L'année tire à sa fin, et après une déluge ininterrompu de grosses sorties ces derniers mois, le calme habituel du mois de janvier commence à se profiler comme la lueur au bout d'un long tunnel. Pourtant, le catalogue de jeux continue de s'étoffer pour cette année. Ribi-Rabi, un titre qui a émergé de façon plutôt inattendue, a rencontré un succès considérable sur PlayStation Vita, suivi d'un engouement plus généralisé quelques années plus tard, notamment sur Switch. Ce jeu, savant mélange de metroidvania et de shoot them up, doté d'un pixel art soigné, explique aisément le triomphe de cette formule. Quelques années plus tard, nous voici avec TEVI, un spin-off qui reprend en partie cette recette à succès.
La chasse aux Astral Gears
Tevi, l'héroïne éponyme, est une jeune ingénieure en quête d'Astral Gears, des artefacts renfermant d'importantes concentrations de mana. La motivation derrière cette recherche réside dans la nécessité d'assister son père dans ses travaux de recherche. Dans le monde en convalescence d'Az, après une décennie de conflit, trois factions coexistent : les humains, dotés de pouvoirs magiques, les beastkin, dépourvus de magie, et les magitech, des êtres biomecaniques créés par les humains. Cependant, Tevi n'est pas la seule à rechercher ces artefacts précieux. Les puissants Astral Gears suscitent la convoitise. Ainsi, Tevi, accompagnée rapidement par deux alliés, Celine, une magitech originaire de Valhalla, et Sable, un démon issu de Tartarus, forme un trio atypique car ces deux compagnons prennent forme en tant qu'"orbiteurs" de Tevi, de petits dispositifs flottants capables de lancer des attaques à distance.
Ensemble, ils parcourent le monde, dans l’objectif de récolter des Astral Gears. Les orbiteurs, ces minuscules orbes flottants, deviennent une extension essentielle de Tevi, symbolisant la synergie entre les trois membres du groupe. Alors que le monde d'Az tente de se reconstruire et de rétablir l'harmonie entre ses factions, Tevi et ses compagnons vont se retrouver happés dans une quête pour arrêter Decay, une entité corruptrice menaçant la stabilité du monde.
Un décollage timide
Malgré ses atouts narratifs, TEVI met un certain temps à décoller sur le plan de l'intrigue. Les premières heures du jeu se concentrent principalement sur la quête des Astral Gears, manquant d'une direction claire et donnant l'impression d'une narration peu ambitieuse. Cependant, le jeu compense cette lenteur narrative par de nombreuses séquences de dialogues entièrement doublées (mais toujours pas traduits en français). Bien que les personnages soient bien souvent conformes aux archétypes d'anime auxquels on est désormais habitués, les conversations sont souvent ponctuées par un humour franc, tout en approfondissant par moments les liens entre les personnages en faisant vibrer la corde sensible.
TEVI est entièrement en pixel art, arborant une esthétique "Super Deformed" dans la veine de Ribi-Rabi. Les sprites et les décors se dévoilent dans une palette de couleur tout en nuance, évitant évitant soigneusement les dérives d’un pan de la tendance "neo-rétro" qui réintroduit une esthétique archaïque, initialement contrainte par les compromis techniques de l'époque. Chaque zone bénéficie d'un soin particulier, avec des nuances sélectionnées avec précision et des décors souvent magnifiques. L'aspect graphique dans son ensemble est extrêmement satisfaisant, traduisant de manière remarquable des ambiances tour à tour apaisantes et angoissantes.
L'exploration constitue l'un des points forts du jeu, non seulement pour la beauté de son monde, mais également pour la satisfaction constante qu'elle procure. Dans la pure tradition du metroidvania, chaque recoin renferme ses secrets,.que ce soit des potions octroyant des améliorations permanentes ou des blocs dissimulés permettant de dénicher quelques pièces. Cette expérience est enrichie par les compétences de déplacement permanentes, introduites progressivement à un rythme équilibré. Des capacités classiques comme le double saut ou la glissade aux ajouts plus originaux tels que le jetpack, la formule du metroidvania trouve ici une itération remarquable, où l'exploration est particulièrement réussie. Les affrontements contre les boss dans TEVI sont également une démonstration de la maîtrise du sujet.
Un système de combat bien huilé
Le système de combat de TEVI se démarque par sa simplicité tout en offrant une diversité d'options engageantes. Bien que les débuts du jeu, tout comme sa narration, connaissent des difficultés à décoller, les mouvements avancés débloqués après quelques heures ajoutent rapidement du piquant à l'expérience. Les airdashes et les glissades, servant à la fois d'attaques et de déplacements rapides, complètent efficacement le combo de base à quatre coups de Tevi, permettant d'infliger des dégâts conséquents aussi bien au sol qu'en l'air. Les compagnons de Tevi, Celia et Sable, enrichissent l'arsenal avec trois types de tirs chargés, offrant ainsi diverses tactiques. Ces compétences, ainsi que d'autres, peuvent être améliorées grâce aux sigils que Tevi peut équiper.
Les affrontements contre les boss se démarquent par une augmentation graduelle de la complexité de leurs schémas d'attaque. Ils débutent avec quelques tirs dispersés ici et là pour évoluer vers une forme de danmaku intense qui ne tolère aucune hésitation. Tout comme avec les ennemis ordinaires, la clé de la victoire contre les boss réside dans l'alternance entre les phases offensives et d'esquive. La difficulté n'est pas insurmontable, mais quel que soit votre niveau dans le jeu, le défi reste relevé. Le masque de collision de Tevi est généreux, offrant constamment un avantage; on ne se sent jamais désavantagé, bloqué ou injustement puni, contribuant ainsi à rendre l'expérience TEVI extrêmement plaisante.
