Grand Theft Auto est une série mythique qui jusqu’à présent avait boudé les consoles de salon de Nintendo. A l’occasion des 20 ans de GTA III, Rockstar nous propose de redécouvrir la trilogie PS2/360 sur de très nombreuses plateformes dont celle de Nintendo. Les possesseurs de Nintendo Switch vont donc enfin pouvoir découvrir les trois jeux cultes qui ont façonné la légende de GTA. Alors l’attente en valait-elle la peine ?

Grand Theft Auto 3D All-Stars

Avant de commencer, une petite leçon pour les novices qui débarqueraient et les vieux qui auraient perdu la boule. Grand Theft Auto (GTA pour les intimes) est une série culte née à la fin des années 90 qui est devenue un genre à part entière et dont chaque nouvel opus a gagné en puissance. Dans les faits, il s'agit d'un adroit mélange de jeu d’action, de jeu de course et de simulation de vie qui nous place toujours du mauvais côté de la loi puisque les héros des jeux sont des voleurs, des malfrats, des dealers et autres criminels en tous genres. Les GTA s'adressent d'ailleurs (en théorie) à un public "mature" de par leur traitement, leur violence mais aussi leurs dialogues crus et leurs situations parfois scabreuses. 

Tout en laissant une très grande liberté aux joueurs, chaque titre est très cinématographique et s'amuse avec les codes et les clichés des films de gangsters comme Scarface ou L'Impasse de Brian de Palma. Si les deux premiers opus étaient en 2D vue de dessus, à partir du troisième, les jeux ont adopté un moteur 3D rendant l’expérience beaucoup plus immersive couplée à la puissance des consoles de la génération PS2. Et c'est justement les trois premiers opus 3D ayant fait la réputation de la PS2 à l’aube des années 2000 que Rockstar nous invite à redécouvrir aujourd'hui avec Grand Theft Auto : The Trilogy - The Definitive Edition : Grand Theft Auto III, Grand Theft Auto: Vice City et Grand Theft Auto: San Andreas. Ce n’est pas la première fois que cette trilogie est portée sur différentes plateformes (non Nintendo) mais cette fois, on nous promet une édition définitive des trois jeux, et c’est évidemment ce qui lui donne son côté exceptionnel- surtout sur Nintendo Switch.

Trois jeux cultes

Si vous ne connaissez pas ces titres, les découvrir en 2021, a tout d’une leçon d‘histoire tant chaque opus a fait l'événement lors de sa sortie initiale et s'est imposé comme une nouvelle référence avec, à chaque fois, des nouveautés et des améliorations. Dans GTA III, on dirige un jeune criminel qui doit réussir (ou pas) différentes missions dans la ville de Liberty City (inspiré par New York.) Dans GTA : Vice City, on dirige un apprenti mafieux, Tommy Vercetti qui au milieu des années 80 doit gravir tous les échelons du crime dans un trip très Miami Vice (Vice City étant d’ailleurs inspiré par Miami) Dans GTA : San Andreas, changement d’ambiance et d’époque. Bienvenue aux années 90 et à C.J., un jeune black du ghetto qui cherche à venger la mort de sa mère tout en s’imposant comme chef de gang façon Boyz'n The Hood.

Dans chaque opus, on retrouve les mêmes mécanismes, à savoir une ville ouverte plus ou moins pleine de vie (avec l'alternance du jour et de la nuit et des changements climatiques) permettant au héros de s’y perdre en s’y baladant n’importe où (ou presque- certains quartiers se débloquant tout de même au fur et à mesure) ou de suivre une histoire découpée en différentes missions scénarisées, leur donnant un côté très cinématographique.  A chaque fois, les héros se retrouvent mêlés à des histoires louches et doivent mener différentes affaires et trafics, commettre des vols, des assassinats; le tout sans se faire attraper par la police dont les méthodes deviennent au fil des épisodes de plus en plus sophistiquées. Ils peuvent aussi, en fonction des titres, faire tout un tas d'activités annexes plus cool comme jouer au billard ou faire du sport.

