Fort d'une quinzaine de titres principaux, la série des Tales of a su se constituer, au fil de ses opus, un groupe de fans de plus en plus nombreux. Il faut dire que la série, entamée en 1995 avec l'impressionnant - pour l'époque - Tales of Phantasia sur SNES, avait de quoi impressionner. Certains opus ont marqué l'histoire de cette saga et plus généralement le petit monde du jeu vidéo de son empreinte, et celui que nous allons tester en fait clairement partie. Paru en 2004 sur GameCube en Europe, Tales of Symphonia a fait les beaux jours du JRPG nippon dans nos contrées. Preuve de son succès, il a même été adapté en animé de 11 épisodes entre 2007 et 2012 ! Paru également sur PS3 dans un premier remaster en 2014 en occident, que vaut donc cette seconde réédition de ce titre culte ? La réponse dans ces quelques lignes !

Un départ en fanfare.

L'histoire nous narre les aventures de Lloyd Irving, un jeune homme qui accompagne son amie d'enfance Colette Brunel dans un périple à travers le monde afin de le régénérer. En effet, ce dernier est assailli par une race d'êtres que l'on croyait disparu, les Desians, autrefois scellés par la déesse Martel. Au fil de l'aventure se constitue une véritable équipe de héros tous plus attachants les uns que les autres, dans un scénario comportant beaucoup de rebondissements et qui demeure toujours aussi prenant en 2023. On a toujours ce sentiment de vouloir continuer à progresser dans le jeu pour en connaître un peu plus sur le monde de Sylvarant, ses problèmes, mais aussi sur les personnages principaux et leurs antagonistes charismatiques. 

L'aventure proposée est d'autant plus prenante qu'elle aborde un bon nombre de thèmes différents qui feront réfléchir le joueur. De plus le jeu est fort pour jouer sur nos émotions, en mettant clairement en avant la relation entre Lloyd, Colette et les personnages qui feront partie de votre aventure. Diverses saynètes étoffent considérablement le scénario, on peut choisir d'y assister ou pas, mais ces discussions entre personnages donnent à la fois de la profondeur à chaque personnage avec un fond humoristique qui fonctionne bien à tous les coups ou presque. A moins de détester la lecture - mais dans ce cas, êtes-vous réellement fan de RPG ? - on en redemande encore et encore. 

Un système de jeu harmonieux ?

Le jeu propose une progression linéaire, bien en accord avec ce qui se faisait déjà en son temps. Cependant, cette progression est entrecoupée des fameuses saynètes mais aussi par des quêtes annexes qui vous permettront de mieux vous immerger dans l'univers proposé. Une quête est ainsi axée sur la cuisine, et vous demande de découvrir 24 recettes différentes qui vous permettent non seulement de cuisiner à la fin d'un combat mais en plus vous régénèrent ! Des titres pour chacun de vos personnages seront également à obtenir, soit au cours de l'histoire, soit lors de quêtes annexes, afin d'augmenter vos statistiques.  Mais ce n'est pas tout ! Des choix sont à faire dans les dialogues tout au long du jeu et en fonction de vos réponses, cela renforcera ou non l'affection que vous portent vos compagnons. De nombreuses autres quêtes vous attendent, toutes plus sympathiques les unes que les autres.

En combat, vous dirigez directement votre personnage, avec la possibilité de jouer à 4 simultanément. Oui, vous avez bien lu, 3 autres joueurs humains peuvent vous rejoindre manette en main pour vous aider ! Les combats gagnent en fun dans ce cas de figure, sinon il vous suffira de donner des stratégies aux autres personnages qui seront gérés par l'IA. Ici, pas de tour par tour, vous infligez des dégâts aux ennemis avec des attaques de base, des coups spéciaux ou des magies qui vous coûtent des PM. Les combos sont également de la partie ; concernant l'évolution de vos personnages, ils reposent sur des titres que vous acquérez de plusieurs façons, que ce soit en montant en niveaux ou alors en réalisant des quêtes. Les Gemmes EX peuvent quant à elles être équipées sur vos personnages pour en augmenter les statistiques ainsi que pour leur apprendre de nouvelles capacités. Ces gemmes sont essentielles à votre progression, et selon la manière de les utiliser, vous pourrez en obtenir des effets supplémentaires utilisables en combat ou dans l'exploration. Ainsi, une combinaison vous permettra de vous déplacer plus rapidement sur le terrain, une autre personnalisera davantage tel personnage en tant que pro de la magie ou en tant que combattant comptant surtout sur sa force de frappe.

