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CRISIS CORE –FINAL FANTASY VII– REUNION

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CRISIS CORE –FINAL FANTASY VII– REUNION

Par Thatgunman - Le 12/12/2022 à 12:00

Final Fantasy VII fête ses vingt-cinq ans en 2022. vingt-cinq ans à entretenir un statut de jeu culte, l’occasion pour Square Enix de dépoussiérer Crisis Core, un spin-off sorti sur PlayStation Portable il y a quinze ans. À mi-chemin entre le remaster et le remake, Crisis Core Reunion permet aux joueurs de découvrir cet épisode, dans le cadre de la mise en chantier du remake de Final Fantasy VII. 

Un scénario passionnant

Crisis Core est un préquel aux événements de Final Fantasy VII, prenant place à la fin de la guerre du Wutai. Le Wutai ne souhaite pas vendre toute l’énergie Mako présente sur son sol, contrevenant donc aux plans de la ShinRa, la puissante entreprise spécialisée dans le développement et l’exploitation des énergies. C’est donc tout logiquement que la ShinRa envoie son organisation militaire, le SOLDAT, régler le problème. Parmi ses membres, Zack Fair, dont c’est la première véritable mission. Accompagné par son mentor Angeal, il se rend sur terrain ennemi pour mettre fin au conflit, mais aussi lever le voile sur la disparition de Génésis, un autre membre du SOLDAT. Une bonne partie de l’intérêt de Crisis Core réside dans son scénario, et de son fan-service bien dosé. On rencontre bien sûr une bonne partie du casting de Final Fantasy VII, mais ces apparitions sont bien amenées. Qu’ils soient partie prenante de l’intrigue (Cloud, Aerith, Tifa), ou juste des éléments de quêtes secondaires (Yuffie, Cait Sith), on n’a pas l’impression que les développeurs se sont forcés à caser un maximum de personnages pour brosser le fan dans le sens du poil.

Pour les nouveaux personnages, ils dégagent suffisamment de charisme pour qu’on se laisse porter par les nombreux dialogues qui ponctuent le jeu. Zack est particulièrement attachant, avec son caractère enjoué, qui contraste avec la noirceur de l’univers et du scénario. Un scénario bien amené, et plutôt cohérent avec les événements de Final Fantasy VII. Réaliser le préquel d’un jeu n’est pas chose aisée, compte tenu de la multitude de pièges à éviter, notamment les incohérences qui peuvent se glisser. Pourtant, les développeurs ont réussi haut la main à proposer une intrigue sans redite de Final Fantasy VII, tout en ayant conservé une complexité scénaristique à laquelle la série nous a habitués. Attention tout de même aux nouveaux arrivants, Crisis Core considère que vous avez toutes les bases pour appréhender les enjeux du scénario, vous épargnant certes, les redites, mais faisant aussi l’impasse sur une éventuelle remise à niveau pour les joueurs qui auraient oublié des éléments déjà expliqués dans Final Fantasy VII.

Activating Combat Zone

Dans le fond, assez peu de choses ont changé pour Crisis Core, en particulier en termes de structure. Il s’agit toujours d’un action RPG découpé en courtes missions dans des environnements clos. Les combats ont lieu dans de petites arènes, avec un gameplay largement modernisé. Un bouton est réservé à l’attaque, un autre à la parade, et un dernier pour l’esquive. On peut bien évidemment enchaîner plusieurs coups, mais aussi utiliser des matérias équipées préalablement, grâce à une combinaison de boutons (et non à l’aide d’une sélection dans un menu, façon Kingdom Hearts, comme c’était le cas sur PSP). L’énorme gain en dynamisme dont a bénéficié ce remake est probablement l’élément qui le différencie le plus de la mouture PSP. Les coups s’enchaînent bien plus rapidement, à la manière du remake de Final Fantasy VII, et les temps morts pour sélectionner les magies ont été réduits à leur strict minimum.

Autre grande nouveauté participant au dynamisme du jeu, la gestion de l’OCN: il s’agit d’une roulette similaire à celles des machines à sous, dont les illustrations correspondent à des personnages du jeu. Si trois mêmes illustrations s’alignent, il est possible de déclencher un événement qui boostera les statistiques, ou infligera des dégâts dans les rangs ennemis. Contrairement à la version originale, arrêter la roue ne provoquera pas de pause, et l’intégralité des animations pourra être passée. Tout ce que l’on pouvait reprocher au système de combat de Crisis Core a donc été balayé grâce à ce remake. Même les parades de certaines attaques ennemies, qui demandaient d’appuyer sur la touche Carré au bon moment, ont été remplacées par une jauge à vider en infligeant un maximum de dégâts à l’ennemi pour diminuer l’impact de son attaque.