Chacun son style

Si les trois épisodes se ressemblent beaucoup, et que chaque joueur aura probablement ses préférences, GTA: San Andreas est incontestablement l’épisode le plus riche et le plus abouti. C.J. peut nager, sauter par-dessus des barrières. Il parle. On peut aussi modifier son apparence, etc. De plus, il n’y a plus une ville mais trois avec des environnements plus divers et surprenants…

Le jeu propose en outre, un nombre assez hallucinant d’activités en tous genres ce qui fait que l’on a l’impression que l’on pourrait jouer pendant des heures et découvrir encore et toujours de nouvelles choses.  L’une des particularités des trois jeux est de pouvoir conduire (ou plutôt voler- d'où le titre) n’importe quel véhicule (voiture, camion, et en fonction des épisodes, vélo, moto, avion, hydravion, tracteur… ) pour pouvoir se déplacer plus facilement. Cela participe à donner une impression de grande liberté aux jeux mais aussi de leur donner une ambiance inimitable, renforcée par la présence d'autoradios dans chaque véhicule. 

 Une B.O. explosive

D'une manière générale, la bande son des GTA est toujours une grande réussite tant par ses bruitages que pas ses très nombreux dialogues parlés (en anglais.) mais que dire de la bande originale des jeux que l'on entend principalement à l'intérieur des véhicules ?  En effet, dès que l’on rentre dans une voiture, il est possible d‘écouter la radio. Il existe de nombreuses vraies-fausses stations de radio créés pour les jeux qui ont chacune leur style (classique, reggae, funk, débat…) et leur playlist renforçant l’illusion d’une ville vivante. A l’arrivée, la bande son des trois jeux est extraordinaire et permet de mettre à l’honneur des titres cultes pas forcément toujours connus du grand public (il y a de tout) mais qui se fondent toujours parfaitement dans l’ambiance des jeux quitte, parfois, à créer des décalages. Se retrouver coincé dans un embouteillage à Liberty City un jour de pluie en écoutant, tranquille, Run DMC a quelque chose de totalement hallucinatoire que l’on ne retrouve que dans les GTA. Notez qu’avec les trois jeux, Rockstar annonce plus de 200 chansons soit un peu moins qu’à l’époque puisqu’en raison de problème de droits certains titres n’ont pas pu être repris- des titres qui manqueront, forcément aux puristes. Malheureusement sur Nintendo Switch, le bilan est mitigé pour ne pas dire pire car le son est la plupart du temps hyper compressé et ressort comme s'il avait été enregistré sur un vieux magnétophone à cassettes. Alors certes, cela donne un côté vieillot et old school pas forcément décalé avec les jeux mais, plus sérieusement, ça chauffe les oreilles si on met le son trop fort et on est loin des promesses des développeurs pour une édition, soit disant, définitive.

Que valent les versions Nintendo Switch ?

Mais justement si les trois jeux n’ont logiquement plus rien à prouver et que leurs qualités comme leurs défauts font désormais partie de l’Histoire, que vaut leur version définitive ? Et plus spécifiquement, leur version Nintendo Switch ? Pour tout dire, alors que de nombreuses critiques se sont montrées assassines sur le net, le résultat n'est pas aussi désastreux que ce que certains prétendent à condition de passer sur quelques problèmes de conception et bugs divers difficilement compréhensibles et plus ou moins acceptables.

Des graphismes réhaussés mais...

