Normalement, quand on parle de jeux de rôle japonais, deux grandes licences historiques reviennent souvent : Final Fantasy et Dragon Quest. La première n’a plus besoin d’être présentée et la seconde, bien qu’elle soit moins populaire, est celle dont nous allons parler aujourd’hui car elle a su notamment trouver un public fidèle en France. Cette année, Square Enix nous propose Dragon Quest III HD-2D Remake, un titre peu connu en Occident, mais sublimé par une refonte incroyable qui saura plaire à tous les fans du genre. Le jeu est disponible sur Nintendo Switch pour 59,99€.
Pour éviter de gâcher le plaisir de la découverte, nous ne dévoilerons aucune image ni élément de jeu ou de narration au-delà de la quête suivant le prologue, soit environ 10 heures de jeu. Toutefois, ce que nous avons découvert bien après confirme notre enthousiasme pour ce remake.
Test ayant été réalisé avec une version fournie par l’éditeur
Tout commence par un jeu Famicom…
Vous aurez sans aucun doute remarqué le mot "remake" dans le titre. Rappelons que Dragon Quest est une série qui a débuté sur Famicom en 1986, et ce troisième opus est sorti en 1988. L’un des grands intérêts de ce remake est de proposer au monde entier un jeu qui, à l’origine, est difficilement sorti de son Japon natal. Certes, il était déjà possible depuis 2019 de jouer aux trois premiers jeux sur Switch, y compris en France, mais ce remake va beaucoup plus loin dans tous les domaines. Pour la toute première fois, vous pouvez compter sur une traduction en français, ainsi qu’une refonte complète du gameplay pour une accessibilité améliorée.
L’objectif des équipes était de conserver toute l’essence des J-RPG (jeux de rôle japonais) classiques tout en modernisant le jeu au maximum pour que les plus jeunes joueurs puissent s’ouvrir au genre. Le pari est complètement réussi : on retrouve vraiment le style de jeu rétro, apprécié par beaucoup, mais sans être gêné par des mécaniques trop lourdes. Par exemple, le déplacement du personnage, avec une option de marche rapide, permet de ne pas traîner trop longtemps dans les lieux.
Pour ceux qui découvriraient le genre, le gameplay de ce jeu est celui d’un jeu de rôles très classique : vous pouvez composer votre équipe (nous y reviendrons) et choisir le métier de vos personnages. Chaque métier a un rôle bien précis, avec des caractéristiques, aptitudes et sorts qui lui sont propres. À vous de bien sélectionner vos équipiers pour maximiser vos chances en combat. Justement, ces combats se déroulent sous forme de rencontres aléatoires contre une multitude de monstres qu'il faudra vaincre au tour par tour ; chaque entité sur le terrain agit selon un ordre déterminé par les caractéristiques d’agilité de chacun. Le jeu se déroule autour d’une immense histoire pleine de rebondissements (croyez-nous, certaines surprises vous attendent !), avec des quêtes à foison et l’exploration d’une carte gigantesque, riche en secrets à découvrir.
Soyons tout de même un peu tatillons concernant les combats de monstres. Lors de notre première session chronométrée, deux aspects nous ont posé problème : les monstres apparaissent trop souvent et tendent à nous surpasser facilement. Dans tous les combats classiques, les monstres apparaissent de façon aléatoire pendant nos déplacements sur la carte ou dans les donjons. Nous avons eu l’impression que leur fréquence était trop élevée, ce qui cassait un peu le rythme de jeu. Quant à leur force, soyons honnêtes : aucun membre de notre équipe n’a eu l’occasion de jouer au jeu original sur Famicom en 1988. Néanmoins, il semble que la difficulté ait été revue à la baisse. Dire que le jeu est difficile serait inexact. En fait, durant notre test, nous avons pris le temps de monter en niveaux et de nous équiper des meilleurs équipements, ce qui a rendu les combats assez simples. Mais cela a un coût : il faudra passer des heures à combattre des monstres. C’est une mécanique habituelle des RPG, pas vraiment un défaut, mais un principe de jeu ; à chacun de voir si cela lui convient. Cependant, il reste dommage qu’au bout d’un certain temps, monter en niveau devienne inutilement long et difficile, une vieille habitude des J-RPG, déjà exploitée dans Dragon Quest IX sur DS.
…pour finir sur un remake grandiose
Pour le reste, Square Enix a choisi de mettre les petits plats dans les grands et de peaufiner chaque détail, en commençant par les graphismes en « HD-2D », une norme apparue avec Octopath Traveler. Le jeu propose des environnements 3D finement détaillés et surtout richement éclairés grâce aux prouesses du moteur Unreal Engine, tout en conservant la beauté des sprites pour représenter tous les monstres et personnages, avec des éléments graphiques en pixel art de haute résolution. Le mariage des deux fonctionne à merveille.
