Les jeux cultes ne le sont pas pour rien, en général. Des grands classiques sur lesquels les titres d'aujourd'hui sont bâtis, ces jeux sont trop souvent coincés sur leur plate-forme d'origine. Qu'à cela ne tienne, Ubisoft a décidé de nous faire profiter une nouvelle fois de Beyond Good and Evil, excellent jeu de l'ère Gamecube et PS2, un jeu tellement culte que sa suite souffre de trac au stade terminal et ne sortira sans doute jamais.
Test réalisé sur une version fournie par l'éditeur.
Retour sur un une expérience unique
La planète Hyllis est prise dans les feux de la guerre. Les habitants de cette petite planète minière sont attaqués par les extra-terrestres DomZ, une race hostile et insectoïde, et seules les sections Alpha, une force militaire spatiale, défendent les civils. Et encore... assez mal. C'est là que nous rencontrons Jade, une jeune femme qui s'occupe d'un orphelinat avec son oncle Pey'j, un homme-cochon avec le caractère qui va avec. Attaqués par les DomZ, et laissés sans défense à cause d'un manque de fonds, ils voient les sections Alpha arriver bien trop tard, alors qu'il ont chèrement défendu leur bacon.
Contactée par le réseau Iris, un groupe de résistants, Jade va alors partir dans une épopée étrange afin d'apprendre la vérité sur les attaques dont est victime sa planète. Classique ? Pas tellement, car Jade n'est pas Link : elle peut se défendre, mais ce n'est pas son point fort. Les sections Alpha sont des militaires entraînés qu'elle ne peut pas, ou presque, battre. Non, Jade est une photographe, une exploratrice, et la violence n'est pas au centre du gameplay, qui se révèle très diverse. Ne vous inquiétez pas, on tape quand même sur des trucs, mais BGE propose un peu plus que cela.
Je n'ai pas mentionné Link par hasard. BGE est un jeu d'aventure dans la veine de Zelda, mêlant exploration de la carte, interactions avec des PNJs, et explorations de « donjons » recelant dangers et trésors. Une structure classique qui a fait ses preuves, et que BGE s'amuse à cacher grâce à des transitions fluides et un gameplay solide et constant, masquant la dichotomie donjon/ville avec talent. En plus, il nous propose régulièrement des phases qui changent notre façon de jouer : courses d'hovercraft, poursuites, exploration libre, mini-jeux... Le tout reste surprenant tout du long, et est organisé avec brio.
Hylliens ! Debouts ! Hyllis est en danger !
Oui, BGE est un jeu bien particulier. Court, mais composé de nombreux moments mémorables, ambitieux, mais retenu par la technologie de son époque, c'est un jeu qui demande à ses joueurs un peu de patience pour les embarquer. Le début est un peu lent, et il faut du temps pour comprendre les enjeux du monde, qui s'illustrent par le scénario, mais aussi par votre exploration et vos interactions avec les PNJs. Mais c'est cela qui rend l'aventure unique et organique, bien plus qu'un Zelda classique. Vous devrez aussi vous intéresser au monde grâce à la photographie, moyen principal de gagner de l'argent, et superbe ressort pour vous immerger dans le monde.
Un monde très bien réalisé pour l'époque, mais qui semble très limité aujourd'hui. Quelques rues, quelques donjons, quelques lieux secondaires et une carte risiblement petite accusent l'âge du jeu, et les donjons un peu similaires et tristounets aussi. La durée de vie limitée du titre pourrait également être un point noir, se cantonnant à une quinzaine d'heures. Pourtant, la direction artistique du jeu rend les lieux et les personnages marquants, et la très bonne VF, ainsi qu'un scénario et une écriture de qualité (si un peu prévisible) finissent de donner au jeu une véritable aura. Cette même aura qui a rendu le titre culte aujourd'hui. Il faut bien dire que la mayonnaise prend, et que le mélange des visuels, superbes musiques, dialogues et différents gameplays rend BGE tout à fait unique et marquant. J'aimerais en dire plus, mais je préfère vous laisser la surprise en vous assurant de la qualité de celle-ci. Mais ce jeu n'est pas culte pour rien.
Passons finalement sur les ajouts de ce remaster. Non seulement le jeu passe en HD, ce qui est chouette même si c'est le minimum syndical. Quelques ajouts de qualité de vie, comme une sauvegarde automatique ou la capacité de passer les scènes cinématiques, viennent égayer notre journée, ainsi que toute une galerie d'artworks et de vidéos sur le making-of du titre. A part ça... rien. Et tant mieux, d'un côté. Laissons ce classique tel qu'il est. Même les dialogues, avec toutes leurs références et accents parodiques que certains quelque part sur internet trouveront forcément offensants aujourd'hui n'ont pas été changés, nous préservant de la censure et de la pseudo bien-pensance qui pèsent de nos jours sur les produits culturels. BGE est sur beaucoup d'aspects un produit de son époque, pour le meilleur et pour le pire, et le mieux est encore d'en tirer les bonnes leçons.