Nintendo Switch

Danganronpa Decadence

Test Switch

Danganronpa Decadence

Par Lotario - Le 20/12/2021 à 13:18

La série Danganronpa a vu le jour sur PSVITA en 2010. Elle se compose de trois opus principaux dont le deuxième est paru en 2012 aussi sur la portable de Sony, et le troisième en 2017 sur PSVITA et PS4. Pour fêter ses dix ans, la série s’est invitée sur Switch le 3 décembre 2021, accompagnée d’un spin-off. Nous traiterons donc ici des trois titres principaux. Le spin-off aura le droit à un test dédié. Doté d’une ambiance très particulière faisant la part belle aux émotions en tout genre, quelle impression nous a laissé cette trilogie ?

Bienvenue à l'académie des ultimes (01)

L’académie Hope’s Peak est un établissement intégrant l’élite des élèves que l’on qualifie d’ultime dans leur discipline. Vous incarnez un certain Makoto Naegi qui, contrairement aux autres élèves, ne s’est pas illustré dans une discipline particulière. Il est plutôt l'ultime chanceux puisqu’il a gagné son entrée au sein de l’académie grâce à une loterie. C’est le jour de la rentrée, c’est avec le pas hésitant et rempli d'appréhension que vous vous apprêtez à pénétrer dans le bâtiment. Une fois entré à l’intérieur, vous faites immédiatement la rencontre des autres élèves et cela ne fait aucun doute que le panel est très varié. Vous prenez ainsi le temps d’échanger avec chacun avant de découvrir toute l’académie. Au nombre de quinze, vous inclus, chaque élève dispose de dispositions très différentes. Mondo est un leader de gang de bikers, Leon est une Star de Baseball, la charmante Aoi est une nageuse professionnelle sans oublier le très criard Kiyotaka qui ne cesse de hurler dès lors qu’il prend la parole. Bref, du beau monde à découvrir en perspective.

Mais les réjouissances seront de courtes durées lorsque l’équipe découvre le directeur de l’établissement : Monokuma. Adoptant l’aspect d’un ourson noir et blanc et au comportement, comment dire, quelque peu trouble, il semble divaguer lorsqu’il énonce les règles pour les élèves. En effet, personne ne veut y croire. Monokuma explique que pour sortir de l’académie, il faudra assassiner un de ses acolytes sans se faire démasquer. Pensant à une blague de mauvais goût, le groupe se joue plutôt de lui et compte bien mener une vie paisible pendant l’année scolaire. C’est alors qu’il leur est remis à chacun un DVD qui les fera peut-être changer d’avis. Notre personnage, Makoto, découvre avec stupeur sur la vidéo lui étant destinée des choses que nous ne préférons pas dévoiler. Pour autant, le groupe pense qu’en étant solidaires, ils peuvent faire face à Monokuma. Malheureusement, les événements vont les amener à se rendre compte de leur erreur quand un corps sans vie sera découvert. Les règles sont claires, un procès doit avoir lieu. Si le coupable n’est pas découvert, tous les autres trépassent et si au contraire le groupe le démasque, il sera châtié par Monokuma. L’heure pour enquêter est venue.

Sortie scolaire sous les tropiques (02)

Dans cette nouvelle histoire, vous incarnez Hajime Hinata. Cette fois, les élèves auront la chance de partir en sortie scolaire sur une île paradisiaque. D’ailleurs, tout se passe bien, très bien même. Le seul aspect qui vous paraît étonnant, c’est de ne pas vous souvenir quel est votre talent ultime. Mais n’allons pas nous en faire pour rien, place au soleil, à la baignade et aux bons moments. Vous rencontrez donc vos nouveaux camarades : Nagito l’étudiant chanceux de cette année, Kazuichi le mécanicien, Akane la gymnaste ou encore Mikan l'infirmière qui aura la fâcheuse tendance à se retrouver dans des postures assez gênantes. Même votre professeur, Usami, une adorable lapine rose et blanche (aussi en peluche) couvre cette sortie scolaire. Enjouée et ravie d’être là, elle aime se prendre pour une Magical Girl et pourrait laisser à penser qu’elle est une sailor ! Quel plaisir donc de voir ses élèves s’amuser avec tant de joie. Sauf que le ciel s'assombrit étrangement et l'ambiance se ternit passablement. Une silhouette apparaît sur l'écran.

