Nintendo Switch

Terra Memoria

Test Switch

Terra Memoria

Par Kosmo56 - Le 08/04 à 16:00

L'avantage des jeux indépendants, c'est qu'on peut découvrir de nouveaux horizons en y jouant, de nouvelles façons de voir les choses, un dépaysement total, quoi. Mais pas là. Terra Memoria est une production du studio La Moutarde, responsable du très bon Old School Musical. Et je crois qu'il va falloir commencer à surveiller ces oiseaux là. Attention, le charme à la française n'a rien perdu de sa superbe !

Test réalisé d'après une version envoyée par l'éditeur

Le constamment bon

Rien ne va plus dans la bonne vieille ville de Constance, ville peuplée d'animaux anthropomorphes où on s'efforce de rendre chaque jour identique au précédent, histoire de ne pas se casser la tête. Non seulement des vilaines machines inconnues, appelées Carcasses, attaquent, mais les cristaux magiques qui alimentent la ville en énergie sont en pénurie, et plus rien ne bouge ni ne fonctionne. Voilà qui n'augure rien de bon, et chaque jour, des mécontents quittent la ville, et la constance, pour aller trouver leur bonheur ailleurs. Au milieu de tout ça on retrouve, Syl, une jeune renarde ayant perdu la trace de ses parents qu'elle n'a pas vu depuis 10 ans, et Moshang, un rhino ayant choisi d'être un mage plutôt qu'une montagne de muscles. Enfin, c'est quand même une montagne de muscles, mais il fait aussi de la magie. Et ensemble, accompagnés de quelques personnages hauts en couleurs, ils partent pour une aventure qui les dépasse quelque peu, ne serait-ce que parce qu'ils doivent souvent composer avec l'incompétence crasse de leur entourage.



Terra Memoria est un RPG au tour par tour dans la plus grande tradition du genre. On y enchaîne exploration, quêtes et baston au tour par tour tout en prenant des niveaux et en faisant avancer le scénario. Le truc classique, quoi. Ce qui rend ce titre un peu particulier, c'est sa « vibe » très cozy et détendue, et son écriture. Rien dans Terra Memoria ne semble très urgent. Est-ce la faute de la constance ? Même les combats ne vous pressent pas et sont simples à gérer, ayant appris des meilleurs jeux avant eux (et nous y reviendrons.) Ici, les préoccupations des personnages sont à petite échelle, et on se demandera plus souvent ce qu'on mange ce soir qu'autre. C'est vrai ! Ne rigolez pas ! Ou plutôt, rigolez, car Terra Memoria est souvent drôle, et ce dû en partie au fait que le français est sa langue d'origine, et que du coup, on ne perd rien en traduction. De blagues douteuses, aux formulations déplacées en passant par quelques références franco-françaises de qualité, c'est un plaisir de parler à chaque PNJ.
Mais alors qu'est-ce que c'est que cette histoire de manger ? Et bien, sachez que dans Terra Memoria, vous validez votre expérience de combat en dormant, en fin de journée. Mais c'est aussi l'occasion de préparer la popotte, histoire de glaner quelques HP max supplémentaires qui seront bien utiles. Alors, histoire de mettre toutes les chances de votre côté, il faudra donc chercher des recettes en parlant à des PNJs ou en trouvant des livres de tourisme, puis faire les courses. Et ça coûte cher ! Mais pas d'inquiétude, Terra Memoria ne propose pas de système d'équipement complexe, ou de grinder des thunes en abattant des ennemis à tout va. Quand on dit que ce jeu est cozy, c'est bien vrai : vous n'avez pas à gérer dix mille paramètres, mais plutôt juste à profiter du voyage. Mais attention, cela ne veut pas dire qu'on s’ennuie : il y a toujours quelque chose à faire, et un système bien pensé de cartes de quête (avec des petits tampons et tout) vous permet de vous y retrouver facilement. Quant aux combats, ils vont vous demander de vous creuser un peu la tête, et également de vous investir dans les systèmes d'expérience et de cuisine afin de continuer votre voyage sous les meilleurs auspices.

