'aventure de notre jeune héros. Puis nous enchaînons directement avec toute l'histoire du premier arc du manga, à savoir Daï qui sauve Gome-chan puis Leona, sans que l'on ait la moindre possibilité d'intervenir ! Il aurait clairement été plus judicieux de placer ça et là d'autres combats en guise de tuto ! Ou un petit peu d'exploration des lieux pour mieux se familiariser avec l'univers proposé. Même les opposants aux QTE n'auraient sans doute rien eu à redire si les développeurs en avaient placé à ces moments là. En prime, ces résumés sont mollassons, les plans fixes allant à l'encontre de ce que l'on est en droit d'attendre niveau immersion dans un shonen pur et dur. 

Heureusement que les doubleurs d'origine sont là pour tonifier quelque peu le tout, mais ça devient vite imbuvable et les moins patients d'entre nous auront vite fait de zapper ces scènes. Il y a peu de chance que les joueurs qui ne connaissent pas le manga soient véritablement tenté de le lire en faisant le jeu, à moins d'être vraiment très curieux. Les mauvaises langues diront que la curiosité sera pour eux de voir si le manga est aussi mauvais que l'aspect narratif du jeu... Ce qui bien sûr n'est pas le cas. Les fans du manga et/ou de l'animé passeront vite aux phases d'action, quant à eux. Quelques scènes plus dynamiques finissent par faire leur apparition mais elles demeurent trop rare, il aurait mieux valu doser le tout et nous proposer davantage de scènes cinématiques et moins de scènes à plans statiques. On peut également choisir le doublage anglais, mais il s'avère nettement moins bon que le japonais, le ton étant souvent mieux placé avec les voix d'origine. Visuellement parlant, la version Switch est un peu à la ramasse par rapport aux versions d'autres consoles, mais on pouvait légitimement s'y attendre. Une optimisation des graphismes et de leur affichage en fonction de la console n'aurait pas été du luxe. Malgré tout, peu de ralentissements sont à dénotés, y compris en mode nomade, le jeu étant donc très jouable sur nos bonnes vieilles Switch.

Erreurs techniques en pagaille

Des ralentissements surviennent parfois, qu'il s'agisse des cinématiques conçus avec le moteur du jeu, ou encore dans certains combats, en mode portable comme en mode salon. Là encore on sent que la version Switch du jeu n'a pas été optimisée, malgré la mise à jour rapidement déployée. Mais l'erreur principale du jeu, outre son manque de dynamisme scénaristique, est son manque d'intérêt global. En effet, on passe son temps à mitrailler la touche d'attaque basique, lorsque l'on joue en facile, pour venir à bout des ennemis et des boss, pour enchaîner avec les fameuses scènes fades narrant le manga. La facilité a clairement touché les développeurs ! Il existe 4 ou 5 missions qui diffèrent quelque peu du reste du jeu comme par exemple celle qui consiste, en dirigeant Pop, à retrouver les morceaux de la pierre magique de sa canne lorsqu'il se bat contre Crocodine. En soi, l'idée est bonne, le manga se prête totalement à ce genre de diversités et les concepteurs auraient du le faire bien plus souvent ! Cela aurait indéniablement contribué à relancer l'intérêt du jeu, du moins à réellement proposer du contenu novateur plutôt que du bourrinage. Lorsque l'on joue en difficulté normal, il faudra davantage jongler entre esquive, attaques normales et attaques spéciales - à l'aide de touches dédiées à ces attaques, qui se rechargent progressivement - mais au final la difficulté n'est pas bien méchante.

Quoique les combats de boss sont inutilement devenus plus costauds, en mode normal. L'esquive devient bien plus constante, contre les boss, dévoilant un gros déséquilibre entre les 2 difficultés proposées. Le côté redondant du jeu en devient franchement insupportable quand on doit se taper le même boss 3, 4 voire 5 fois d'affilé. Rien ne le justifiait d'après le scénario du manga d'origine, et ils l'ont quand même fait... C'est à se demander si les développeurs ont réellement lu le manga ! Daï, c'est du dynamisme, de la pêche, des combats prenants, et surtout une formidable possibilité pour les concepteurs de proposer aux joueurs de s'immerger dans le monde de Daï en leur proposant de l'explorer par eux-même... Et bien non, même ça ils ne le proposent pas, les rares missions d'exploration consistant à enchaîner le tabassage d'ennemis dans des décors très peu variés, sortes d'arènes dans lesquels vous n'excèderez jamais la dizaine de minutes de jeu. On peut toujours passer d'un personnage à un autre en plein combat, parmi 4 - un chiffre dérisoire quand on connait le nombre de combattants du manga ! - mais au final on en revient toujours au mitraillage de boutons pour s'en sortir. Oui, même avec Pop, qui parvient à vaincre des ennemis à coups de canne répétés plutôt qu'en utilisant les magies à distance ! 

Time to daï

Que reste t-il à ce soft pour lui permettre de surnager parmi la masse de jeux inspirés de l'univers des mangas ? Et bien pas grand chose, malheureusement. Les effets de lumière de certains coups surpuissants sont sympathiques, le scénario d'origine est respecté, les quelques missions HS sont crédibles dans l'univers proposé, et l'ajout d'un mode roguelite n'est pas une mauvaise chose en soi. En effet, vous aurez accès à ce mode, intitulé Le Sanctuaire, une fois que vous aurez progressé un peu dans le mode principal du jeu. Plus vous avancerez en mode Histoire, plus loin vous pourrez aller dans le sanctuaire, qui vous permet d'améliorer les statistiques de vos personnages à travers différents bonus. Il vous faudra enchaîner les combats dans des salles qui finissent tout de même pas toutes se ressembler, mais heureusement elles se bouclent en un laps de temps record, ce qui fait que vous n'aurez pas trop le temps de vous lasser. 

Deux autres défauts sont tout de même à signaler. Le premier, c'est la faible durée de vie du jeu, une dizaine d'heures suffit à en faire le tour, et comme le gameplay ne se renouvelle pas, ce n'est clairement pas le genre de jeu sur lequel vous reviendrez une fois terminé. Ne vous attendez pas à une fin extraordinaire d'ailleurs, vous seriez déçu. La dernière mission correspond peu ou prou au tome 15 du manga, quant on sait qu'il y en a 37 en tout et qu'il y avait largement moyen de proposer l'ensemble de la saga, on restera forcément sur notre faim. Le second défaut n'est autre que la censure, qui non seulement masque tout effet sanglant alors que le manga en propose - de manière modérée, on n'est pas dans un seinen non plus - mais en plus censure ce que l'animé de 2022 n'avait lui même pas osé censuré ! Vous vous en rendrez compte rapidement par vous même puisqu'au début du jeu, les bras d'Hadlar, sectionnés par Daï dans le manga, ne sont pas du tout tronçonnés. 

4.5
Infinity Strash: DRAGON QUEST The Adventure of Dai n'est pas LE jeu que les fans de Daï attendaient depuis une trentaine d'années. Trop de déception à tous les étages ou presque font que les joueurs devront attendre une hypothétique suite qui rectifiera le tir, ce qui ne devrait pas être chose bien difficile. Ce jeu est à réserver aux fans vraiment peu exigeants en matière d'adaptation vidéoludique de manga à succès.

  • Fidèle au manga
  • Le doublage et la musique d'origine
  • Faible durée de vie
  • Immersion dans l'univers de Daï ratée
  • Séquences narratives imbuvables
  • Seulement 4 personnages jouables
  • 15 tomes seulement du manga adaptés sur 37...