Nintendo Switch

Deadly Premonition 2 A Blessing in Disguise

Test Switch

Deadly Premonition 2 A Blessing in Disguise

Par Guyoon - Le 08/07/2020 à 18:00

Le premier Deadly Premonition était atypique. Soit on le nommait comme le pire jeu de l'histoire, soit on le plaçait comme un titre sous-côté mais pourtant très bon. A Blessing in Disguise profite d'une nouvelle génération, de nouveaux graphismes et d'une exclusivité Nintendo Switch. Est ce que cette suite est donc meilleure ? Menons l'enquête.

Le Carré polygonale

Entrons dans le vif du sujet en expliquant le problème majeur du jeu, sa technique. L' aliasing est omniprésent. Acceptable en intérieur, il devient gênant à l'extérieur. Le jeu rame. Les saccades sont présentes très souvent et les freeze sont aussi de la partie par période. En extérieur, il faut ajouter à ces défauts une distance d'affichage médiocre, des apparitions d'éléments (clipping) et des textures pauvres. Il arrive aussi que la caméra se colle brusquement à un mur ou un pilier. Bref, le monde ouvert est immonde graphiquement. Les quelques défauts d'aliasing et de ralentissements en intérieur sont compensés par une bonne direction artistique.

Dehors, rien de tout ça, c'est fade et peu inspiré. Nous vous conseillons d'ailleurs d'activer au plus vite les ballons pour se téléporter d'un lieu à un autre afin d'éviter au maximum ce monde ouvert hideux. Pour les plus courageux, sachez que ce lieu propose quelques activités et quêtes secondaires, mais nous y reviendrons. Peu de voiture roule dans cette petite ville, vous pouvez donc librement vous déplacer en … skateboard. Une bricoleuse vous permet même de le réparer et d'apprendre des tricks. Des animaux errent le long de la route. Plusieurs quêtes vous demandent de tuer un nombre défini de ces bêtes. Vous ramassez également toutes sortes de choses symbolisées par des points lumineux un peu partout dans la ville. Ces babioles doivent être rendues à une personne spécifique pour fabriquer des objets. Heureusement, toutes ces activités ne sont pas obligatoire pour profiter du jeu. Son cœur réside en les enquêtes.

Appelez-moi York

Vous débutez le jeu en 2019 dans la peau de Aaliyah Davis. Après la découverte d'un corps magnifiquement mise en scène, votre enquête vous emmène dans l'appartement de Francis Zack Morgan, ex-agent du FBI. Pendant l'interrogatoire, cet homme va vous raconter ce qu'il s'est passé en 2005 dans la charmante ville de Le Carré.

Vous vivez ces moments en incarnant Francis York Morgan. Le déroulement de l'enquête se découpe en plusieurs phases. Vous découvrez d'abord le cadavre et inspectez les alentours à la recherche d'indices. Le sheriff de Le Carré vous donne également quelques indications supplémentaires. Puis, une vision d'un homme squelette avec un haut de forme apparaît sur votre route. Une flaque d'eau, un miroir ou une vitre sont les quelques supports permettant sa vision. Ce personnage vous donne un oracle. Ces quelques phrases données sont ensuite décryptées. Il faut choisir le bon endroit à enquêter selon l'énigme de l'oracle. Une fois l'enquête assez avancée et les quelques protagonistes interrogés, l'homme squelette se manifeste à nouveau. Cette fois, son oracle nous aide à entrer dans l'autre monde. Ici, vous tirez sur des monstres dans des phases de tir façon Third Person Shooter.

Vous découvrez ensuite la salle où le meurtre à eu lieu. La prémonition mortelle dans laquelle vous êtes vous permet de voir les protagonistes de l'enquête. La victime, les témoins et surtout l'assassin vous sont dévoilés. On comprend alors, en examinant la scène figée, le mobile du meurtre. Selon les chapitres, il se peut que l'on doit à nouveau parcourir des phases de tir en couloir pour accéder au cœur de la psyché du meurtrier. Une fois ce noyau abattu, l'assassin se dresse devant vous sous sa forme démoniaque. Un combat de boss se lance. La victoire est synonyme d'une arrestation dans le monde réel . Afin de clore le chapitre, vous retournez à votre hôtel pour éclaircir les zones d'ombres de l'enquête. Ce rapport vous demande de l'assiduité dans le déroulement de l'histoire et une certaine logique.

Francis York Morgan nomme ces enquêtes comme un profilage criminel métaphysique. Ces phases permettent de donner une vraie identité et mise en scène au jeu. Le scénario se déroule au fil des indices et on se plait à comprendre, en même temps que notre avatar, le mobile du meurtre. Les différents chapitres s'entremêlent dans un scénario global s'étalant sur tout le jeu. De plus, Deadly Premonition 2 A Blessing in Disguise alterne les moments dans le présent et dans le passé en ajoutant des moments de marche dans l'autre monde. Ces phases peu interactives renforcent la folie que subit le personnage principal. Les enquêtes sont le gros points forts du jeu. Cependant, les phases de tirs dans l'autre monde sont assez répétitives. Le côté métaphysique y est aussi sous exploité. Il aurait été bien plus pertinent d'avoir un chemin et des ennemis différents selon les criminels afin de dévoiler leurs caractères.

Qu'en dis tu Zack ?

