Snack World est une franchise cross-media à la sauce Level-5. Elle est composée d’une série animée, d’un manga, de produits dérivés et bien sûr d’un jeu vidéo qui sort en exclusivité sur Nintendo Switch. Mélangeant l’univers et l’humour fou-furieux de la série avec les mécanismes d’un dungeon crawler / roguelike le jeu va tenter de rassasier les fans d’aventure en se faisant une place dans le catalogue bien garni de la console de Nintendo. Alors faut-il craquer ? Eléments de réponse avec notre test complet (une mise à jour de notre preview.)
LES CRACKÉS DU DONJON
Diffusée au Japon depuis 2017 avec succès, la série Snack World est arrivée en France il y a quelque temps déjà assez discrètement sur Canal J et elle est désormais diffusée sur Gulli sous le titre Snack World : On va croquer du méchant. Très drôle, la série se distingue surtout par sa réalisation en image de synthèse qui imite le style image par image des productions Tim Burton, et rappelle plus spécifiquement James et la Pêche Géante dont on retrouve le style- en version totalement allumée toutefois.
Un style que l’on retrouve évidemment dans le jeu, même si graphiquement Snack World : Mordus de Donjons – Gold n’est pas fou. Il faut savoir que le titre est une adaptation / portage d’un jeu 3DS et mobile uniquement sorti au Japon, et fatalement ça se ressent surtout en mode télé. Heureusement le côté cartoon et déjanté prend le dessus et on met vite ça de côté surtout que le jeu est terriblement drôle avec une traduction française assez dingue et des personnages qui n’hésitent pas à briser le fameux « quatrième mur »… C’est tellement loufoque qu’on se demande parfois si on a bien lu ce que l’on a cru lire ! A ce titre, le générique en français (voir là) vaut son pesant de cacahuètes entre "les rebus de l'épicerie du coin", "on a la tête dans le seau mais ça va" et "dégustons, les côtes porc", on n'est servi ! Le jeu est d 'ailleurs bien traduit avec quelques répliques bien folles et même quelques voix (trop peu) qui viennent se fondre à la bande son reprenant peu ou prou celle, excellente, de l'animé.
Un délire qui croustille
L’action se déroule dans un monde imaginaire fantastique complètement anachronique et loufoque qui brasse un peu tout et n’importe quoi et dans lequel on reconnaît différentes influences, de Dragon Quest à Yo-Kai Watch en passant par Fantasy Life. Au début du jeu, on crée et nomme son personnage (garçon ou fille) dont on choisit l’apparence grâce à différentes options. Taille, forme de la tête, couleur et forme des yeux, coupe et couleur des cheveux, voix… Rien de très classique sachant qu’au cours de la partie, il sera possible d’obtenir et même de booster différents objets, accessoires et vêtements que l’on pourra choisir de porter (visible ou non) pour personnaliser son look mais aussi pour bénéficier de boost…
Nouvellement arrivé dans le royaume (à priori) merveilleux de Tutti-Frutti, notre avatar est aussitôt présenté au bon roi qui le dirige ainsi qu’à sa fille, la princesse Mélonia, inconstante et capricieuse comme il se doit. Le royaume est soumis à de nombreux désordres avec une recrudescence de monstres qui sévissent dans tous les coins et l’ombre de l’immonde Sultan Vinaigre qui plane et s’étend chaque jour un peu plus… D’emblée, le roi nous propose une première quête simple à remplir (qu’il propose d’ailleurs à tout le monde) : aller chercher un objet inutile au fin fond d’un horrible donjon ou se terre la non moins horrible Médusa. Il faudra toutefois passer par un bref didacticiel et visiter la ville qui sert de hub central avant de partir à l’aventure. Le jeu suit la trame de la série en version accélérée à la différence que notre personnage n’existe pas dans la série. Tous les personnages de l’animé sont néanmoins présents et les héros, Chub, Mayonna, Béarnais, Grobelin ou encore Drachonnée nous accompagnent tout le long de l’aventure, chacun avec ses particularités (même si, globalement, comme ils le disent eux-mêmes, ils se valent tous !)
