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World War Z

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World War Z

Par C-Ptique - Le 12/11/2021 à 08:00

World War Z ici présent est adapté du film du même nom avec Brad Pitt sorti en 2013 lui-même reprenant le roman de Max Brooks. Un pari très risqué car le film n’avait faire guère bonne impression à sa sortie mais il avait été un immense succès commercial, et l’audace est d’autant plus grande qu’on ne compte plus les jeux de zombies sortis durant la dernière décennie. Il était capital pour World War Z qu’il parvienne à se distinguer et il est vrai que cet univers possède ses caractéristiques propres. Cela sera-t-il suffisant ?

Quand le scénario fait plus peur que les zombies

En démarrant World War Z, une chose nous interpelle dès le menu principal : il n’y a pas de campagne solo. Ou du moins, il n’y a pas de mode Histoire spécialement conçu pour des sessions de jeux solo car ce qui s’en rapproche le plus est un mode multijoueur mutilé où les autres joueurs sont remplacés par des bots. Certes, ces derniers sont globalement efficaces mais clairement, l’expérience n’a pas été pensée dans ce sens, du coup la campagne s'en tient au strict minimum.

En conséquence, le scénario de World War Z se réduit à un timbre-poste. Pas de présentation des personnages, aucune introduction à la situation, aucun rebondissement créatif. On se contente d’avoir 4 campagnes au départ, chacune divisée en 3 ou 4 niveaux, et elles consistent simplement à avancer et à survivre aux assauts des zombies avec des objectifs peu originaux comme défendre une zone, protéger un allié, actionner des mécanismes… Ce n’est guère mieux avec les situations qui ont été vues et revues : les militaires qui parlent en langage codé, le héros confiant qui en a vu d’autres, les électrons libres qui se croient meilleurs que les autres jusqu’à ce qu’ils se fassent avoir ou encore les personnes bloquées qui appellent à l’aide. Bien sûr, le jeu n'a pas été pensé en ce sens et il se rattrape par d'autres aspects mais cela reste une lacune que nous ne pouvons pas ignorer.

Il y a bien l’incapacité de mettre l’action en pause une fois le niveau lancé, ce qui contribue à mettre un peu de tension car les zombies peuvent nous attaquer à ce moment mais d’une part, il s’agit en réalité d’une mécanique mise en place pour les sessions en ligne et non pour créer une quelconque expérience précise, et d’autre part, quand bien même ce serait intentionnel, cette mécanique était déjà présente dans de précédents titres comme Zombie U. En fait, le seul élément qui distingue vraiment le titre est la capacité des zombies à courir et à former des hordes pouvant faire la courte échelle pour surmonter des obstacles et nous submerger, une situation peut donc rapidement échapper à notre contrôle mais nous y reviendrons.

Au final, l’histoire apparaît hollywoodienne dans le mauvais sens du terme. On peut la qualifier au mieux de pas terrible, au pire de nanardesque, ce qui n’aide absolument pas à l’immersion. On a conscience à chaque instant de jouer à un jeu vidéo, surtout en voyant le nombre de zombies que l’on dégomme. C’est à se demander comment ils peuvent continuer à arriver aussi nombreux tant on vide des villes entières de ses anciens habitants. On peut être tenté de se dire qu’au moins, on plonge directement dans l’action, ce qui est vrai même si on aurait apprécié une petite cinématique d’introduction.

Des couloirs et des armes

Comme dit plus haut, 4 campagnes sont disponibles au départ du jeu, elles se déroulent à New York, Jérusalem, Moscou et Tokyo. Il existe également un mode défi qui offre des bonus et des pénalités particulières (asthme réduisant l’endurance, les vagues de zombies moins grandes, plus grande vitesse des zombies…) et en échange, si on réussit, on gagne davantage d’expérience et d’argent qui serviront à améliorer nos armes et notre personnage (rechargement plus rapide, meilleure résistance à l’acide…). Un beau challenge! Dans tous les cas, les niveaux consistent à avancer dans des couloirs et à accomplir quelques missions de temps à autre entrecoupées d’attaques de zombies. Souvent, il s’agit de zombies isolés mais il y a régulièrement des meutes entières qui rappliquent. Si jamais on meurt durant le niveau ou que l’on rate un objectif clé (notamment un allié qui trépasse), alors la mission s’arrête et on ne peut que recommencer, ce qui nécessite donc une concentration de tous les instants.

En début de mission, il y a la possibilité de choisir la difficulté qui va de « facile » à « extrême », ce qui se traduit pour le premier par les trousses de secours présentes dès le départ, des menaces réduites et une faible sensibilité aux tirs alliés et pour le deuxième par des zombies implacables, des tirs alliés sans pitié, un ravitaillement rare et la mort à la moindre invalidité. Bien sûr, la hauteur des récompenses est à la hauteur de la difficulté. Le jeu n’est pas aussi simple qu’il n’en a l’air, même en mode facile mais c’est parfois malgré lui. Par exemple, il est arrivé au cours d’une session de perdre en devant défendre un point alors qu’on ne savait même pas comment se rendre au dit point tant les chemins étaient labyrinthiques.

World War Z n’est pas avare concernant les armes, surtout dans les modes faciles, on retrouve toute une panoplie hélas stéréotypée, allant du fusil d’assaut au pistolet en passant par les mitraillettes et les fusils de précisions, mais qui a au moins le mérite de renouveler régulièrement l’intérêt en passant d’un type d’arme à une autre. D’autant qu’on dispose de trois catégories : l’arme principale, l’arme secondaire souvent équipée d’un silencieux et l’arme spéciale qui fait beaucoup de dégâts pour une courte période.

