Chicory : A Colorful Tale est la surprise indépendante de cette fin d'année sur Nintendo Switch. Après une sortie très remarquée sur PC en juin dernier, le dernier jeu de Greg Lobanov (le créateur de Wandersong) débarque enfin sur Nintendo Switch pour nous en mettre plein les yeux ? C'est ce que nous allons voir dans ce test.
Des influences très marquées
Chicory : A Colorful Tale ou Chicorée : une aventure haute en couleur pour les intimes (et surtout pour les Français) est une bombe de couleur et de bienveillance qui ne cache pas ses intentions mais va jusqu'à les sublimer. Mélange (de peinture) entre un Zelda Link's Awakening au top de sa forme, un Splatoon toujours aussi haut en couleur, un livre de coloriage aux possibilités infinies et un véritable conte philosophique sur la thématique aussi difficile à traiter qu'est la dépression, Chicory a tout pour plaire et pour vous offrir une expérience assez inoubliable. En effet, sous ses airs d'aventure mignonne a souhait, Chicory cache une fable sur la déprime, l'abattement et le syndrome de l'imposteur qui tiraille les possesseurs du pinceau magique qui permet à son porteur de donner des couleurs à tout ce qui l'entoure tout en accédant au rang de peintre ce qui lui donne à la fois reconnaissance de la part des habitants du royaume de Piquenique et la lourde responsabilité de veiller sur les couleurs. Malheureusement celles-ci viennent à disparaître dès le début de l'aventure et on vous demandera de résoudre ce mal à la racine en découvrant le fin mot de l'histoire. Vous devrez ainsi explorer un monde à colorier vu du ciel à la manière d'un Zelda en 2 dimensions et vous frayer un chemin au traver d'énigmes, de phases de plateformes et de quelques combats de boss afin d'accéder à toutes les contrées du royaume pour les purger du mal qui les ronge. Le jeu embrasse tellement bien son inspiration issue de la légendaire saga que les clins d’œil à l'aventure la plus onirique de Link sont légion. Ainsi, si par malheur vous vous retrouvez bloqués dans votre progression, des cabines téléphoniques seront facilement accessible afin de vous permettre de joindre directement vos parents au téléphone qui, au détour de quelques savoureux dialogues, vous indiqueront la solution à suivre afin de débloquer votre périlleuse situation, à la manière de Pépé le Ramollo. Le jeu transpire de bienveillance du lancement de son aventure jusqu'à sa conclusion à la manière d'une véritable thérapie relaxante, il ne veut que votre bien et que vous passiez un bon moment, loin de tout tracas et au plus près des couleurs et de l'art pictural lui-même.
En effet, Chicory est un voyage au travers d'une peinture, une toile complexe, de taille très raisonnable qui fourmille de détails, de personnages haut en couleurs, de dialogues qui vous donneront le sourire et d'un sentiment d'aventure permanent. Graphiquement le jeu est au top de sa forme et embrasse son style "livre pour enfant" avec brio. Original et bien réalisé, Chicory est un bonbon pour les yeux. Si l'aventure manque d'un bon sentiment d'exploration, la faute à des décors nécessairement vides de toutes couleurs et qui donc ne se démarquent pas ou trop peu, celle-ci démarre avec un très bon rythme qui s'essouffle malheureusement dans sa seconde moitié mais saura malgré tout vous tenir en haleine. Pour résumer l'histoire du jeu vous êtes -insérez nom de votre aliment préféré- la concierge de la tour des peintres qui un beau jour se rend compte en faisant le ménage que toutes les couleurs du monde ont disparu. Pour rendre au monde ses nuances et sa joie de vivre vous trouverez dès le début de l'aventure LE Pinceau, l'instrument des Peintres, les personnes chargées des couleurs de la contrée tout entière, l'objet appartenant à la Peintre officiellement en fonction Chicorée qui semble atteinte d'une tristesse infinie et d'une envie...de ne plus rien faire ! Elle vous confie la tâche que représente le pinceau et vous voilà partis afin de dénouer le nœud de l'intrigue du jeu vers les racines du mal. L'histoire du jeu se dessine délicatement, sans jamais s'envoler, c'est le monde qui vous entoure qui vous donnera envie de poursuivre votre balade dans le délicieux royaume de Piquenique. Durant votre périple culinaro-pictural vous voyagerez des collines d'Apéro jusqu'à la ville de Buffet à la recherche non pas de dépaysement mais du contact avec les différents habitants qui vous donneront quêtes, indices sur où vous rendre et surtout quelques instants de rires ou d'émotions (au choix ou les deux). Chicory est une aventure vivante à souhait et terriblement humaine mais qui surtout vous fera passer un excellent moment. Chanter les louanges du jeu ne lui rendra qu'hommage temporairement, Chicory est une expérience à vivre mais pas une expérience exempte de défauts.
