Nintendo Switch

Fuga : Melodies of Steel

Test Switch

Fuga : Melodies of Steel

Par ggvanrom - Le 05/08/2021 à 08:00

Dernier titre développé par CyberConnect2, FUGA : Melodies of Steel se déroule dans l’univers déjà bien installé de Little Tail Bronx, que nous avons pu apprécier pour la dernière fois en 2010 sur Nintendo DS avec Solatorobo : Red the Hunter. Troquant les machines volantes pour un univers plus terrestre et plus dramatique, voyons voir ce que nous réserve ce jeu orienté Tactical-RPG.

Des enfants contre un Empire

Un peu de chauvinisme pour démarrer notre test. CyberConnect2 est une société de développement japonaise, et dispose d’un studio basé à Montréal sur les 3 studios qu’elle possède. Le directeur en charge du projet FUGA : Melodies of Steel quant à lui est un Français du nom de Yoann Guéritot. Bien que l’histoire prenne place dans l’univers de Little Tail Bronx, il n’est pas nécessaire d’avoir fait les épisodes rattachés à cet univers pour apprécier et comprendre FUGA : Melodies of Steel. 

Alors que l’histoire nous présente un univers peuplé de personnages anthropomorphes, FUGA : Melodies of Steel nous présente un groupe d’enfants originaires du village reculé de Petit Mona, et l’empire Berman qui tend à asseoir son oppression sur l’ensemble du pays de Gasco. Alors que les petits villages auraient dû être épargnés par la guerre, une troupe de l’Empire Berman, que l’on peut facilement mettre en parallèle avec le Troisième Reich de notre univers, décide d’attaquer Petit Mona et de kidnapper l’ensemble des villageois. Tirés de leur sommeil par une mystérieuse voix, un petit groupe d’enfants menés par le jeune Malt réussissent à s’échapper in-extremis, et se retrouvent dans une zone reculée du village.

Seuls, sans armes et désireux de sauver leurs parents, la petite voix de la radio leur permettra de découvrir un vestige de l’ancien monde : un tank gigantesque du nom de Taranis. Grâce à ce dernier et son arsenal surpuissant, les enfants vont pouvoir mettre en déroute l’armée Berman. Malheureusement, le Taramis n’est pas une forteresse inviolable, et en cas de situation critique, un pouvoir particulièrement obscur peut se manifester pour sauver les enfants, ce au prix d’un lourd tribut. Il faudra alors que nos chers enfants fassent preuve de stratégie pour tenter de sauver leur famille de l’empire.



Un arsenal dangereux… très dangereux

Véritable forteresse sur chenilles, le Taramis sera l’arme de prédilection des enfants contre l’armée Berman. L’empire possédant une quantité impressionnante de véhicules volants et terrestres, il va falloir tirer parti de tout l’arsenal de notre tank pour venir à bout de nos adversaires. Reprenant un classique triangle des armes, l’arsenal du Taramis se divise entre les mitrailleuses en bleues, les lance-grenades en jaune, et enfin les canons en rouge. Chacun des enfants du jeu possède une arme de prédilection, et il faudra ainsi durant les combats les placer sur les 3 différents postes de tir pour pouvoir infliger des coups aux ennemis.

Les combats prenant la forme d’un tour par tour dynamique ou le plus rapide agit en premier, il sera indispensable de viser les points faibles de vos adversaires afin de leur faire sauter un tour, et ainsi pouvoir écumer les rangs adverses sans accumuler trop de dommages. A noter que les unités adverses peuvent aussi avoir une barre de blindage, augmentant ainsi leur défense de manière significative. Il vous faudra ainsi percer les défenses pour espérer vaincre rapidement vos adversaires. 