A première vue pourtant, à moins de s'attendre à jouer à GTA V, les graphismes sont plutôt jolis. En fonction des quartiers et des environnements, du moment du jour ou de la nuit (coucher de soleil ou joli ciel étoilée) ils sont même parfois réellement magnifiques aussi bien en mode portable qu’en mode télé. Globalement d'ailleurs, les trois titres s'en sortent assez bien en mode portable sauf pour les cinématiques qui sont tellement sombres qu'il faut pousser la luminosité au maximum et le contraste au minimum pour les voir. A part ça, les textures ont visiblement été rehaussées et de nombreux éléments ont été correctement refaits comme la végétation, la devanture des magasins, la carrosserie des voitures ou encore l’eau. On n'en dira pas autant de la pluie qui fait penser à la neige des vieux téléviseurs à tube cathodique (il manque plus que la mire.) Il y a sinon, ici et là, quelques effets d’aliasing éparses et des baisses de framerate constantes surtout lors de certains moments intenses.

Des bugs et des problèmes d'affichage

Plus gênant encore, alors que la distance d’affichage s’est grandement améliorée par rapport aux jeux originaux, le jeu souffre de clipping plus ou moins important avec par exemple des indications au sol qui disparaissent ou apparaissent au dernier moment. Il suffit alors de cligner des yeux et on ne sait plus ou aller. Difficile aussi de ne pas remarquer les bugs de collisions et d'affichage avec des passants s'enfonçant dans le sol, des murs invisibles ou encore des éléments mal placés comme un tas de feuilles mortes suspendu dans les airs... Alors certes, les jeux originaux avaient eux aussi, plus ou moins ce genre de soucis mais on ne s'attendait pas à en trouver autant dans leurs versions définitives. Alors attention, cela reste léger mais au fur et à mesure des parties, de petit détail en petit détail, ça s'accumule et, à force, ça fait beaucoup.  Cela donne aussi une impression déplaisante que les remasters sont sortis à la date prévue sur l'eShop alors qu'ils auraient eu besoin de quelques jours ou semaines de plus. En tout cas, on comprend mieux pourquoi l'option partage "capture d'écran et vidéo" est désactivée...

Une identité visuelle plus "cartoon"

Toujours dans le registre des critiques, il y a aussi certains choix décidés pour ces remasters qui passent moins bien que d'autres. Sur PS2, les jeux avaient un côté très réaliste ; un côté qui a été en partie gommé avec ces remasters. Ainsi, des affiches qui ressemblaient à des photos ont été transformées en dessin.  Les visages photo-réalistes des personnages ont aussi été remodelées façon poupée en plastique ou personnage de cartoon (c'est selon.) Pour certains, comme Tommy Vercetti, ça passe et c'est même plutôt réussi. Par contre, pour C.J., c’est très déstabilisant car il ressemble à une sorte de zombie aux yeux globuleux bizarres. Certains PNJ ne sont pas en reste avec des têtes hideuses et des formes étranges qui font carrément flipper et, pire, changent leur personnalité, et la perception que l'on a d'eux. En fait, en développant les jeux sous Unreal Engine 4 et en rendant le tout beaucoup plus net, c’est en réalité toute la photographie du jeu qui a été "aseptisée" et transformée par le studio Grove Street. Et donc, si sur PS2, les GTA renvoyaient à des films, aujourd’hui, et notamment sur Nintendo Switch, on pense plutôt à des dessins animés. Pour un peu on se croirait même dans The Simpson : Hit and Run ! 

Des améliorations de gameplay

Cependant, bizarrement tous ces défauts, ne nous empêchent pas de jouer et, mieux, de nous amuser que ce soit pour remplir une mission, rouler sans but sur l'asphalte, tyranniser un pauvre PNJ, monter tout en haut du plus haut building ou encore écraser sciemment quelques piétons (enfin personnellement je ne sais pas conduire, ce n'est pas de ma faute.)  Il faut dire que les trois jeux sont très simples à prendre en main. C'était déjà le cas, il y a 20 ans, et ça l'est encore aujourd'hui d'autant plus que les développeurs ont su apporter de légères améliorations au gameplay qui fluidifient encore un peu plus l'expérience, notamment  avec la possibilité de personnaliser les commandes (entre trois choix) ou encore lors des phases de tir, désormais plus précises ; une précision qui peut être accompagnée, sur Nintendo Switch,  par la visée au gyroscope. Un petite option sympa exclusive à la Switch tout comme l'intégration des vibrations HD et de l'écran tactile permettant, en mode portable, de naviguer dans les menus ou encore d’accéder à la carte pour zoomer et dézoomer très facilement. Les remasters intègrent aussi un système de roue permettant de changer son arme rapidement pendant un combat.  Et s’il n’est toujours pas possible de sauvegarder n’importe où, désormais lorsque l’on échoue pendant une mission, on peut la reprendre directement sans perdre son arsenal. Il semblerait aussi que certaines missions aient été remaniées voire même simplifiées, toujours dans un souci d'accessibilité.

