Nintendo Switch

No More Heroes (Nintendo Switch)

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No More Heroes (Nintendo Switch)

Par C-Ptique - Le 08/11/2020 à 08:00

La sortie de No More Heroes 3 approche à grands pas et pour nous faire patienter, Nintendo a ressorti sur Switch les 2 premiers opus de la série, à l’époque sortis sur Wii (2008, déjà…). L’occasion de se (re)plonger dans la saga complètement déjantée et de revenir sur les origines de notre cher Travis, qui a bénéficié d'un coup de projecteur lors de la conférence de présentation de la Switch en 2017. Mais les jeux ont-ils bien vieilli ? Réponse pour le premier épisode dans ce test.

Tu veux gouter à mon sabre-laser ?

La saga No More Heroes nous met dans la peau de Travis Touchdown, un jeune homme qui coche toutes les cases d’un adulescent à l’hygiène discutable qui se rebelle contre la société. Il habite dans un motel modeste et a pour seule compagnie Jeanne, son chat. Il pense beaucoup à s’amuser, à découper des criminels en rondelles et aussi à draguer.

Travis n’a en effet qu’une idée en tête : coucher avec la cheffe pas mal modelée d’une agence d’espionnage internationale, celle-ci ne manque pas de s’en amuser. Pour espérer parvenir à ses fins (notez bien le soulignement), il doit assassiner 10 grands chefs criminels qui secouent la ville de Santa Destroy. Et bien sûr, sa supérieure ne manque pas de le chauffer pour le motiver mais s’assure dans le même temps de rester hors de sa portée. Évidemment, chacun de ces chefs criminels est entouré de sa propre bande et il faudra faire un peu de nettoyage avant d’avoir l’honneur de les rencontrer.

C’est ainsi que nous débutons les premiers combats et découvrons le premier aspect de No More Heroes, à savoir le beat’em all. Le gameplay est à la fois intuitif, dynamique et profond. Il suffit en effet d’appuyer sur Y et sur X dans l’ordre que l’on souhaite pour battre les ennemis, respectivement pour faire des attaques basse et haute, sachant que certains ennemis savent parer certains types d’attaques. On peut aussi assommer nos adversaires avec A ou B, ce qui permet de les attaquer plus facilement plus facilement ou de se concentrer sur d’autres ennemis. Jusque-là, c’est classique et assez convenu.

Mais les combats disposent de nombreuses particularités. La première d’entre elle est qu’on finit d’affronter un ennemi par une exécution qui se réalise en tournant le joystick dans une certaine direction, ce qui, une fois réussi, remplit progressivement une barre déclenchant un tirage au sort comme dans un bandit manchot. Ce tirage permet, si on gagne, de déployer des attaques spéciales (dévastation, invincibilité…).

Autre particularité, Travis se bat avec… Un sabre-laser, évidemment inspiré de Star Wars. Non seulement cela participe à l’ambiance WTF du titre mais en plus, il est nécessaire de la recharger régulièrement en secouant la manette (comme à l’époque de la Wii) ou en tournant le joystick. Bien sûr, on a le temps de le voir venir, on peut tenir plusieurs combats avant d’y songer mais tout de même, il est amusant de voir Travis secouer son sabre afin de le recharger, surtout quand on a mal anticipé et qu’on se retrouve à le faire en plein milieu des combats.

Il arrive aussi que l’on croise le fer avec certains ennemis, auquel cas il faut utiliser le joystick et faire des mouvements circulaires pour prendre le dessus. Lorsqu’un ennemi est assommé, on peut en finir avec lui en faisant une prise de catch. Ce sont autant de mécaniques très bien trouvées et réfléchies qui rendent le gameplay très dynamique et maintiennent en permanence nos sens en éveil.

Les combats eux-mêmes se renouvellent régulièrement et sont ponctués de petits défis absurdes mais diablement rigolos. Par exemple, lors de la deuxième mission, on rencontre en guise d’ennemis des joueurs de baseball, ce qui prête déjà à sourire, qui sont parfaitement alignés, on doit leur renvoyer les balles qu’ils nous lancent afin de les tuer. Autant dire que les combats sont nanardesques et pourtant, on s’amuse en les effectuant.

Du sang en veux-tu, en voilà !

Pour accompagner avec les combats dynamiques, No More Heroes ne manque pas de se montrer sanglant, d'ajouter de l'humour et de styliser sa violence. On découpe régulièrement les ennemis en tranches et ils ne manquent pas de nous asperger de sang par hectolitres, ce qui n’est pas sans rappeler les films de Quentin Tarantino comme Kill Bill. L’atmosphère est également déjantée et irrévérencieuse, à l’image des sauvegardes qui se font manuellement en se rendant aux toilettes et en regardant Travis assis sur le trône. On peut aussi évoquer la moto de notre héros, exagérément puissante et surdimensionnée.

