Les jeux de robots ne sont pas bien nombreux. En dehors de quelques séries qui résistent encore et toujours comme Armored Core, c'est un genre particulier qui s'exprime peu. Et on peut comprendre, car un bon jeu de robot doit comporter des éléments pointus comme de la customisation intéressante et une histoire de space opéra prenante (si si, c'est vital.) Alors, pour le deuxième charge de Deamon X Machina, série ayant débuté sur Switch, va t-on voir un décollage réussi ?
Test effectué sur une version fournie par l'éditeur
La thèse des martiens cruels
La Terre est depuis longtemps hors d'accès. La guerre pour la colonie sur Mars a coupé les ponts avec la planète bleue, et le Femto, carburant utilisé pour les robots de guerre géants, a muté certains humains en Outers, des mutants. Ces mutants, fatigués d'être discriminés, ont alors conquis la planète Mars lors d'une guerre contre les humains et vivant maintenant dans une station spatiale grand luxe alors que les survivants humains se battent pour survivre sur une Mars hostile. C'est sans compter votre personnage, tombé de la station et prête à tout pour remonter et se venger du gouvernement et de ses puissants, car tout ne va pas bien au royaume des célestes.
Demon X Machina : Titanic Scion est donc un jeu d'action en monde ouvert, rempli de missions, d'ennemis et de combats. En fait, il se révèle très classique dans son monde ouvert et souffre des défauts habituels du genre : il est bien trop grand, pas intéressant à explorer et représente le plus grand obstacle en vous et le fun. Le fait que vous puissiez l'explorer en volant dès le début est aussi un sacré coup car on perd du mystère de l'inconnu. Les missions sont inintéressantes à souhait, type Fedex le plus souvent, et les « donjons » sont juste des tunnels sans level design ni identité propre. Non, il n'y a pas à dire, les grandes cartes qui composent le monde sont loin d'être son point fort.
Le point fort, c'est le fait que ce soit un jeu de robots ! Et dans un jeu de robots, on peut customiser son appareil et en faire une machine de guerre adaptée à notre style. Et là, Demon X Machina : Titanic Scion est plutôt généreux, avec plusieurs types d'armes de corps à corps et à feu, mais aussi des armes de jet et d'épaule qui rendent la customisation forte. Mais ce n'est pas tout ! Vous pourrez modder votre machine pour améliorer ses stats, et même modifier votre ADN, affectant votre apparence et vous donnant des coups spéciaux et des capacités passives. Sachant que la maniabilité de base est très solide, la progression se révèle très satisfaisante et on sent bien la montée en puissance même après quelques heures. En fait, c'est même là LE gros point fort du jeu, avec son système de combat.
Plus fort que Mazinger !
Le combat dans Demon X Machina : Titanic Scion est rapide et nerveux, et les attaques enlèves des bonnes grosses portions de vie à tout ce qui n'est pas un boss. Vous pouvez frapper, esquiver, sauter, voler ou foncer, et bien sur utiliser des objets ou des véhicules et éléments du décor quand ils sont dispos, tout ça pour mettre sur la tronche à des animaux mutants appelés Immortels. Ils reviennent tout le temps, d'où le nom, alors allez-y sans crainte de vous faire engueuler par PETA et vous pourrez looter des schémas d'équipements à développer ou des armes donc les stats varient quelque peu même au sein du même modèle. Les boss, eux, sont plus gros, plus balèzes, et vous détruisent en quelques coups alors vous devrez ruser pour trouver et détruire leur point faible avant de terminer en sashimis.
Mais au milieu de tous ces affrontements déjà bien sympathiques, plusieurs surprises viennent encore faire monter la hype. Les combats sont très bien conçus, avec le plus souvent quelques « trash mobs » fragiles sur lesquels vous défouler alors qu'un ennemi plus coriace sert de plat de résistance, et ceux-ci, si vous les déséquilibrez, peuvent être lacés comme des sacs de linge sale à travers le carte et sur d'autres ennemis pour faire des dégâts groupés. Ne croyez pas quand même qu'il vont se laisser faire : même les ennemis faibles peuvent attaquer en même temps que vous et déclencher un QTE cinématique afin de voir qui à l'ascendant. C'est très bon et ça oblige à rester vigilant.
Des boss sauvages rôdent également sur les plaines, et à l'instar des godrills géants des plaines de Bionis, ils vous rouleront dessus si vous les approchez, mais vous ne perdrez rien à le faire. D'autres joueurs peuvent même vous prêter main forte en jouant en ligne si vous le souhaitez, alors la force de frappe n'est jamais un problème. Non, il n'y a pas à dire, le combat est le cœur même du jeu et si vous aimez les jeux d'action avec pas mal de paramètres à gérer et beaucoup de liberté, vous aurez de quoi faire. Les missions d'histoire ne vous laisseront pas non plus tomber, avec des enjeux toujours plus grands et des « set pieces » impressionnantes. Mais parlons justement un peu de l'histoire... et de Xenoblade X.
Trapped in Black Tar
Pour ceux ayant joué aux deux jeux, Demon X Machina : Titanic Scion est l'opposé de Xenoblade X. Avec son histoire trop alambiquée, ses personnages caricaturaux et son monde vide et inintéressant, il foire tout ce que Xenoblade X réussi... mais réussi là où ce dernier se rate. En effet, Xenoblade X se présente comme un jeu AVEC des robots, mais pas un jeu de robots, et il est trop facile de perdre son Skell et de devoir payer des milles et des cents lors de combats confus, ou alors de rouler sur le jeu comme pas permis car on sait l'exploiter. La promesse des Skells dans Xeno X ne se réalise jamais, alors que Demon X Machina : Titanic Scion réussi bien à nous faire sentir cette puissance et tout l'aspect technique de combats dynamiques, et ce dès les premières minutes. Ce sera donc une affaire de préférence entre le côté contemplatif de la série Xenoblade ou le côté action de Deamon X Machina.
Côté technique, la version day one du jeu souffre de trois soucis majeurs : des textures baveuses, des ralentissements intempestifs lors des déplacements trop rapides, et des temps de chargement abominables. Trois soucis qui vous feront vous dire que la Switch 2 est encore loin d'être exploitée à son maximum. Mais tout de même, les chargement sont infernaux (entre une et deux minutes) et vous feront regretter de ne pas directement traverser la map vide ou même d'avoir accepté une mission Fedex. Ouch. Côté sonore, la musique comporte quelques pistes avec du métal bien énervé pour les combats, et reste calme le reste du temps. Rien de grandiose, mais c'est très adapté. Les doublages anglais sont qualitatifs, mais l'histoire vous fera sûrement dire « ta gueule » à pas mal de personnages très antipathiques... dont le vôtre.