Côtés enfants, une myriade de paramètres est à prendre en compte. Chacun possède un niveau et des statistiques propres, ainsi que des capacités comme la possibilité de tirer deux fois, ou de remplir la jauge de PV du Taramis. Ces dernières consomment par ailleurs des PC qui sont représentés par une barre bleue commune à toute l’équipe. Au bout d’un certain nombre de tours, les personnages peuvent passer en mode héros, leur conférant de nouvelles capacités durant un temps limité. Et enfin, les 3 postes fonctionnant en binôme, si l’affinité entre 2 enfants est à son paroxysme durant le combat, vous pourrez déclencher des attaques duo surpuissantes.

Si les différents chapitres vous feront affronter des vagues d’ennemis standards sans grande difficulté, chaque fin de stage se conclura par un combat de boss. Et si la difficulté du jeu n’est pas ajustable, ces combats risquent fort de faire passer un mauvais quart d’heure à vos troupes juvéniles si vous vous êtes mal préparé. En cas d’incapacité à vaincre votre adversaire, et si la jauge de PV du Taramis est suffisamment basse, le tank débloquera alors son dernier atout : le Canon des Âmes. Cette arme surpuissante a en effet la capacité d’annihiler n’importe quel adversaire, mais le prix à payer est conséquent… Il vous faudra sacrifier l’un des enfants de votre groupe à chaque utilisation. Le titre proposant plusieurs fins dépendant du nombre de sacrifices que vous aurez fait durant votre aventure, si vous êtes une personne à peu près saine d’esprit vous ne pourrez pas vous résoudre à envoyer vos enfants à l’abattoir et vous ferez tout pour empêcher que cela n’arrive (du moins lors de votre première partie).

Prendre soin de son tank, et de ses amis

Si chaque chapitre nous fera avancer sur le continent pour faire progresser l’histoire, le déplacement du Taramis est au final totalement pré-calculé. Chaque chapitre se présente comme une suite de points, sur lesquels sont dispatchés des ennemis, des objets, ainsi que divers points d’intérêts. De temps à autre, vous arriverez à des intersections et devrez ainsi choisir entre des routes plus sûres, octroyant peu de points d’XP et d’objets, et des routes dangereuses dont les récompenses s’avéreront beaucoup plus qualitatives. Etant donné le fardeau qui vous attend en cas de mauvaise préparation, nous ne pouvons que trop vous conseiller de faire un maximum de combats pour améliorer les statistiques de vos enfants et récupérer de précieux objets.

En début et en fin de parcours avant le boss, vous aurez le droit à des sessions dites de repos où vous pourrez vadrouiller au sein du Taramis. Ces instants sont d’une importance capitale puisqu’ils vous permettront d’améliorer l’arsenal du Taramis grâce aux pièces trouvées, de collecter des ressources diverses, et surtout de faire parler les enfants entre eux. Se faisant, vous augmenterez ainsi leur niveau d’amitié, donnant ainsi accès à des capacités passives, à des attaques duos, et à des dialogues qui enrichiront le lore du jeu. Vous aurez aussi diverses autres activités comme la possibilité de vous occuper d’un jardinet, la cuisine pour avoir des boosts de statistiques, la buanderie pour renforcer les liens etc.

Chaque action au sein du Taramis vous demandera de consommer un certain nombre de PA. Chaque session vous donnant 20 PA, vous devrez alors choisir judicieusement quelle utilisation vous en ferez afin d’optimiser vos chances que tous les enfants finissent vivants après cette aventure. Et si jamais vous séchez à savoir quoi faire, un carnet vous permet de voir les désirs des différents personnages, et s'ils sont satisfaits, leur moral n’en sera que meilleur.

A noter que chaque début de partie nous permettra d’explorer un village voisin. Si cela est intéressant sur le papier, cet événement sert uniquement à faire du troc d’items, obtenir le dernier numéro d’une BD locale, et de récupérer un objet bonus ou deux. Lors du déplacement du Taramis, vous aurez également à de rares occasions accès à des ruines que vous explorerez lors de phases en 2D afin de récupérer des items indispensables à l’amélioration du Taramis.