La symphonie inachevée ?

Finalement, aucune réelle nouveauté ne vient pointer le bout de son nez. Contrairement à la dernière compilation parue sur PS3, on se retrouve amputé de la suite du jeu mais en plus celui-ci baigne toujours dans son jus de l'époque, sans aucune innovation. Les développeurs n'ont pas cru bon de renouveler certaines mécaniques de gameplay et de les mettre au goût du jour, ce qui n'aurait clairement pas été du luxe. Ainsi, les combats paraissent d'une autre époque, ils ne sont qu'enchaînement d'attaques et de combos très limités en nombre, le tout rigidifié par la non-possibilité d'évoluer librement dans la zone de combat. On se sent "coincés" et après avoir joué aux Tales of plus récents, on ne peut pas s'empêcher de penser que les développeurs auraient pu - et du - calquer les systèmes de combat du jeu sur les opus les plus modernes.

Il n'y a donc pas de nouveautés in-game. Il n'y en a pas plus dans les options proposées, ne comptez pas là-dessus. Les menus sont vétustes, on ne peut toujours pas sauvegarder là où on le désire, et aucun bonus ne vient récompenser les efforts des joueurs. Car il faudra s'accrocher pour venir à bout de cette relique du passé, il aurait donc été juste de proposer quelques bonus sympathiques comme la possibilité d'écouter la somptueuse - mais non retravaillée - bande-son du jeu créée par l'immense Motoi Sakuraba, ou encore pouvoir admirer des artworks ou autres bonus du genre. Ce remaster pue clairement la fainéantise et ce que vous allez lire dans la prochaine partie ne viendra que confirmer, malheureusement, ce ressenti...

La symphonie des bugs !

A défaut de pouvoir mettre la main sur Dawn of the New World, la suite parue sur Wii en 2009 par chez nous, on se contentera donc de ce seul jeu, remasterisé. Le problème c'est que de remasterisé, il n'en a que le nom : à peine peut-on constater un lissage des personnages et des décors, le reste c'est néant, nada, niet, rien ! En principe, un remaster digne de ce nom propose un filtre HD, corrige éventuellement 2-3 défauts ou au contraire améliore certains points pour que cela corresponde aux standards actuels… On est en droit de se poser la question quant on constate que rien de cela n'a été fait : qui chez Bandai Namco a supervisé, et surtout validé cette version de Tales of Symphonia Remastered ? Le rendu final se retrouve tout simplement en deçà de ce qu’on avait il y a 20 ans sur Gamecube, que ce soit en docké ou en mode portable, et le tout vendu au prix fort de 49€, la pilule devient difficile à digérer...

La première douche froide vient quand on apprend que le jeu se cantonne à 30 FPS. Le 60 FPS était jadis une exclusivité Gamecube. On se dit alors que c’est un mal pour un bien, la version utilisée pour ce remaster étant la version PS2, qui apportait son lot de contenu supplémentaire. Mais les soucis ne s’arrêtent pas là. Petit fourre-tout des aberrations constatées en à peine une ou deux heures de jeu : Les transitions entre zones et extérieur / intérieur sont saccadées. Les transitions avant combat représentées par un bris d’écran il y a 20 ans sont remplacées par une transition en blanc qui vous arrache la rétine si vous jouez la nuit. La netteté apportée à certaines cinématiques (dont celle d’introduction) ne font que souligner l’absence de travail sur les textures qui en 2023 font clairement cheap. Les saynètes sont désormais avec un arrière-plan noir triste comme pas possible. Ces dernières sont uniquement doublées en Japonais (bonus de la version PS2 exclusive au Japon à l’époque). Comble du comble, le jeu se permet de ramer dans des zones que la GameCube arrivait parfaitement à afficher de manière fluide il y a 20 ans, et même durant des scènes scriptées ! Difficile de croire que la Switch n’est pas assez puissante pour faire ce que la GameCube faisait ! Heureusement, un patch à venir vient d'être annoncé par Bandai-Namco, espérons que beaucoup de choses soient rectifiées... Ce test n'en tiendra pas compte, nous tenons à le préciser.