Nintendo Switch

World of Goo 2

Test Switch

World of Goo 2

Par rifraff - Le 08/09/2024 à 15:00

World of Goo, premier du nom est probablement le meilleur WiiWare et l’un des jeux les plus emblématiques du service de jeux en téléchargement de la Wii. Sorti en 2008, le jeu semblait en effet avoir été conçu spécifiquement pour la petite console blanche de Nintendo tant il s’avérait parfait à la Wiimote…  Plus de quinze plus tard, en sera-t-il de même pour World of Goo 2 sur Nintendo Switch ?

Une vraie goo-rmandise

World of Goo 2 est un jeu de construction original dans lequel le joueur doit construire des structures comme des ponts ou des tours, en utilisant les Goos, d’étonnantes petites créatures vivantes, aux propriétés diverses et variées.

Si vous connaissez le jeu original, vous ne serez pas dépaysés tant vous retrouverez immédiatement vos marques, le jeu étant quasi identique (de prime abord) tant dans le fond que dans la forme.

 Un jeu "feel Goo"

On reconnaît d’ailleurs immédiatement le style et l’ambiance des jeux 2D Boy et des productions Tomorrow Corporation, l’action se déroulant toujours dans un monde poétiquement absurde et terrifiant entre 1984 de Georges Orwell et un conte de Charles Dickens. Pour le reste, il s’agit toujours d’amener un certain nombre de Goos d’un point A à un point B en construisant des structures plus ou moins fragiles et délicates en fonction des Goos à disposition, en prenant garde aux pièges et différents mécanismes qui parsèment les environnements.

Le concept du jeu est assez simple. Le but de chaque niveau est d’amener nos Goos jusqu’à un tuyau éloigné qui les aspirera. Le tuyau peut être, par exemple, très haut dans le ciel. Il faut alors ériger une tour pour atteindre le tuyau en étirant une à une les boules de Goo pour créer une partie de la structure en forme de triangle. Ainsi de triangle en triangle, on édifie la tour ou la structure que l’on souhaite.

Le problème c’est que les structures à base de Goos (classiques) sont très souples et elles ont tendance à vaciller et à plier sous leur poids au fur et à mesure qu’on les érige. Bien souvent, elles penchent d’un côté ou s’effondrent sur elles-mêmes. Il faut sans cesse veiller à maintenir l’équilibre de la structure en créant des contre-poids ou en trouvant des points d’appui. Il faut aussi composer avec les environnements souvent truffés de mécanismes dentelés, d’éléments dangereux et de pièges pouvant abîmer les structures. Il faut donc constamment la jouer serrer pour réussir à construire sa structure jusqu’au tuyau, surtout qu’en fonction des niveaux les boules de Goos à disposition sont limitées et qu’il faut en garder un nombre suffisant pour terminer le niveau en tirant la chasse (comme dans le premier jeu).

La Goo-tarde me monte au nez

Autant vous dire que, généralement on ne réussit pas du premier coup. Parfois, on se demande même comment on va faire pour réussir à atteindre le tuyau tellement celui-ci semble hors de portée. De toute façon, les échecs seront nombreux. Les structures se déformeront, s’effondreront, casseront, éclateront et se ratatineront à foison. C’est obligé-gatoire. Mais pas de panique. C’est voulu. Il y a des petits insectes qui virevoltent un peu partout autour des structures et qui permettent, en cliquant dessus, de revenir un coup en arrière et on peut donc facilement supprimer des actions qu’on juge malheureuses ou qui ont conduit à une catastrophe, pour en tenter d’autres à l’issue plus heureuse.

Encore une fois si vous connaissez le premier titre, vous serez à la maison. Les premiers niveaux ont d’ailleurs un petit goût d’add-on tant ils auraient pu être ajoutés au titre original mais petit à petit, au fil des nombreux niveaux répartis dans cinq chapitres, le jeu se distingue et surprend- surtout avec le chapitre 4 (mais chut...). Il surprend tellement d’ailleurs qu’il est inutile de s’étendre là-dessus car le mieux sera pour le joueur de se laisser surprendre par le propos des développeurs et les nombreuses idées qui parsèment finalement ce nouvel opus.

Dé-construction et réflexion

Tout ce qu’on dira, c’est que de nouveaux mécanismes et de nouvelles boules de Goo aux propriétés étonnantes sont au programme et que cela donne de la variété, du challenge mais aussi une dimension supplémentaire au jeu, le tout enrobé de styles graphiques inattendus et d’une narration toujours aussi non conventionnelle, pétrie de réflexions étrangement profondes (ou profondément étranges selon les points de vue) avec des cinématiques animées toujours plaisantes.

