Nintendo Switch

Death's Door

Test Switch

Death's Door

Par Thatgunman - Le 08/12/2021 à 08:00

6 ans après le fort sympathique Titan Souls, le studio britannique Acid Nerve revient à la charge avec son nouveau jeu, Death’s Door. Sorti tout d’abord en juillet sur Xbox et PC, c’est au tour de la Nintendo Switch d’accueillir ce jeu d’aventure en vue isométrique à l’esthétique fort charmante.

Je suis la faucheuse, et tu es mon prochain client!

Dans Death’s Door, on contrôle un petit corbeau lors de sa première journée en tant que faucheur. Dès son arrivée au siège de la Commission des Faucheurs, un empire bureaucratique se chargeant de l'ascension des défunts vers l’au-delà, notre jeune volatile va se voir confier une mission bien ardue : collecter l’âme d’un être qui ne veut pas quitter la vie de son plein gré. Pas de chance, au moment de collecter son dû, notre héros à plume se fait dérober l’âme convoitée par un vieux corbeau. Après l’avoir rattrapé, le vieux corbeau explique que le maître des portes, big boss de la Commission des Faucheurs, a mis le bazar dans le cycle de la vie puisque bon nombre d’être vivants aurait dû trépasser voilà bien longtemps. Il envoie donc le jeune oisillon collecter 3 âmes géantes pour ouvrir la porte de la mort et ainsi rétablir le cycle de la vie. Forcément, les 3 âmes géantes ne se laisseront pas faire, et il faudra d’abord battre leur imposante enveloppe charnelle. Chacune d’entre elles se trouve dans un vaste niveau bourré d’ennemis et de pièges. Heureusement, le siège de la Commission des Faucheurs comporte un certain nombre de portes qui serviront de portails de téléportation vers différents points d’intérêt de la carte.

Une faucheuse quelque peu fauchée

Armé de votre épée et de votre arc, à vous de pourfendre les créatures belliqueuses sur votre chemin. Il est possible d’attaquer, de charger votre coup, mais aussi d’esquiver et de lancer des attaques magiques à distance. Ces attaques magiques sont en fait des projectiles dont vous pourrez changer les propriétés en avançant dans le jeu. Leur nombre est limité à la jauge située juste en dessous de votre jauge de vie, mais vous pourrez la recharger en attaquant au corps-à-corps. Cette mécanique astucieuse permet de ne privilégier ni le bourrinage ni la couardise et d’exploiter pleinement le système de combat de Death’s Door. Les esquives, bien que difficiles à placer dans des milieux étroits, seront très souvent d’une efficacité redoutable puisque la vitesse de base de notre cher oiselet est plus qu’handicapante. Pour pallier cela, la Commission des Faucheurs vous échangera toutes sortes d’améliorations contre quelques âmes glanées dans les niveaux. Que ce soit pour l’attaque, la vitesse de déplacement ou la vitesse d’attaque, les différences ne sont pas flagrantes après l’achat d’une amélioration. Les changements semblent à chaque fois minimes puisque les ennemis mettent approximativement le même nombre de coups à mourir et les déplacements restent de toute façon très lents. En explorant les niveaux, vous apercevrez des monuments étranges qui vous rapporteront des améliorations pour votre barre de vie ou de magie. Seulement, il faudra récupérer quatre de ces améliorations pour en voir les effets. Pour un jeu comme the Legend of Zelda, cela ne pose pas de problèmes puisque l'aventure est suffisamment longue et les quarts de cœur suffisamment nombreux pour faire passer la pilule, mais Death’s Door a de sérieux problèmes à récompenser l’exploration et la collecte d’âme. À part pour le plaisir d’avoir découvert la carte du jeu dans son entièreté, il n’y a quasiment aucun intérêt à récolter tous les collectibles, puisque cela ne sera jamais vraiment récompensé.

Un jeu d'un ennui mortel...