Donjon en série
Snack World : Mordus de Donjons – Gold (Snack World : MDDG) est un dungeon crawler / roguelike, c’est-à-dire qu’il s’agit d’explorer une succession de donjons seul ou à plusieurs afin de récupérer des trésors et de mener à bien des quêtes. Les donjons sont générés aléatoirement, ce qui fait que d’une partie à l’autre, les donjons ne sont jamais les mêmes. Non seulement l’agencement des couloirs est différent mais les mécanismes qu’ils renferment peuvent changer aussi. Parfois, on tombe sur des portes dont il faut soit trouver la clé,soit qui exigent que l'on actionne trois leviers, par exemple. Il y a aussi des portes mystérieuses qui mènent à des défis différents à chaque fois et à des surprises... Les ennemis aussi peuvent surprendre en se montrant plus nombreux et plus agressifs d’une partie à l’autre. Ainsi un même donjon peut être une promenade de santé ou un parcours du combattant. On peut aussi parfois arriver directement au boss de fin ou tourner en rond pendant trois heures et cela malgré la mini carte- au demeurant très pratique, qui permet de se repérer et d’aviser les objectifs… D'ailleurs, lorsque l’on traîne trop, un ennemi super puissant apparaît alors du nom de la Faucheuse, pour nous aider à trouver vite fait la sortie (debout ou les pieds devants !)
C’est un genre particulier qu’il faut aimer car contrairement à un donjon RPG classique le level design peut sembler générique puisque tout peut être interchangeable et mis dans n’importe quel sens… En contrepartie, on est toujours surpris et on peut s’amuser à parcourir un même donjon (pour une même mission) sans jamais refaire la même chose… Et heureusement car dans Snack World le risque de refaire plusieurs fois le même donjon n’en est pas vraiment un puisque c’est même un peu la base. D’abord parce qu’il y a de nombreuses missions annexes qui demandent de retourner dans les donjons déjà traversés mais aussi et surtout parce que la difficulté du jeu est plutôt élevée- surtout lorsque l’on joue seul et qu’il ne sera donc pas rare de se faire rétamer (comme dans la série ou les héros multiplient les échecs !) et de devoir donc tout recommencer depuis le début (et cela même si on est déjà arrivé péniblement jusqu'au boss !)
On déguste sans modération !
Dans les donjons, généralement, les ennemis apparaissent par vague de deux ou trois (parfois plus), tout d‘un coup comme par magie. Chaque ennemi est différent et possède une barre de vie que l’on peut voir se vider au fur et à mesure des coups reçus- ce qui est pratique. Chaque ennemi a, bien entendu sa technique de combat sachant que la portée de leurs coups est visible, donnant une chance de l’esquiver- l’esquive étant un point crucial du gameplay. Les combats sont, comme dans n’importe quel action-rpg, en temps réel. On se bat donc directement mais attention : on n’utilise pas d’armes classiques (ce serait trop simple) mais des « jaras » des items divers et variés, qui peuvent être des armes comme des épées, des lances des boucliers ou encore des sceptres magiques mais aussi des potions revigorantes ou des parfums malicieux, etc. Il y en a beaucoup et l’idée c’est d’en collecter un maximum sachant que certains sont rares et très utiles et que plus on en a, plus on peut se sortir de situations délicates. Concrètement, on attaque avec Y et on déclenche les compétences de ses « jaras » avec X (ce qui, entres parenthèses, consomme des PJ) sachant que chaque Jara à un coup spécial très puissant (qui met du temps à se recharger) en appuyant simultanément sur A+X et que l’on peut les améliorer. Il faut donc apprendre à connaître ses jaras pour passer de l’un à l’autre plus facilement. Au fuir et à mesure de sa progression on prend l’habitude de cibler les ennemis ce qui permet d’équiper automatiquement le jara le plus adapté.
Les « jaras » ont la particularité de pouvoir être miniaturisés pour être transportés plus facilement ce qui permet à notre avatar d’en avoir pas mal dans sa poche et, surtout, à Level-5 d’en vendre dans les distributeurs Gashapons au Japon ! C’est un gadget et ce n’est pas le seul car en plus de nos jaras, on se balade avec nos Poké... euh, nos Yo-Ka… Non, nos « Snack » ! Normal on est dans Snack World ! Pour autant comme dans les autres licences du genre, il s'agit de petits monstres de poche à capturer et à utiliser en combat, et que cette fois on peut "snacker" ou pour être plus clair, transformer en forme d’image (ce qui est pratique là encore pour en vendre par paquet de trois.)
Les rebus de l'épicerie du coin ?