Si vous avez aimé le jeu original, il n’y a pas à hésiter. C’est une digne suite avec encore plus d’idées, de poésie et de folie. Les développeurs n'ont pas manqué d'idées pour améliorer leur concept de base et obligé les joueurs à changer leurs habitudes- même s'il y a quelques redites et qu'à contrario, on aurait aimé que certains mécanismes aient droit à plus de niveaux. Les graphismes sont sinon toujours aussi singuliers et réussis avec beaucoup plus de variété et de couleurs que dans le jeu original. La bande son est une nouvelle fois un élément à mettre au crédit du jeu tant dans les bruitages de jeu que dans ceux d'ambiance sans parler des musiques qui parfois sans qu'on s'en rende forcément compte font monter la tension ou au contraire la font redescendre, pour des moments plus apaisés, presque comme hors du temps.

Un Goo amer

A dire vrai, il n’y aurait pas grand-chose à dire de négatif sur le titre s’il n’y avait un tout petit détail : les commandes ; En effet, le gameplay au Joy-Con peine à remplacer efficacement le jeu à la WiiMote du titre original sur Wii.  C’est moins précis ce qui fait qu’on rate souvent son coup et lorsqu’une structure commence à s’effondrer, on a rarement le temps de la rééquilibrer comme on pourrait le faire par exemple à la souris. De plus, régulièrement, le Joy-Con s’emballe et déplace l’image sans qu’on le veuille. Il faut alors recentrer le Joy-Con et l’image en appuyant sur + (ou -), ce qui rend parfois la progression pénible et même frustrante ; On s’y fait à la longue mais c’est vrai que la Wiimote fait défaut.

Heureusement, pour les réfractaires aux écrans qui partent en vrille, le jeu est aussi jouable à la manette Switch Pro, ce qui est sûrement la façon la plus précise de jouer et d’apprécier le jeu- surtout depuis la mise à jour qui permet d’utiliser en même temps le gyroscope.

Cependant, il faut noter qu’il est impossible de jouer de façon « classique » avec deux Joy-Con reliés à leur support manette. Il faut impérativement une manette Switch Pro. Idem pour le mode portable. Il est impossible d’utiliser les Joy-Con rattachés à la console pour jouer de façon « classique ».  C’est vraiment dommage car cela limite le choix du joueur.

Goo-ter à quatre

En mode portable, il est cependant possible de jouer au jeu avec les doigts, le jeu étant entièrement tactile. C’est une option toujours appréciable mais pas évidente à moins d’être vraiment un habitué des jeux tactiles. Au minimum, il vaudra mieux y jouer sur le grand écran de la OLED mais aussi avoir des petits doigts. Et si pour la OLED, on peut se débrouiller pour en trouver une, les petits doigts ne s’achetant pas encore sur internet (enfin, j’espère pas) autant dire que ce mode ne sera pas pour tout le monde. Finalement cette histoire de commande gâche un peu le plaisir même si ce n’est pas au point d’être rédhibitoire.

La version Switch du jeu a de plus un atout avec un mode coopération (au Joy-Con) permettant de jouer jusqu’à quatre joueurs ! C’est un peu la foire d’empoigne et, quasiment, un autre jeu dans le jeu, à même de provoquer quelques bonnes crises de rires (et de larmes).

World of GOO 2 n’est pas un jeu très long. Comptez entre six et huit heures selon votre habileté mais lorsque vous verrez le générique défiler (avec la super musique de Kyle Gabler- qu’on retrouve derrière quasiment tout dans le jeu) vous devriez être repu et satisfait (quoiqu'un peu triste...) Cependant, chaque niveau a plusieurs défis supplémentaires et le jeu a un fort potentiel de rejouabilité (sans parler de la possibilité de s'amuser à plusieurs). Il a fallu attendre plus de quinze ans avant de pouvoir jouer à une suite de World of Goo. Il faut donc en profiter car on ne sait pas quand on pourra découvrir un World of Goo 3.

 

Retrouvez le barème des notes des tests de Nintendo-Master 

 

8.5
World of Goo 2 est un nouveau casse-tête narratif, digne de l’original bourrée d’idées folles et de poésie saugrenue qui s’impose comme un nouveau classique malgré des commandes moins précises à apprivoiser.

  • Enfin une suite !
  • Mécanismes de jeu toujours aussi originaux
  • De nouvelles idées percutantes
  • Narration prenante et surprenante
  • Une bande son exceptionnelle
  • Univers fantastique et poétique inoubliables
  • Un monde 4 Goo-leversant
  • Des commandes moins précises
  • Quelques redites
  • On en veut plus...