Il y a plus de 25 ans déjà, The Legend of Zelda : Link's Awakening sortait sur Game Boy sur lequel il remportait un très grand succès auprès des joueurs et de la presse média de l'époque. A l'époque, les consoles portables comme le Game Boy étaient pourtant très souvent (dé)considérées comme des consoles pour enfants (l'insulte suprême) ou de "complément"; des consoles que l'on n'utilisait que dans des situations précises, en déplacement ou au petit coin et dont la puissance "limitée" bridait à priori, les expériences de jeu.
Pourtant, rétrospectivement, le Game Boy, puisque c'est de cette console plus particulièrement qu'ils 'agit, était bien une console à part entière avec son propre catalogue de jeux originaux, ses hits et ses exclusivités. La "brique" de Nintendo est même à l'origine de grandes séries de jeu aujourd'hui incontournables comme les Pokémon, Kirby ou encore Wario Land et a eu droit aussi des épisodes inédits et souvent étonnants des licences phares de Nintendo comme Super Mario Land ou cet inoubliable The Legend of Zelda : Link's Awakening reprenant tout ce qui faisait la force des jeux sortis sur NES et Super Nintendo en l'agrémentant d'un petit vent de folie, totalement inédit et rafraîchissant ! Aujourd'hui avec la Nintendo Switch, le concept de console portable ne veut définitivement plus rien dire même avec l'arrivée de la petite nouvelle : la Nintendo Switch Lite dont la puissance n'a plus rien à envier à celle des consoles de salon... Et pour cause puisque c'est la même que la Switch standard ! Alors en mode portable comme en mode console de salon, que vaut ce nouveau Link's Awakening? Ouvre les yeux !
Little Big Zelda
Il y a quelques jours, nous avons fait une preview de cette nouvelle version de Link's Awakening en vous disant tout le bien que nous en pensions (voir ici). Aujourd'hui avec ce test, nos bonnes impressions se confirment. Pas besoin de faire notre tête de suspens : The Legend of Zelda : Link's Awakening est une valeur sûre aussi bien pour la Switch standard que pour sa petite sœur, la Switch Lite. Développé par Grezzo, un habitué des portages Zelda, le remaster The Legend of Zelda : Link's Awakening est, on peut le dire, une belle réussite sur Nintendo Switch. Une réussite d'autant plus notable que contrairement aux autres portages de Grezzo comme The Legend of Zelda : Ocarina of Time 3D ou encore The Legend of Zelda : Majora's Mask 3D, les développeurs ont du repartir à zéro pour recréer entièrement le titre original. A l'arrivée, sur Nintendo switch, The Legend of Zelda : Link's Awakening a fait l'objet d'un soin tout particulier de façon à, d'un côté enthousiasmer et enchanter les nouveaux joueurs, de l'autre, décocher une flèche en plein cœur des anciens en leur permettant de retrouver l'esprit et l'ambiance si particulière de l'oeuvre originale.
Visuellement le jeu est AD-ORA-BLE !. On est certes loin du pixel art qui a son charme et ses aficionados mais le style créé pour le jeu est vraiment original et cohérent. Pourtant, lors des premières présentations, le choix des développeurs de s'orienter vers un monde qui pouvait s'apparenter à une sorte de maquette géante avec des personnages ressemblant à des petites figurines en plastique avait tout pour déplaire, en donnant l'impression d'un jeu conçu pour le jeune public, bien loin du côté universel de la licence.
Une vraie boîte à jouets
Cependant, une fois la manette ou la console en main, la magie opère immédiatement. The Legend of Zelda : Link's Awakening est à l'origine, sur Game Boy, un jeu qui part un peu dans tous les sens avec des séquences tantôt sérieuses, tantôt délirantes et surréalistes ou encore des personnages humains côtoyant des personnages animaux et même des personnages issus d'autres jeux Nintendo ! Les développeurs s'étaient en effet permis de gros délires avec le jeu Game Boy- probablement aussi dans un souci d'économie en récupérant quelques sprites à bon compte !
Evidemment, trouver le bon style graphique (réaliste , animé, stylisé , old school ?) qui puisse lier tout cela était un défi que les développeurs ont relevé haut la main. Ainsi malgré le côté factice de certains éléments, il se dégage du jeu un charme bucolique indéniable. Le jeu fourmille en effet de vie et de petits détails loin de l'image d'un monde figé en plastique que l'on pourrait avoir de prime abord, comme des brins d'herbes qui frémissent sous nos pas, des papillons qui virevoltent dans tous les coins ou encore des petits animaux comme des poules ou des renards qui vont et viennent... C'est kawaï en diable ce qui n'empêche pas les textures d'être très belles, limite "réaliste" avec pas mal d'effets réussis comme avec le feu, la pluie ou encore les reflets dans l'eau, etc. En cela, le jeu est bien aidé par une bande son magnifique des et des bruitages idoines. La bande son originale est, il est vrai, déjà extraordinaire à la base (même sur Game Boy) mais sa réorchestration lui permet de s'élever encore avec des morceaux tantôt bucoliques, tantôt épiques s'adaptant bien aux environnements et aux situations.
