Nous avons tous entendu parler d'un jeu aussi indescriptible qu'innovant, qui vient bouleverser l'industrie et qui ne laissera personne indifférent. Si tous ces descriptifs sont souvent subjectifs et que l'effet escompté lors d'une recommandation atteint rarement son but initial, il se pourrait que cette fois-ci vienne changer la donne. C'est ce que nous allons voir dans notre test de The Stanley Parable : Ultra Deluxe
Raconter l'irracontable
Qu'est-ce que The Stanley Parable (ou la Parabole de Stanley en bon français) ? Une parabole est un court récit, souvent allégorique, qui contient au mieux une morale, au pire un enseignement plus cryptique. Dans le cas de The Stanley Parable, il est question de Stanley, un employé de bureau au travail aussi répétitif qu'aliénant qui, un jour, se rend compte de n'avoir reçu aucune instruction, aucun chiffre à tapoter sur son clavier, aucune tâche à effectuer. Armé de son simple courage et épaulé d'une voix off commentant toutes ses actions, Stanley décide de partir à la recherche d'instructions. Ou bien, le fait-il vraiment ? The Stanley Parable est un jeu dans lequel la narration est aussi omniprésente que ludique, vous aurez le choix d'obéir ou non à celle-ci à tout moment du jeu. Entièrement doublé (en anglais seulement, mais le jeu est entièrement sous-titré en français), The Stanley Parable est avant tout une expérience narrative au gameplay simple.
En bon walking simulator, vous ne disposerez que de peu d'actions réalisables, le stick gauche vous servira à contrôler vos déplacements, le stick droit la caméra, le bouton A sera celui de l'interaction et vous aurez aussi la possibilité de vous accroupir pour découvrir quelques secrets. Ici le gameplay n'est clairement pas au centre de l'aventure, au profit de la narration. Rare sont les jeux aussi bien écrits que The Stanley Parable, le jeu est riche, extrêmement drôle et un délice à parcourir. Vous commencerez toujours dans votre bureau, revivant inlassablement la même boucle temporelle jusqu'à la fin de celle-ci, ou plutôt l'une des fins que vos choix vous donneront. Si le postulat est simple, l'expérience brille par ses possibilités, le jeu dispose en effet d'une bonne dizaine (pour ne rien spoiler) de fins différentes. Attention, nous parlons bien ici de fins différentes, pas de simples menus changements entre deux lignes de dialogues. En dire plus serait gâcher l'expérience mais sachez que le narrateur (brillamment doublé par Kevan Brighting qui mérite toutes les éloges du monde pour son travail) saura réagir à toutes vos actions. Nous avons bien dit toutes vos actions ! Vous pensez à une nouvelle manière de vous évader de cette boucle infinie ? Sachez que les développeurs de chez Crows Crows Crows y ont non seulement pensé mais sauront récompenser votre audace par au mieux une véritable nouvelle fin, au pire quelques savoureux easter eggs. Au niveau des graphismes, l'atmosphère terne des bureaux d'une grande entreprise lambda devraient vous laisser plutôt de marbre, ce qui bien sûr est l'effet recherché, de plus les assets graphiques accusent le poids des années mais ne devraient pas briser votre immersion. Si visuellement ce n'est clairement pas la folie, le titre saura tout de même tirer son épingle du jeu grâce à sa superbe mise en scène qui vous réserve quelques moments d'anthologie. Vous l'aurez compris, The Stanley Parable n'est pas là ni pour briller par son gameplay ni pour ses graphismes.