Des munitions sont également disposées régulièrement pour éviter de se retrouver à sec mais dans les difficultés les plus élevées, étant donné que les points de recharge sont moins nombreux, il ne faut donc pas forcément abattre tous les zombies au risque de se retrouver à sec. Dommage que la seule alternative proposée est la fuite ou la course pour passer devant les zombies, on aurait aimé avoir la possibilité d’emprunter des chemins cachés où on aurait pu passer en sécurité en récompense de notre curiosité.

Des zombies plus dangereux qu’ils n’en ont l’air

Les zombies que l’on rencontre sur notre chemin sont nombreux et divers. Outre les troufions de base, on peut trouver des zombies en combinaison qui libèrent un gaz toxique une fois abattus, des zombies en armure qui foncent sur nous et nous martèlent au sol s’ils nous attrapent et ce jusqu’à ce qu’un de nos collègues nous libère, ou encore des cracheurs d’acide qui nécessite une désinfection rapide si on ne souhaite pas mourir dans les secondes qui suivent. Mais le pire reste les hurleurs, des zombies poussant des cris capables de rameuter leurs compères et même de former des hordes, inutile de préciser qu’ils sont la priorité absolue à abattre.

Pourtant, individuellement, chaque zombie est facile à tuer, la plupart succombent avec une balle ou deux. C’est ce qui nous interrogent si la variété des armes apporte vraiment quelque chose puisqu’au final, ce sont les mitrailleuses et autres armes automatiques qui donnent un avantage sur les masses de zombies, les fusils et autres armes à détonation s'avèrent moins efficace. Cela saute d’autant plus aux yeux concernant les grenades car même lorsqu’elles explosent au milieu des hordes, elles font peu de dégâts et tuent au maximum 5 zombies, une pichenette par rapport à la puissance de feu dont on aurait besoin.

À tous ces dangers s’ajoutent les longs temps nécessaires pour la recharge des armes et les soins. Cela contribue à créer un sentiment d’angoisse qui nécessite de rester opérationnel durant les phases critiques et à ne se permettre de se reposer que dans les endroits à peu près sécurisés, sachant qu’il n’y a jamais de lieu 100% sans danger. Malgré tout, si on veut être honnête, on se rapproche davantage du suspens que de l’horreur, seules les hordes provoquent véritablement de la peur, les autres situations tendent seulement à nous inquiéter dans le meilleur des cas.

Un multijoueur qui fait le café

Malgré les critiques énoncées, on ne joue pas à World War Z pour son histoire, ni même pour son expérience originale, car c’est clairement le mode multijoueurs qui est l’élément central du jeu. Il donne au titre toute sa saveur car certaines missions, difficiles à réaliser en solo avec des bots, deviennent tout de suite bien plus aisées à accomplir, notamment les défenses de points. On peut tout aussi bien rejoindre une partie en cours que commencer une nouvelle mission avec de nouveaux joueurs.

L’attente peut être longue suivant les créneaux, mieux vaut ne pas annoncer que nous sommes prêts tant que personne n’est là au risque sinon de faire le niveau avec des bots, ce qui revient à faire la campagne solo en somme. En revanche, vrai reproche que l’on peut adresser au jeu, c’est qu’il ne regroupe pas les joueurs selon leurs niveaux, un niveau 75 peut se retrouver avec des niveaux 1 ou 2 et inversement. Peut-être les développeurs craignaient-ils de voir les serveurs peu fréquentés mais la conséquence est que les joueurs aguerris peuvent être agacés par la maladresse de leurs comparses peu expérimentés.

Même si cela n’arrive pas tout le temps, la coopération est aussi parfois entachée par l’absence de moyen de communication entre joueurs. C’est handicapant notamment lorsqu’il s’agit de défendre une zone où les zombies peuvent arriver de tous les côtés, on peut juste deviner l’emplacement des autres joueurs car leurs silhouettes transparaissent à-travers le décor. En contrepartie, puisque les niveaux sont plutôt linéaires, les retardataires sont téléportés avec les autres lorsqu’ils trainent trop afin que tout le monde reste plus ou moins groupé, ce qui est appréciable sauf si les retardataires effectuaient des fouilles.

Avec une connexion fibre, nous avons pu constater également quelques ralentissements lors des parties en multijoueur. Rien de méchant, surtout que le reste du temps, le jeu est d’une fluidité exemplaire, mais cela montre la nécessité d’avoir une bonne connexion Internet au risque sinon de se retrouve avec des coupures intempestives.

6
World War Z a voulu se contenter de reprendre l’univers développé dans le film et le roman du même nom et s’il s’en était tenu à sa campagne solo, il se serait cassé les dents. Le scénario et l’univers sont vraiment clichés et manquent de crédibilité pour un jeu de 2021, ne laissant que les hordes faisant la courte échelle comme seule originalité, le reste apparaît comme du réchauffé. Heureusement, le multijoueur rattrape aisément ces lacunes, il n’est pas très original, d’autant que la version Switch n’apporte rien de neuf, mais il a au moins le mérite de fonctionner correctement et de faciliter la réussite de certains objectifs plus difficiles en solo. Un titre que nous vous recommandons pour une soirée sans prise de tête.

  • Le stress engendré par les hordes de zombies
  • Le renouvellement régulier des armes
  • Bon défouloir entre amis
  • La téléportation des retardataires dans le multijoueurs
  • Bonne fluidité, du moins avec une connexion fibre
  • L’entrée directe dans le jeu...
  • … Mais on aurait aimé une petite introduction
  • Pas de véritable campagne solo
  • Situations et rebondissements sentant le recyclé
  • La défense de points et de lieux pas évidente en solo
  • Pas de moyen de communication entre joueurs en multi
  • Le prix assez élevé (39,99€)
  • Pas de doublage français