Voilà le retour de Monokuma qui décide donc de prendre les rênes de cette excursion scolaire. Il est donc évident que tout va tourner au vinaigre. Dans un premier temps, il impose ses règles. Afin de pouvoir quitter l’île, il faut assassiner un élève sans se faire démasquer. Vous l’aurez compris, il souhaite reprendre ses jeux sadiques. Encore une fois, le groupe souhaite faire esprit de corps et essayer de s’enfuir sans suivre les règles d’assassinat. Or, Monokuma a décidé d’employer les grands moyens. Non seulement, il a mis en place un compte à rebours ne laissant que quelques jours à nos protagonistes, mais il a aussi déployé des machines ayant les traits d’animaux pour assurer une certaine pression. Il va falloir réfléchir à comment se sortir de cette situation. Mais avant cela, le groupe est convié à un dîner très copieux. Lors de ce dîner, un événement tragique se déroule. Il faut désormais mener l’enquête pour ne pas subir le courroux de Monokuma.

Retour à l’académie (03)

Dernier épisode principal, nous nous retrouvons de nouveau dans une académie. Mais ce n’est plus celle que nous avions découvert dans le premier opus. En effet, cette trame est différente des opus précédents. Nous incarnons Kaede Akamatsu, une jeune fille qui semble posséder des talents de pianiste. Toutefois, fait étonnant, elle ne semble pas avoir intégré l’académie de son plein gré. En effet, elle se réveille dans un casier d’école et, sortant de celui-ci, elle découvre qu’elle est en fait dans une salle de classe. Juste après être revenue à elle, un jeune garçon tombe à son tour du casier, il s’agit de Shuichi.  Après discussion, elle semble se souvenir qu'elle a été enlevée par des personnes et emmenée de force mais rien de plus. Ils décident ensemble d’aller explorer les lieux. L’endroit est tout de même très étrange. Bien que vous reconnaissez sans mal l’intérieur d’une école, les lieux sont envahis de plantes comme si tout avait été laissé à l’abandon depuis des lustres.

Une fois dehors, vous tombez nez à nez avec des machines, des espèces de méchas qui essaient de s’en prendre à vous. Vous fuyez mais serez rattrapés. Vous ferez donc la rencontre de cinq sinistres (et / ou ridicules) personnages que nous préférons vous laisser découvrir. Peu après, vous ferez aussi la rencontre d’autres élèves comme vous, quinze au total, disposant une nouvelle fois de capacités uniques. Il y aura Tsumugi la cosplayeuse, Kenko la maîtresse d’Aikido ou encore Himiko la sorcière. Vous l’aurez compris, le gentil Monokuma est encore derrière tout ça et il viendra une nouvelle fois imposer au groupe ce jeu complètement dingue de tueries. Encore une fois, il vous incombe de résoudre les meurtres afin de ne pas perdre la vie ainsi que celle de vos camarades. Les procès qui vous attendent seront des défis encore plus intenses.

Novel X Phoenix Wright

Maintenant que le contexte est posé, il est important de comprendre comment se joue le titre. Ce qui frappera dès le départ, c’est le style adopté sur le plan technique, à savoir la 2.5D. En effet, bien que les environnements soient en 3D, les personnages sont représentés comme des feuilles de papier (mais avec des illustrations du plus bel effet). Ainsi, le jeu se constitue de plusieurs phases. Dans un premier temps, vous pourrez vous déplacer dans des lieux en 3D avec une vue à la première personne pour aller d’un lieu à l’autre, ces phases se déroulent souvent dans des couloirs ou dans les extérieurs. Vous choisirez donc de vous rendre dans différentes pièces comme une salle de classe, le réfectoire, une bibliothèque ou la chambre d’un autre élève. Dans ces lieux, vous ne pourrez pas vous déplacer à proprement parler, mais inspecter chaque recoin à l’aide d’un curseur. De plus, ce sera aussi l’occasion de parler aux autres personnages afin d’en savoir plus sur eux et échanger sur les découvertes que chacun a fait tant sur la situation que les différents meurtres.