On s’amusera également à relever les références populaires, parfois évidentes, parfois moins, tels que les sabre-lasers, la musique 8-bit lors du tableau des scores, les cassettes comme dans les années 1990 pour regarder à nouveau les cinématiques, etc…

Chaque personnage est haut en couleur, que ce soit les alliés ou les ennemis. Chacun dispose de sa propre personnalité et réagit différemment à la rencontre de Travis, mais ce sont surtout leurs petits détails qui contribuent à leur charisme et sur lesquels la caméra se rapproche suffisamment pour nous les faire apprécier. Assurément, nous sommes dans un univers bien barré, parfois WTF, et cette impression perdure tout le long de notre session de jeu. Certains diront que c’est japonais mais dans tous les cas, on prend un véritable plaisir à parcourir cet univers tant les phases de jeu sont soignées et drôles à la fois.

Boutiques, boulot et assassinats : tel est mon train-train quotidien.

No More Heroes présente aussi un deuxième aspect : le monde ouvert. Certes, la taille de la carte est loin de rivaliser avec d’autres jeux, même à l’époque de sa sortie originelle, mais elle reste plaisante à parcourir et propose de nombreuses missions. On a par exemple les missions d’assassinats qui permettent de gagner de l’argent (soyez prévenus, la discrétion n’est pas ce que préfère Travis, il préfère l’action bourrine). On a aussi les jobs qui permettent eux aussi de gagner de l’argent tout en variant le gameplay comme ramasser des noix de coco ou tondre la pelouse.

Là-encore, le jeu nous étonne puisque les petits boulots ne sont pas ennuyeux du tout, c’est l’occasion en effet de faire des mini-jeux comme dans un party-game. Le ramassage des noix de coco consiste concrètement à frapper dans un arbre pour faire tomber des noix (gare à ne pas les recevoir sur la tête), à les soulever et à appuyer frénétiquement sur le bouton A jusqu’au stand pour gagner du temps. Même chose avec l’amélioration des compétences de Travis, là où de nombreux jeux se seraient contentés de nous offrir un simple arbre évolutif, il nous faut accomplir des mini-jeux avant de débloquer la dite compétence. Pour gagner en force, il faudra soulever des haltères, pour améliorer sa souplesse, il faudra faire des tractions, etc… C’est tellement futé et bien intégré qu’on se demande pourquoi l’idée n’a pas été reprise par d’autres jeux.

Comme pour d’autres jeux du genre, on peut améliorer nos armes et acheter des vêtements dans des boutiques appropriées. On retrouve aussi des missions de combats, des défis à la difficulté plus que rehaussée où on doit tuer plusieurs vagues d’ennemis sans se faire toucher une seule fois. Et bien sûr, on peut s’amuser à foncer sur les passants pour les renverser ou sur les poteaux et les arbres pour les démolir, en revanche, si on fonce dans un mur, Travis est automatiquement désarçonné de sa bécane.

Chacune des missions proposées, que ce soit les assassinats, les jobs ou les combats, permettent de gagner de l’argent. Cet argent sert bien sûr pour nos tournées de shopping mais aussi et surtout à payer des frais pour débloquer notre prochaine mission car notre cheffe met au point des plans qu’on se contentera de qualifier de couteux afin d’attirer ou de repérer les grands criminels.

S’il y a de quoi faire dans Santa Destroy, quelques petites frustrations entachent le plaisir de nos promenades dans ce monde ouvert. Il aurait gagné à être un peu plus animé tant les passants et les voitures sont rares. Par ailleurs, il n’est pas simple de se repérer car la carte censée nous aider sur le côté de l’écran est toute petite et peu précise et il n’est pas possible de placer de point de repère ou de s’appuyer sur un système GPS.

Enfin, et c’est le plus dommage, il y a bien des éléments à chercher et à collectionner mais on n’a pas vraiment envie de les trouver et ce n’est pas lié à leur aspect collection. En effet, les dits éléments sont bien cachés alors que l’exploration dans No More Heroes est peu gratifiante, il n’y a pas de surprise à tous les coins de rue ni même de superbe paysage à découvrir. Sur ce dernier point, le jeu en serait incapable en raison de la faible qualité de ses graphismes (époque Wii toujours), même si la direction artistique en ombrage de celluloïd très travaillée fait de son mieux pour le masquer.

9
Malgré son âge, No More Heroes n’a pas vieilli et est toujours aussi amusant et drôle à jouer. Il est rempli d’idées absurdes qui participent grandement à son charme et à notre immersion, la sensation WTF est permanente. Le monde ouvert, qui d’habitude est un genre propice à la contemplation et l’exploration, nous plonge régulièrement dans l’action, même s’il est vrai qu’il aurait gagné à être plus perfectionné. Les missions sont frénétiques et le gameplay se renouvelle très régulièrement. À condition de ne pas être répugnée par la violence extrême, No More Heroes est un OVNI à découvrir et une valeur sure dans sa ludothèque.

  • Les bonnes idées qui s’enchaînent et qui rafraichissent les mécaniques de combat.
  • L’univers excentrique et nanardesque tout en étant soigné.
  • La violence et l’humour qui se côtoient.
  • Les références populaires.
  • Les mini-jeux dans les jobs et les améliorations de compétences.
  • Le monde ouvert ne donne pas envie de l’explorer.
  • Les ennemis poussent toujours le même cri en mourant.