Spla-Toutou-ne
Le gameplay de Chicory est aussi simple que malheureusement peu ergonomique. Vous aurez en effet à gérer vos déplacements dans les environnements dans le monde via le stick de gauche et à contrôler le curseur qui vous servira à peindre, oui Chicory est un jeu fait avant tout pour y jouer avec un clavier et une souris. Ce n'est malheureusement pas possible et nous ne pouvons que vous conseiller de faire le jeu uniquement en mode portable, le jeu a en effet le bon goût d'autoriser les contrôles de la peinture via l'écran tactile et ainsi de faciliter l'expérience, cela reste pénible par moments et certainement pas parfait mais cela a le mérite de fonctionner convenablement. Qu'on se le dise directement, non vous n'allez pas mourir en boucle dans le jeu, et ce même durant les phases de combat de boss, le jeu est là pour vous détendre et vous ne pourrez que vous retrouver bloqués devant une énigme ou sur la carte du jeu en ne sachant pas où vous rendre. Les énigmes du jeu sont très bien pensées et s'adaptent très bien à la fois au gameplay du pinceau mais aussi à la thématique picturale de celui-ci. Vous devrez souvent reproduire des schémas basiques via votre pinceau en cochant des points sur un tableau, ici c'est votre mémoire qui sera mise à l'épreuve et non vos capacités à peindre. D'ailleurs le jeu vous proposera régulièrement de peindre des tableaux afin de varier les plaisirs, l'exercice est plaisant en partie grâce au fait que vos voisins trouveront toujours vos peintures et reproduction splendides. Ces petites pauses, entre autres quêtes secondaires qui vous demanderont par exemple de ramasser des ordures sur la carte ou de retrouver des chatons dans les arbres à outrance, offriront des respirations bienvenues dans votre périple.
Le schéma typique du jeu sera le suivant, on vous enverra découvrir un nouveau lieu sur la carte, vous y accéderez en utilisant une de vos nouvelles capacités, là-bas on vous demandera de visiter un ersatz de donjon, d'y résoudre des énigmes, de vaincre le boss dans une séquence de psychédélique de Manic shooter à la bande-son incroyable, ce faisant vous débloquez une nouvelle capacité, enfin les habitants vous enverront vers un nouveau lieu à découvrir grâce à cette nouvelle capacité... Etc... le tout sur une petite dizaine d'heures. Les séquences de boss sont clairement mémorables et sont clairement la surprise du jeu. La bande-son est aussi pour beaucoup dans l'appréciation à la fois des combats de boss mais aussi du jeu dans son intégralité. Celle-ci est composée par Lena Raine la compositrice derrière les musiques de Celeste ou encore certaines de Minecraft. Autre grande qualité du jeu, la variété de ses gameplay au pinceau, ou si vous préférez les capacités que vous débloquerez au fil de votre aventure. Ces capacités iront de la simple peinture illuminant les endroits les plus sombres à nager dans votre peinture (qui a dit Splatoon 3 ?) en passant par la capacité de vous frayer un passage dans des lianes entre des îlots ou encore de passer dans de fines crevasses afin d'étendre encore plus votre rayon d'action. Si le jeu finit par être répétitif, il a cependant le mérite de tout tenter autour de sa thématique de la peinture et du pinceau magique.
