La série Harvest Moon que l'on ne présente quasi plus est en quelque sorte un jeu basé sur l’agriculture et l'élevage doublé d'un soupçon de simulateur de vie. Ayant perdu de sa superbe au fil des années, cet opus, sorti le 5 mars 2021, arrivera-t-il à renouer avec la qualité et à reconquérir son public ?
A la rescousse de la fertilité
L'histoire de la déesse des cultures nous est comptée au lancement du jeu nous expliquant que celle-ci assurait, de par son pouvoir, des cultures fertiles ainsi qu'une vie paisible pour les animaux vivant sous sa bénédiction. Mais un jour, la déesse disparut sans que personne ne sache pourquoi et tout ce bel équilibre vola alors en éclat, faisant perdre le savoir des cultures. Après avoir choisi d'incarner un garçon ou une fille, votre histoire commence. Votre mère vous demande de partir trouver à manger et vous allez vous y employer. Les récoltes étant difficiles, vous ne trouverez pas grand-chose de varié. Cependant, vous ferez la rencontre de Vitae, une lutine au service de la déesse qui percevra en vous l'espoir de rétablir l'équilibre et retrouver tous les lutins afin de faire réapparaître la déesse.
Afin de vous mettre en quête de ces lutins, Doc Junior, votre ami, vous donnera la possibilité de voyager à travers le monde grâce à une ferme transportable (un peu comme les capsules de Dragon Ball dirons-nous). Toutefois, afin de pouvoir déménager il faudra alimenter l'unité centrale Sparky en énergie grâce aux divers objets que vous collecterez : bois, fruits, légumes... Une fois à 100%, vous pourrez déménager de nouveau et vous installer là où il vous siéra. Attention cependant, une fois installé, il faudra recommencer le processus d'alimentation de Sparky. C'est en somme la grosse nouveauté de cet opus qui vous donnera donc l'occasion de visiter plusieurs régions différentes comprenant chacune sa bourgade, ses habitants, son climat (désert, plage, montagne, prairie) mais aussi ses problèmes. En effet, vous l'aurez deviné, un lutin vous attendra dans chaque région.
Un couteau suisse et un(e) Homme/femme à tout faire
Vos premiers pas se feront en cultivant vos premiers légumes, mais il vous faudra avant tout des graines. Ce qui peut surprendre, c'est le fait de trouver les graines partout sur votre route ou dans les endroits à explorer sous forme de petite lumière bleue (il s'agit en fait d'un esprit qui vous confiera une graine). Bien que l'on puisse un peu être perdu dans un premier temps, on se souvient peu à peu où trouver telle ou telle graine (il sera possible aussi de marquer les graines sur la carte afin de savoir si elles sont présentes dans la zone concernée au moment où on les cherche). Il faut maintenant passer la houe et arroser. Et là, quelle surprise ! Tout se fait avec le bouton A. La notion de couteau suisse est liée à ce fameux bouton : en appuyant sur celui-ci, l'action se fera automatiquement sans avoir à choisir l'outil adéquat. Par exemple, sur une même case, cela déclenchera la houe, puis la semence de graines (on peut évidemment choisir lesquelles), ensuite cela arrosera et, enfin, permettra de mettre de l'engrais, et ce, sans avoir bougé ou choisi le moindre outil. Bien que cela puisse faire gagner du temps, le gameplay en prend un coup et souffre par conséquent d'un cruel manque de profondeur. On peut toutefois apprécier le fait de toujours pouvoir faire évoluer ses outils pour gagner en temps et en efficacité. Les mines seront d'ailleurs toujours de la partie.
Au-delà de vous occuper de votre ferme, il faudra aussi faire avancer l'histoire au travers de quêtes scénarisées. L'histoire est particulièrement agréable à suivre. Notre personnage ne parle pas et se contente de faire des mimiques. En soi, ce n'est pas le premier jeu qui fait ce choix et ce n'est pas forcément problématique. Ce qui pose un peu problème, c'est que tous les autres protagonistes vont s’affairer à traduire vos mimiques (ex : hochement de tête pour acquiescer, il sera alors prononcé « Tu dis que tu veux les aider donc »). Serait-ce parce que le titre s'adresse à un public jeune ? Au-delà de l'histoire principale, vous recevrez quotidiennement des requêtes par les différents habitants, et plus vous aurez fait de rencontres, plus vous en recevrez. Même si cela peut paraître redondant assez rapidement, elles se diversifieront avec le temps. Les récompenses ne sont pas à prendre à la légère puisqu'il peut arriver que vous receviez des matériaux alors que vous ne pouvez pas encore explorer les zones requises. De quoi aider à la progression.