Au-delà des relations que vous pourrez développer, il faudra surtout récolter des indices qui serviront au procès le moment venu. Ces indices sont appelés “Truth Bullet”. Ces éléments seront capitaux pour découvrir la vérité. Disons que l’on pourrait qualifier cette période de phase d’enquête. Toutefois, il n’y pas que ces moments tortueux à vivre. Bien que les règles soient très strictes, vous aurez aussi ce que l’on appelle du “free time” afin de passer du temps avec l’élève de votre choix. L’aspect social peut donc être important et il vous sera même possible d’offrir un cadeau à la personne avec qui vous avez choisi de passer ce temps libre. Vous trouverez essentiellement ces cadeaux en dépensant des médailles dans un distributeur de type gatcha, médailles que vous gagnerez en récompense d’enquête ou en fouillant un peu partout dans les environnements. Globalement, cette mécanique est commune aux trop opus sachant que l’interface évolue et se modernise quelque peu au fil des épisodes. Nous allons donc développer les procès dans la section suivante.

Tous à la barre

Une fois que vous pensez avoir réuni assez d’indices, il sera possible de se rendre au procès. Comme tout un chacun peut être coupable, toutes les barres sont disposées en cercle afin que chaque individu soit en face des autres (sauf Monokuma bien sûr qui préside la séance). Globalement, des échanges ont lieu afin de mettre sur la table des faits et des accusations. Des textes apparaîtront de manière distinctive à l’écran et vous aurez la possibilité de tirer dessus. Si vous faites le choix de tirer sur la parole d’un autre élève, c’est que vous pensez la contredire. Si cette phrase est en effet fausse, vous pourrez choisir une des Truth Bullet pour le prouver. Attention tout de même, il n’y a pas de place pour le hasard. En effet, si vous vous trompez, vous perdez de l’énergie et si vous en tombez à court, vous perdez. Il faut donc bien tout analyser avant de se jeter sur les affirmations d’autrui. De plus, le temps est limité, alors il vaut mieux être précautionneux que de tenter à tort et à travers de contredire tout le monde.

Lorsque vous aurez réussi à découvrir le meurtrier, le travail ne sera pas fini pour autant. Il faudra le faire avouer et surtout réellement prouver sa culpabilité. Suivant l’épisode, il se pourrait que des mini-jeux se déclenchent comme par exemple avec un jeu de rythme pour faire fléchir l’accusé en appuyant bien évidemment sur le bouton au bon moment. Il faut aussi noter que le personnage a aussi des capacités dont celle de ralentir le temps pour mieux réagir à certaines situations. Une fois que tout est prêt, vous devez reconstituer la scène de crime via des planches type manga en plaçant des vignettes dans les cases manquantes. Il faut donc les disposer dans le bon ordre. Il faut avouer que cet aspect est bigrement bien fait et renforce l’impression d’avoir résolu une enquête. Il convient aussi de distinguer l’évolution d’opus en opus de quelques mécaniques lors des procès. En effet, les joutes verbales sont plus intenses dans le deuxième par exemple. Enfin, dans le troisième, il se peut aussi que tout le monde s’exprime en même temps et il faudra réagir au milieu de nuages de mots. Ce dernier aspect n’est pas des plus clairs, surtout que le titre est en anglais, mais ne nuit pas non plus à l'expérience du soft.

Une tension palpable

Le point le plus important du titre reste incontestablement son écriture. Et bien que par moments, il y ait un sentiment de légèreté, on ne peut nier que l’attitude de Monokuma, un brin psychotique, attise régulièrement une tension très forte. On retient d’ailleurs un sadisme sans nom chez cette peluche détestable. Mais c’est aussi ce qui fait le sel de la série, le voir et le revoir au fil de votre avancée. De plus, les softs arrivent souvent à vous surprendre en vous faisant perdre parfois des personnages que vous ne vous attendiez pas à voir disparaître (ou même que vous n’auriez pas voulu voir disparaître). L'écriture des personnages est très forte et ne pourra que féliciter le travail qui a été apporté à chacun. Sans toucher le réalisme d’un Thriller, on ne peut que constater que tous ne sont pas égaux quant à la gestion de leurs émotions. Parfois certains vous apparaîtront comme agaçants, d’autres détestables alors que ces derniers seront très attachants.