Il aurait été intéressant aussi de diversifier un peu plus les combats. On affronte très souvent les mêmes ennemis, avec de temps en temps quelques variations au niveau de la vie ou de la cadence des attaques, mais on doit se contenter de les attaquer de la même manière. Seules les nouvelles magies apportent un peu de nouveauté, mais sont finalement peu exploitables puisqu’il s’agit uniquement de projectiles avec quelques variations dans leur fonctionnement. La lassitude intervient d’autant plus que chacun des trois niveaux est structuré de la même manière. On commence avec une portion ouverte où l’on doit récupérer les âmes d’autres corbeaux en résolvant au passage quelques énigmes pas bien difficiles, on récupère une nouvelle magie qui débloque la suite du niveau, puis on traverse une portion beaucoup plus orientée action jusqu’à arriver au boss. Ce processus étant répété trois fois sur un peu moins de 10 heures de jeu, on arrive très rapidement à saturation au vu du peu de nouveautés qui nous est proposé. Il en va de même pour les combats de boss, dont la majorité se compose d'une alternance de deux patterns d’attaques étirés sur quelques minutes. Seul le Roi Crapaud et le boss final sont véritablement intéressants, même s’ils étirent eux aussi leur concept sur la longueur. Death’s Door apporte un challenge intéressant, il faudra bien maîtriser le timing des esquives et des attaques pour en voir le bout. Malgré cela, cette difficulté savamment dosée est totalement gâchée, car elle exacerbe la répétitivité du jeu.

... Sauvé par un level-design réussi

Le design des niveaux vient légèrement arrondir les angles. Les portions de jeux ouvertes sont intéressantes, car le rythme tend à se rapprocher de celui d’un dungeon crawler traditionnel. Certains recoins seront plutôt calmes, avec généralement une énigme à la clef, tandis que d’autres vous enverront plusieurs vagues d’ennemis histoire de ne pas trop vous dépayser. Dans les portions de niveaux précédant le boss, il s’agira d’un long couloir dont l’activation de mécanismes révélera des raccourcis, vous facilitant la tâche en cas de mort. Globalement, le rythme est plutôt bien maîtrisé, et même s’il ne vient pas casser la répétitivité, il permet d’un peu moins la ressentir.

Un régal pour les yeux et les oreilles

Lors de son annonce en mars dernier, Death’s Door avait suscité l’enthousiasme des joueurs grâce à sa direction artistique. L’univers onirique et l’écriture touchante, mais un brin humoristique sont clairement les points forts du jeu. Le travail sur la colorimétrie est tout bonnement incroyable. Même dans ses passages en monochrome, il est tout à fait surprenant de voir la quantité de personnalité qui peut ressortir des décors et des personnages. À l’inverse de la plupart de ses contemporains, Death’s Door ne participe pas à la surenchère technique ou à la débauche d’effets visuels en tout genre, mais se contente d’une mise en scène fauchée (sans mauvais jeux de mots), mais diablement efficace. Graphiquement ou scénaristiquement, le jeu fait ressentir beaucoup d’émotions avec peu de moyens. Les dialogues, parfois loufoques, ne tombent jamais dans l’excès, et les jeux de mots et autres pitreries sont suffisamment subtils pour vous faire décocher un sourire au moment où vous vous y attendiez le moins. C’est d’autant plus impressionnant que le jeu aborde des thématiques délicates, comme le deuil, ou la mort plus généralement (comme son nom le suggère finement), mais elles sont abordées bien plus intelligemment que dans la plupart des autres médias. Pour la bande-son, c’est David Fenn qui rempile pour des compositions tout simplement magnifiques. Les musiques collent bien avec l’atmosphère douce et mélancolique. Après Titan Soul, le talent de David Fenn ne s’est pas émoussé. Tout comme le jeu, les musiques retranscrivent beaucoup d’émotions avec peu de moyens. La plupart d’entre elles se contentent d’une mélodie au piano, mais accompagnent parfaitement chacune des situations auxquelles elles correspondent.


 

6
Loin d’être un mauvais jeu, Death’s Door est cependant loin de convaincre avec son gameplay minimaliste et sa répétitivité. On en vient à se demander s'il n'aurait pas été plus judicieux de réduire la durée de vie de moitié afin de ne pas trop lasser le joueur. Néanmoins, la construction des niveaux et l’atmosphère incroyable qui s’en dégagent pourront convaincre les plus frileux d’entre vous.

  • L'atmosphère très travaillée
  • Level-design intéressant
  • La difficulté bien dosée
  • Graphismes magnifiques
  • L'excellente bande-son
  • L'écriture tantôt touchante, tantôt amusante
  • Répétitif
  • L'exploration des niveaux peu récompensée
  • Le système d'amélioration pas vraiment gratifiant