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Valthirian Arc: Hero School Story 2

Test Switch

Valthirian Arc: Hero School Story 2

Par Kosmo56 - Le 19/06/2023 à 13:40

Le mélange de gestion et d'aventure est un sous-genre étrange, mais pas inconnu. De Moonlighter à Final Fantasy Cristal Chronicles : My Life as a King en passant par bien d'autres très bon titres, gérer sa petite entreprise, ville ou autre de jour, et partir à l'aventure la nuit, ou au moins gérer des aventuriers, se révèle être très agréable. Après un premier épisode apprécié par une petite communauté de fans et mal accueillis par d'autres, que nous réserve le deuxième Valthirian Arc ?

Tu es un boursier, Harry

Tout allait bien sur le continent jusqu'à l'avènement du roi des monstres. Ce dernier pu être contenu, mais la terre ne fut plus jamais la même, et les populations se séparèrent, formant quatre pays aux alliances changeantes. Afin de les unifier quelque peu, l'initiative est lancée de créer une école où des étudiants des 4 nations pourront se retrouver en terrain neutre et grandir en paix. D'ailleurs, chacun des étudiants a son histoire, et vous devrez rendre des comptes aux Nations à un moment ou un autre. Enfin, ça, c'est la théorie. La réalité est qu'on vous donne un grand terrain avec peu d'argent et beaucoup de pression. Un vrai reflet de notre éducation à nous, quoi.

Valthirian Arc : Hero School Story 2 se veut être un jeu de gestion d'école avec des éléments de RPG afin de nous rincer la bouche entre deux triturages de cerveau. Mais les ennuis commencent tout de suite, dès le début du jeu, avec un tutoriel qui réussit à être très dirigiste et à nous laisser faire des erreurs colossales en même temps. En effet, lors des phases de tutoriel, vous n'avez pas le choix sur la marche à suivre pour avancer, mais le temps s'écoule toujours, et le jeu ne vous explique pas les tenants et aboutissants de vos actions, vous laissant vous perdre dans les menus tout en limitant sévèrement vos options. C'est un sacré souci de rythme pour un début de jeu. Mais un jeu ne se limite pas à son tutoriel (sauf Final Fantasy XIII, hahaha) donc continuons.



Si vous comptiez sur de la gestion à la SimCity ou à la Two Point Campus, oubliez. Vous avez la charge d'une minuscule école, et très peu de choses à gérer, finalement. Vous pouvez construire des bâtiments servant des buts très basiques, comme de permettre de donner certains cours, ou de permettre de regagner de l'endurance plus rapidement, mais il sera impossible de, par exemple, développer une synergie dans votre campus grâce à des choix astucieux, et finalement, la construction n'est qu'une checklist à cocher, lentement. Vous pouvez faire de la recherche afin de d'améliorer vos bâtiments ou d'en découvrir de nouveaux, chose qui ne se fait pas automatiquement, mais demande de laborieusement mettre un projet en recherche, changer de menu, autoriser la recherche, puis attendre, puis valider la recherche. Un système compliqué et désastreux qui représente bien l'expérience avec l'interface du jeu, absolument pas conçue pour une console.

Vous pourrez aussi gérer quels cours vos élèves suivront, mais on rencontre là aussi des problèmes majeurs. Déjà, vos élèves ont une jauge d'endurance qui diminue avec le temps passé à étudier où aller combattre. Si celle-ci est épuisée, ils devront se reposer pendant pas mal de temps. Et l'ennui, c'est que celui-ci est limité ! Chaque année est constituée de 4 saisons, elles-même constituées de 4 périodes. Au bout de 3 ans, vos élèves ont terminé leur scolarité et s'en vont. Alors quand ils demandent une saison entière pour se reposer parce qu'ils ont eu un cours de sport, il y a de quoi grincer des dents. De plus, les cours des élèves n'ont pas un but bien passionnant : ils vont leur permettre de changer de « job » au bout d'un moment, et d'apprendre des techniques, c'est tout. Et comme nous le verrons plus tard, le côté RPG n'étant pas bien passionnant, ni réussi, c'est beaucoup de mal pour pas grand chose. Ajoutons que retrouver un élève en particulier quand on en a plus d'une dizaine devient compliqué, et la gestion devient carrément un calvaire.

Le pire, c'est qu'à part ces deux aspects, construction et gestion des élèves, il n'y a pas grand chose à faire en mode gestion. Le jeu fait grand cas de son côté diplomatique, mais il est risible, car verser des pots de vin à une faction pour faire baisser la difficulté croissante d'une région est tout ce que vous avez vraiment à faire. Pas de dialogues, ou même de choix en vue. Résultat, on se concentre sur les petites missions que donne le jeu, des fois en temps limité, afin d'accroître son Rang : construire tel bâtiment, faire telle recherche, accomplir telle tâche. C'est une checklist sans intérêt, et qui rentre souvent en conflit avec la réalité de votre gestion : manque de moyens, de temps, des élèves qui veulent se reposer au lieu de bosser... Nom de Zeus, on est vraiment un employé de l’Éducation Nationale !

Ensemble tout juste correct

Pourtant, c'est aussi en mode gestion que l'histoire du jeu va avancer. Et là, il n'y a trop rien à reprocher : chaque élève a sa personnalité, ses dialogues, son design, et la seule chose qu'on regrette, c'est de ne pas en voir plus. Les professeurs également sont de la partie, et vous aurez quelques choix de dialogue à faire de temps en temps. Dommage qu'il soit trop aisé de passer un dialogue par une pression d'un bouton pour afficher le texte plus vite, et qu'on ne puisse pas relire les textes. Chaque période aura son dialogue, plusieurs, même, et on comprendra alors que le jeu a bien un début et une fin, que ce n'est pas une gestion sans fin, mais bien plus un RPG avec un aspect gestion. Mais alors, tout est excusé ! Cela explique pourquoi la gestion est si peu passionnante! Et bien... non, car le côté RPG est presque pire.

