Depuis des années, les fans de Hunter x Hunter attendent une adaptation vidéoludique digne de l’œuvre de Yoshihiro Togashi, tant l’univers du manga regorge de personnages fascinants et de systèmes complexes comme le Nen. Avec Hunter x Hunter Nen x Impact, développé par Arc System Works, les espoirs étaient grands, surtout venant d’un studio reconnu pour ses jeux de combat comme Guilty Gear ou Dragon Ball Fighter Z. Sur le papier, un jeu de baston en 3v3 a de quoi séduire les amateurs de versus fighting et les fans du manga. Mais la réalité est-elle à la hauteur des attentes ? Voici un petit bilan après une quinzaine d'heures de jeu.
Test réalisé à partir d'une clé fournie par l'éditeur.
Riche en options mais pauvre en sensations
Hunter x Hunter Nen x Impact est un jeu de combat en 3 vs 3 qui lorgne du côté des classiques du genre comme Marvel vs Capcom 3 ou Dragon Ball Fighter Z, avec une base technique correcte. On suit les aventures de Gon, jeune garçon désireux de suivre les pas de son père en devenant à son tour un Hunter. A l'instar d'un shonen classique, chaque arc montre non seulement sa progression mais aussi celle des ses amis, qu'il se fait au gré de ses pérégrinations. Coté gameplay on retrouve trois coups de base, des assists, un système d’Overgear pour booster temporairement son personnage, et quelques subtilités comme les dashs, les rebonds muraux ou le hard knockdown. Un mode "rush" permet aussi aux débutants de réaliser des auto-combos facilement. La prise en main est rapide, il ne faut pas longtemps pour apprendre à sortir les meilleurs coups, surtout que le mode Histoire sert clairement de tutoriel pour se familiariser avec ces derniers.
Mais sous cette simplicité apparente, le gameplay souffre d’une exécution trop simpliste et répétitive. Les combos s'enchaînent facilement, parfois au point de vider une barre de vie en une ouverture. Le Nen, pourtant central dans l'œuvre, est réduit à un gimmick pour repousser l’adversaire et amorcer des combos, sans vraie profondeur stratégique. De plus, les affrontements donnent une impression de mollesse, aggravée par des hitbox généreuses et une inertie décevante. Alors oui, le mode entraînement et divers défis solos sont là pour vous aguerrir, mais l’ensemble reste néanmoins trop en retrait face aux ténors du genre comme Street Fighter 6 ou Tekken 8. Chose curieuse relative au mode Histoire, on a accès d'emblée à tous les chapitres, que l'on peut faire dans l'ordre que l'on veut, ce qui est quelque déstabilisant par rapport aux jeux du même genre.
Un jeu daté et sans âme
Visuellement, Nen x Impact apparait daté dès l’écran titre. L’introduction animée prometteuse contraste vite avec une interface austère et des modèles 3D sans éclat. Les coups spéciaux, qui devraient être des moments d’extase visuelle, sont plats et peu spectaculaires. Tout du moins on a déjà vu largement mieux dans le genre. Quant aux décors, ils manquent cruellement de détails et de variété. Ce n'est pas laid en soi mais cela reste d'une banalité telle qu'on ne peut s'empêcher de penser qu'il y avait largement de quoi proposer d'autre. Que l'on y joue sur Switch ou Switch 2 ne change rien, il en va de même que l'on soit en docké ou sur la tv du salon.
La bande-son n’aide pas à relever l’ambiance : insipide, elle semble souvent déconnectée de l’univers Hunter x Hunter. Pourtant, le jeu reste fluide et bénéficie d’un rollback netcode pour les combats en ligne, même si l’absence de crossplay limite fortement la portée du multijoueur. Il est donc d'autant plus dommageable que la bande-son soit aussi quelconque, à ce stade, autant écouter l'ost de l'animé si vous la possédez, très immersive, tout en jouant à côté et en coupant le son proposé. Les bruitages sont suffisants, ni plus ni moins. A noter que le jeu est intégralement traduit en français et que peu de coquilles sont à signaler. Aucun bug ou freeze n'a eu lieu durant l'ensemble des parties nécessaires pour élaborer ce test.
Un hommage raté pour les fans ?
Avec 16 personnages jouables au lancement, certains choix interrogent (Morel ou Genthru au lieu de personnages clés comme Zoldyck ou les gardes de Meruem), surtout quand on sent venir les DLC payants, comme l’arrivée déjà annoncée de Neferupito. Le mode histoire, qui couvre de l’examen Hunter aux Fourmis-Chimères, est expédié à travers 19 chapitres sous forme de captures d’écran de l’anime avec un minimum d’effort narratif, réduit à une succession d’images statiques sous-titrées. On était en droit d'attendre un minimum de véritables séquences cinématiques, quitte à faire dans la facilité et reprendre directement les scènes de l'animé, mais non, on ressent clairement la flemme totale et cela ne fera qu'irriter, une fois de plus, les fans de l'œuvre. Il faudrait vraiment que les développeurs de jeux à base d'animé arrêtent avec ce procédé, que l'on voit de plus en plus dans les jeux du genre...
Et ne comptez pas sur le doublage pour donner un semblant de vie à ce jeu, puisque les même séquences statiques ne comportent uniquement que quelques bruitages du genre 'mh', 'oh', 'ah'... Et surtout, on déplore une absence criante de fan-service digne de la richesse de l’œuvre en général. L’ultime attaque de Gon en version adulte en coup répétable illustre bien cette forme de trahison envers l’esprit du manga. Au final, le jeu semble pensé avant tout pour les puristes du versus fighting plus que pour les fans de Hunter x Hunter, qui resteront sur leur faim tant le manga n'est qu'un prétexte ici. Malgré des mécaniques correctes, le manque de finition et d’ambition visuelle en font un titre vite oubliable, surtout face à la rude concurrence. Seulement 10 stages sont proposés dont 4 identiques et seulement 19 chapitres en mode histoire : cela illustre bien la faible teneur en contenu du jeu.