Zelda, c'est flou
Tout serait pratiquement parfait si on ne remarquait un effet de flou étrange sur les bords de l'image probablement pour permettre aux éléments de s'afficher correctement en temps réel lors des déplacement de Link puisque désormais, il n'y a plus de coupure ou de temps de chargement entre les différents environnements. A dire vrai, ce n'est pas vraiment gênant et cela donne même "un style" mais honnêtement, on s'en serait bien passé. De plus le jeu a des problèmes techniques assez incompréhensibles et on espère qu'une mise à jour viendra corriger cela. The Legend of Zelda : Link's Awakening est à part ça un jeu réellement enchanteur tant il propose énormément d'environnements variés aux ambiances différentes, bien plus que dans les autres Zelda 2D, ce qui fait que l'on est toujours ravi de découvrir de nouveaux lieux, que ce soit une prairie verdoyante, une petite maison à l'intérieur raffiné et bourré de détails, un cimetière angoissant ou encore une forêt terrifiante... Sur Game Boy, chaque écran de jeu (puisque tout le jeu était découpé en écran) proposait un morceau d'environnement incluant une ou plusieurs énigmes s'imbriquant parfois les unes aux autres. A l'arrivée, cela fait une aire de jeu très dense avec énormément de choses à faire et on a l'impression que chaque centimètre carré cache (au moins) un secret à découvrir !
Autant dire que The Legend of Zelda : Link's Awakening n'a rien d'un Zelda contemplatif. Il n'y a d'ailleurs pas d'alternance du jour et de la nuit et, à part peut-être les grands malades comme votre serviteur, on ne se ballade pas dans les plaines juste pour le plaisir de se balader... Cependant, le titre renferme pas mal de petites séquences initiées par l'histoire du jeu qui emportent le joueur comme le spectateur subjugué d'un film. On pense notamment à cette séquence culte sur la plage avec Marine... Il y a aussi les cinématiques animées qui même si elle tranchent avec le reste sont magnifiques. Dommage d'ailleurs qu'il y en ait si peu...
Un Zelda sans Zelda
Un peu à la manière de Majora's Mask, l'histoire de The Legend of Zelda : Link's Awakening est tout à fait étrange et merveilleuse et donne une grande place au rêve. D'ailleurs le jeu commence comme souvent dans Zelda par un Link endormi comme si il était en train de rêver à moins qu'il ne s'agisse du rêve d'un autre ? L'histoire prend place en marge de l'histoire habituelle de la fameuse Legend de Zelda. D'ailleurs, malgré le titre du jeu, la princesse Zelda n'y joue aucun rôle et tout juste est-elle évoquée ! Idem pour Ganon qui est aux abonnés absents... Le jeu commence lorsque (peu après les événements de Link to The Past) en route pour Hyrule, le bateau de Link se trouve pris dans une tempête et chavire... Le jeune elfe se réveille alors sur l'île de Cocolint ou vivent humains et animaux qui parlent et sur laquelle tout semble "bizarre" tout en restant malgré tout très familier... Pour pouvoir retourner à Hyrule, Link n'a pas le choix, il doit impérativement réveiller le "poisson-rêve" qui dort paisiblement dans un œuf géant au sommet d'une montagne en réunissant près de huit instruments de musique disséminés un peu partout sur l'île dans huit donjons remplis de pièges, d'ennemis et de boss... On le voit l'histoire est totalement délirante et durant tout le jeu, Link rencontrera des personnages improbables lors de séquences mémorables. A noter que le jeu est d'ailleurs très drôle avec pas mal de références à d'autres titres Nintendo et même au fait que nous sommes en train de jouer à un jeu !