Toutes les fins de période, vous pourrez effectuer une mission avec vos élèves. Et vous auriez tort de vous en priver car c'est votre seule source de revenus. Lâché dans une des quatre régions qui se débloquent au fur et à mesure, des sortes de tout petits donjons segmentés dont la carte et les ennemis ne changent pas, vous devrez trouver telle ressource, chasser tel monstre, etc. Cela vous semble être des missions standard et ennuyeuses trouvable chez n'importe quel PNJ avec un point d'exclamation au-dessus de la tête ? Et bien il faudra vous en contenter, ce sera tout ce que vous aurez ! Certaines missions « d'histoire » amèneront bien quelques dialogues en plus, mais rien ne sera passionnant, et surtout, quel que soit votre but, vous devrez aussi grinder les combats afin de récolter des fonds. Un système complètement exploitable qui laissera les plus patients avec une bourse sans fond sans effort. Car les combats, eux aussi, sont ratés.

Lors des affrontements, vous aurez deux actions à dépenser avant que ce soit le tour des monstres. Lors de votre tour, vous devrez taper les monstres et briser leur défense avant de les finir avec de gros dégâts. Les défenses des monstres sont brisées en les attaquant avec une commande du type correspondant : physique, magique, sacré ou mécanique, et chaque monstre arbore plusieurs défenses à briser ainsi. Une fois ses défenses anéanties, un monstre n'agira pas le tour suivant et se retrouvera très vulnérable. Un système sympathique, à priori, mais qui pose un problème sérieux : votre équipe de 3 n'agira pas de concert, et le rythme des combats est très lent. De plus, vous pouvez, si vous le voulez, bourrez avec votre personnage le plus fort et atteindre un résultat très acceptable. Mais qu'en est-il des attaques spéciales apprises à l'école alors ? Eh bien, votre pool de MP est commun à tout votre groupe, est très petit et non rechargeable sans repos, ce qui rend l'usage des techniques hasardeux. Oui, taper un monstre deux fois, ou toucher tout le groupe adverse est très utile, mais vos MP vous servent aussi pour vous soigner. C'est un dilemme qui trouve sa réponse très vite, et on se contente alors de taper. En cas de soucis, vous pourrez aussi fuir, mais seulement un nombre limité de fois par mission, ce qui décourage totalement l'exploration et l’expérimentation. De toute façon, les zones étant segmentées, et fermées ou ouvertes suivant la mission en cours, vous n'avez pas trop le choix.

Le conseil (de classe) vous a banni

Valthirian Arc : Hero School Story 2 n'est pas seulement un jeu de gestion mou du genou et un RPG famélique. Non. Si ce n'était que ça, il resterait jouable, peut-être même agréable d'un côté, même s'il est très moyen. Non, il est aussi incroyablement moche et mal fichu sur notre console de choix. Arborant des graphismes faisables sur la première Playstation, le jeu se permet de ramer, et d'être entièrement flou, en mode portable comme docké. Nos internautes à lunettes auront carrément l'impression de jouer sans leurs binocles tant l'affichage est massacré. C'est simple, n'importe quel jeu mobile fait mieux aujourd'hui. Et ça, c'est carrément inacceptable. En plus, le côté gestion n'est absolument pas clair au niveau des menus, et n'est pas DU TOUT optimisé pour une maniabilité console. Les développeurs auront-ils penser à rendre l'interface tactile, alors, histoire de jouer confortablement en mode portable ? Que nenni ! Et vu que de base, les raccourcis d'interface sont cachés, bonne chance à vous si vous ne pensez pas à aller les activer dans les options, car ces raccourcis sont abscons au possible ! Il y a de quoi jeter sa console à travers la pièce tant il est impossible de comprendre ces menus sur des menus qui mènent nulle part, tout ça pour des tâches presque inutiles ! Et passer de ça à des missions sans intérêt avec des combats plus que discutables, c'est NON.

Et c'est vraiment, VRAIMENT dommage, car le potentiel est là. Le principe est intéressant, et il suffirait d'étoffer les systèmes pour que le jeu soit porté par son histoire, ses personnages, et surtout, sa très belle bande-son aux inspirations celtiques. Mais non, à la place, on se retrouve avec un ratage complet, dû en partie à un portage complètement saboté.
 

3
Qu'on soit clair, Valthirian Arc : Hero School Story 2 n'est pas un mauvais jeu. Il est juste très moyen, et assez mal fichu, mais possède des qualités qui satisferont les joueurs moins exigeants, avec notamment une très belle bande-son et une écriture sympathique. Mais son portage Switch est un tel désastre qu'il enlève toute qualité au titre, et nous laisse avec une expérience carrément frustrante et désagréable. Si vous êtes curieux, il est disponible sur Steam pour un confort optimal. Il est certain que cela changera entièrement votre expérience.

  • La bande-son
  • L'écriture de certain personnages
  • L'interface pratiquement sabotée
  • Une gestion trop superficielle
  • Une côté RPG loin d'être réussi
  • Les combats sans intérêt tactique véritable
  • C'est MOOOOOOOOOOOOOCHE