Véritable pionnier du jeu vidéo (arf arf arf), The Oregon Trail est un de ces GRANDS classiques du jeu vidéo qui ont bercé tant d'enfances. Vous ne le connaissez pas ? Mais alors, enfilez vos bottes de cow-boy, faites gaffe à pas choper la dysenterie, et c'est parti pour un grand voyage !
Des humbles débuts pour un si grand nom
Une petite leçon d'histoire vidéoludique s'impose pour ceux qui ne connaîtraient pas le nom de « The Oregon Trail. » Tout d'abord, ceci était le nom donné de la piste allant des tout-nouveaux États-Unis à la côte Pacifique vers les années 1850, permettant à toute une vague de colons d'aller s'établir sur les terres lointaines de l'Oregon, en quête de richesses, de liberté, d'aventure, ou autre. Mais c'est aussi le nom d'un jeu vidéo éducatif américain qui voulait, vers la fin des années 80, faire revivre aux élèves ce voyage. Ainsi, ce jeu, qui était souvent disponible dans les écoles sur des Apple II ou autre ordinateur de l'époque, a été très connu des jeunes Américains et fait partie aujourd'hui de leur culture générale, à tel point qu'on retrouve souvent des clins d’œil au jeu original dans des dessins animés ou autres jeux vidéos, notamment sous la forme d'un même : une mort soudaine et violente de dysenterie.
Mais alors, The Oregon Trail ne serait qu'un exposé sur les maladies du système digestif ? Bien sûr que non. Ce jeu bien-aimé (il n'en est pas à sa première réédition) nous propose de revivre le voyage des colons américains, et si possible sans mort douloureuse. Dans ce jeu de gestion, vous devrez choisir une équipe de quatre colons, chacun avec un métier et un caractère lui donnant certains avantages, et pouvant influencer votre survie. Par exemple, un colon paranoïaque pourrait vous causer des soucis en refusant de cueillir des plantes inconnues, mais aussi vous empêcher de parler à des personnes mal intentionnées. Vous parcourrez alors la légendaire piste de l'Oregon, étape par étape, croisant de véritables lieux qu'ont parcouru les colons, et étant sujet aux mêmes difficultés, parfois aléatoires, parfois liées au lieu ou au climat. Votre but : atteindre coûte que coûte la terre promise de la côte Pacifique.
Sweet Home Alabama ? Non, on va plus loin
Durant le gameplay, le jeu vous montrera vos colons marchant gaiement à côté de votre chariot, vous laissant vous repaître des paysages autour de vous. Et il faut bien dire que tout ceci est très joli : tournant sous l'Unreal Engine, les paysages proposés sont beaux, les effets de lumière magnifiques, et vos colons et autres animaux sont rendus dans un pixel-art charmant qui rend hommage au jeu original tout en restant très agréable à l’œil. Un cocktail visuel parfaitement rétro et moderne à la fois, accompagné de musiques d'ambiance dans l'esprit «Old West» qui fera sourire tout en vous immergeant à fond dans l'ambiance. D'ailleurs, les développeurs savaient que l'ambiance et les graphismes étaient un point fort du jeu, car un mode automatique vous est proposé, afin de juste laisser tourner le jeu en fond si vous voulez faire autre chose tout en restant dans le « mood ». Toute l'esthétique des menus est aussi travaillée afin de rester proche es graphismes vert sur noir des vieux ordinateurs, tout en étant lisible bien sûr.
Une fois vos yeux et vos oreilles contentés, vous pourrez vous concentrer sur le jeu, qui commence avec un tutoriel court, mais complet vous montrant les rudiments du gameplay. Durant cette séquence, vous jouerez un petit groupe de colons arrivant à Independance, la ville considérée comme le départ de la piste vers l'Oregon. Accompagné par un trappeur local, vous apprendrez que pour survivre au voyage, votre grande priorité sera de gérer vos ressources afin de garder vos colons en bonne santé. La nourriture, l'état de votre chariot, mais aussi l'hygiène des colons et leur humeur pourraient tous être des freins à votre conquête de l'Ouest. Ainsi, il sera de votre responsabilité d'imposer un rythme de marche, de décider de la taille des rations, de gérer vos stocks, et si besoin, d'aller chasser, ou pêcher, tout en veillant à la sécurité de l'équipage. Mais cette petite intro ne vous dit pas tout...
Old man river...