Il a fallu pour cela créer des personnages radicalement différents et surtout très clichés. Sauf qu’ici les clichés sont très bien orchestrés compte tenu de l’ambiance qui règne dans les différents lieux. D’ailleurs, dans le troisième opus, les auteurs semblent s’être lâchés sur les types d’élèves, c’est presque improbable mais pour autant très drôle. Sachez aussi que lorsque vous aurez trouvé un coupable, le châtiment qui lui est infligé est réellement terrible. Nous avons l’occasion d’y assister avec horreur et ce n’est pas sans empathie que nous assistons à la fin de vie de l’un de nos camarades (sauf ceux que nous apprécions guère, il faut l’avouer).

Un contenu gargantuesque et une direction artistique soignée

Si vous décidez de céder pour la trilogie, sachez que ce sont de très nombreuses heures de jeux qui vous attendent. Il faut aussi comprendre que vous aurez beaucoup, mais alors beaucoup de lignes de dialogues. Le titre se rapproche sur ce point d’un visual novel. Ceci dit, compte tenu de la qualité de l’écriture, c’est pour notre grand plaisir que nous dévorons ces lignes. La qualité est telle que l’on en vient à s'attacher sans mal à certains personnages. Un bémol toutefois nous vient et concerne particulièrement le troisième épisode qui prend peut-être un peu trop de temps à se mettre en place. Sachez qu’il faut compter allègrement plus de quinze heures de jeu pour finir chaque histoire principale (pas loin de vingt d’ailleurs). Mais chaque titre a plus à offrir, en effet vous aurez accès à des modes bonus comme trouver l’âme sœur dans le premier opus, ou s’occuper de trouver de quoi quitter l’île dans le second (à savoir que ces modes font la part belle sur les liens entre les personnages et qu’il n’y aura plus de meurtre à résoudre et donc plus de mort).

Enfin sur le plan technique, il ne faut pas oublier les supports sur lesquels ils ont été développés. Alors certes les environnements 3D ne sont pas folichons et quelques modèles font peine à voir. Toutefois, cela reste correct et colle parfaitement bien avec la direction artistique puisque les modèles semblent avoir été crayonnés. En revanche, les planches 2D des personnages sont très belles et on sent que le coup de crayon s’affine au fil des épisodes. Par ailleurs, que ce soit en portable ou en dock, le titre ne sourcille pas mais il n’a aucune raison valable d’être en difficulté compte tenu de sa structure. Il reste à évoquer l’aspect sonore du titre. Les doublages sont uniquement en japonais ou en anglais et dans les deux cas, c’est de très bonne qualité. Gros point noir en revanche, la traduction française proposée dans le 3ème opus est tout simplement absente sur cette version Nintendo Switch. Les musiques quant à elles sont parfaitement intégrées à l’ambiance et ne vous laisseront pas de marbre. Même les petits sons venant ponctuer certains moments ne disparaîtront pas de votre esprit aisément (surtout certains sons stridents ! Effet garanti !).

8
La série Danganronpa est assez méconnue du grand public et c'est fort dommage. Riche d'une écriture d'excellente facture et d'une ambiance inoubliable, elle reste néanmoins la cible d'un public averti. En effet, il faut un minimum de connaissance en anglais pour bien ressentir les effets attendus par les auteurs. L'attachement aux personnages est relativement fort et les phases d'enquêtes sont réellement intéressantes. De plus, les procès offrent des moments qui mettront en exergue votre mémoire et votre sens de l'observation. La durée de vie qui est proposée par cette "trilogie" est aussi un gage de bon investissement sachant que chaque opus peut s'acquérir indépendamment les uns des autres. Vous pourrez donc vous lancer dans le premier opus avant de goûter à la suite afin d'être certain de votre choix. Nous sommes ainsi en présence d'un titre de grande qualité pour son (ses) genre(s) mêlant habilement visual-novel, enquête et procès. Un mélange de genres détonnant.

  • Une ambiance hors du commun
  • Des procès intenses et palpitants...
  • Des personnages hauts en couleurs quel que soit l'opus
  • Une écriture extrêmement soignée
  • Une tension psychologique souvent présente
  • Les phases d'enquêtes
  • Où est le français dans le troisième opus
  • ... Mais parfois un peu fouillis au fil des épisodes
  • Techniquement un peu daté
  • L'anglais qui peut par moment être un peu exigeant
  • Où est passée la traduction du 3ème opus ?