L'inspiration des meilleurs

Terra Memoria n'échappe pas à toutes les conventions du RPG. Au contraire, il aime les conventions de RPG, et surtout les tordre un petit peu afin d'être original. Prenez les combats, par exemple. Les tours de tout le monde sont affichés sur une ligne en bas de l'écran. Faites une action puissante, et votre prochain tour sera retardé, mais optez pour moins d'effets, et vous rejouerez plus vite. Sauf que si vous exploitez les faiblesses élémentaires des ennemis, vous pouvez les rendre vulnérables à tous les éléments, et repousser leur tour au bout de l'écran, vous permettant de joyeusement taper dessus. Sachant que vos personnages combattants ont seulement quelques éléments à disposition, et que les personnages de soutien peuvent changer la nature de vos attaques, cette petite considération rythme très bien les combats, les rapprochant quelque peu de ceux de la série Grandia. Mais revenons à cette histoire de soutien : chacun des trois personnages de soutien s'attache de manière aléatoire à un personnage combattant au début de chaque combat (vous pouvez exclure certaines équipes si vous voulez), et changent leur set d'attaque. Alto le barde, par exemple, change les attaques en soin, et les soins en attaques dévastatrices, tandis que Opale la forgeronne change l'élément de vos attaques. C'est une dimension tactique intéressante et très peu vue auparavant qui apporte du piment dans des combats qui auraient pu se révéler un peu trop mous sans ça.

Hors combat, la customisation des personnages est légère. Au fil des niveaux, vous allez apprendre des attaques à équiper sur chaque personnage, sachant que certaines sont incompatibles, vous conduisant parfois à choisir entre portée et puissance, soin ou attaque. Rien de bien transcendant, mais bien assez pour ce qu'on en fait. Chaque personnage combattant peut également équiper jusqu'à 3 badges qui montent les statistiques, à trouver, à acheter, ou à fabriquer avec les loots de terrain et des monstres. Encore une fois, rien de bien complexe, et cela correspond au jeu, et les vétérans des RPGs ardus et amoureux des nombres qui montent risquent de s'ennuyer. Par contre, les petits nouveaux seront sûrement aux anges avec un système si peu intimidant.
Finissons avec la présentation du jeu. C'est magnifique. Voilà. Nous ne sommes pas sur la HD-2D de Octopath Traveler, mais on s'en rapproche vraiment, la présentation de Terra Memoria en est fortement inspirée, et s'en tire fichtrement bien ! Les environnements sont détaillés et travaillés, les personnages pleins de vie, les designs créatifs, enfin bref, on en prend plein les mirettes, si on aime le genre. Dans les menus, de très mignons dessins donnent un autre regard sur les personnages et achèvent de les rendre attachants. D'ailleurs, même les menus bénéficient de quelques clins d’œil humoristiques, comme quand ils se moquent de l'obsession de sauvegarder plusieurs fois « pour être sûr. » Ouais... ils savent ! La bande-son du jeu est également très bonne, alternant entre ambiance et rythme avec brio, et les compositions sont mémorables. Même les petites voix des personnages à la Animal Crossing achèvent de donner vie à Terra Memoria d'une superbe façon. C’est juste trop mignon!

 

 

8.5
Terra Memoria est une petite pépite du RPG indépendant. Cozy, drôle, simple mais sans sacrifier les essentiels du genre, seuls les plus accros à la complexité s'ennuieront. Pour tout le reste, vous aurez un jeu accessible, bien écrit, et magnifique à regarder. Pas mal, non ? C'est français. 

  • Un "petit" RPG tout chill
  • Une écriture au top
  • Des graphismes admirables
  • Abordable et accueillant
  • La bande-son variée
  • Un système de combat inspiré
  • Des mécaniques basiques qui ennuieront les acharnés du genre