Une réalisation limitée, mais non dénuée de charme

Lorsque l’on lance FUGA : Melodies of Steel, il est difficile de ne pas se dire qu’il s’agit là que d’un projet secondaire de CyberConnect2. Grandes absentes, les cinématiques font place à des plans fixes, et les doublages audio se limitent au strict minimum en laissant les personnages baragouiner entre un et cinq mots maximum. Pourtant, il faut avouer que les illustrations sont extrêmement agréables à l’œil, et qu’un réel effort a été fourni côté audio. Mention spéciale au Taramis lors des phases de déplacement et de combats qui sont entièrement animées, ainsi qu’au travail fourni pour les différents arrière-plans, les effets d’explosion, ainsi que les modèles 2D et 3D de nos enfants-soldats. Côté bande-son, rien à dire là encore sur le travail proposé qui nous rappelle les plus beaux thèmes proposés il y a 10 ans sur Solatorobo : Red the Hunter. 

Anecdote amusante, si la voix off française est interprétée par Adeline Chetail, voix française de la Princesse Zelda dans The Legend of Zelda : Breath of the Wild, l’ensemble des voix françaises des autres personnages a été enregistrée par des Japonais, donnant lieu à un hachage de certains mots au mieux comique, et au pire rendant les mots difficilement reconnaissables en pleine action. S'il est bien sûr possible de passer les sous-titres en français et les voix en japonais, on ne peut que souligner l’effort qui a été fait pour traduire le jeu dans la langue de Molière, qui plus est pour un genre peu réputé auprès des joueurs.

L’autre point important tient aussi dans la nature de nos protagonistes, ce sont en effet de jeunes enfants dont la plupart ont à peine 10 ans, et qui doivent protéger les plus jeunes ayant entre 4 et 6 ans. Les voir se retrouver confrontés aux horreurs de la guerre, assimiler le principe même de la mort, et ce, aux commandes d’une machine de guerre, cela reste très perturbant. Et ça l’est encore plus quand leurs adversaires adultes savent pertinemment contre qui ils se battent, et les horreurs qu’ils sont capables de faire contre des enfants ayant encore une certaine part d’innocence. Si le ton général de l’histoire se veut assez dur, on pourra heureusement compter sur les échanges entre compagnons lors des phases de repos dans le Taramis pour nous rappeler que ce sont encore de jeunes enfants.


 

8.5
FUGA : Melodies of Steel est un titre puissant. Faire envoyer des enfants innocents à la Guerre aux commandes d’une machine sur-armée, découvrant ainsi les horreurs qui peuvent être perpétrées par les adultes demeure un point important du jeu. Si les mécaniques de gameplay sont très intéressantes, il manque encore quelques éléments qui auraient pu rendre le jeu parfait, comme davantage de liberté, ou une façon de rendre les combats moins répétitifs. Au final, le seul bémol que l’on pourrait reprocher au jeu est le fait qu’il sorte uniquement en dématérialisé, au prix de 40€. Même s'il peut s’agit d’un frein important pour beaucoup, nous ne pouvons que vous conseiller de vous intéresser à ce titre si vous êtes un amateur du genre Tactical-RPG.

  • Des enfants uniques et attachants
  • Un gameplay simple et dynamique
  • La modélisation du Taramis et des effets visuels
  • Une difficulté savamment calibrée
  • L'importance d'entretenir le Taramis et les relations entre enfants
  • Des illustrations vraiment élégantes
  • Les thèmes musicaux
  • Le Canon des Âmes et le fardeau de son utilisation
  • Traduit en français
  • Adeline Chetail en voix off
  • Trois fins disponibles
  • Le français haché à la japonaise, on aime ou on déteste
  • Les routes pré-déterminées n'offrent pas assez de liberté
  • Pas de version physique
  • Prix assez élevé pour du dématérialisé