Nintendo Switch

Arzette: The Jewel of Faramore

Test Switch

Arzette: The Jewel of Faramore

Par rifraff - Le 27/02 à 09:40

Lorsqu’on évoque un jeu Zelda, on pense à un titre de Legend, fantastique et merveilleux, forcément au-dessus du lot. Pourtant, il existe des jeux Zelda tout-pourris, moches, et frustrants avec une Zelda agaçante à souhait et un Link, bête à se manger des claques.

Test de Arzette : The Jewel of Faramore sur Nintendo Switch réalisé à partir d'un exemplaire du jeu remis par l'éditeur

Squalala Land

Il s’agit bien évidemment des trois jeux Zelda CD-i développés au début des années 90 par Philips pour sa console et qui sont à des années-lumière du fameux « seal of quality » de Nintendo et encore plus loin de la licence mythique de Shigeru Miyamoto.

Il existe trois jeux CD-i (Link : the Faces of Evil, Zelda : The Wand of Gamelon, et Zelda’Adventure) et ils sont tous les trois ratés, répétitifs, frustrants, incohérents, ridicules, mal fagotés, débiles, insultants, lamentables et j’en passe.

Autant de qualificatifs qui en font, paradoxalement, des œuvres fascinantes. Au fil du temps, les jeux ont d'ailleurs eu droit à une nouvelle vie grâce aux vidéos reprenant leurs « cinématiques » (animées pour les deux premiers et en vidéo pour le dernier) totalement à côté de la plaque (d’égout) et popularisant certaines de leurs répliques "squalalalesques"

Sans pour autant être réhabilités, les jeux sont aujourd'hui considérés comme cultes. Ils ont même des fans fous furieux qui les vénèrent comme des œuvres précieuses et les trois jeux sont désormais autant parodiés que célébrés !

Arzette : The Jewel of Faramore s’inscrit clairement dans cette mouvance et se veut un hommage appuyé à ces jeux si décriés et pourtant adorés, et plus particulièrement à Zelda : The Wand of Gamelon qui permettait de diriger la princesse Zelda.

The Legend of Arzette

Dix ans après avoir vaincu l’infâme roi démon Daimur, la princesse Arzette coule des jours heureux dans le pays enchanté d’Oakurin au royaume de Faramore sans se douter du danger qui rôde.

Du fond de son cachot, le traitre Nodelki a en effet trouvé le moyen de faire revenir des ténèbres, l’infâme Daimur qui, à peine ressuscité, missionne une poignée de serviteurs démoniaques et éparpille les éclats du Joyau de Faramore aux quatre coins du Royaume. La princesse n’a alors pas d'autre choix que de repartir à l’aventure pour sauver le royaume de Faramore des ténèbres qui le submerge désormais et affronter Daimur et ses sbires.

Arzette : The Jewel of Faramore est un titre conçu comme un jeu des années 90 développé pour la console Philips CD-i, comme s’il s’agissait du quatrième jeu perdu de la série Zelda CD-i.Il reprend en effet la forme, le style, le gameplay et la plupart des éléments des sinistres jeux avec une fidélité bluffante.

L'art de la nullité

Autant être prévenu que si vous ne connaissez pas Link : the Faces of Evil et Zelda : The Wand of Gamelon, vous passerez fatalement à côté de nombreuses références et vous ne pourrez sans doute pas apprécier à sa juste valeur, le travail minutieux des développeurs qui ont su reproduire brillamment l’esthétique et restituer l’esprit des jeux CD-i, ses charmes et ses tares.

On ne saurait d’ailleurs trop conseiller aux innocents de faire un petit tour sur YouTube afin de regarder quelques vidéos des jeux originaux afin de s’immerger dans l’ambiance avant de commencer (et de parfaire leur culture vidéoludique).

Quoiqu’il en soit, le résultat est irrésistible, d’autant plus que si le jeu ressemble beaucoup aux étrons de Philips, en réalité, il les améliore sur pratiquement tous les points. C’est d’ailleurs probablement le plus grand tour de force des développeurs d’avoir réussi à être à la fois fidèle à la nullité et à la bêtise des jeux originaux tout en proposant finalement une aventure amusante et agréable. Débarrassé du poids de l'encombrante licence de Nintendo (même si son ombre plane fatalement) l'aventure n'en est que plus décomplexée. Peu importe que l'intrigue soit décousue, que le bestiaire soit constitué de robots, de dinosaures et de bonhommes bizarres  ou encore que les dialogues n'aient pas de sens, l'aventure, c'est l'aventure !

Un gameplay ajusté

Comme les jeux originaux, Arzette : The Jewel of Faramore est un mélange de jeu d’aventure et de jeu de plateforme 2D. Si on retrouve la même esthétique CD-i dans les phases de plateforme avec des fonds fixes et des monstres improbables coincés sur un schéma basique dans tous les coins, le gameplay du jeu a tout de même été ajusté et est donc mieux calibré. Il y a un petit temps d'adaptation tout de même car on est loin des standards actuels mais une fois qu'on a compris comment tout ceci fonctionnait, on prend vraiment plaisir à diriger l'intrépide Arzette, un ersatz de Zelda à la personnalité éminemment sympathique.