Zelda à quatre boutons
Au niveau du gampelay, on se retrouve avec un Zelda 2D classique. Avec sa vue de dessus, légèrement décalé et son monde faussement ouvert qui ne se dévoile qu'au fur et à mesure de ses acquisitions. De ce côté là, comme les épisodes classiques parus sur NES et Super Nintendo, c'est du grand art. Sans s'en rendre compte, tout en suivant le fil de l'intrigue, l'univers du jeu se dévoile et s'élargit à la façon de cercles concentriques. On ne peut ainsi découvrir le prochain environnement qu'après avoir bien fouillé celui dans lequel on se trouve et récupérer le bon objet qui seul permet d'en libérer l'entrée, à commencer par l'épée qui permet de couper les bosquets et les herbes et qui au début sont des obstacles insurmontables. A part ça, on retrouve le même découpage que Link to The Past avec d'un côté, les différentes quêtes du monde extérieur avec différents cheminements et sous-quêtes; de l'autre les donjons dont il faut trouver l'entrée mais aussi la clé ! Comme dans tous les Zelda (avant Breath of The Wild) les donjons restent bien évidemment le cœur du jeu autour duquel tout le reste est construit. Chaque donjon renferme généralement un objet ou une arme qui permettra à coup sûr de terrasser le boss qui s'y cache et protège l'un des instruments à récupérer. Ces donjons sont l'occasion de véritables énigmes et même s'ils ne sont pas toujours aussi retors que ceux des derniers épisodes, ils renferment pas mal de surprises avec des énigmes parfois étonnantes et une difficulté inattendue : un boss à occire en plusieurs rencontre, deux boss à battre en même temps, des pièces de donjon à étages, etc.
Sur la télé, en mode sur table ou en portable
Comparé au jeu original, le titre a été optimisé pour la Nintendo Switch. Le Game Boy n'avait que deux boutons, obligeant de sans cesse interrompre l'action pour passer d'une arme à un objet. Et même si cela faisait partie de son charme (et même de son gameplay) on est content que sur Switch, les choses aient été revues. Sur Switch, l'épée et le bouclier sont désormais assignés aux boutons L et R et les autres objets, on les place comme on le souhaite sur les boutons X et Y en fonction des situations. Pas de détection de mouvement ou de gyroscope. Les développeurs ont fait simple- sachant que la Nintendo Switch Lite sort le même jour que le jeu... Les vibrations HD sont cependant utilisées à différents moments mais comme souvent les vibrations sont tellement subtiles qu'à l'arrivée on ne sait quoi en dire ! Par contre, n'espérez pas utiliser l'écran tactile comme raccourci pour aller plus vite ou en complément aux boutons. L'écran tactile n'est pas pris en charge ni pour l'inventaire ni même pour lancer le jeu ! Idem pour la croix directionnelle de la manette Switch Pro ou de la Switch Lite...
Un avant-goût de Zelda Maker ?
Parmi les petits changements, les fans du jeu original, noteront qu'il y a désormais plus de points de téléportation et que si on peut encore sauvegarder quant on le souhaite, une sauvegarde automatique s'active à chaque passage important. On note aussi, des ajustements pour rendent l'expérience plus fluide avec des mécanismes qui restent activés une fois enclenchés et des textes qui défilent beaucoup plus vite, par exemple. La version Switch ajoute en outre une vraie nouveauté : une sorte de mini Zelda Maker ! Dans la cabane d'Igor, on peut en effet fabriquer un donjon grâce à des "carreaux" (en fait des salles de donjons) récupérés ici ou là ou grâce aux amiibo compatibles. Un super petit jeu dans le jeu même s'il est un peu limité. On aimerait en effet pouvoir avoir plus de choix et moduler les salles en changeant le nombre d'ennemis ou ce qu'il y a dans les coffres mais peut-être que Nintendo prépare quelque chose et qu'il ne fallait pas en proposer trop... Pour autant, c'est un ajout sympathique qui pourra amuser et qui permettra de partager un peu son aventure avec des amis à condition bien sûr de suffisamment jouer lors de l'aventure pour récupérer des "carreaux"... Dernière nouveauté : le mode Hero, un mode de difficulté "héroïque", disponible dès le départ pour les braves. The Legend of Zelda : Link's Awakening est un jeu dans lequel on peut se faire assez rapidement trucider si on fonce dans le tas. Heureusement, avec la sauvegarde automatique, on ne se retrouve rarement à devoir repartir bien loin de l'endroit où l'on a chuté. A côté de ça, si on ne fait pas n'importe quoi, on ne peut pas dire que le jeu soit difficile. C'est pour cela que pour tous ceux qui aiment bien se compliquer la vie, il est possible de relever la difficulté du jeu en activant le mode Héro dès le début de sa partie.
Un "nouveau" Zelda pour une "nouvelle" console
The Legend of Zelda : Link's Awakening est sorti le 20 septembre 2019 en même temps que la Nintendo Switch Lite, ce qui n'est évidemment pas un hasard... The Legend of Zelda Breath of The Wild a accompagné la sortie de la Switch standard en mars 2017 avec le succès que l'on sait et aujourd'hui c'est au tour de The Legend of Zelda : Link's Awakening qui bien évidemment est parfait pour la Nintendo Switch Lite puisque, à l'origine, le jeu a été conçu pour une console portable. On peut d'ailleurs parier que s'il y a une Switch Pro dans les cartons, Zelda BOTW 2 accompagnera sa sortie.