Bonne conduite

A part ça, on retrouve la conduite arcade quasi parfaite des jeux originaux avec une inertie toujours aussi bonne permettant à tous les joueurs (quelque soit leur niveau) de s'amuser et donnant de spectaculaires séquences de course et de non moins spectaculaires carambolages. Depuis, d’autres licences ont permis de rouler à toute allure dans des villes ouvertes mais rares sont celles qui ont réussi à procurer des sensations aussi fun et intenses que celles ressenties avec les GTA. On le savait mais en rejouant à ces trois classiques, on se rend compte à quel point les jeux de Rockstar surpassent aujourd'hui encore ceux de la concurrence. 

The Legend of GTA

A l’arrivée, on prend vraiment plaisir à (re)découvrir ses trois classiques qui ont chacun leur ambiance et leurs qualités malgré les bugs et les quelques soucis d'affichage. Certes, ces bugs sont agaçants surtout que beaucoup pourraient facilement être supprimés (et on espère qu'ils le seront par les mises à jour qui ont déjà été annoncées) mais encore une fois, de notre expérience, les trois titres restent parfaitement jouables. A part ça, il  y a bien des choix de conception curieux qui gâchent un peu l'expérience et, il est vrai aussi, que certains mécanismes ont un peu vieilli avec un côté « va là-bas, fais-çi et reviens là » qui peut paraître un peu court mais il y a tellement de variété et de choses à faire que, même 20 ans après leur sortie initiale (sachant que le dernier, San Andreas, est sorti en 2004) les trois jeux restent toujours des valeurs sûres. Evidemment, si vous êtes motivés, à part les nostalgiques, on les conseillera à tous les petits nouveaux qui pourront ainsi parfaire leur éducation vidéoludique.

Remarques définitives

A noter que malgré le label "édition définitive", outre quelques morceaux de musique, les trois jeux se voient amputés de quelques séquences de dialogues jugées inappropriés... On nous signale aussi que le mode 2 joueurs en coopération de San Andreas a disparu tout comme le mode vue de dessus de GTA III- on se demande d'ailleurs bien pourquoi.

Sachez aussi qu'actuellement, le jeu n'est disponible que sur l'eShop; la version cartouche n'étant prévue que le 7 décembre 2021. Si vous voulez jouer à Grand Theft Auto : The Trilogy - The Definitive Edition sur Nintendo Switch avant cette date, vous n'avez donc pas le choix. Vous devez opter pour la version dématérialisée des trois jeux disponible sur l'eShop au prix de 59,99€; un prix que l'on peut juger excessif même s'il s'agit d'une compilation réunissant trois jeux. D'ailleurs, on relève que chez certaines enseignes, la version cartouche du titre est déjà proposée à 49,99€ (avec, attention, un téléchargement obligatoire.) 

Pour finir, si vous optez malgré tout pour Grand Theft Auto : The Trilogy - The Definitive Edition sur l'eShop, n’espérez pas un emballage quelconque car il n'y en a pas. Bien que les trois jeux ne peuvent être achetés (pour le moment du moins) indépendamment les uns des autres, en achetant la trilogie sur l’eShop vous, vous obtiendrez simplement les trois jeux qui s'installeront sur votre console (sans menu commun, ni bonus, ni galerie, ni rien. Merci Rockstar)

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