Aperçu lors du dernier Indie World, Card Shark a su attirer l'attention des joueurs de par sa patte artistique. Développé par Nerial et édité par Devolver Digital, le soft vous fera prendre part à des parties de cartes dans un contexte, disons, plutôt particulier. Cette découverte nous a-t-elle laissé un bon sentiment ?
Savoir changer de vie
Notre histoire débute dans une taverne, située dans le Sud-Ouest de la France du XVIIIe siècle, nous retrouvons notre protagoniste qui semble être dépeint d’une naïveté sans pareille. Celui-ci travaille donc dans la taverne comme garçon. Flânant quelque peu en caressant le chien ici présent, la patronne surgit pour vous rappeler à vos obligations. Un client vous interpelle et se présente à vous : le comte de Saint-Germain. Semblant sympathique, il vous invite à le rejoindre dans une partie de cartes. Toutefois, la proposition ne sera pas tout à fait classique. Le Comte désire vous employer plutôt comme la carte dans sa manche, à savoir son assistant de triche. Il vous explique alors son stratagème et vous enseigne par la même occasion un tour appelé La bouteille de Cahors. C’est aussi à ce moment que l’on se rend compte que notre personnage est muet. Une fois le tour saisi, il vous donne rendez-vous le soir pour mettre son plan en œuvre.
Le soir arrivé, la partie de cartes débute et vous vous exécutez pour favoriser honteusement le Comte de Saint-Germain. Malheureusement, l’homme floué se rend compte de la supercherie et la situation tourne au vinaigre. Le Comte craignant que les circonstances se retournent contre vous, il vous propose de l’accompagner. Vous le suivez et allez changer de vie inévitablement. Vous retrouvez ainsi dans un camp de Bohémiens à priori. En ce lieu, on vous enseigne alors un nouveau tour de triche. Décidément, il semble que pour certains ce soit un art de vivre. Le Comte vous invite alors à le suivre sur les routes de France afin de poursuivre sa quête et vous faire rencontrer du beau monde. Car oui, vous allez rencontrer des personnalités ô combien connues de notre histoire du XVIIIème siècle. Afin de préserver le scénario, disons que vous serez amené à vous retrouver au sein d’une intrigue insoupçonnée se voulant même dangereuse pour votre vie.
Tu me fends le cœur
Vous l'aurez compris, Card Shark articule tout son gameplay autour de parties de cartes. Or, votre rôle ne sera pas réellement de jouer la partie mais plutôt de faire tourner la chance en faveur du Comte. Bien que le premier tour ne vous invite qu’à espionner le jeu de son adversaire tout en lui servant du vin, les tours que vous apprendrez par la suite demanderont plus de dextérité et parfois une bonne mémoire. Pour expliquer par exemple la bouteille de Cahors, c’est simple. Vous devez servir du vin tout en repérant les cartes les plus fortes de son jeu. Mais attention, il ne faudra pas renverser de vin. C’est pour cela qu’il est nécessaire de regarder la coupe se remplir tout en observant le jeu de la victime. Le timing est trop primordial. Une fois le type de carte repéré, il faudra faire signe au Compte en nettoyant la table avec votre chiffon. Et suivant le geste effectué, vous indiquerez que sa main forte est le cœur, le trèfle, le carreau ou le pique. Et sous cet aspect peut-être simpliste (alors qu’il n’en est rien), le soft réussit le tour de force de nous immerger immédiatement dans la combine ou point de nous y impliquer avec un certain plaisir.
Mais attention. Tout ne sera pas aussi simple. Certains tours vous demanderont par exemple de tronquer le jeu en coupant et en pliant une carte afin de marquer l'emplacement des cartes à donner au Comte. Les manipulations se font au joystick et sont très intuitives. D’ailleurs, il conviendra d’être vigilant quant aux personnes contre lesquelles vous jouerez. Elles ne sont pas si naïves ou impassibles. Une jauge représente leur méfiance. Si celle-ci atteint son maximum, la situation risque fort de dégénérer. La jauge se remplit déjà avec le temps que vous passez à exécuter le tour mais se remplira davantage en cas de manipulation erronée. Il est aussi capital de ne pas donner de mauvaises indications au Comte sous peine de le faire perdre. Et si vous perdez dans un des lieux visité, vous perdez aussi de l'argent, ce qui peut vous empêcher de participer aux parties des lieux suivants puisqu'une mise minimale est souvent nécessaire. Malgré tout, avant d’aller tenter votre chance, sachez que le Compte vous invitera à vous exercer en amont afin de parfaire votre technique et ce autant de fois que vous le désirez.
Une belle toile
Côté technique, le titre brille par une patte artistique collant parfaitement à cette période de l’Histoire de France. C’est coloré et l’aspect dessiné à la main renforce l’appréciation visuelle. Les animations sont réussies et plaisantes à regarder. De même, quelques effets de lumières viennent agrémenter cette toile parfaitement exécutée. Mais là où le titre arrive à trancher, c’est le contraste utilisé durant nos triches affichant ainsi un côté plus sombre pour accentuer le fait que nous tentons de dissimuler nos actes. L’immersion se veut plus grande. N’oublions pas non plus la qualité de l’écriture dans les dialogues faisant du Comté Saint-Germain un personnage atypique et diantrement culotté. Vous l’aurez compris, la technique est maîtrisée, le titre tourne parfaitement bien quel que soit le mode utilisé (salon / portable).
Sur le plan sonore, le travail effectué est excellent. On reconnaît sans mal les instruments utilisés et les mélodies sont en adéquation parfaite avec le contexte du titre. On ne s'en lasse pas. De son côté, le gameplay aurait pu faire apparaître une certaine répétitivité mais il n’en est rien. En effet, le titre nous réserve pas loin d’une trentaine de tours offrant ainsi une grande variété dans les parties (on en vient même à sourire à chaque tour en se disant : Mais tout de même, il y a un nombre impressionnant de possibilités de tricher ! On aurait presque envie d’essayer chez ses amis !). On peut en revanche parfois noter qu’en cas d’échec, il faudra défier de nouveaux des personnages précédemment affrontés pour se refaire et donc, en quelque sorte, farmer de l'argent par nécessité (mais dans un sens, c’est relativement logique).
