Nintendo Switch

Persona 4 Golden

Test Switch

Persona 4 Golden

Par Ex-Nihylo - Le 30/01/2023 à 11:55

Cela fait déjà 14 ans que Persona 4 est initialement paru en Europe sur PS2, puis dans sa version Golden en février 2013 sur PS Vita pour enfin paraître en 2020 sur PC en version HD. A chaque fois le jeu était paru en anglais, ce qui pouvait compliquer un tant soi peu sa popularité dans la communauté francophone des joueurs. Atlus l'a bien compris et pour cette nouvelle édition le jeu se dote enfin d'une traduction dans la langue de Molière. Narrant les aventures d'un jeune homme fraîchement débarqué chez son oncle dans un village plutôt isolé, le jeu dispose d'une ambiance plutôt sombre, tournant autour d'une affaire de meurtres sordides dans des conditions ubuesques. Quelques nouveautés sont de la partie mais le jeu vaut-il toujours le coup, des années après sa sortie initiale ?

Un simple JRPG ?

Si vous aussi vous débutez dans l'univers de Persona, sachez que le jeu repose sur un mélange de JRPG et de simulation de vie, avec un mélange de 2 mondes qui se côtoient. Ainsi, dans la vie de tous les jours, vous incarnez un jeune homme que vous pouvez nommer au début de l'aventure, qui atterrit dans un petit village le temps d'une année. En effet, ses parents s'absentant momentanément, le héros part vivre chez son oncle et sa cousine, prétexte ici à la découverte d'un nouvel environnement à la fois pour le personnage et pour nous-même. Vous êtes ainsi rapidement libre d'explorer la petite ville, même si chaque jour ou presque des évènements surviendront et auront tôt fait de vous guider vers la suite du jeu.

Ainsi découle une impression de semi-liberté, impression amplifiée par le fait que la ville ne soit pas très grande et qu'on y fait vite le tour. Et puis de toute façon les premiers drames surviennent bien rapidement et mieux vaut consacrer son temps à leurs résolutions. Un premier meurtre a lieu, et au même moment vous découvrez que l'on peut explorer un monde étrange en passant à travers une télévision... Mieux, dans vos songes des personnes vous parlent et vous prédisent un destin particulier. Mais qui sont ces gens ? Et pourquoi diable trouve-t-on une peluche vivante en forme d'ours dans le monde de la télévision ? Et surtout, pourquoi ces victimes dans cet endroit si paisible ?

L'intrigue est rapidement posée, ce qui permet de rapidement s'imprégner de cet atmosphère si particulière. La journée vous parlez avec vos amis, vous essayez d'améliorer vos relations, vous suivez des cours, bref vous vivez votre vie de lycéen lambda, et le soir à minuit, vous plongez à travers la télévision dans un monde obscur dans lequel on vous apprend à vous battre. Vous pouvez vous battre dans le monde obscur grâce à votre avatar, le fameux Persona, qui peut évoluer et être fusionné pour devenir encore plus fort. Tout l'intérêt de ces combats repose sur la manière de faire évoluer votre Persona, ainsi selon les fusions opérées les forces et les faiblesses, ainsi que les aptitudes de votre persona changeront. A vous de trouver la manière la plus optimale possible pour en faire des bêtes de combat. 

Pourquoi jouer au 4 plutôt qu'à un autre ?

Il demeure difficile de comparer les jeux de la série des Persona entre eux, chacun possédant leurs qualités qui leurs sont propres, ainsi que leurs défauts. Ainsi, Persona 3 est davantage axé visual novel dans son approche, et propose d'invoquer les Personae à l'aide de l'Evoker alors qu'ici, une simple sélection de cartes de Persona suffit. De même, les thèmes abordés dans chaque opus sont assez différents, bien qu'ils aient souvent pour point commun de traiter de thèmes sombres. Ici seront donc abordés des thèmes tels que l'adultère, le capitalisme et ses dérives, le harcèlement, autant de thèmes qui touchent à nos sociétés actuelles, à travers le cas du Japon.

Un élément clé des jeux Persona résident dans l'ambiance proposée, et ici on peut dire sans hésiter qu'elle est largement sublimée par ses compositions musicales. Autant le successeur de ce Persona joue dans les tons jazzy à souhait, autant ici la pop est mise en avant, avec tout ce que cela implique comme éléments graphiques. Mention spéciale à Meguro Shoji pour ses compos musicales ! Et bonjour les dorures et les effets colorés à tout va qui vont avec, les effets graphiques et les animations dans un ton groovy à gogo, ici le maître mot est le dynamisme. Cela colle avec la manière avec laquelle le jeu pose rapidement ses bases, mais aussi avec l'ambiance joyeuse - en dépit des thèmes sombres abordés - découlant d'une rentrée scolaire réussie, pendant laquelle on sympathise avec de nouveaux amis qui deviennent pour certains nos alliés, et qui nous accompagnent de l'autre côté de la télévision.