The Oregon Trail pourrait sembler facile à première vue, mais ne vous y trompez pas, si le jeu à la réputation d'être difficile, il y a bien une raison. Car si gérer vos ressources est plutôt aisé au début, vous serez également confronté aux aléas de la route, des événements aléatoires pouvant vraiment vous pourrir la vie : attaque de bandits, blessures en tout genre, chariot qui s'abîme, bœufs qui tombent malades, et j'en passe, chaque crise vous enfoncera un peu plus, minant les ressources que vous avez accumulées. Et passé la moitié la moitié du parcours, il n'y a plus de forts dans lesquels acheter du ravitaillement. A la place, vous devrez négocier avec les autres colons : allez-vous donner de la précieuse nourriture contre des boîtes à outils ou des remèdes ? Peut-être que vous n'aurez pas besoin de ces pièces de rechange qui prennent tant de place dans votre inventaire limité. Des choix cornéliens vont s'imposer à vous, et vers la fin du voyage, vous devrez bien réfléchir au chemin à emprunter, car certains embranchements de votre carte pourraient mener à des précieuses ressources.
Chaque grande étape de la piste est divisée en petites étapes, elles-mêmes coupées en plusieurs tronçons de route menant à des ressources ou des événements. Si certains restent aléatoires, avoir un colon avec le sens de l'orientation pourra vous aider à y voir plus clair et à avoir des indices. Mais vous ne pourrez échapper à certains obstacles, comme les fleuves à traverser, qui sont toujours très dangereux, pouvant ruiner votre partie d'un coup, ou qui seront coûteux en temps et en argent. La traversée des Montagnes Rocheuses est aussi une vraie épreuve d'endurance, et ne parlons même pas de la menace de l'hiver. Si vous vous éternisez, le froid et la neige vous feront bien vite regretter vos choix, tant ils sont sans merci.
Mais ne vous découragez pas, car le génie du jeu réside bien dans cette difficulté immersive. Voir vos ressources diminuer au fil de votre progression est décourageant, mais l'approche du but vous motivera à essayer, et c'est comme ça qu'on se retrouve à faire « juste une étape de plus, promis, et j'arrête, vraiment. » Un exploit pour un jeu qui pourrait paraître si plan-plan au premier abord. Bon, d'accord, ce n'est jamais palpitant, mais les événements aléatoires et l'immersion totale du titre le rendent véritablement accrocheur. Pour peu que vous aimiez vraiment l'ambiance proposée, vous pourriez y passer quelques heures sans vous en apercevoir.
Manifest Destiny
Pensiez-vous qu'arriver en Oregon était la fin du voyage ? Pauvre fou... The Oregon Trail en a encore pas mal sous le chariot ! Non content de proposer un parcours principal qui prendra entre 3 et 4 heures pour une première traversée complète, le jeu vous donne aussi la possibilité d'effectuer d'autres parcours, plus courts, mais plutôt variés. L'un vous donnera la possibilité de revivre la ruée vers l'or et la Californie, un autre d'incarner des Natifs Américains et d'en apprendre plus sur leur culture, ou encore de devenir un marchand de peaux et d'essayer de vous enrichir le plus possible, et encore bien d'autres choses. Des objectifs très variés, et proposant des histoires, décors et interactions inédits. De plus, chacun de ces parcours débloque une option supplémentaire pour la piste de l'Oregon sous la forme de classes ou d'objets, vous permettant de varier vos parties. Pour les mordus du jeu, des objectifs hebdomadaires et des challenges sont proposés, ainsi qu'une liste de trophées in-game, et même des quêtes secondaires à effectuer sur votre parcours. Vraiment de quoi vous faire tourner la tête tant le contenu est riche. Par contre, le gameplay ne change que très peu, voire pas du tout. Ce sera à vous de voir si vous êtes prêts pour tant de voyages. Mais l'appât du gain est fort, car chaque petit succès débloque quelque chose.
Une des meilleures récompenses reste, à mon sens, toutes les entrées du lexique. Portées sur la piste de l'Oregon, ses lieux, les animaux, la culture des natifs et ses personnages emblématiques, elles ajoutent une valeur éducative très riche pour les curieux. Et qui ne le serait pas au vu du travail culturel sur le jeu ? L'équipe a apporté un soin tout particulier pour rendre la réalité du quotidien des colons au mieux, et a apporté beaucoup d'attention au rôle des Natifs Américains si souvent oubliés, mais aussi à leur mauvais traitement par l'homme blanc. Une réalité historique difficile, mais fascinante pour tous les curieux, et n'oublions pas, le but principal de The Oregon Trail, à la base. Même les animaux croisés lors de vos voyages sont une partie de la découverte et du gameplay. Et, cerise sur le gâteau, le jeu propose pas mal de réglages pour se rendre accessible au plus grand nombre. Un voyage des plus alléchants, au final.