Les jeux Zelda CD-i sont réputés difficiles principalement à cause de leur gameplay alambiqué et mal pensé qui transformait une simple phase de plateforme en parcours de la mort subite. Arzette : The Jewel of Faramore pousse le vice jusqu’à garder le même style de problème (avec des projectiles qui vous anéantissent même en tombant à côté) mais les contrebalance grâce à de nombreux points de sauvegarde et à des vies infinies. Ainsi même lorsqu’on perd injustement (la base des jeux CD-i), on peut recommencer aussitôt et ajuster son jeu.

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Une galerie de personnages délirants

A côté de ça, Arzette rencontre bien entendu des tas de personnages délirants tous aussi improbables que les ennemis, qui lui racontent leur vie, lui proposent des quêtes et lui donnent parfois des objets utiles à sa progression. Evidement, chaque rencontre enclenche une petite séquence animée typique des Zelda CD-i. avec des personnages comme dessinés à la palette graphique et doublés de façon plus ou moins outrancière en anglais, Là encore, si on reconnaît immédiatement le style des jeux cultes, les séquences sont en réalité bien mieux réalisées et animées. Elles sont aussi beaucoup plus drôles et surprenantes, ce qui fait que contrairement à beaucoup de jeu dans lesquels on a tendance à éviter les PNJ, dans Arzette, on les recherche, rien que pour le plaisir de découvrir ce qu'ils ont à dire. L'esprit des Zelda CD-i est cependant vraiment préservé avec des situations portnawak et des répliques qui n'ont pas de sens. En fermant les yeux on pourrait presque se croire revenu à l'époque de la console Philips. Il faut préciser que le doublage a été réalisé en partie avec les acteurs des jeux d’origine qui ont de toute évidence pris beaucoup de plaisir à rempiler.

Des références à foison

Arzette : The Jewel of Faramore renferme énormément de clin d'œil et de références à des tas de jeux (notamment à Hotel Mario, le jeu Mario CD-i) et même sans être un historien des jeux vidéo, on s’amuse beaucoup à les repérer ! Dommage que les personnages ne soient pas doublés en français et qu’il faille se contenter de sous-titres FR (car la version française des Zelda CD-i est devenue culte, elle aussi). En même temps, on peut déjà se réjouir que le jeu bénéficie d'une localisation en français, ce qui n'est pas le cas de tous les jeux.

Arzette : The Jewel of Faramore est vraiment un jeu qui a été soigné dans ses moindres détails et outre le doublage, la bande son a été particulièrement bien travaillée. Non seulement la bande originale recèle de très jolis thèmes mais le moindre bruitage semble vraiment provenir d'une autre époque et nous transporte à l'ère CD-i.

Un lien vers le passé

Loin de la purge des jeux d'origine, Arzette : The Jewel of Faramore est globalement très agréable à jouer malgré quelques passages laborieux- ce qui est plutôt raccord, d'ailleurs. Le jeu est découpé en plusieurs zones qui apparaissent au fur et à mesure sur une carte et, au bout d'un moment, le joueur est libre de les explorer dans l'ordre qui lui convient le mieux sachant que des tas de zones demandent qu'on y retourne, soit pour débloquer un nouveau chemin, soit pour compléter ou terminer une quête.  C’est parfois pénible surtout qu’il n’est pas toujours facile de comprendre ou il faut se rendre et qu'il arrive qu'on se trompe ou se perde. Refaire plusieurs fois de suite, la même séquence pénible de plateforme (et parfois pour rien) c'est plus du running gag mais de la souffrance. Et on n'est pas venu là pour souffrir, non ?

Arzette : The Jewel of Faramore est disponible sur l'eshop de la Nintendo Switch au prix de 19,99€. Une version physique en édition limitée est en vente sur le site de Limited Run.

7.5
Arzette : The Jewel of Faramore est un bel hommage aux jeux vidéo des années 90 et plus particulièrement aux jeux Zelda CD-i dont il restitue avec fidélité et respect, le charme mais aussi les tares. Le jeu plaira avant tout aux initiés qui sauront apprécier ses multiples références mais les aventuriers du pad qui recherchent des jeux originaux et singuliers pourront aussi y trouver leur compte.

  • Lettre d'amour aux jeux CD-i
  • Une réalisation soignée dans ses moindres détails
  • Arzette, nouvelle super héroïne
  • Univers délirant
  • Bande son soignée
  • Des gags à gogo
  • Malgré tout parfois frustrant
  • Manque d'indication
  • Génial mais avant tout pour les initiés des jeux CD-i dont le jeu s'inspire