Les « snacks » ce sont donc des petites créatures de poche que l’on peut donc emporter partout (comme des snacks à grignoter) comme soutien au combat et que l’on obtient en terminant des missions ou en les capturant pendant les combats, transformant ainsi un ennemi en allié. L’idée, c’est de se servir de son Pix-e-Pod (en fait un téléphone portable avec différentes applications) pour prendre en « snackie » certains monstres qui peuvent, à certains moments devenir nos alliés. En fait, plus on combat, un même type d’ennemi plus on développe des affinités permettant ensuite la capture. Autant dire que ce n’est pas très clair et que le procédé apparaît poussif et bien moins pertinent et évident que dans les autres licences du genre (comme Pokémon ou Yo-Kai Watch) d’autant plus que les « Snack » n’ont pas une personnalité ou un charisme de malade. C’est à croire que tous les refoulés du casting de Yo-Kaï Watch se sont retrouvés embauchés dans Snack World !
A noter qu’il existe deux sortes de Snack : ceux que l’on utilise en soutien et qui permettent notamment, en solo, de pallier l’absence d’autres joueurs en se battant tout seul à nos côtés et les snacks de poche que l’on peut animer pour réaliser différentes actions. Evidemment chaque Snack a ses particularités ; certains soignent, d’autres explosent tout, etc. D'autres on se demande d’ailleurs à quoi ils servent !
A grignoter à plusieurs
Snack World : MDDG est un jeu bien plus complexe qu’il en a l’air de prime abord et malgré des options d’automatisation, il demande un minimum d’implication pour ne pas se sentir frustrer. Si vous aimez foncer tête baissée dans un jeu, avec Snack World vous risquez de vous prendre un mur. Il faut bien se préparer avant chaque donjon et pour les moins doués, s’attendre à refaire beaucoup de fois les mêmes quêtes (ce qui permettra au moins de progresser.) Il faut entre chaque quête prendre le temps de discuter avec les villageois et acheter et confectionner des équipements et surtout les renforcer.
Si le jeu peut se jouer seul, on conseille vraiment d’y jouer à plusieurs pour véritablement s’amuser et apprécier le titre et toutes ses subtilités sous peine qu'il devienne vraiment répétitif et, encore une fois, frustrant. Snack World est vraiment un jeu qui prend toute sa saveur à plusieurs. Lorsque l’on joue seul et qu’on se fait exploser sur le sol et que l’on compte sur nos alliés numériques pour venir nous sauver, on peut attendre longtemps (en fait jusqu’à voir arriver le game over.) alors qu’à plusieurs, on s‘entraide et c’est beaucoup plus facile (et fun) de s’en sortir et de progresser. On peut jouer à quatre sur la même console ou avec quatre consoles reliées en local ou encore en ligne. Le jeu propose de très nombreuses options dont quelques phrases pour communiquer… Nous n’avons cependant pas pu jouer correctement en ligne mais le potentiel est là (nous mettrons à jour ce test d’ici peu…)
Snack World est un jeu typique des productions Level-5 dont malheureusement cette fois les ficelles du merchandising apparaissent un peu trop grosses. Là ou la montre Yo-Kaï peut se justifier (entres guillemets) dans l'histoire avec un principe clair (les Yo-Kai ayant chacun un rôle et une utilité...) c'et bien moins évident avec les "snacks" interchangeables de Snack World.
Heureusement la qualité d'écriture des productions Level-5 que l'on retrouve dans la série animée, est malgré tout présente. Et l'on retrouve donc un univers et des personnages délirants très attachants et surtout un humour décapant incroyable. D'ailleurs, si vous ne connaissez pas la série : foncez, vous ne le regretterez pas : c’est du grand art. Vous allez vous bidonner ! Le jeu vidéo reprend en grande partie l'univers déglingué et l'humour complètement claqué de l'animé ce qui participe grandement au plaisir que l’on a à parcourir le monde du jeu. Un monde plutôt vaste et rempli de missions en tous genres garantissant une belle durée de vie au soft (d’autant plus qu’il s‘agit de la version Gold incluant tous les DLC sortis au Japon) Il faut cependant avoir conscience que ce n’est pas un jeu aussi facile qu’un Yo-Kai Watch ou même qu’un Pokémon et qu’il demande donc un minimum d’implication pour ne pas se retrouver pétrifié par Medusa dès le premier donjon (comme les héros de l'animé !)