Mais le système de combat est bien la seule chose à avoir été modernisée, la structure étant restée coincée 15 ans en arrière. Les cartes que l’on explore sont de simples couloirs et les décors sont répétitifs, vides d’interactions. Si sur PSP, cette façon de structurer le jeu n’était pas spécialement dérangeante, voire la norme, au vu des limitations techniques de la machine, elle paraît datée sur nos supports modernes. Même le secteur 8 de Midgar, qui fait office de hub central, reste subdivisé en zones qui n’ont plus lieu d’être. Les temps de chargement sont quasiment instantanés, mais cette conception a tendance à casser le rythme, et à devenir laborieuse à la longue. Heureusement, Crisis Core est un jeu très court : une vingtaine d’heures en ligne droite. En revanche, si vous souhaitez vous attaquer au contenu annexe, vous pouvez compter une cinquantaine d’heures supplémentaires. Les missions proposées ne sont malheureusement que des reprises des environnements visités dans la trame principale, avec de nouveaux ennemis. Pour quelques missions, ça se tente, mais pour les 300 proposées, ça semble un peu abusé. Surtout qu’on roule rapidement sur tout ce qui se trouve en face de nous, y compris les boss les plus importants de l'intrigue centrale. En clair, il faudra penser à ajuster le niveau de difficulté en cours de partie pour rencontrer, ne serait-ce qu’une once de résistance.

Une réalisation admirable

Graphiquement, Crisis Core Reunion tient toutes ses promesses, avec une réalisation de haute volée, chose rare sur la portable de Nintendo. En plus d’afficher de magnifiques effets de particules, des reflets et des effets de lumières saisissant ainsi que des textures détaillées, on ne compte pratiquement aucune chute du taux de rafraîchissement de l’image. Certes, on doit ici se contenter de trente images par seconde dans ce portage, mais d’un taux de rafraîchissement constant. Redécouvrir les environnements de Final Fantasy VII sur PSP était déjà une superbe expérience, mais revivre ces moments en 2022, avec ce niveau de détail, qui plus est sur une console portable, c’est tout simplement jouissif.

Les modèles 3D des personnages ont été retravaillés pour coller au style du remake de Final Fantasy VII, et les animations faciales, autrefois figées, sont devenues suffisamment expressives pour coller aux standards d’aujourd’hui. Les cinématiques précalculées ont quant à elles été conservées, et autant le changement de style graphique opéré ne saute pas aux yeux d’une séquence à l’autre, autant, on remarque de nombreuses saccades. C’est hallucinant de voir que le framerate n’oscille jamais dans des phases techniquement impressionnantes, mais qu'il soit largué pour du simple décodage vidéo.

Côté son, on retrouve l’habitué des spin-offs de la série Final Fantasy, Takeharu Ishimoto, avec la surprenante aide de Kazuhiko Toyama, un compositeur plutôt habitué au monde de l’animation. Toujours est-il que la bande son reprend les grands thèmes de Final Fantasy VII à merveille, avec une série de nouvelles pistes qui collent très bien à l’univers de la série. L’intégralité de la bande-son a été réarrangée, pour un résultat très satisfaisant. Les dialogues du jeu a aussi été redoublée, avec cette fois-ci le casting de Final Fantasy VII Remake et des voix qui couvrent désormais l'écrasante majorité des dialogues. C’est un effort considérable, mais qui participe à renforcer la narration. On regrette juste que les voix soient uniquement en japonais ou en anglais. Le doublage français de Final Fantasy VII Remake était une réussite, et c'est une déception de ne pas le retrouver pour un spin-off aussi important.

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7
Avec Crisis Core Reunion, on est loin du simple ravalement de façade, mais le jeu conserve une structure archaïque. C’est dommage, car le travail entrepris sur le système de combat apporte énormément en dynamisme et la partie graphique est désormais irréprochable. Square Enix n’a pas souhaité mener la lourde tâche de développer un remake jusqu’au bout, et c'est un choix regrettable. Cela dit, si vous souhaitez approfondir vos connaissances de l’univers de Final Fantasy VII avant la sortie du deuxième épisode du remake, sans devoir vous replonger dans un gameplay complètement daté, Crisis Core Reunion comblera très certainement vos attentes.

  • Une intrigue et des personnages intéressants
  • Un gameplay conforme au standards actuels et bien plus dynamique que l'original
  • Des graphismes somptueux, qui ne font pas trembler le framerate
  • Des musiques magnifiques et un doublage intégral
  • Le contenu annexe trop rébarbatif
  • La structure du jeu, inchangée par rapport à la version PlayStation Portable
  • Un peu trop facile