Et puis cette nouvelle mouture apporte son petit lot d'innovations, la principale étant la traduction française : celle-ci permettra enfin au plus grand nombre d'y avoir accès, le tout dans un travail qui est plutôt de bonne facture. Peu de fautes ou de traductions approximatives sont à signaler, l'adaptation est une franche réussite et ce paramètre est à mettre au crédit du jeu tellement la compréhension des dialogues est importante. Il faut dire que le scénario est riche et que les discussions s'enchaînent très rapidement. Avis à ceux qui n'aiment pas lire trop de textes en jouant, vous n'êtes clairement pas les bienvenus ici. L'autre innovation essentielle réside dans la petite retouche graphique que constateront les joueurs de l'époque de ci de là, avec une légère amélioration de la fluidité des animations mais dans l'ensemble on reste proche de la version PS Vita de 2013.

C'est vraiment tout en terme de nouveautés ?

Non, puisque l'accessibilité ne s'effectue pas qu'au niveau de la traduction française du jeu. En effet, la difficulté est désormais sélectionnable dès le début du jeu, avec la possibilité de jouer en facile, voire très facile, pour pouvoir se concentrer uniquement sur la richesse du scénario en omettant quelque peu la complexité des combats. Bien sûr il vous faudra tout de même être vigilant pour ne pas perdre bêtement un combat en se contentant de bourriner dans le tas. Le jeu a ses exigences qui lui sont propres et le joueur doit en tenir compte pour mener à bien ses troupes à travers les donjons du monde de la télévision.

Autre nouveauté, l'apparition de la sauvegarde automatique. Sonnant comme une évidence pour les joueurs des années 2020, celle-ci vous permettra enfin de pouvoir prendre une pause bien méritée alors que vous êtes en pleine exploration d'un donjon, par exemple. Les temps de chargement ont été optimisés et cela ne fait que renforcer le plaisir de jeu. D'ailleurs il n'y a pas de différences notables entre le fait de jouer en mode portable ou via le dock sur la télé du salon. Ne vous laissez juste pas happer par votre propre téléviseur...

Les mécaniques de l'époque ont été respectées : vous évoluez dans le temps comme dans la vie normale, avec un calendrier et des jours qui défilent selon vos interactions. La journée est consacrée à la vie au lycée, le soir à l'exploration du monde étrange connecté à la télé de votre chambre, puis vous passez au lendemain. Les évènement se succèdent durant toute l'année que dure le jeu, et contrairement aux apparences la durée de vie est excellente. Comptez au moins une cinquantaine d'heures en ligne droite, le double si vous recherchez le 100 %. 

Mais alors, c'est un véritable remake ou une simple adaptation ?

Un peu des deux, puisque bien que les améliorations graphiques sont légères, les quelques nouveautés présentes bonifient le matériau de base et le rendent enfin accessible au plus grand nombre. Idéal pour convenir à l'ensemble du commun des mortels, même si les fans les plus exigeants et les connaisseurs auraient sans doute apprécier un remake plus approfondi. Même si on a fortement l'impression de jouer à un jeu paru sur PS Vita de par sa technique, l'avance en terme de scénario et les thèmes matures abordés à l'époque font que le jeu continue d'être encore largement d'actualité en ce tout début 2023, et c'est bien là l'essentiel.

Les combats demeurent classiques, au tour par tour, tout comme les doublages qui demeurent, au choix du joueur, en japonais ou en anglais. Ces derniers, de bonne facture, contribuent à l'immersion, on sent que les acteurs qui ont prêté leurs voix se sont suffisamment investis pour rendre le tout bien vivant. Les Ombres, vos ennemis mortels, n'ont qu'à bien se tenir car petit à petit, à force de forger vos liens avec vos amis et vos personae, ils n'auront plus de secrets pour être molester par vos soins. La difficulté va crescendo mais vos capacités se développent également en parallèle, un minimum de jugeote suffira la plupart du temps pour vous tirer des situations les plus inextricables. 

Contrairement aux palais de Persona 5, les donjons comportent des étages conçus de manière aléatoire, qui reflètent le joueur que vous devenez peu à peu. Les ennemis sont visibles à l'écran et si vous les percutez, ou vous laisser vous percuter, le combat s'engage. A vous ensuite de sélectionner les Personae que vous jugerez les plus aptes à vous mener à la victoire ! La ville reculée d'Inaba a définitivement besoin d'un nouveau héros et cela sera peut-être vous... Ai-je oublié de mentionner que le jeu propose plusieurs fins alternatives, et que pour avoir la bonne fin il vous faudra résoudre le mystère entourant cette ville avant la fin de l'année ?

8
Enfin devenu accessible à tous, que ce soit pour les francophones ou pour ceux qui veulent découvrir Persona 4 sans se prendre la tête niveau difficulté, il serait dommage de se priver car il s'agit d'un très bon J-RPG, très personnalisé. Bien que sa réalisation soit clairement datée, l'histoire proposée vaut clairement le détour, les personnages sont charismatiques et la bande-son accentue clairement l'ambiance. A petit prix, il serait déraisonnable de se priver.

  • Scénaristiquement exemplaire
  • Une bande-son de haute volée
  • Enfin accessible à tous !
  • Très bonne durée de vie
  • Réalisation datée