Le bonheur est dans le pré
Pouvant être considéré, sous certains aspects, comme un simulateur de vie, votre lien avec les différents habitants pourra se renforcer. Les interactions sont en revanche limitées puisque les dialogues seront quasiment toujours les mêmes. Le mieux sera d'offrir des cadeaux et répondre aux requêtes des personnages importants afin de voir votre lien se renforcer. Mieux, il sera possible, mais ce n'est pas nouveau, de gagner le cœur du personnage de votre choix, garçon comme fille, et ce, quel que soit votre sexe. Toujours en lien avec les interactions sociales, il n'y aura au début aucun événement inscrit dans le calendrier. Or, au fur et à mesure que le temps passe, certains personnages vous déposeront une requête qui, une fois remplie, permettra l'organisation d'un événement comme les courses équestres ou la veillée aux lucioles. Ainsi, votre vie s'en retrouvera plus animée au fil des mois et gagnera en intérêt afin de casser, il faut l'avouer, la redondance qui s'installe assez rapidement.
Outre les personnages, le monde fourmille d'animaux sauvages. Vous pourrez interagir avec chacun d'entre eux afin de faire monter un niveau d'affection. Ainsi, à terme, vous pourrez décider de prendre en pension un animal dès lors qu'il sera considéré comme apprivoisé. Avec la variété de régions, vous rencontrerez des animaux tant communs qu'exotiques. Qui a parlé d'un tigre ? Vous pourrez aussi développer votre affection avec vos animaux issus de l'élevage telles que les vaches, les chèvres ou encore les poules. Il est cependant regrettable qu'un seul bouton suffise et que s'occuper de ses bêtes soit autant assisté. Vous n'avez plus à maîtriser les rudiments de la traite, tout se fait automatiquement et dans le bon ordre. C'est une nouvelle fois très dommage. Et c'est là qu'il faut encore une fois appuyer sur la redondance, passer son temps à appuyer sur un seul bouton pour tout faire devient assez vite ennuyeux.
Elles sont pas belles mes tomates ?
Ce qui sera vite marquant, ce sont les graphismes. Bien que tout soit en 3D, c'est d'une pauvreté incroyable. Les décors sont quasi vides, il y a quelques arbres ici et là (impossible de se croire dans une forêt quand c'est censé être le cas par exemple). Certaines textures sont grossières comme les portes de certaines maisons. Il y a encore du chemin à parcourir. L'idée de proposer un monde si grand est très bonne, mais le remplir aurait été tout autant intéressant. D'ailleurs, les journées se déroulant très vite, aller d'un point A à un point B pose parfois problème, mais heureusement des téléporteurs viendront faciliter vos déplacements plus tard. On ne va pas dire que c'est moche mais ça manque de richesse, de qualité artistique et de finition. On pourra noter que les personnages sont plutôt jolis et bien réalisés tout en conservant les clichés bien connus de la série. Plus grave en revanche, il y a quelques soucis d'optimisation. On se retrouve parfois face à des ralentissements qui se ressentent même sur la musique : incroyable à ce niveau de technique si faible. Pire, il arrive, alors certes très ponctuellement, que des éléments en bord d'écran n'apparaissent pas de suite, laissant des zones noires le temps que ça charge. Dernier point désagréable, si faire le choix d'avoir des régions différentes est intéressant, on ne ressent plus le passage des saisons visuellement parlant. On y perd quelqu'un peu en immersion (logique, on n'aura pas de neige dans un désert même l'hiver). C'est le prix à payer pour le côté nomade de notre ferme.
Enfin, évoquons le contenu. On peut considérer qu'il est assez riche et vous permettra de tenir de longues heures dessus si vous passez outre le gameplay simpliste. Malgré ses défauts, on prend du plaisir à choisir l'emplacement de sa ferme, faire évoluer tout son attirail ainsi que ses bâtiments. Autre point intéressant, le nombre de fruits et légumes est impressionnant puisque chacun peut posséder plusieurs variétés. On se plaît à vouloir trouver les variantes de chaque plante. De plus, il est possible de pêcher, et là aussi, la variété des poissons est assez grande. De quoi passer de longues heures pour débusquer chaque espèce. Nous en venons au point qui converge entre la culture et la pêche, à savoir la cuisine. Les recettes sont peu nombreuses dans un premier temps et augmentent en nombre important in fine et il est vrai qu'au fur et à mesure, elles gagnent en complexité, ce qui ne manquera pas de nous procurer un certain plaisir à confectionner tous ces plats. Enfin, il est à noter que quelques plats permettent de résister à des chaleurs intenses alors que d'autres au froid le plus extrême. On ne manquera donc pas de contenu finalement.