En arrivant à Le Carré, vous ferez connaissance d'une poignée de personnage. Avec leurs mimiques et leurs histoires propres, ils deviennent charismatiques sans être systématiquement des clichés. Melvin Woods, le flic afro-américain du jeu, pourrait paraître d'archétype du policier noir mais vous découvrirez que son background est bien plus profond que ça. Sa fille, Patricia, vous rejoins rapidement en tant que coéquipière. Elle se révèle perspicace et même plus normale et adulte que la moyenne des hurluberlus de la ville. Le premier contact avec vous, Francis York Morgan, lui donne un sentiment dubitatif. En effet, votre avatar possède aussi ses tocs avec, par exemple, son geste pour allumer sa cigarette. Il parle aussi avec des personnages invisibles qui sont dans l'autre monde et réfléchit à haute voix avec Zack, l'homme que vous interrogez en 2019. La direction artistique évoquée plus haut fonctionne également très bien sur ces personnages, même les secondaires. Ils sont détourés d'un trait noir qui donne un aspect mi-réaliste, mi-comics à l'ensemble. Les ennemis ne bénéficient pas du même soins. Leur design est peu inspiré. De plus, le nombre d'adversaire différent est peu nombreux et on subit de multiple copié collé. Seuls les boss sont originaux.

Le jeu est sous-titré en français mais parlé en anglais. Le doublage est plutôt convaincant et on sent les changements de voix quand un personnage pète les plombs. La synchronisation labiale n'est pas toujours précise mais fonctionne globalement bien. Les bruitages sont moyens. Certains d'entre eux fonctionnent alors que d'autres sont vite agaçants. On vous conseille de baisser le volume des bruitages de moitié, surtout pour les balades en skateboard. Les musiques sont bonnes. Elle reflètent bien ce qui se passe à l'écran et les différentes phases de l'enquête. En général, la partie sonore est bonne.

Lancé de galets et de boules

Le squelette de Deadly Premonition 2 A Blessing in Disguise est semblable à L.A Noire. Vous évoluez dans une ville peu attrayante et moche graphiquement mais la partie enquête est bien plus intéressante. L'autre point commun est le gameplay basé sur les dialogues et le scénario nous forçant à nous rendre dans divers lieux. Il n'est par contre impossible de conduire une voiture dans le jeu de Toybox, seul le skateboard peut être piloté. Quelques minis-jeux sont disponibles. Leurs gameplay a le mérite d'être simple puisqu'on y joue avec un seul bouton. Le Bowling vous demande d'arrêter plusieurs jauges pour viser le strike. Les ricochets est un jeu semblable à un jeu de rythme. Il faut presser le bouton au moment ou le galet touche l'eau. Le parcours d'hydroglisseur se passe en vue subjectif et est similaire à un rail shooter. La visée du pointeur est beaucoup trop sensible et non paramétrable. A part le bowling, ces mini-jeu se déroulent dans le monde ouvert hideux et il faut accepter de s'y rendre pour y jouer. Battre les records donne des récompenses comme des trousses de soins ou des flacons d'anti-poison.

Le jeu possède une dimension survie assez poussée. Il faut dormir et manger en allant à l’hôtel ou en se restaurant. La jauge d'endurance se modifie si York a faim. Il est possible de voir l'autre-monde furtivement pendant quelques secondes en se concentrant. La concentration peut être restaurée avec un café plus ou moins fort. Une notion de propreté est aussi à prendre en compte. Il faut se raser et se laver pour éviter d'attirer les mouches et modifier la façon dont les personnages parlent à l'agent York. Pour ne pas payer l’hôtel, il est possible de dormir dehors, dans un sac de couchage. Le faire comporte un risque, notre personnage peut tomber malade. Un médicament contre le rhume permet d'y remédier. Lors des phases de combat avec les monstres, notre avatar peut être empoisonné ou paralysé. Il existe des remèdes qu'il faut impérativement avoir dans son sac. Les cigarettes de divers puissances sont aussi un élément important afin de faire passer le temps. Le jeu gère un cycle jour nuit avec des ouvertures de lieux différentes. La nuit, les démons hantent Le Carré tandis qu'à certaines heures d'autres événements se produisent.

Un inventaire bien rempli est donc important pour subvenir à tous ces besoins. Cependant, le sac de l'agent York comporte seulement 30 cases. Il faut alors gérer ce contenant avec votre mallette. Celle-ci est similaire au coffre dans Resident Evil, son contenu se téléporte. Vous en trouvez dans les endroits clés du jeu proche d'un téléphone. Bien que le jeu possède des sauvegardes automatiques, il est possible de sauvegarder manuellement grâce au téléphone. La quête principale vous tiendra en haleine 20 heures. La durée de vie s'allonge si vous accomplissez les multiples quêtes annexes et battez les records des mini-jeux.

5.5
Deadly Premonition 2 A Blessing in Disguise place dans sa mallette les mêmes tares que le premier épisode en les amplifiant. Le jeu est toujours en monde ouvert mais la technique est encore plus défaillante. Par contre, en intérieur et lors des enquêtes, cela devient bien plus supportable, aidé par une bonne direction artistique. Le noyau du jeu est son histoire. De ce côté, les enquêtes s'entremêlent et le final est à la hauteur. Malgré les défauts du jeu, on se trouve happé par son scénario et sa mise en scène. Ainsi, puisque ses qualités pèsent aussi lourd que ses défauts, la note moyenne est de rigueur. Deadly Premonition 2 A Blessing in Disguise est une oeuvre atypique qui ne vous laissera pas indifférent, en bien ou en mal.

  • Enquêtes passionnantes
  • Musiques dans le ton …
  • Direction artistique efficace
  • Personnages charismatiques
  • Nombreux problèmes techniques
  • … mais bruitages parfois pénibles
  • Caméra hésitante
  • Quelques quêtes FEDEX
  • Trop de copié collé dans l'autre-monde