Même constat pour la musique : tout a été revu pour sublimer l'œuvre originale. Chaque morceau du jeu Famicom a été réarrangé pour être interprété par un orchestre symphonique. C'est un plaisir pour les oreilles d'entendre certains grands thèmes du jeu, ainsi que ceux de la série, revenir en grande pompe. La surprise longtemps gardée secrète est que les dialogues principaux de l'histoire sont doublés ! Vous pourrez choisir entre l'anglais et le japonais pour écouter ces quelques répliques.
Comme évoqué plus tôt, le jeu a également été largement repensé pour être plus pratique. Plusieurs éléments sont donc désormais plus faciles d'accès, voire totalement nouveaux, afin de faciliter la prise en main. C'est notamment le cas de la carte du monde, plus lisible, où les téléportations permettent maintenant de trier et d'afficher des informations sur les lieux concernés. Autre nouveauté bien utile pour nos petites têtes : les souvenirs. Dans un jeu avec de nombreux dialogues, dont certains sont des indices utiles pour plus tard, il est facile d’en oublier. C'est pourquoi le jeu intègre maintenant une page dédiée aux souvenirs. Il vous suffit d'appuyer sur "+" à tout moment pour enregistrer le dernier dialogue. Plusieurs dizaines de textes peuvent être sauvegardés, ce qui vous permet d'y revenir à tout moment et de faire le tri dans vos souvenirs. Dans le même registre des fonctions bien utiles vous aurez un menu avec une liste (vraiment) très détaillé sur chaque élément du jeu, comme cela fonctionne, qu’est-ce que cela signifie… Disponible à n’importe quel moment du jeu, il s’enrichit au fil de votre aventure. Vous ne pourrez plus jamais mal comprendre un élément de gameplay !
Quelques surprises pour les joueurs de l’époque !
Le jeu ne cherche pas à être un simple remake et propose deux nouveautés majeures pour capter l’intérêt des joueurs d’origine. On commence par le "monstrologue" : ce métier est disponible dès le début du jeu dans la Tanière de Tulipe, un nouveau bâtiment où vous pouvez composer l'équipe sur-mesure qui vous accompagnera dans votre aventure. Dès le départ, vous pouvez jouer avec cette nouvelle classe, dont les particularités sont d'apprendre des aptitudes de monstres et d'aider grandement à capturer les créatures cachées un peu partout. En effet, le remake intègre désormais des arènes de monstres dans plusieurs villes. Trouvez les monstres pacifiques cachés dans le monde et ils accepteront de combattre pour vous. Chaque arène consiste en une série de combats contre d'autres monstres. Vous composez votre équipe et définissez leur tactique de combat, mais vous ne pouvez pas les contrôler directement. Dans les faits, cela ressemble un peu aux combats de Pokémon : ce n'est pas une nouveauté très passionnante, mais nous avons trouvé cela amusant. L'important, c'est surtout que remporter des séries de combats rapporte de belles récompenses ! Nous vous laissons découvrir comment progresser durant ces matchs. De plus, l'intrigue réserve quelques surprises pour ceux qui ont déjà fait le jeu à l'époque, offrant une bonne raison de se replonger dedans et d'aller jusqu'au bout pour découvrir les contenus bonus. Petit bémol, cependant : il faudrait confirmer avec d'autres parties, mais dans notre test, notre monstrologue s'est avéré beaucoup trop puissant en attaque et en défense. Il se pourrait donc que cette nouvelle classe soit mal équilibrée, ou que nous ayons simplement eu une chance incroyable avec les statistiques de ce personnage.
Bien entendu, certaines fonctionnalités importantes restent présentes. Dans la première ville du jeu, vous rencontrerez rapidement Monsieur Médaille, un personnage étrange qui vous échangera des lots de plus en plus intéressants contre les nombreuses mini-médailles que vous devrez dénicher un peu partout dans le jeu. Cherchez bien, car certaines sont bien cachées. Nous ne nous attarderons pas trop sur cette fonctionnalité, mais sachez qu’à un certain stade de l’aventure il sera possible de modifier le métier (ou classe, ou vocation, selon le terme que vous préférez), ce qui vous permettra de réarranger votre équipe et d’accéder à des métiers peut-être plus intéressants pour la suite. Le jeu propose aussi un système de personnalités : chaque membre de votre équipe commence avec une personnalité aléatoire, et pour votre personnage, un test sera effectué au début du jeu. Cette personnalité influera grandement sur l’évolution des statistiques de vos personnages lorsqu'ils monteront en niveau. Mais pas de panique, tout au long du jeu vous trouverez des équipements et des livres qui permettent de modifier les personnalités en choisissant celles qui vous sembleront peut-être plus adaptées.