Aussi profond qu'intelligent
Si nous avons déjà dit que le jeu était extrêmement drôle et fantastiquement bien écrit, il y a un fond derrière ce titre-blague. Sans se prendre au sérieux, The Stanley Parable appelle à une réflexion profonde sur les jeux vidéo, sur l'industrie de manière générale et surtout sur l'illusion des choix dans notre média préféré. Est-on vraiment libre de faire ce que l'on veut si tout est codé en amont ? Peut-on vraiment tromper un amas de lignes de code ? Est-on vraiment jamais libre tout court ? Tant de questions qui se posent en filigrannes de l'aventure de Stanley. Le narrateur glissera par ailleurs son lot de phrases et de réflexions philosophiques qui font de The Stanley Parable l'un des jeux les plus intelligent jamais codé. Rassurez-vous, ce jeu n'est ni snob ni ennuyant et ne vous forcera jamais à vous creuser la tête pour comprendre son propos. Si bien que chaque nouvelles parties lancées dans l'espoir d'obtenir l'une des nombreuses et croustillantes fins sera un délice à parcourir. Le jeu regorge de secrets et de possibilités. On ne s'ennuie jamais et l'on refait rarement le même chemin, il y a toujours quelque chose que nous avons raté, que ce soit une nouvelle route ou un petit secret dissimulé derrière une porte. Chaque secret donne généralement lieu à un délicieux monologue du narrateur. Nous ne pouvons, encore une fois, malheureusement pas nous étendre sur les différentes thématiques du titre sans spoiler son intrigue ou ses secrets. Le jeu brillant par ce qu'il raconte, le spoiler reviendrait à le gâcher complètement. Nous pouvons seulement dire que le jeu atteint de nouveaux sommets en matière d'interactions joueurs-jeu grâce à son narrateur si expressif et omniscient qu'on jugerait qu'il s'agit d'une vraie personne derrière un microphone (si tant est que vous compreniez couramment l'anglais)
Chaque partie vous prendra moins d'une demi-heure et il vous faudra environ 3 bonnes heures pour faire le tour du contenu (probablement en trichant) proposé dans le jeu de base. The Stanley Parable est profond certes, mais reste un jeu indépendant et celui de deux personnes, Davey Wreden et William Pugh, qui feront naître cet ovni vidéoludique en 2013. Il faut dire qu'à la base, celui-ci n'était qu'un simple mod pour le jeu Half Life 2 avant de devenir le phénomène que l'on connaît aujourd'hui. Nous sommes ici aujourd'hui devant le premier portage sur console de l'aventure de Stanley et devant la troisième version d'une même expérience. Ce remake d'un remake vient non seulement porter le jeu à un nouveau public mais aussi étendre celle-ci avec de nouveaux contenus, de nouveaux secrets et quelques menus changements pour dépoussiérer l'aventure. Le narrateur prendra grand soin de faire référence à la plateforme sur laquelle vous jouez au jeu, ce qui est une sensation extrêmement plaisante et les développeurs iront même jusqu'à glisser des easter eggs spécialement dédiés aux amateurs de Nintendo.
Un portage Ultra Deluxe ?
Dès le lancement du jeu, celui-ci vous demandera si vous aviez déjà fait le jeu sur PC avant ce portage. Par cette question le jeu vous demande si vous désirez accéder directement au nouveau contenu ou bien d'abord explorer le jeu "de base" avant de voir les nouveautés. Et des nouveautés il y en a un sacré paquet. Si vous ne désirez pas vous spoiler ce nouveau contenu stoppez la lecture ici même et ne revenez pas sans avoir fini The Stanley Parable : Ultra Deluxe. Cette nouvelle version du jeu intègre en elle-même une véritable suite à l'aventure sous la forme d'un second épisode et d'un épilogue. L'aventure devient encore plus généreuse qu'auparavant et derrière ce sous-titre potache d'Ultra Deluxe se cache une volonté de poursuivre les réflexions débutées en 2013 ainsi que de remercier les fans de l'opus originel en leur donnant encore plus de contenu le tout en se moquant copieusement de cette industrie si prétentieuse et désireuse de vous dépouillez de votre argent. Toutes les pratiques les plus sordides de cette industrie en prennent pour leurs grades, des DLC aux microtransactions aux surenchères des suites, The Stanley Parable: Ultra Deluxe n'y va pas avec le dos de la cuillère. Ce nouveau contenu ne vient en aucun cas gâcher l'expérience initiale et ne fait même que la renforcer.
